Les Batailles d’Hébuterne, Serre et la Ferme du Toutvent

 

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      Le village d’Hébuterne donna son nom à une bataille menée par les troupes françaises les 7-13 juin 1915 durant la seconde bataille de l’Artois. Mais de nombreux combats se déroulèrent dans cette région durant tout 14/18                                                    

 

 

1914

Atteignant 164 mètres au-dessus de la mer, est le village d'Hébuterne, théâtre, en octobre 1914, de combats importants ainsi que dans tout ce secteur : Monchy au Bois, Hannescamps, Foncquevillers, Essarts  (146e, 153e, 156e, 160e régiments d’infanterie ; 12e régiment d’hussards, 11e, 14e Dragons, 39e  et 51e RAC et 16e, 17e régiments d’infanterie territoriale) pendant l’épisode de la Course à la mer.

 

 

 

 

 

1915

L'ennemi, depuis lors, s'y est installé, il a créé un réseau de tranchées barrant l'accès du pli où court le chemin de fer de Paris à Lille. Sa position a été particulièrement renforcée, vers le Sud, autour d'une ferme dont le nom Toutvent, indique la situation en un lieu dénudé.

 

 Le 7 juin 1915 au matin, nos troupes (64e, 65e, 75e, 118e,137e régiments d’infanterie ; 35e RAC), se sont élancées sur Hébuterne, ont pris deux lignes de tranchées sur un front de 1.200 mètres, en faisant de nombreux prisonniers.

La ferme de Touvent (140e, 162e, 361e régiments d’infanterie) fut ensuite enlevée, malgré une violente résistance de l'ennemi ; elle lui a coûté plusieurs centaines de morts et 400 prisonniers.

Une contre-attaque allemande (10-13 juin), quatre fois renouvelée, n'a abouti qu'à l'échec les assaillants qui furent repoussés par les 233, 243 et 327e régiments d’infanterie sur le chemin reliant Hébuterne au hameau de Serre, voisin de ce Puisieux où l'on s'est jadis chaudement battu.

Le 93ème régiment d’infanterie y gagnera la croix de guerre avec palme pour ses combats héroïque à la ferme du Toutvent le 12 juin.

 

 

 

Les troupes britanniques y remplacèrent les troupes françaises

Le village d‘Hébuterne resta aux mains des britanniques de l’été 1915 jusqu’à l’Armistice.

 

 

 

 

 

 

1916

Guerre de tranchées sans grandes offensives.

 

Gommecourt (2 km nord d’Hébuterne) ainsi que le bois de Gommecourt sont attaqués par les 56e (London) et 46e (North Midland) divisions britanniques le 1er juillet 1916 et pris temporairement avec succès.

 

 

 

 

1917

 

Dans la nuit du 27 au 28 février 1917, les 31e et 46e divisions prennent Gommecourt (2 km nord d’Hébuterne) qui restera alors aux mains des britanniques jusqu’à la fin de la guerre.

 

 

 

 

 

 

1918

En mars 1918, de nouveaux combats s’y déroulent, alors que la division de Nouvelle-Zélande retient l’avance ennemie.

L’été 1918 suivant, le village est en partie aux mains des allemands.

 

 

 

 

 

Plaque commémorative de la bataille d'Hébuterne (inaugurée le 17 juin 1934) :

 

« A Hébuterne, les 10 et 13 juin 1915, en de très sanglants assauts, 650 officiers et soldats des 243e, 327e et 233e R.I. se sacrifièrent héroïquement pour la France.

Souvenez-vous d'eux devant Dieu »

 

 

 

Passage de l’historique du 146e Régiment d’Infanterie qui parle de ces combats

Octobre 1914

 

Hébuterne (4 octobre-1er novembre).

 A midi, départ pour consolider une partie du front, occupée par des régiments territoriaux.

Le régiment s'établit sur le front Lassigny (Ferme)—Hébuterne.

Les bombardements sont fréquents et intenses, l’ennemi agressif.

Le 6 octobre, à 2h 30, alerte. Le tumulte d'une vive fusillade s'élève vers la droite.

C'est Gommecourt qui vient d’être repris par les Allemands.

Puis c'est Hébuterne qu'ils attaquent, mais là ils sont tenus en respect par le 146e, dans un combat qui dure toute la matinée. Devant cette résistance inébranlable, ils se retranchent devant le village et se bornent l’après-midi à un furieux bombardement.

Le 7, le bombardement sur nos positions reprend plus violent et une attaque se dessine sur Hébuterne. Notre artillerie répond énergiquement. L'ennemi renonce à attaquer.

Le chef de bataillon David, nommé lieutenant-colonel, conserve le commandement du régiment.

Un renfort de 400 hommes, qui porte l'effectif du régiment à 1.770 hommes environ, mérite une mention spéciale : il comprend le soldat Royal, ancien lieutenant-colonel, qui a repris du service et devient bientôt dans tout le régiment une notoriété respectée.

Il y a également le lieutenant Lecomte, blessé au 146e au début de la guerre et qui ramène son fils âgé de seize ans, qu'il a réussi à faire engager.

Un nouveau renfort de 500 hommes arrive quelques jours après du 6e R. I. T., suivi le lendemain d'un renfort de 400 hommes.

Le 13, le régiment compte 2.671 hommes.

Il occupe Hébuterne, qu'il organise fortement avec les 2e et 3e bataillons. Le 1er bataillon est détaché vers la gauche.

Le 12 octobre, ce bataillon participe à l'attaque de Hannescamps. Malgré des pertes élevées, il progresse notablement. Un peloton de la 3e parvient à s'établir à 400 mètres de la lisière.

Le 14, Hannescamps, évacué par l'ennemi, est occupé par le bataillon avec deux compagnies du 69e et une demi compagnie du génie.

En vain, l'ennemi tente un nouvel effort, le soir, à 20 heures, pour nous disputer ce point d'appui. Son attaque dirigée sur le front Est est repoussée. Jusqu'à la fin d'octobre, c'est la guerre de tranchées avec ses épisodes divers si souvent vécus depuis : travaux d'organisation, bombardements et accalmies, coups demain de part et d'autre.

A noter seulement une forte attaque ennemie le 22 à minuit à Hébuterne. A 2 heures, le calme renaît. Toutes nos positions ont été maintenues.

 

Appelé sur un autre point de l'immense champ de bataille, le 146e régiment est relevé le 31 octobre et le 1er novembre.

Le 2, il part de Couin pour se rendre à Doullens, où il sera embarqué en chemin de fer.

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Passage de l’historique du 64e Régiment d’Infanterie qui parle de ces combats

Juin 1915

 

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L’hiver passe, la lente et douloureuse vie de tranchées commence ; nos soldats bretons en prennent avec bonne humeur leur parti. Mais c’est avec un bel enthousiasme qu’au printemps, le 6 juin 1915, s’élançant de leurs tranchées d’Hébuterne, ils enlèvent en un tour de main et dépassent leurs objectifs, capturant 200 prisonniers et un important matériel.

Huit jours durant, le régiment se maintient, en dépit du bombardement féroce exercé par l’ennemi sur ses tranchées perdues.

Relativement faibles au cours de l’assaut, les pertes deviennent lourdes sous le marmitage et, quand le régiment est relevé, 31 officiers et près de 1.100 hommes manquent à l’appel.

La conduite du régiment lui vaut une citation à l’ordre de la 2e armée (22 juin 1915).

Une citation spéciale est décernée à la musique pour avoir assuré la relève des blessés et des morts jusqu’à épuisement complet de son personnel.

Nombreuses furent les actions d’éclat :

Ce sont : le commandant BATIGNE, toujours en tête de son bataillon auquel il communique son audace et sa sérénité ; le capitaine MOINE, qui tombe dans la tranchée où il vient de pénétrer le premier ; le téléphoniste NICOLEAU qui, voyant que son fil est haché par le bombardement, n’hésite pas, à la menace d’une contre-attaque, à monter sur le parapet et à signaler à l’aide de fanions ; blessé, il n’admet son évacuation que quand les liaisons téléphoniques sont rétablies.

C’est enfin le soldat JOUBIER qui recherche et rapporte en plein jour, en plein terrain, sous les balles, le cadavre de son capitaine.

 

Fin juillet, le régiment est relevé. Les pertes dépassent 2400.

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Passage de l’historique du 93e Régiment d’Infanterie qui parle de ces combats

Juin 1915

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De décembre 1914 à juin 1915 le régiment s'établit sur les hauteurs qui dominent l'Ancre dans le secteur d'Hébuterne.

Il repousse quelques entreprises ennemies, lorsque le 7 juin le régiment reçoit l'ordre d'attaquer la ferme Touvent puissamment organisée par les Allemands.

Après une violente préparation, quelques minutes avant 5 heures, le 2ème Bataillon suivi du 1er s'élance.

Inoubliable fut ce départ : dans une atmosphère de poussière et de fumée, les hommes foncent résolument, hardiment, les yeux fixés sur l'objectif, les mains crispées sur l'arme. Ils avancent ainsi sur quatre rangs, alignés comme à la parade.

L'ennemi terré dans ses abris pendant le bombardement cherche vainement à en sortir ; nos vagues poursuivent leur marche, laissant aux troupes de soutien le soin de faire le nettoyage des tranchées et vont s'établir sur les objectifs assignés qu'elles atteignent en vingt minutes.

Les prisonniers affluent.

L'ennemi qui s'attendait à l'attaque n'a pu y parer tant elle a été rapide et vigoureusement menée. Toutes les contre-attaques furent repoussées. Pendant 4 jours et 3 nuits le combat fit rage puis le calme revint.

L'ennemi acceptait son échec.

Le Régiment demeura dans le secteur jusqu'au 21 juillet tantôt en ligne tantôt au repos, passant à nos alliés Anglais des positions bien organisées.

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Passage de l’historique du 140e Régiment d’Infanterie qui parle de ces combats

Juin 1915

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Du 8 au 15 juin, se déroulent les combats d'Hébuterne.

A partir du 6, les différents bataillons viennent s'installer dans les places d'armes qui leur sont assignées.

Dans la nuit du 7 au 8, les 11e compagnie (lieutenant CHARNAL) et 12e compagnie (lieutenant LACROIX) sont engagées et réussissent à porter les lignes jusqu'à la route d'Hébuterne à Serre; le 8, le 1er bataillon fait un bond en avant et s'installe en face de Serre; la 1re compagnie est très éprouvée; la 3e compagnie est engagée devant la ferme Toutvent.

Le 2e bataillon passe la journée du 7 à Colincamps: le 8, il est en réserve dans des places d'armes; les 5e et 7e compagnies sont engagées en avant d'Hébuterne et, alors qu'elles sont en réserve dans un petit bois, subissent un violent bombardement qui leur occasionne des pertes sérieuses.

Après avoir été relevées par le 75e, elle se regroupent dans des places d'armes et montent en première ligne où elles passent les quatre derniers jours.

La compagnie de mitrailleuses de régiment, formée le 18 mars 1915 et commandée par le capitaine BAFFES, est à son premier engagement sérieux.

 

Le 7 juin, au matin, deux sections occupent les tranchées, près de Colincamps, pendant que les deux autres se portent avec le 1er bataillon vers les premières lignes. Au cours du bombardement du 7 juin, la 1re section est complètement détruite (9 tués, 8 blessés)..

Dès le 10, des tranchées de soutien, le colonel GOUBEAU avait adressé l'ordre du jour suivant à son régiment « Le général commandant la 21e D. I. a fait transmettre ses félicitations aux troupes qui ont pris part aux combats des 7, 8 et 9 juin devant Hébuterne.

« En les communiquant à mon régiment, j'ai la fierté de reconnaître que chacun a fait son devoir et je suis heureux d'adresser mes félicitations les plus chaleureuses aux compagnies qui, ont pris, part aux diverses actions, en particulier, aux 11e et 12e compagnies chargées de mener pendant phis de vingt quatre heures un combat âpre et difficile et qui, par l'appui apporté au régiment frère, ont fait preuve de la plus belle vaillance et du plus bel esprit de solidarité.

 

Parmi ceux qui se sont particulièrement distingués au cours de ces rudes combats, nous citerons le sergent BOUQUET (François), de la 10e compagnie, cité en ces termes, à l'ordre de l'armée

« Jeune sous-officier d'une bravoure admirable, ayant au plus haut point le sentiment de l'honneur et du devoir. Après s'être engagé dans la cavalerie, s'est fait affecter à un régiment d'infanterie pour aller plus rapidement au feu. Volontaire pour toutes les missions périlleuses, se faisant un point d'honneur d'être toujours le premier au danger. Est tombé glorieusement dans la nuit du 10 au 11 juin, à la tête de ses hommes qu'il avait entraînés au delà des retranchements ennemis qu'il venait d'enlever (7-11 juin, ferme Toutvent). »

 

Dans la nuit du 10 au 11 juin, la 9e compagnie (capitaine CROIBIER) et la 10e compagnie (capitaine PERRIN), sous les ordres du commandant LONGIN et du commandant ARDOUIN du 75e (qui, cinq ans plus tard devait prendre le commandement du 140e, comme colonel), sont chargées d'attaquer l'ennemi, pour lui enlever les défenses qu'il maintient à l'est de la route de Serre à Hébuterne et d'établir des postes au delà de cette route.

L'opération, vivement menée, réussit pleinement et vaut aux 9e et 10e compagnies les félicitations du chef de corps, par la voie de la décision.

 

Du 11 au 14, toute la compagnie est en ligne.

Pendant cette période, le régiment subit des bombardements répétés et violents qui causent de fortes pertes, le terrain ne comportant presque pars d'organisation et pas du tout d'abris.

Le 3e bataillon redescend, le 14 juin, à Gouin, le 2e bataillon vient l'y rejoindre le 16; le 1er se rend à Coigneux, le 17.

 

 A partir du 18 juin, le régiment est relevé. L'attaque d'Hébuterne est finie et le régiment va regagner les emplacements qu'il a quittés trois semaines auparavant.

 

Dès le 18, le régiment fait mouvement par T. M., puis à pied, pour Venir à Mézières où, le 30 juin, tout le régiment se trouve rassemblé.

Du 7 au 30 juillet, le régiment occupe à nouveau son ancien secteur. Le séjour en ligne est interrompu par une semaine de repos du 15 au 22, à Hanguest- en- Santerre.

 

 

 

Passage de l’historique du 243e Régiment d’Infanterie qui parle de ces combats

Juin 1915

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La 101e Brigade reçoit le 9 juin la mission de s’emparer des tranchées allemandes situées au Nord de la route Serre-la-Sucrerie et débordant un peu cette route au Sud, en vue de préparer la progression ultérieure du 11e C. A. sur Serre. Les 243e et 327e R. I. exécuteront cette attaque.

 

Le 10, à 2 heures, le 243e R. I. est en position d’attaque, il a à sa droite le 327e R. I., et à sa gauche le 64e R. I.

 

Le 5e bataillon a deux compagnies dans la parallèle de départ, une autre dans les boyaux qui font communiquer la parallèle de départ aux tranchées de tir, la dernière dans les tranchées de tir. Le 6e bataillon est rassemblé dans des tranchées, en réserve.

 

 

Dès 4 heures 30, un bombardement d’une extrême violence est exécuté sur le front du régiment par l’artillerie lourde et de campagne ennemie, bouleversant les tranchées et causant quelques pertes. Les lieutenants mitrailleurs Hermann et Douchez sont blessés, M. l’Abbé Lestienne, aumônier de la division est mortellement atteint par un éclat d’obus.

 

L’assaut qui devait se déclencher à 7 heures est différé en raison du brouillard ; retardé plusieurs fois, il est décidé pour 17 heures. Le bombardement ennemi ne s’est pas ralenti depuis le matin, semblant rivaliser d’intensité avec le feu de notre artillerie.

 

A 17 heures, sur l’ordre du Lieutenant-colonel Gueilhers, les clairons sonnent la charge…

 

La première vague s’élance, avec un entrain admirable, droit sur les tranchées allemandes ; la 2e vague suit à une distance de 50 mètres, la 3e vague conduite par l’intrépide Chef de bataillon Lequeux, et comprenant la compagnie de mitrailleurs suit la 2e vague, la 4e vague sous les ordres du Capitaine Amsler suit la précédente, à 300 mètres environ. Le bombardement diminue d’intensité, par contre le tir des mitrailleuses allemandes fait rage.

 

Le 6e bataillon arrive à son tour, le bombardement reprend avec une extrême violence, le Capitaine Jannot, adjoint au Lieutenant-colonel, place les 23e et 24e compagnies aux emplacements occupés précédemment par le 5e bataillon.

Les deux dernières compagnies suivent avec le Commandant Compant et le capitaine Baquet. A ce moment, le Lieutenant-colonel fait exécuter un tir d’artillerie sur des réserves ennemies qui arrivent de Serre.

Immédiatement après, et afin de pouvoir riposter à un retour offensif de l’ennemi, le Lieutenant-colonel ordonne au capitaine Jannot de lancer les 5e et 6e vagues qui partent sur les traces du 5e bataillon.

 

Vers 17h.55, le Lieutenant-colonel apprend que le bataillon placé à notre droite s’est replié, découvrant le flanc droit du 243e R.I. et d’autre part étant sans nouvelle du 5e bataillon et du 64e R. I. opérant à notre gauche, la 7e vague est lancée, conduite par le Commandant Compant et le Capitaine Baquet, pour parer à une contre-attaque sur l’un ou l’autre flanc.

La 21e compagnie reste à la disposition du Lieutenant-Colonel.

 

Malgré la distance à parcourir, environ 350 mètres, un réseau de fil de fer incomplètement coupé, une vive fusillade, un tir violent de plusieurs sections de mitrailleuses, d’artillerie lourde et de campagne allemande, la première tranchée ennemie est prise, un combat acharné s’engage dans la position conquise, nous en restons maîtres.

 

Le nombre des prisonniers allemands faits à la suite de cette opération est de plus de 100 soldats appartenant à quatre régiments, deux capitaines : Luchtenberger et Gussmann, un lieutenant blessé, et un matériel de guerre assez important, mitrailleuses, lance-bombes, etc.

 

Le capitaine Gussmann, qui remplissait les fonctions de chef de bataillon, a fait à l’officier d’Etat-major qui l’interrogeait, cette déclaration :

« Monsieur, vous avez sans doute envoyé contre nous des troupes d’élite. Je m’étais porté à la tranchée de première ligne de mon bataillon au moment de l’attaque, jamais je n’ai vu de soldats se porter à l’assaut avec autant de bravoure et d’entrain. »

 

Au cours de cette attaque, nous avons perdu les neuf Officiers dont les noms suivent :

Capitaine D'ANDLAU,

Lieutenants PASTEAU, BERNARD, FLIPO, SENECAT, LARCHEVEQUE;

Sous-lieutenants GHEYSSENS, CROXO, SAISON.

MM. les Sous-lieutenants MONET et COHET, disparus, et douze Officiers blessés.

 

Troupe : 76 tués, 509 blessés et 244 disparus.

 

Une période de calme relatif succède à l'attaque, on s'organise dans la tranchée conquise.

Le 11, vers 15 heures, un bombardement d'une grande violence sur tout le front du 6e bataillon fait croire à une contre-attaque ennemie qui n'a pas lieu. Au déclin du jour, le 5e bataillon se rend à Colincamps.

 

Dans la nuit du 11 au 12, les Allemands lancent contre la tranchée conquise trois contre-attaques successives, qui toutes sont enrayées grâce à l'intensité de notre tir, conjointement à celui de l'artillerie amie.

Au lever du jour, on constate devant la tranchée ennemie, aux points d'où partirent les contre-attaques, les cadavres d'une quarantaine d'Allemands.

 

Le 13 juin, une attaque menée par le 233e et le 327e R. I.. appuyés du 6e bataillon du 243e R. I. nous rendait maîtres de la 2e position ennemie.

Le soir, le 243e R. 1. relevé, allait cantonner à Bertrancourt et à Beaussart.

 

Nombreux sont les actes de bravoure et les traits d'audace collectifs et individuels qui se sont produits au cours de ces journées de combat. Les textes des propositions de citations qui suivent en relatent quelques-uns :

 

5e bataillon du 243e R. I. : « Le 10 juin s'est élancé à l'attaque des tranchées ennemies par vagues successives, avec un élan magnifique qui a suscité l'admiration des corps, voisins et des Allemands eux-mêmes, a parcouru sous un feu terrible d'infanterie, de mitrailleuses et d'artillerie de tous calibres, une distance de 350 mètres en terrain découvert, ne s'est pas laissé arrêter par des défenses encore très denses et a enlevé d'assaut une ligne de tranchées allemandes défendues par des mitrailleuses et des fantassins porteurs de grenades, a fait 121 prisonniers dont un capitaine et fonctionnaire chef de bataillon, et pris un nombreux matériel de guerre. »

 

Chef de bataillon LEQUEUX : « Le 10 juin avec son bataillon, appuyé par 3 autres compagnies du régiment, est parti â l'assaut au signal donné, avec un élan magnifique, a traversé 350 mètres de terrain sous un feu violent d'infanterie et de mitrailleuses ennemies, et sous un bombardement intense exécuté par l'artillerie lourde et de campagne ennemie, s'est emparé après un corps à corps acharné, des tranchées allemandes, où il a fait 121 prisonniers et pris deux capitaines. »

 

Capitaine JANNOT : « Le 10 juin pendant l'attaque des tranchées allemandes, a sous la direction du Chef de Corps, qu'il a très intelligemment secondé, placé deux compagnies de renfort dans la parallèle de départ, en attendant l'arrivée de deux autres compagnies conduites par le chef de bataillon, a fait preuve d'initiative intelligente et montré un coup d'œil judicieux dans la mission qu'il a exécutée dans un moment difficile sous un bombardement extrêmement violent d'artillerie lourde et de campagne ennemie.

 

Capitaine BACQUET : « Pendant l'assaut des tranchées allemandes le 10 juin, a puissamment contribué à l'augmentation du nombre de tranchées ennemies après un combat acharné, y a fait 42 prisonniersn, un capitaine allemand commandant le bataillon, et s'est emparé d'une mitrailleuse. »

 

Médecin-major de 2e classe ROUSSEL : « A montré la plus grande activité et le plus grand dévouement pour organiser le relèvement de 200 blessés sur le champ de bataille et l'évacuation de plus de 600 blessés, dans les conditions les plus difficiles et les plus dangereuses. »

 

Capitaine D'ANDLAU : « Venu de la cavalerie pour prendre les délicates fonctions de Commandant de compagnie d'infanterie, s'est acquitté de sa tache avec conscience et un dévouement remarquable, a été tué à la tète de sa troupe qu'il entraînait à l'assaut des tranchées ennemies le 10 juin. »

 

Lieutenant LYOEN : « Officier de cavalerie au début de la campagne, a été amené à prendre les fonctions difficiles de Commandant de compagnie d'infanterie ; a su communiquer à tous ses cadres et à ses hommes le mépris du danger. A été tué bravement à leur tête en se précipitant le premier à l'attaque des tranchées ennemies le 10 juin, sous le feu des mitrailleuses et de l'infanterie, à courte distance. au moment oit il allait franchir le parapet. »

 

Lieutenant FLIPO : « Commandant une compagnie ; a toujours pendant toute la campagne, fait preuve du plus grand dévouement. A été tué à la tète de cette unité, qu'il entraînait à l'assaut sous un feu violent d'artillerie, d'infanterie et de mitrailleuses. »

 

Lieutenant BERNARD : « Est parti avec un courage admirable à l'assaut des tranchées ennemies à la tête de sa compagnie, pour laquelle il avait sollicité l'honneur d'être engagé le premier, a été tué en arrivant aux réseaux de fil de fer. »

 

Lieutenant SENECAT : « Blessé une première fois en mars, revenu sur le front dés guérison, cité à l'ordre du régiment pour sa belle conduite au feu en plusieurs circonstances. A été tué à la tête de sa section, qu'il entraînait à l'assaut d'une tranchée fortement organisée. »

 

Lieutenant PASTEAU : « Tué à la tête de sa section qu'il entraînait à l'assaut des tranchées ennemies le 10 juin ; est tombé sur le parapet conquis. »

 

Lieutenant LARCHEVÊQUE : « Officier de grande va-leur, modeste et consciencieux. Déjà cité à l'ordre du régiment pour sa belle conduite au feu en octobre 1914. A été blessé une première fois, puis tué dans la tranchée ennemie où il venait d'entrer a la tête de ses hommes et en s'exposant pour organiser rapidement sa position conquise. »

 

Lieutenant LECLERQ : « A entraîné brillamment sa compagnie à l'assaut d'une tranchée ennemie sous le feu le plus violent de mitrailleuses, d'infanterie et d'artillerie, a été blessé très grièvement. »

 

Sous-lieutenant COLLETTE : « A entraîné sa section avec la plus belle ardeur à l'assaut des tranchées ennemies, sous un feu violent d'artillerie, de mitrailleuses et d'infanterie, a été blessé grièvement. »

 

Sous-lieutenant MACQUINGHEM : « Chef de section plein d'entrain, a été mortellement blessé de plusieurs balles, à la tête de ses hommes qu'il conduisait à l'assaut des tranchées ennemies sous le feu violent des mitrailleuses, de l'artillerie et de l'infanterie. »

 

Sous-lieutenant SAISON : « Tué à la tête de sa section, qu'il conduisait avec un fougueux entrain, à l'assaut des tranchées ennemies le 10 juin. »

 

Sous-lieutenant GREYSSENS : « A su inspirer à ses hommes un entrain admirable dont il donnait lui-même l'exemple. A été mortellement blessé à la tête de sa section qu'il conduisait à l'assaut des tranchées ennemies le 10 juin. »

 

Sous-lieutenant CROXO : « A été tué en entraînant sa section courageusement à l'assaut d'une tranchée ennemie, sous un feu extrêmement violent. »

 

Sous-lieutenant COHET : « Est tombé mortellement blessé en conduisant avec beaucoup d'énergie et de fermeté sa section à l'assaut des tranchées ennemies. »

 

Aide Major de 2e classe COUROUBLE : « D'une audacieuse témérité s'est porté au secours des blessés dans la tranchée conquise, soumise à un violent bombardement de l'ennemi ; a été blessé légèrement de plusieurs éclats d'obus à la tête, en soignant des blessés. Commandé pour la relève des cadavres, a été tué en arrachant des fils de fer, sur le champ de bataille, le cadavre d'un lieutenant du régiment. »

 

Adjudant POILLION : « Territorial volontaire sur le front depuis octobre 1914 n'a cessé de donner le plus bel exemple d'endurance et de bravoure, a accompli plusieurs missions périlleuses, a été blessé le 10 juin en observant les positions ennemies qu'il devait attaquer le soir. »

 

Adjudant JANSOONE : « A été blessé le 10 juin en entraînant sa section à l'assaut d'une tranchée allemande sous un feu violent d'artillerie, de mitrailleuses et d'infanterie ; avait souvent dirigé volontairement des reconnaissances et patrouilles périlleuses. »

 

Sergent-major LESAFFRE : « Déjà blessé au début de la campagne, et cité à l'ordre du jour du régiment, s'est de nouveau distingué au combat du 10 juin, son chef de section étant blessé, a pris le commandement de sa section, pour la porter à l'assaut d'une tranchée ennemie, sous un feu violent d'artillerie, d'infanterie et de mitrailleuses, est tombé grièvement blessé. »

 

Sergent MENETREZ : « S'est offert pour aller en plein jour et malgré le feu ennemi donner à boire aux blessés épars sur le glacis des tranchées, a ramené sur son dos un sergent-major pendant plus de 100 mètres en rampant à travers les réseaux de fil de fer. »

 

Caporal DUPAIN : « S'est dévoué pour aller en plein jour donner à boire aux blessés et reconnaître les morts épars sur un terrain battu par le feu de l'ennemi. »

 

Sergent-major CABY, caporal DUPIN, soldat PASQUIER : « Étant en patrouille pendant la nuit du 10 au 11 juin, sont tombés à l'improviste sur un poste allemand composé de 1 sergent-major et 10 hommes et par leur attitude résolue sont arrivés à tenir le poste en respect et à le faire prisonnier en entier, malgré une vive résistance. »

 

Caporal GRAS et sapeurs téléphonistes DECLEMY et GERARD : « Ont fait preuve du plus grand dévouement en assurant dans maintes circonstances la pose et les réparations des lignes téléphoniques sous le feu de l'artillerie ennemie. Le 10 juin, chargés d'installer le téléphone dans une tranchée conquise se sont trouvés inopinément devant un officier et 15 soldats allemands qu'ils ont maintenus en respect sous la menace de leurs armes en attendant l'arrivée de renforts. »

 

Sergent FORT, sergent MOTTE François, caporal DE ROO, soldat CHIRAUX : « Chargés d'organiser la partie gauche de la tranchée conquise, plus particulièrement menacée, sont montés sur le parapet et ont ouvert le feu sur une mitrailleuse braquée à moins de 100 mètres ; ont été tués bravement à leur poste. »

 

Adjudant de bataillon DUBAR Raymond : « Adjudant plein de vigueur, d'entrain et d'enthousiasme communicatif, a été un précieux auxiliaire pour son chef de bataillon, aux côtés duquel il a été grièvement blessé pendant l'assaut des tranchées allemandes le 10 juin. » (Proposé pour la médaille militaire).

 

Sergent DANHIEZ Nicolas : « A transporté sur son dos pendant 40 mètres son commandant de compagnie mortellement blessé et, malgré un feu violent d'infanterie et d'artillerie, pendant l'attaque des tranchées ennemies le 10 juin. »

 

Infirmier prêtre BROUCQSAULT : « N'a cessé depuis le commencement de la campagne de prodiguer ses soins à ses camarades blessés, en allant les rechercher sous le feu de l'ennemi. Assure les secours religieux à l'entière satisfaction des militaires qui l'estiment tous comme il le mérite. »

 

Capitaine AMSLER : « Commandant une compagnie depuis le mois de février avec une rare compétence et a fait constamment preuve d'une énergie exemplaire dans toutes les circonstances de la vie de campagne, malgré les souffrances physiques consécutives à son état de santé précaire. A été blessé à la tête de sa compagnie, pendant l'attaque des tranchées allemandes, le 10 juin. »

 

Sous-lieutenant DESWARTES : « Est entré dans une tranchée allemande, où il a déployé une énergie et un sang-froid remarquables, a fait presque seul un grand nombre de prisonniers et a organisé rapidement la position conquise sous un feu extrêmement violent. »

 

Soldat PRUM Henri : « Soldat mitrailleur, s'est distingué particulièrement à l'attaque du 10 juin ; a mis sa pièce en batterie sur le parapet de la tranchée prise, a visé un groupe d'ennemis qui lançaient des grenades à courte distance, les a tous tués, les uns après les autres, en avertissant maintes fois ses camarade de l'arrivée des explosifs, et après la mort du dernier sous-officier allemand, a levé son képi en criant : « Ça y est, j'ai vu sauter son calot, il a la tête cassée ! plus de grenades ! »

 

 

La 20e Compagnie du 243e  régiment d'infanterie : « Pour sa brillante conduite, lors de l'attaque des tranchées ennemies, le 10 juin, est sortie avec un ensemble et une ardeur remarquables, de la parallèle de départ, suivant ses officiers qui l'entraînaient à l'assaut sous un feu violent d'infanterie, de mitrailleuses, d'artillerie ennemies. »

 

Le 15 juin, le régiment entier va cantonner à Ringeval, pour se reformer, puis à Puchevillers. Le 27, le Colonel des Vallières, commandant la 101e Brigade, remet, au cours d'une prise d'armes du régiment, la croix d'officier de la Légion d'honneur à M. le Chef de bataillon Lequeux, et la médaille militaire au caporal mitrailleur Prum.

 

 

 

 

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