Notice historique sur le 117e Régiment d’Infanterie

 

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Préface

Les quelques pages qui vont suivre relatent d’une façon succincte les hauts faits accomplis durant la grande guerre par le 117e régiment d’infanterie.

Elles sont trop courtes pour pouvoir rapporter tous les actes individuels de bravoure accomplis, trop courtes même pour mentionner les noms de tous les braves, de tous les blessés, de tous les morts.

C’est vers ceux-ci, cependant, que doit s’élever la pensée.

La lecture de ces lignes rappellera les principaux épisodes de la longue tragédie, qui fut aussi une glorieuse épopée, au cours de laquelle ils sont tombés et ils ont vaincu.

Puisse le souvenir fidèle de tous les français honorer toujours avec reconnaissance la mémoire des héros qui, les exploits accomplis, par les souffrances endurées, par le sacrifice de leur sang et de leur vie, ont généreusement donné à la France la plus belle victoire que le monde ait connue.


Chapitre Premier – 1914

Dès les premiers jours d’août, le 117e quitte Le Mans sous les ordres du colonel JULLIEN, il débarque en Woëvre ;

Le 21 août, il entre en Belgique et, tout de suite, il est lancé dans la mêlée.

Il prend une part héroïque à la bataille de Charleroi par le combat qu’il livre à Virton, (22 août 1914), fournissant un assaut qui dure toute la journée sous le feu des mitrailleuses, et arrachant un cri d’admiration au général BOELLE, commandant le 4e Corps d’Armée :

 

« il convient de citer, et d’une façon générale, le 117e d’infanterie qui, toute la journée a été engagé et qui, vers 7 heures du soir, après un  hourrah auquel rien ne résistait, a abordé les retranchements ennemis. »

 

Malgré ce succès local et tant d’autres, c’est la retraite. Le 117e couvre la division et passe la Meuse à Dun, après avoir livré des combats d’arrière-garde à Lamorteau, Harnoncourt, Breheville.

Mais voici l’ordre de tenir et de se faire tuer sans reculer. Le régiment sait l’exécuter. Il s’installe à Montigny, (31 août 1914). Les 2e, 3e, 6e et 7e compagnies, qui occupent le village en feu, résistent pied à pied et se font hacher sur place. Cependant le retraite a continué, rendue possible par de pareils sacrifices, et cette retraite va se terminer par la magnifique victoire de la Marne.

 

Le 117e prend part à la bataille dans les rangs de l’Armée MAUNOURY, et bientôt se lance à la poursuite de l’ennemi qui recule enfin. L’Aisne est passée ; l’envahisseur, arrivé sur ses positions s’arrête.

 

Le 117e veut avancer encore et libérer encore, et malgré tout, un peu plus de la terre de France.

L’ennemi occupe Carlepont (16, 17, 18 septembre), 7 fois le régiment l’attaque, 7 fois le village change de maître.

 

Sous une pluie incessante, dénué de tout, le 117e associé ensuite aux exploits de la Division Marocaine (COMBY) et livre des durs combats de Caisne, Cuts, Hesdin, puis ses sont les marches exténuantes de la course au nord, et le 117e se retrouve à la bataille de Roye, (24 septembre – 8 octobre).

 

On se bat tous les jours.

Ce sont les combats de Liancourt où le régiment est attaqué par des forces ennemies considérables, masquant leur approche derrière un rideau de femmes et d’enfants ; d’Etalon-Fonchette où nos soldats luttent avec acharnement de maison en maison ; de Goyencourt et La Cambuse où, sous les ordres du colonel DU PARTY DE CLAM, nommé en remplacement du colonel JULLIEN passé au commandant d’une brigade, il fournit de sanglantes contre-attaques sous le feu de l’artillerie ennemie ; d’Andechy, où la 16e Brigade tout entière s’élance par une nuit de clair lune à un assaut héroïque dont, hélas ! Les mitrailleuses ennemies ont raison.

 

Dans ces derniers combats, le 117e avait été cruellement éprouvé, et, malgré sa bravoure, avait vu ses efforts briser dans le sang.

 

C’est au Quesnoy en Santerre (29 octobre), qu’il trouvera une glorieuse revanche. Renforcé successivement par le 317e et deux compagnies du 315e, après deux jours d’assaut, il pénètre dans le village qu’il enlève à la baïonnette sous un feu intense, faisant face ensuite avec succès à tous les retours offensifs et obtenant, en récompense de son héroïsme, un ordre du commandant de Brigade, le colonel JULLIEN :

 

« Merci à tous, du plus profond du cœur. Une fois de plus, le 177e a justifié sa devise : En avant, toujours en avant ! »

 

Malgré les efforts de nos braves soldats, l’ennemi est parvenu à s’arrêter sur sa position. La guerre de tranchée va commencer.

Le régiment se trouve maintenant placé sous les ordres du lieutenant colonel BIZARD.

 

Décembre la voit apparaître sur la Somme, mis à la disposition de la 62e Division. Il se présente devant Carnoy, (16 au 21 décembre), avec ordre d’attaquer la solide position ennemie de Montauban.

Le temps est épouvantable : le tir de notre artillerie a laissé presque intacts les fils de fer ennemi ; les charges les plus héroïques, poussées dans l’eau jusqu’aux genoux et quelques fois jusqu’au ventre, viennent toutes se briser sur ses réseaux.

 

Si la victoire n’a pas couronnée les efforts renouvelés de nos soldats, c’est que l’ennemi terré use contre nous d’armes nouvelles qui rendent nos progrès impossibles ; mais dans les années qui vont suivre, peu à peu notre armement se perfectionnera et, qu’il s’agisse de s’accrocher au sol ou d’arracher à l’envahisseur quelque lambeau de notre territoire, le 117e muni cette fois de tout l’outillage nécessaire et toujours à la hauteur de sa tâche, saura mener à bien les périlleuses missions qui lui seront confiées.

 

Chapitre deux – 1915

Au début de 1915, le 117e est en Champagne, où il livre de rudes combats au nord de Perthes (21 févier, 9 mars).

Ses trois bataillons, successivement engagés, s’accrochent au terrain, qu’ils défendent contre les contre-attaques allemandes sans cesse renouvelées.

 

Après ces quinze jours de bataille et avoir pris part à la meurtrière luttent de mines de Souain (12 au 15 mars), le 117e est relevé, non pas seulement pour être mis au repos, mais encore parce qu’on le destine à coopérer à une importante opération pour laquelle le Haut Commandement prépare des unités choisies parmi les meilleures. Dans ce but, le régiment est maintenu à l’entraînement au Sud Est de Reims jusqu’au 25 septembre, jour où il se range parmi les troupes qui vont exécuter l’offensive de Champagne (septembre - octobre).

 

il suit d’abord comme premier soutien des troupes d’attaque, organise et défend le terrain conquis ? Puis il passe en première ligne et, le 6 octobre, s’élance magnifiquement sur les lignes de l’Epine de Védégrange.

II se heurte dans un assaut meurtrier à de sérieuses défenses, et, malgré de fortes pertes, défend la position pendant 15 jours.

Après cet effort prolongé, le 117e est ramené vers l’arrière, pur être reconstitué. Nous allons le retrouver en ligne dès les premiers jours de 1916.

 

Chapitre trois – 1916

La nouvelle année apporte au 117e une périlleuse mission ; la garde de la Main de Massiges (janvier – juillet).

Enlisé dans les boues de ce secteur difficile, il s’acquitte de longs et pénibles travaux par un hiver rigoureux exécutant de nombreux coups de main et parant ceux de l’ennemi.

 

C’est à Massiges que le régiment reçoit l’ordre de partir pour Verdun (8 juillet au 2 août), où il va ajouter à son tour une page de gloire dans l’histoire de la défense de la citadelle. Il s’y distingue en tenant sous un bombardement incessant, les abords de Thiaumont. Les 2e et 3e bataillons sont en lignes à la lisière sud du bois de Nawé, tandis que deux compagnies de son 3e bataillon, mises à la disposition du 317e, sont engagées du 16 au 21 sur le plateau de Thiaumont et y subissent sans fléchir les plus puissantes contre-attaques.

 

Après Verdun, le 117e est ramené en Champagne où lui est confiée la défense du secteur de la Butte du Mesnil (août à octobre).

La garde de ce secteur célèbre donne au régiment l’occasion de se distinguer dans de nombreux coups de main, et le maintien en haleine pour entreprendre la campagne 1917 sous le ordre d’un nouveau chef, le colonel PAGEOT.

Dès octobre, sous ce nouveau chef, le régiment complète son instruction dans un camp,  en vue des efforts qui vont lui être demandés.

Chapitre quatre – 1917

1917 trouve le 117e sur la Somme, (janvier – février), où au milieu des intempéries, il se livre avec énergie à un travail d’organisation dans lequel il est passé maître, et qu’il va exécuter dans le secteur de Apremont – Bois Brûlé, (mars – avril).

C’est là que le régiment est envoyé dans la région du Casque (mai), où, par des combats qui durent tout le mois, il assure la possession du terrain enlevé : achève la conquête des crêtes des monts de la Champagne, d’où l’ennemi nous observe et nous menace, repousse définitivement toutes les contre-attaques des Allemands.

Peu  de temps après, le 117e est, pour ces combats, cité à l’Ordre du Corps d’Armée (11 juillet 1917) dans les termes suivants :

 

« Sous l’ardente impulsion de son chef, le colonel PAGEOT, a mené de front pendant 25 jours (2 – 26 mai 1917) l’organisation méthodique d’une importante position récemment enlevée, et une  lutte rapprochée, incessante et tenace. Malgré les fatigues et les pertes, a pris l’offensive le 20 mai, enlevé d’un seul élan, en dépit d’une résistance acharnée, la totalité de l’objectif qui lui était assigné, s »’y est organisé et maintenu au cours des journées suivantes devant de violentes contre-attaques et une réaction d’artillerie croissante. »

 

après sa belle victoire, le 117e ne se repose pas sur ses lauriers, car ,après nous le retrouvons en contact étroit avec l’ennemi dans le secteur agité du Mont Cornillet (juin – juillet), d’où il est rappelé, à l’ouest de Reims, dans celui des Marquises (août – décembre), où il se signale par une opération locale importante exécutée au Saillant Vidalet, et qui vaut à la 2e compagnie et à la 3e section de la 1ère, cette belle citation à l’Ordre de L’armée (4 novembre 1917) :

 

« Unités d’élite, qui, sous la vigoureuse et intelligente impulsion du lieutenant CAPITAN, commandant le 2e compagnie, et du sous lieutenant BOUVIER, ont, le 24 octobre 1917, pénétré dans la position ennemie particulièrement forte et défendue par des troupes d’élite, ont infligé à l’adversaire des pertes sensibles et ont réussi, malgré une résistance opiniâtre, à atteindre tous leurs objectifs, détruisant de nombreux abris, et ramenant 15 prisonniers. »

 

En novembre, le colonel PAGEOT, appelé au poste d’attaché militaire à l’ambassade de France à Berne, est remplacé par le lieutenant colonel VERGNON, qui conduira à la victoire.


Chapitre cinq – 1918

Les Allemands vont enter leur effort décisif : l’armée française se prépare à la résistance et, au milieu d’elle, le 117e, en Champagne, travaille à l’organisation défensive du Mont Haut.

Parmi ces travaux, son esprit offensif ne cesse de se manifester, et le 3 avril, la 6e compagnie exécute sur la tranchée Bleue et la tranchée de Bonn, un coup de main qui lui vaut de voir son fanion décoré par le Général GOURAUD avec cette superbe citation à l’Ordre de l’Armée :

 

« Sous les ordres du capitaine BOUVIER, qui, parti comme soldat de 2e classe au début de la campagne, a su inspirer à ses hommes les sentiments de cœur, de bravoure et de discipline dont il est animé, s’est porté d’un seul élan, le 3 avril 1918, dans un vigoureux coup de main, sur les deux premières lignes ennemies sous un violent barrage, a atteint ses objectifs et a rempli sa mission, ramenant des prisonniers, des mitrailleuses, du matériel, après avoir infligé des pertes sensibles à l’ennemi, détruit ses abris. Par son moral, son sang froid, sa ténacité, donne le bel exemple au régiment. »

 

Cependant, l’offensive allemande est déclenchée, c’est la deuxième bataille de la Marne qui se prépare. Le 117e, installé devant Châtillon sur Marne et Montigny (15 juillet) , à l’ordre de tenir coûte que coûte.

Il tient, et ce n’est que sur ordre qu’il se retire, après un corps à corps prolongé, sur la deuxième position de Tincourt et Venteuil (16 – 17 juillet), où la lutte acharnée continue.

 

A la suite de ces combats, le général ALDEBERT, commandant le 8e Division, s’avance au devant du colonel VERIGNON et, le serrant dans ses bras, s’écrie :

« - Colonel, vous pouvez être fier de votre régiment ! »

Et plus tard, une magnifique citation à l’Ordre de l’Armée, vient reconnaître la bravoure déployée par le 117e en ces jours mémorables :

 

« Unité remarquable par sa cohésion, sa discipline, sa tenue. Attaquée sur des organisations à peine ébauchés par un ennemi trois fois supérieur en nombre et enfoncée à sa droite, s’est accrochée avec une énergie farouche, électrisée par la bravoure de son chef, le lieutenant colonel VERIGNON, au réduit qui lui était confié, contre-attaquant, couvrant le repli des troupes voisines, arrêtant l’ennemi pendant plus de quatorze heures de combats acharnés ; lui inflige des fortes pertes et lui a fait des prisonniers. »

 

La récompense à tant d’héroïsme, le 117e l’a trouvée dans la marche victorieuse qui, du 26 septembre à l’Armistice, ne s’est plus arrêtée pour lui.

Les étapes principales en sont : la prise des Monts (octobre), où le régiment s’était déjà distingué en 1917, la prise de Rethel (novembre) , succédant à celle de nombreux villages et précédant le dernier succès, l’entrée à Charleville (novembre), où le glorieux drapeau du 117e reçut, en décembre, des mains du général DEBENAY, la fourragère que venait de lui décerner le Maréchal de France, commandant en chef.

Cette haute distinction lui était attribuée à la suite d’une nouvelle citation à l’Ordre de l’Armée (30 novembre), dont le texte élogieux est le plus bel hommage qui puisse être rendu au régiment :

 

« Le 117e régiment d’infanterie, sous les ordre du lieutenant colonel VERIGNON, lancé à l’attaque le 26 septembre 1918, a poursuivi l’ennemi en combattant, pendant plus de quarante jours, libérant sur le territoire national une profondeur de plus de 70 kilomètres, pénétrant le premier dans Rethel et dans Mézières – Charleville, marchant jour et nuit, sans repos, sans abris, sous une pluie battante, irrégulièrement ravitaillée par suite des destructions de routes, arrêté à tous instant par des mitrailleuses ennemies, battu sans cesse par l’artillerie adverse ; a foncé malgré tout en avant, précipitant le repli de l’adversaire tenace, lui infligeant des pertes sérieuses, lui faisant des prisonniers et capturant un matériel considérables. »

 

au moment de la conclusion de l’Armistice, le 117e, massé sur les pentes de Bel Air, à l’endroit même d’où, quelques mois auparavant, le Kaiser lançait l’attaque qui devait écraser la France, se tient prêt à franchir la Meuse, jaloux de justifier jusqu’au bout sa fière devise :

En avant, toujours en avant !


 

Annexe

 

Chefs de corps ayant commandé le régiment

Colonel JULLIEN, de la déclaration à octobre 1914

Lieutenant colonel DU PATY DE CLAM, octobre 1914

Lieutenant colonel BIZARD, d’octobre 1914 à octobre 1916

Colonel PAGEOT, d’octobre 1916 à novembre 1917

Lieutenant colonel VERIGNON, de novembre 1917 à l’Armistice

Citations et fourragères obtenues par le régiment

Colonel PAGEOT, Citation à l’Ordre du Corps d’Armée (ordre général n°22 du 17e C.A. du 11 juillet 1917)

Colonel VEROGNON, Citation à l’Ordre de l’Armée (ordre général n° 426 de la 5e Armée, du 22 novembre 1918)

Colonel VEROGNON, Citation à l’Ordre de l’Armée (ordre général, note du G.Q.G., n°46.872 de la 5e Armée, du 30 novembre 1918)

 

Le 22 décembre 1918, la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de Guerre a été conférée au régiment par le Maréchal de France commandant en chef des armées françaises de l’Est.

Citations obtenues par des unités du régiment

Lieutenant CAPITAN, Citation à l’Ordre de l’Armée pour la 2e compagnie (ordre général de la 4e Armée du 4 novembre 1917)

Sous lieutenant BOUVIER, Citation à l’Ordre de l’Armée pour la 3e section de la 1ère compagnie (ordre général de la 4e Armée du 4 novembre 1917)

Capitaine BOUVIER, Citation à l’Ordre de l’Armée pour la 6e compagnie (ordre général de la 4e Armée)

 

Lire le JMO d’octobre 1914 à octobre 1915

 

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