Historique du 215ème d’Infanterie. 1914-1918

 

Merci à Etienne

 

 

Sommaire

Période de Mulhouse : 14 août 1914 - 21 septembre 1914

Les Vosges : 21 sept. - 17 déc. 1914

Epoque de repos : 17 décembre - 13 février 1916

Période de Transition : Février 1916 - juillet 1917

Le Chemin des Dames : Juillet 1917 à octobre 1917

Coucy : Novembre 1917 à avril 1918

La Champagne : Avril 1918 à septembre 1918

Dissolution du régiment

Citations du régiment

 

 

Période de Mulhouse

(14 août 1914 – 21 septembre 1914)

 

Le 21ème organisé à Albi, s’embarqua le 14 et le 15 août en deux trains à destination de Belfort sous les ordres du colonel Gadel. Il comptait 2 bataillons à 4 compagnies et une C.H.R., au total 35 officiers, 144 sous-officiers, 2074 hommes et 114 chevaux.

Dirigé le 17 août sur Petit-Croix, où cantonnait la 132ème brigade, puis sur Buttwiller, le régiment tête d’avant-garde de la 66ème Division reçut l’ordre de marcher sur Mulhouse en passant par Froningen, Didenheim et Brünstadt.

 

Le 19 août à 5 heures, le régiment commença la marche en avant, le 5ème bataillon en tête. Au débouché du village de Froningen, le 5ème bataillon faisant prisonnière une patrouille de Uhlans, apprend que l’ennemi occupe les hauteurs de Brünstadt.

Au moment où il s’apprête à franchir le pont sur l’Ill, à la sortie de Didenheim, il est arrêté par une violente fusillade ; l’avant-garde se déploie rapidement ; mais le 5ème et 6ème bataillons arrivés à Didenheim s’entassent dans les 300 mètres qui séparent la sortie de Didenheim des bords de la rivière.

Il fallait sortir de cette impasse et forcer le pont de l’Ill, le pont du canal du Rhône au Rhin, enlever Brünstadt et déloger l’ennemi de ses positions. Le Commandant Duchesne, le Capitaine Neveu et deux sections de la 15ème compagnie s’élancent bravement sous un feu terrible de mitrailleuses, mais ils tombent dans une véritable impasse, entourés de tous côtés par des réseaux épais. Duchesne blessé, Neveu tué, les deux sections clouées au sol sans pouvoir avancer ni reculer.

Cependant de l’autre côté de l’Ill, les 5ème et 6ème bataillons, le 343ème s’échelonnaient sur les rives et occupaient Didenheim, tandis que l’artillerie en arrière de Froningen se préparait à aller occuper les crêtes à l’ouest.

Vers 13h30, les débris des deux sections qui avaient suivi le Commandant Duchesne cherchèrent à se replier et, provocant un feu violent de la part de l’ennemi, traversèrent le pont en courant.

Ce recul précipité provoqua chez les autres troupes un moment de panique qui ne fut enrayé que par la bravoure de colonel Gadel qui stoïquement debout sous le feu, fit déployer le drapeau par le Lieutenant Dutrey et sonner la charge ; l’effet fut magique, les hommes se ressaisirent immédiatement et réoccupèrent leurs positions.

La nuit fut calme, les Allemands évacuèrent les hauteurs de Brünstadt rendues intenables par notre artillerie.

Ce baptême du feu coûtait au Régiment 193 officiers ou hommes hors de combat, pertes supportées presque entièrement par le 5ème bataillon.

 

Les honneurs furent rendus le lendemain à nos glorieux morts, au milieu de l’émotion générale dans le cimetière de Didenheim.

 

 

Lire le détail de ce combat grâce au carnet de guerre de Charles SEVERAC, soldat du 215e RI

 

Le régiment reste avant-poste à Heinsbrun jusqu’au 24 août, puis obéissant à l’ordre général de retraite, il se replia par Petit-Croix, Montbéliard, Montvillard, Rechesy et Courtelevant, sans incidents notables.

 

Du 11 au 21 septembre, la troupe au repos au cœur de la pittoresque région des lacs des Vosges, put se remettre des dures fatigues du premier mois de campagne.

 


Les Vosges.

21 sept. –17 déc. 1914

 

L’époque qui s’étend jusqu’au 17 décembre 1914, est caractérisée par des patrouilles et engagements nombreux et l’attaque de la tête de Faux.

C’est dans le secteur de Bonhomme que le 21 septembre le 215ème commencera la guerre de position qui devait durer pour lui si longtemps. Il est encadré d’abord par le 280ème à gauche  et à droite par le 256ème qui tient le secteur du Lac Blanc.

Il a un bataillon en première ligne, l’autre au petit village d’Habeaurupt.

Sa ligne est faite surtout de petits postes qui passent par le col du Bonhomme, la ferme des Grands-Prés et la route de la Bechine, jusqu’au col de Louspach, les patrouilles et les reconnaissances se succèdent vers la ferme Violette et la ferme Mathieu.

Le 5ème bataillon vient en ligne à droite jusqu’au lac Noir relever le 52ème bataillon de chasseurs à pieds. Chaque bataillon a deux compagnies en première ligne, une en soutien, une en réserve.

Le nouveau secteur du lac Blanc est particulièrement délicat en raison de son altitude et des observatoires qu’il contient ; le ravitaillement y est aussi difficile. Mais petit à petit le secteur s’organise, quelques ouvrages sont créés et deux tentatives de coups de mains des allemands sont facilement enrayées.

 

Le 31 octobre, dans le but de soutenir l’attaque de la tête de Violu par le groupe  de chasseurs alpins, deux attaques furent combinées, l’une dans la vallée de la Bechine en direction de la Verse et de Longtrait par la 18ème compagnie, l’autre en direction de Creux d’Argent par les 23ème et 24ème compagnies.

Ces deux attaques parallèles méthodiquement menées nous portaient malgré la fusillade ennemie dans les vallées de la Bechine à deux kilomètres du village de Bonhomme et vers le Creux d’Argent, nous permettaient d’occuper Haureroche-Blancrupt.

 

Jusqu’au 1er décembre, l’organisation se continue méthodique, défense contre les intempéries autant que contre l’ennemi car le mauvais temps à succédé aux beaux jours et les rafales de neige, le froid rendent très dur le séjour en ligne et les travaux.

 

Le 2 décembre se déclencha l’attaque ayant pour but d’enlever le massif de la Tête de Faux qui, situé à l’Est du col du Bonhomme, formait pour l’ennemi un point d’appui important.

Quatre détachements avaient été constitués :

1er Groupe : Commandant Duchesne, mission : attaquer la Tête de Faux par le sud et sud-est

2ème Groupe : Capitaine Argence, mission : soutenir la gauche de l’attaque en se portant sur la Verse et le village de Bonhomme

3ème Groupe : Capitaine Boque, mission : attaquer les croupes est de l’Immerling vers Merelles.

4ème Groupe : Commandant Bareilles, attaque sur le front de Remomont, Creux d’Argent, Le Lait

Le 1er décembre fut employé aux reconnaissances et préparatifs divers et l’action s’engagea le 2 à 8 heures du matin.

L’élan fut splendide et aux sons de la charge, aux cris répétés de « En-avant », les différents groupes se ruèrent vers leurs objectifs mais ils devaient se heurter bientôt à des obstacles infranchissables qui eurent raison de leur héroïsme et brisèrent leur magnifique élan ; les pertes étaient lourdes, et au soir du 2, le 215 reconstitue deux groupes seulement.

1er ancien groupe du commandant duchesne (tué dès le début) aux ordres du Capitaine Falgos devant enlever la Tête de Faux par le sud.

2ème commandé d’abord par le Capitaine de Chausanne puis par le Lieutenant O’Byrne, devait attaquer et enlever la cote de Grimande, et le 3, l’attaque reprit avec le même courage.

 

Sur la Tête de Faux, l’attaque dut s’arrêter devant la tranchée en fer-à-cheval fortement organisée, puissamment défendue.

 Sur la cote de Grimande, les difficultés furent plus grandes encore en raison du glacis dénudé sur lequel devait avoir lieu la progression. Et cependant la cote de Grimande fut enlevée d’un seul élan, sans souci des pertes éprouvées. Vains efforts, vains sacrifices.

Devant l’inclémence du temps, devant les menaces d’une contre-attaque furieuse, le Lieutenant O’Byrne reçut l’ordre de revenir sur ses positions de départ pour éviter les pertes inutiles de sa poignée de héros.

Au prix de nouvelles saignées, les détachements Falgos et O’Byrne se replièrent sur les lisières du bois de l’Immerling et de la Tête de Faux où ils furent relevés par la 343ème ; le 215ème n’avait pas complètement réussi, il avait du moins sauvé l’honneur et tout ce dont il était capable.

 

Les positions conquises furent organisées les jours suivants et le 14 décembre, le 6ème bataillon relevé par le 229ème allait occuper le secteur de la rive droite de la Fave, le 5ème fut relevé le 16, mais resta au repos pour se reconstituer à Fraize, Vanifosse ; le Commandant Tref du 39ème colonial prit alors le commandement du Régiment et ne tarde pas à faire justice de la calomnie qui tendait à imputer au 215ème l’échec de l’attaque de la Tête de Faux.

 

 

Epoque de Repos

(17 Décembre 1914 – 13 février 1916)

 

Jusqu’au mois de juin 1915, le régiment tint le secteur de la rive droite de la Fave avec :

En ligne : 1 bataillon, 4 compagnies : Ormont, Spitzemberg, Jonction, Ferme Graingoutte

Repos : 1 Bataillon : La baraque du col, La chapelle Saint-Clair, Le Paire Neuvillere.

Secteur tranquille et de tout repos au milieu d’un paysage splendide que dominaient l’Ormont et le Spitzemberg.

 

Au mois de juin, le Régiment relevait le 343ème sur la rive gauche de la Fave en deux groupes distincts : le groupe Lasseux à la cote 607 et le repos pris à : Combimont, Ferme Chapis, Laveline, Lesseux.

 

Ce secteur fut aussi calme que le précédent jusqu’au 14 janvier 1916 ; le temps fut mis à profit pour en organiser sérieusement la défense malgré un harcèlement constant et les fatigues provoquées l’été par un soleil de plomb, l’hiver par un ennemi plus terrible, la boue, en particulier sur les pentes désolées de 607.

 

Le 14 janvier, le 215ème fut relevé par le 106ème bataillon de chasseurs à pieds et après avoir traversé Saint Dié vint cantonner dans la région de Denipaire à Saint Blaise, au Menil et au Vivier où, jusqu’au 13 Février il employé aux travaux de 2ème ligne.

 

Période de Transition

(Février 1916 – juillet 1917)

 

Le 13 février 1916, le 215ème revint à ses anciens emplacements de 607, puis en mars 1916 à 766 – Wissembach – secteur devenu plus agité et où la lutte de mines battait son plein, accompagnée d’un bombardement journalier par obus, torpilles et minen.

  La proximité des lignes entraînait aussi Français et Allemands à l’exécution de nombreux coups de main.

 

  Le 8 juin, une formidable explosion creusait dans nos lignes un entonnoir géant de 90 mètres de large sur 20 de profondeur, l’explosion suivi d’un bombardement furieux nous coûtait 31 hommes et 2 officiers, mais grâce au sang froid et au courage de la 19ème compagnie et du Sous-lieutenant Albar l’ennemi n’osait attaquer.

 

  Le 20 juin, le Régiment était relevé par le 227ème et le 22, il était définitivement constitué à 3 bataillons par l’adjonction du 5ème bataillon du 343ème dissous.

 

  Du 20 juin au 12 juillet, le Régiment travailla à l’organisation défensive de Ban-de-Sapt.

 

 

  Le 12 juillet, il se mettait en route et par Gérardmer, Longemer, Rotembach, et Huot, il prenait les lignes dans la région de Metzeral en 3 secteurs : Sulzeren ; Metzeral ; Sondernach, secteurs différents par la nature du sol, tantôt sablonneux, tantôt rocheux et par conséquent dans leurs organisations.

Le Régiment ne reste guère qu’un mois dans cette partie des Vosges, mais son séjour y est caractérisé par les deux faits suivants ;

Sa dispersion en trois tronçons distincts, occupation de points stratégiques et de contact par les troupes actives et de réserve, la défense des rentrants et des vallées étant laissée aux territoriaux.

 

Le 26 août, le Régiment relevé par le 348ème se dirigeait sur le secteur : Linge, Schartz, Berenkopf où il releva le 305ème, il devait y rester jusqu’en décembre.

1er Secteur : Noirmont (Cote 650, Noirmont, Chaudepierre)

2nd Secteur : Linge (Linge, Schartz, Barenkopf)

Réserve : Camps (Richard, Vignal, Bouquet, Morlière)

Le premier à peu près calme, aux bombardements irréguliers, le deuxième au contraire où la lutte prenait parfois un caractère de violence terrible.

Les différents camps variaient par leurs installations mais le préféré était sans conteste le camp Richard, aux agréables chalets, au paysage reposant.

 

Le 5 décembre ; Le Régiment relevé par le 7ème Groupe Alpin se dirigeait par étape vers le camp d’Arches.

 

Du 11 au 25 eurent lieu des exercices de manœuvre destinés à rendre au 215ème toute sa valeur offensive et à lui apprendre les nouveaux procédés de combat.

 

Le 26, avec la 161ème division, le 215ème allait exécuter des travaux et parfaire son instruction dans la région de Belfort et Dannemarie.

 

Le 8 janvier 1917, il s’embarquait à Vauthiermont revenait le 10 et 11 dans la région du Linge et des Lacs. Il devait y rester jusqu’en mai occupant les secteurs du linge, Schratz, Barenkopf etc…, et les mêmes camps de repos.

 

C’est dans cette période que se place, le 7 février, le brillant coup de main du Sous-lieutenant Huillet sur les fermes des Massures, brillant non point tant par les résultats que par la démonstration qu’il fit de l’esprit de bravoure des soldats du 215ème.

 

Le 6 mai, le Régiment relevé par le 253ème, allait au repos à Gérardmer, camp Coller, camp Nicolas, période toute de repos, occupée par des travaux agricoles, dans un cadre splendide.

 

Le 7 juin, le Régiment quitte ses cantonnements pour relever le 163ème d’Infanterie, dans le secteur La Cude, Le Violu, secteur étrange et désolé, portant l’empreinte indélébile des combats acharnés qui s’y étaient livrés depuis 1914. Les hommes du 215ème pouvaient voir à l’horizon le secteur de la Fave qu’ils avaient tenu si longtemps.

La caractéristique principale était le rapprochement des lignes (10 à 20 mètres) rendant impossible tout bombardement mais permettant à la lutte de grenades de se donner libre cours.

 

Le 26 Juin, le 215ème incertain sur le sort qui lui était réservé, fut relevé par le 172ème et fit étape jusqu’aux environs de Belfort, et le 25 Juillet, le 215ème, alerte et confiant, abandonnant enfin les Vosges familières s’embarquait à Fontaine pour Epernay : les vraies épreuves allaient commencer.

 

 

Le Chemin des Dames :

Juillet 1917 à octobre 1917

 

Voir la bataille du Chemin des Dames

Le 215ème débarqua, le 26 juillet à Mezy et à Château-Thierry pour aller cantonner à Courpail et Epieds, le 28 à Bazoches et le 30 à Longueval après un pénible trajet en camions, devant un horizon embrasé de façon ininterrompue.

 

Le 1er août, il était aux Crêtes-Marocaines, Paissy, Arris, Beniers, etc…, d’où il partait dans la nuit pour la relève, combien différente des relèves dans les Vosges paisibles. Le détachement de reconnaissance, englobé dans une furieuse attaque menée par les Allemands contre le 344ème, avait été presque entièrement anéanti.

Après de multiples efforts, sous le bombardement intense, dans la boue traîtresse, le 215ème relève dans la zone A du secteur de Cerny les débris de 4 régiments (28ème, 344ème, 206ème, 234ème). (Tranchées de Dresde, de l’Adour, Hugo et de Chanzac)

 

Dès le 2 août, après un violent bombardement préalable, l’ennemi se ruait à l’avant de la tranchée de Dresde ; après un héroïque combat corps à corps, les défenseurs submergés par le nombre étaient ramenés jusqu’à la tranchée de Brahms, où l’ennemi était arrêté net par les héros de la Tête de Faux, le capitaine O’Byrne, toujours sublime de courage et de ténacité.

A 19 heures, l’ennemi était définitivement refoulé et la tranchée de Dresde réoccupée ; si la journée nous coûtait cher elle était cependant pour le 215ème une journée de gloire.

 

Du 2 au 9 août, l’Allemand ne réagit que faiblement et les travaux furent activement poussés pour l’organisation du terrain et en vue d’une attaque sur la tranchée ennemie Franconie-Fourragère. L’attaque fut déclenchée dans la nuit du 9 au 10, nous faisant progresser en un point de plus de 150 mètres, un résultat analogue était obtenu dans les tranchées de Dresde.

 

Le 10, le 215ème, relevé par le 163ème, allait se cantonner aux Crêtes-Marocaines et à Cueilly, mais le 6ème bataillon devait bientôt remonter en ligne où sa conduite, du 13 au 16, fut exemplaire.

 

Le 16, le 215ème remonte en ligne et occupe le quartier H, les abris Béniers et Cueilly.

Les Allemands restés quelques temps calmes reprirent l’offensive et le 17 attaquèrent violemment la tranchée Brucker ; bientôt maîtrisés, ils renouvelèrent leur tentative le 18 sur tout le quartier H ; elle fut aussi vaine que les précédentes. Le 215ème au moral intact, où la confiance la plus absolue régnait entre chefs et soldats, sortait victorieux de la terrible épreuve.

 

Le 20 août, il était relevé par les 55ème et 48ème B.C.P. et transporté dans la région de Beuvardes-Courmont où il devait goûter pendant un mois un repos bien mérité, coupé par la revue d’adieu du Colonel Tref, chef estimé entre tous, l’arrivée du Colonel Martin et une inoubliable soirée donnée par le théâtre aux armées.

 

Le 20 septembre, le 215ème quittait Buvarde et Courmont pour retourner par étapes au Chemin des Dames ; il relevait le 26 Septembre le 36ème dans le secteur de Cerny (Quartier L et K) combien calme et combien transformé tant en première ligne que dans les creutes de repos.

Le 163ème releva le 215ème  qui se transporta le 17 octobre à Fismes et Mont Notre Dame, puis le 21 s’embarqua pour les environs de Montmorency ou il resta au repos le plus complet jusqu’au 7 Novembre.

 

Coucy :

Novembre 1917 à avril 1918

 

La route fut longue de Montmorency à la basse forêt de Coucy où le 16 Novembre, le 215ème occupait le secteur L’Epinois-Barisis avec le 1er bataillon à Sinceny-Butte de Rouy.

Partout c’était calme, rarement troublé, aux bombardements très espacés.

 

Le 17 décembre, le 62ème relevait le 215ème qui fut dirigé vers la forêt de Compiègne où le 20 il occupait Hautefontaine, Chelles, Saint-Etienne Rolaye. Existence monotone coupée par de rares manœuvres, gênée par le mauvais temps.

 

Et le 12 janvier 1918, il revenait non loin de ses anciennes positions, entre la haute et la basse forêt de Coucy où après quelques changements, il s’installait du 19 février au 1er avril.

1er bataillon : C. R. Crotoir (Carrières Bernagousse).

2nd bataillon : (Folembray et Praast).

Secteur assez agité, où les coups de main étaient nombreux avec tout leur imprévu  et toutes leurs émotions ; citons les affaires du 26 janvier où le Capitaine O’Byrne une fois de plus repoussait l’ennemi ; du 28 Janvier où le Sous-lieutenant Boutie faisait 5 prisonniers et enfin le 2 Mars la victorieuse résistance de la compagnie de l’Adjudant Hugues.

 

De janvier à Avril, dans ce secteur où renaissait l’activité, le 215ème put déployer toutes ses qualités d’endurance et d’organisation.

Le 1er avril, le 5ème bataillon releva les Anglais au C. R. Barisis-l’Espinois.

Le 4ème restait au Crottoir.

LE 5ème en  2ème ligne le long de l’Ailette.

 

Les bombardements redoublaient d’intensité et le 6 Avril à 6 heures, après une préparation qui durait depuis 3 heures 30, l’ennemi attaqua avec une supériorité de forces et de moyens écrasante. Le 5ème bataillon fut enfoncé malgré sa belle résistance, la droite du 363ème prise à revers et enlevée. Le 6ème bataillon jusque là en réserve fut lancé en avant pour boucher le trou entre le 215ème et le 363ème, ce à quoi il réussit ; dans la nuit du 6 au 7, le régiment se porta par ordre en arrière en deux replis successifs.

1er Patte d’Epaule, Rond d’Orléans ;

2nd Sur les deuxièmes lignes en angle droit : lisière du bois sud de Folembray. Intersection route Pont Saint-Mard.

 

La journée du 7 fut calme.

Mais le 8 avril après une préparation minutieuse et à la faveur du brouillard, l’ennemi attaquait la charnière 215-363 ; après une lutte opiniâtre à bout de munitions, le 4ème bataillon reculait entraînant le 6ème, pour éviter d’être pris à revers et le régiment se repliait derrière le canal de l’Oise à l’Aisne.

Le 9, il était rassemblé aux grottes de Funy et le 10 retiré du secteur.

 

 

La Champagne.

Avril 1918 à septembre 1918

Voir la bataille de Champagne en 1918

Du 13 au 16 avril, après être passé par Epernay, Châlons, Vitry, le 215ème cantonna à Basse et Bassuet, contrée assez bien fournie, qui permet à tous de se remettre des fatigues si vaillamment supportées.

Le régiment se reconstituait grâce à un renfort de 500 hommes classe 1918.

 

Du 18 au 24, le 215ème cantonnait à Auve-Saint-Mard d’Auve et le camp Castelnau.

Le 24, le 215ème relevait le 181ème dans le C. R. Christophari, secteur réellement bien organisé, aux défenses solides, aux communications faciles, mais sans sujet comme tout le front aux alertes continuelles et au bombardement par ypérite. Les coups de main y étaient également très fréquents, infructueux pour les Allemands les 14 mai et 1er Juin, infructueux pour nous aussi, l’ennemi évacuant ses lignes.

 

Du 1er au 5 juin, le 215ème relevant le 28ème allait occuper le sous-secteur sur Dornoise.

Organisé à fond comme le secteur Christophari, le sous-secteur Dormoise, région de tahure, était d’une tranquillité absolue, l’ennemi se préparait en silence à sa dernière ruée, au Freidensturm : nos coups de main nous permettaient de ramener des prisonniers qui confirmaient l’imminence de l’attaque.

 

Relevé le 30 juin, par le 158ème régiment d’infanterie, le 215ème se dirigeait vers le sous-secteur de Beauséjour où il devait rester jusqu’à la grande attaque du 16 juillet.

La comme dans le secteur précédent se livraient les coups de main indispensables pour connaître à fonds les intentions de l’ennemi.

 

Le 10 Juillet une de ces opérations particulièrement réussie nous permettait de faire 6 prisonniers qui donnaient de précieuses indications.

 

Dès le 6 juillet, le 215ème, comme les autres unités de première ligne de l’armée Gouraud, prenait la nuit le dispositif de « grande alerte » ainsi conçue : la première ligne confiée à quelques détachements de volontaires chargés de signaler la sortie des Allemands de leurs lignes, une ligne intermédiaire qui devait dissocier les vagues d’assauts et enfin, la position de résistance qui à tout prix devait rester inviolée.

Le bombardement se déclencha à minuit 10 avec une violence inouïe qui ne faisait que se superposer sans l’égaler à la contre-préparation offensive que notre artillerie avait entamé à 23h30 : des deux côtés l’horizon n’était qu’un océan de flammes et nos troupes se trouvaient sous une véritable voûte d’acier.

Le 215ème était ainsi réparti :

1ère position : 2 groupes, 1 sergent, 2 hommes, parallèle des réduits  3 groupes, demi-section.

Position intermédiaire : 3 bataillons.

L’attaque d’infanterie partit à 4h25, à 12 heures, elle était encore arrêtée devant le parallèle des réduits ; le réduit Beauséjour tenu par le Sous-lieutenant Jullien ne cédait qu’à 18h35.

L’attaque reprise le 16, annoncée par les groupes Désirat, Cacouault, Delamas, ne permettait pas à l’Allemand d’augmenter ses gains précédents, sa progression ne dépassant pas 2 kilomètres.

L’Allemand était définitivement arrêté et battu, nous devions lui imposer encore notre supériorité.

 

Le 17 à 1 heure 50 dans une action splendide, le 6ème bataillon enlevait le réduit Calvaire et le réduit Marson, mais était arrêté par le réduit Beauséjour fortement tenu ; reprise le lendemain 18 avec un élan magnifique, l’attaque nous rendait maîtres du réduit était reconquise en entier.

Le 5ème bataillon relevant le 6ème devait compléter ce beau succès et le 20 Juillet au soir après trois bonds, suivis chacun d’une courte réorganisation, le 5ème bataillon avait atteint tous ses objectifs, regagné le terrain cédé et repris notre ancienne première ligne.

 

En champagne comme dans les Vosges, comme au Chemin des Dames, le 215ème s’était montré digne de toutes éloges.

 

Après le 21 juillet, malgré une certaine nervosité, l’ennemi ne tenta jamais d’action sérieuse. De notre côté nous apportâmes nos soins à remettre en état le secteur bouleversé.

Le 215ème avait : 1 bataillon C. R. Crochet, 1 bataillon position intermédiaire, 1 bataillon Saint-Jean-Laval.

Les travaux furent entrepris avec entrain dans un calme relatif, troublé seulement par une lutte de coups de main.

 

Le 14 août, le 215ème qui avait été à la peine fut à l’honneur, son drapeau et une importante délégation assistèrent à Châlons à la fête des drapeaux de la IVème armée, fête inoubliable par l’enthousiasme patriotique et la fierté joyeuse de tous ceux qui y prirent part.

 

Dissolution

 

Le 11 septembre, le Régiment était relevé par le 369ème Américain et quittait pour toujours le front..

 

Le 15 il arrivait au camp B. à Mailly. Depuis longtemps des bruits de dissolution circulaient, ils n’étaient hélas que trop vrais ; l’ordre officiel en arriva le 27, le 215ème avait vécu.

 

Moins heureux, moins favorisé que d’autres unités, il ne devait pas avoir la joie du triomphal final, la grisée des récompenses. Mais tous ceux qui avait compté dans ses rangs s’en allaient le front haut, fiers de lui avoir appartenu, car de Didenheim à Beauséjour, des Vosges à la Champagne par le Chemin des Dames et Coucy, le 215, toujours sans peur et sans reproche, avait fait loyalement son devoir et contribué autant que tout autre à la gloire, à la grandeur, au triomphe de la France immortelle.


Citations

 

« La 19ème compagnie du 215ème, sous le commandement de 3 officiers énergiques le Capitaine Morot, les Lieutenant Paquette et Meunier, a défendu presque sans interruption pendant un an, un secteur avancé de nos lignes. Soumis à des bombardements continuels et à de fréquentes explosions de mines qui ont mis hors de combat la moitié de son effectif, et n’a cessé de se prodiguer en actes individuels et collectifs de courage et de dévouement.

Particulièrement, le 8 juin 1916 a empêché par sa belle attitude l’ennemi d’occuper l’entonnoir produit par une forte explosion de mine accompagnée d’un bombardement d’une extrême violence. »

 

« Le 5ème bataillon sous la conduite d’un chef ardent et énergique le Commandant Baud, a relevé un soir de combat des unités de divers corps, a été attaqué violemment le lendemain dans la matinée, a résisté, puis contre attaqué plusieurs fois, a maintenu ses positions malgré de lourdes pertes. A fait preuve pendant 3 jours d’une très grande endurance et d’un sang froid stoïque. »

 

17ème compagnie « sous les ordres d’un officier vaillant entre tous, le capitaine O’Byrne, a fait preuve depuis le début de la campagne des plus belles qualités militaires.

Le 2 Août 1917 a contre attaqué brillamment, a arrêté net les contres-attaques allemandes, a reconquis la position, s’y est maintenu malgré un violent bombardement et une nouvelle attaque. »

 

« Le 6ème bataillon du 215ème sous les ordres d’un chef intelligent et particulièrement brave, le Capitaine de Saint-Pulgent, secondé par un adjoint actif le Lieutenant Viala, a lutté sans trêve ni repos du 1er au 9 août 1917, puis du 13 au 19 a résisté victorieusement à plusieurs attaques ennemies, a conservé le terrain à lui confié et a fait preuve de beaucoup de courage et de mâle énergie pendant ces quinze jours de lutte et de privations. »

 

« Le 6ème bataillon du 215ème sous les ordres du Commandant Chanboduc de Sait Pulgent, chef avisé, calme et d’une ténacité indomptable, a harcelé l’ennemi sans trêve ni répit et a pris une supériorité morale incontestable sur l’adversaire. Les 17 et 18 Juillet 1918 a attaqué l’ennemi là où notre manœuvre l’avait attiré, lui a enlevé 3 points d’appui importants et établi ainsi la base de progression ultérieure. A fait 116 prisonniers ; dont 5 officiers et capturé 17 mitrailleuses. »

 

 

Lire le carnet de guerre d'un soldat de ce régiment

Lire le livre d'Or de ce régiment

 

 

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