JOURNAL DES MARCHES ET OPERATIONS DU

47ème REGIMENT D'INFANTERIE du 4 au 10 octobre 1914

 

Notes prises au Service Historique de l'Armée de Terre du Château de Vincennes :

Journal de Marches et des Opérations du 47ème Régiment d'Infanterie,

cote 26N638-6 JMO du 2 Août au 15 mai 1914

 

Relevé par HERRIAU Jean-Pierre pour le parcours de son grand-père décédé le entre le 4 et le 10 octobre 1914 à Arras (d'après extrait des minutes du greffe de Rambouillet)

Note : chaque mot illisible est remplacé par « ??? » 

 

 

 

Dimanche 2 Août 1914 : 1er jour de mobilisation. Le régiment est "enlevé" en 3 échelons et transporté dans l'est. Le régiment débarque à VOUZIERS.

04/10/1914 :

Vers 4 h, l'ennemi reprend très violemment son offensive sur NEUVILLE sud. Le bataillon Braconnier vient appuyer l'action des bataillons MOREAUX et "DIGNE" en portant la compagnie de tête à hauteur du moulin de NEUVILLE.

Nos troupes supportent d'abord le choc.

Mais, vers 7 h, le 71ème régiment privé de la plupart de ses officiers et gradés fléchit et déclenche un mouvement de repli qui, de proche en proche, s'étend à toutes les fractions qui occupent NEUVILLE et ses abords.

Les unités, très éprouvées par le feu et très mélangées, retraitent vers MERCATEL et vers la côte 89 (passage à niveau), où elles se réorganisent et enrayent la progression de l'ennemi.

Le Commandant DIGNE, les Capitaines RICHARD et LOCQUIN, le Lieutenant "Le MANAY LANT BLENER", le Lieutenant BLEU et les Sous-Lieutenants ROULET et AUZUR disparaissent.

Le bataillon BRACONNIER tient la lisière est de MERCATEL (route de BEAURAINS-BOYELLE) et abords avec des fractions du 71ème (1ère compagnie environ), 2 compagnies du 25ème, 1 compagnie du 54ème Chasseurs Alpins, sous les ordres du Général commandant la 40ème Brigade.

Des éléments des bataillons MOREAUX et DAIX (le Capitaine DAIX a remplacé le Commandant DIGNE à la tête du 3ème bataillon), se retranchent sur le chemin de terre "GIN", vers le nord-ouest de MERCATEL à ...... de ces 2 bataillons (1er,9ème,10ème et 12ème compagnies)occupent la côte 89 et s'y fortifient.

 

Vers 22 h, la compagnie du bataillon BRACONNIER (compagnie DORE, la 8ème) qui tient la route NEUVILLE-VITASSE-MERCATEL est assaillie par une colonne allemande qui tente une surprise en faisant crier dans la nuit : "Ayez pitié de pauvres soldats français blessés" et qui, aussitôt, s'élance à l'assaut en ??? des "hourrah !". Mais nos hommes et nos mitrailleuses ouvrent un feu nourri et la charge est brisée.

Pendant le reste de la nuit, l'ennemi bombarde violemment MERCATEL, mais ne tente aucune nouvelle attaque d'infanterie.

 

05/10/1914 :

(Notes sur papier libre du Commandant du 2ème Bataillon au Colonel Commandant le 47ème RI) : "Conformément à votre note de service, ait poussé mon bataillon plus en avant de façon a être établi à hauteur du 25ème et cote 107.

A l'instant même à 3h40 une ligne de tirailleurs allemands prononce une attaque ?? la cote 107 la voie ferrée et peut être plus à ma droite.

Suivant les sus "nommés" je tiendrais la position à tout pris malheureusement mes hommes sont fatigués et n'ont plus grand ressort. Pouvez-vous me soutenir et surtout me faire appuyer par l'artillerie, l'attaque semble sérieuse. Signé : BRACONNIER".

 

Ce même jour, d'après le JMO :

Au petit jour, les Allemands prononcent une attaque en masse sur FICHEUX après préparation par un tir d'artillerie extrêmement violent.

Le 48ème et le 2ème d'infanterie sont obligés de se replier sur "WAILLY" et MERCATEL, attaqué par les troupes débouchant de HENIN et de St. MARTIN et ainsi "découvert" sur la droite.

Les obus et les balles pleuvent de tous les côtés.

Les éléments du 25ème qui occupent la CROUPE en avant de la route BEAURAINS-BOYELLES, entre les routes MERCATEL-NEUVILLE et MERCATEL-HENIN, se replient.

Ce recul détermine une avance allemande et permet, notamment à des mitrailleuses ennemies de prendre d'enfilade la route BEAURAINS-BOYELLES. Les éléments du 47ème qui tiennent cette route sont très éprouvés, notamment la 7ème compagnie dont 1 section (Sergent Le VASSEUR), perd les 2/3 de son effectif.

Les obus convergents tombent du nord-est, de l'est et du sud-ouest. La situation est intenable ; l'enveloppement se précise.

Le Général commandant la 40ème Brigade donne l'ordre d'évacuer MERCATEL.

Le repli se fait, dans un feu d'enfer, dans la direction BEAURAINS côte ? par échelon. Le 47ème, moins les 1ère,9ème, 10ème et 12ème compagnies, se rassemble au carrefour si à mi-chemin entre BEAURAINS et ACHICOURT.

Les 1ère,9ème, 10ème et 12ème compagnies retenues par le Général commandant la 20ème Division, à la côte 89, couvrent la retraite face au sud. Elles se replient ensuite par la voie ferrée sur la côte 107 et, de là, sur la lisière ouest d'AGNY. Le Lieutenant "FUIHAIRE" et le s/Lieutenant FOUIN sont blessés.

 

Vers 17 h, ces compagnies, rejoignent au carrefour de la route de BEAURAINS - ACHICOURT. Celui-ci reçoit alors l'ordre de se porter en avant. Le bataillon BRACONNIER occupe la crête BEAURAINS-côte 107, le bataillon DAIX le chemin de terre au nord d'AGNY, le bataillon MOREAUX prolonge la ligne sur la rive gauche du CRINCHON.

Les mouvements sont difficiles car le terrain est très violemment battu.

BEAURAINS est tenu par des éléments du 25ème et par le 241ème.

Dans la soirée, l'ennemi attaque BEAURAINS et s'en empare. Le bataillon BRACONNIER est alors pris par des feux d'enfilade qui l'obligent à s'abriter derrière le talus de la voie ferrée.

A la nuit, les éléments très clairsemés du 47ème se reportent en avant, un peu au nord de la côte 107, en y stationnant jusqu'au matin.

 

06/10/1914 :

Dès le jour, les fractions les plus avancées du régiment (appartenant pour la plupart au bataillon BRACONNIER), sont, comme hier, en butte, non seulement à des feux de front, mais à des feux d'enfilade venant de BEAURAINS.

Ces éléments reçoivent l'ordre de retraiter sur la voie ferrée, sous la protection d'un repli organisé au moulin de la cote 84 pour des troupes des 70ème et 71ème régiments.

Chemin faisant, ils éprouvent de très grosses pertes. Le Commandant VERMOT, le Capitaine DORE et le Lieutenant SIMON sont blessés.

Le Commandant MOREAUX prend le commandement du régiment.

La voie ferrée, bordée de solides palanques, est choisie comme ligne de résistance, face à l'est. Une autre ligne est organisée face au sud, sur la lisière d'ACHICOURT, à hauteur de la côte 94.

Ces deux lignes sont violemment battues par l'artillerie. Le Lieutenant "DANILU" est tué.

 

07/10/1914 :

Le régiment reste sur ses positions. Il n'y a pas d'attaque d'infanterie. Mais le bombardement est ininterrompu, et c'est sous un feu d'artillerie très violent qu'on entreprend la réorganisation des unités.

 

08/10/1914 :

Continuation de la réorganisation du régiment.

Les éléments des 70 et 71ème régiments qui occupent le ??? d'ACHICOURT et la côte 84 sont remplacés par des éléments du 47ème.

Le rôle du 10ème C.A. est de servir de pivot à l'attaque enveloppante ??? au nord par le 21ème C.A. et l'une des Divisions du Corps d'Armée provisoire, en tenant coûte que coûte le terrain occupé et en maintenant l'ennemi sur le front pour ma manifestation de son activité. Rien de particulier à signaler en dehors du bombardement ??? ininterrompu.

 

09/10/1914 :

(Notes sur papier libre écrites au crayon papier à ACHICOURT à 9h20) :

"Le 47ème a 2 bataillons en 1ère ligne sur le front ci-dessus (AGNY ?) et 1 bataillon en renfort vers la citadelle ; les hommes peuvent actuellement être considérés comme regroupés par bataillon.

 

Le Commandant MOREAU va s'employer dès à présent à effectuer la reconstitution des compagnies qui ne sera pas sans présenter de réelles difficultés sur le manque de cadres.

Si, conformément à l'ordre d'opérations du 10ème Corps d'Armée, le 47ème doit sur un front exécuter des attaques partielles à courte portée, sans risquer de compromettre la possession (les 11 derniers mots soulignés) du dit front, il sera nécessaire :

1) d'attendre l'après midi pour donner au 47ème le temps d'achever sa reconstitution,

2) de prescrire la coopération des secteurs voisins et de l'artillerie.

 

Les chefs d'unité du 47ème, Commandant MOREAU compris que j'ai consulté, estiment que leurs hommes sont capables de tenir sur leur position, vu la force incontestable de cette dernière, mais qu'il serait imprudent, pour le moment, de lui faire esquisser un mouvement ?? si limité soit-il. Signé : Commandant MARR??(MARRIN?)".

 

Le même jour, sur le JMO :

Le 47ème est définitivement regroupé et reformé. Le secteur qui lui est attribué se divise en 2 parties :

 

1) le secteur du moulin d'ACHICOURT côte 84 jusqu'à la route ACHICOURT-BEAURAINS, avec 2 lignes de résistance :

   a) 1ère ligne de tranchées à hauteur et au sud du moulin,

   b) 2ème ligne " la fin du chemin feu agressive défensivement", entre le ROUT au sud la face au nord.

 

2) sous-secteur d'ACHICOURT sur la route d'ACHICOURT-BEAURAINS, au passage en dessous de la voie ferrée ARRAS-LIGNY, à 500 mètres d'ACHICOURT, avec une ligne unique de résistance le long de la voie ferrée. Le bataillon JOLY d'ARROY (1er bataillon) occupe le 1er secteur.

Le bataillon "PERPERAN ??", le second , Le bataillon BRACONNIER est en réserve à l'ouest d'ACHICOURT.

Liaison au nord avec la 39ème brigade (25ème bataillon) et, au sud, avec la 38ème brigade (70ème bataillon). Le poste de commandement est à DEFRICOURT.

 

Vers 11h45,

le 47ème est informé que toute la 2ème armée reprend l'offensive et qu'il doit prendre part à cette offensive, en attaquant le front s'étendant de BEAURAINS (inclus) au chemin à un trait qui coupe à mi-chemin la route BEAURAINS à la côte 107 (inclus).

A droite la brigade "DARRAGA" (38ème) a pour objectif le front : chemin ci-dessus côte 107, tranchée de la voie ferrée. L'attaque se déclenche à 17 heures. "Mdre" : 2.3.1. Deux compagnies du 1er bataillon sont en réserve. L'attaque de la brigade "DARRAGA" se déclenche en même temps.

 

Les premiers éléments du 47ème atteignent sans grandes difficultés le carrefour des routes ACHICOURT-BEAURAINS et BRICQUOY-ARRAS.

Les ??? peuvent se glisser jusqu'à la lisière ouest du village de BEAURAINS et font savoir que celui-ci est fortement organisé.

Cependant, on ne reçoit aucun coup de feu.

Avant d'ordonner l'assaut, le Commandant de la 40ème brigade l'informe de ce qui se passe à sa droite, à la gauche et à l'arrière.

Il apprend qu'à la droite, la brigade "DARRAGA" progresse très péniblement, que la 39ème brigade, à gauche, n'a pas reçu l'ordre d'attaquer et qu'il n'y a personne en arrière pour tenir, le cas échéant, la ligne de résistance qui, d'après les ordres, doit, quoiqu'il arrive, rester inviolée.

Dans ces conditions, il suspend l'opération.

A 22 h,

la brigade "DARRAGA" est violemment contre-attaquée. Le 47ème se replie sur sa ligne de résistance pour lui servir d'appui. Toutefois, quelques fractions (notamment des éléments de la 12ème compagnie) sont portés en avant, face au sud, pour prendre d'enfilade l'attaque allemande et l'enrayer. Quelques moments après, le résultat est obtenu et tous les éléments du régiment reçoivent l'ordre de réoccuper leurs emplacements du matin.

 

10/10/1914 :

 Le mouvement offensif exécuté par les troupes disponibles du 10ème Corps d'Armée, dans la soirée d'hier, a dû, en raison des violentes contre-attaques ennemis, et dans le but de se maintenir sur le front défensif précédemment fixé, être momentanément suspendu.

Néanmoins, l'armée doit, aujourd'hui, continuer son effort en vue de ??? et de rompre la droite l'ennemi.

Le 10ème C.A. contribue à cette action en fixant celui-ci sur son front.

A cet effet, il est prescrit à la 20ème Division d'Infanterie de se maintenir sur les positions réoccupées cette nuit et de s'y fortifier aussi solidement que possible.

La journée se passe en travaux de défense, sans incident notable.

 

 

Pendant la période du 3 au 10 Octobre 1914, le régiment a fait les pertes suivantes :

Tués : 44 dont 1 officier (Lieutenant DANILO),

Blessés : 531 dont 10 officiers (Commandants CIGNE, "VEUZROTEY", Capitaines BICHARD, DARE, LOSQUIN, Lieutenants LE MARRON, FRIHORINE, Sous-lieutenants SIMON, DUFOUT et SORRIN),

Disparus : 484 dont 3 officiers (Lieutenant BLEU, Sous-lieutenants ROUILLET et ANZUR).

 

TOTAL : 1059 hors de combat.

 

Voir l’historique complet du 47e RI 1914-18

 

 

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