1914 - 1918

HISTORIQUE    DES

83e et 283e D'ARTILLERIE LOURDE

***

 

Retour accueil

 

Voir les photos des 83e et 283e RAL

 

Merci à Dominique pour la recopie

 

 

HOMMAGE

 

A nos chers morts,

A nos glorieux mutilés et blessés,

Aux familles de tous ces vaillants,

Aux braves Officiers, Sous-Officiers, Brigadiers et Canonniers des beaux 83e et 283e Régiments d'Artillerie,

Aux Grands Chefs qui ont conduit la FRANCE à la VICTOIRE.

Mars 1920.

 

Colonel CHARET.

 

 

 

 

Le Dépôt du 83e  fonctionne à Créteil (Seine), à partir du 1er  octobre 1915, sous le commandement du Chef d'Escadron REDIER.

Ses batteries constitutives sont organisées avec des éléments prélevés sur divers Régiments d'Artillerie à pied.

Au cours de la guerre, le Dépôt du 83e Régiment fut appelé à former et à alimenter en personnel environ cinquante unités de toute nature (batteries de tir, sections de réparations, sections de transports, sections de camions, batteries d'instruction, etc...).

C'est dire combien sa tâche fut considérable et ardue. Son personnel la remplit avec un dévouement dont il ne se départit jamais.

Dans le résumé des opérations qui suit, il ne sera question que des batteries, mais il serait ingrat de passer sous silence le rôle important que jouèrent les sections de transport et de réparations. Grâce à ces auxiliaires indispensables, les munitions ne manquèrent jamais à nos puissantes bouches à feu et leur bon entretien permit de les maintenir toujours à la hauteur des exigences de la bataille. Dans les circonstances les plus critiques comme à Verdun et sur la Somme en 1916, le personnel de ces unités fit toujours preuve d'une endurance admirable : on ne saurait trop l'en louer.

 

ANNÉE 1915

Le Dépôt met tout d'abord sur pied trois Groupes qui passent presque immédiatement à d'autres Régiments à tracteurs.

 

Puis, il constitue :

Le 9 octobre : le 6e Groupe, armé de 100 T.R.

Le 23 novembre : le 7e Groupe, armé de 155 C. Filloux.

Le 1er décembre : le 9e Groupe, armé de 220.

Le 1er décembre : le 12e Groupe, armé de 270 de siège.

Le 1er novembre 1915 , le 11e Groupe du 2e Régiment d'Artillerie Lourde, formé aux Armées en septembre 1915 (région d'Amiens) et armé de 155 L.77, devient le 5e Groupe du 83e.

 

ANNÉE 1916

Le Dépôt forme successivement les unités suivantes :

Le 24 janvier : le 4e Groupe, armé de 155 L.77.

Le 1er février : le 10e  Groupe, armé de 220.

Le 20 février : le 2e Groupe, armé de 120 L.

Le 21 février : le 3e Groupe, armé de 120 L.

Le 1er mars : la Section de réparation N° 83.

Le 23 avril : le 11e Groupe, armé de 280.

Le 12 juin : le 8e Groupe, armé de 220.

 

" SOMME"

 

Le 28 janvier 1916, l'ennemi déclenche sur Frise (Somme), une attaque de diversion, préparatoire à l'offensive de Verdun. Le village de Frise, ainsi que les organisations avoisinantes, sont enlevés par l'ennemi.

Le 83e, rassemblé dans la Région d'Amiens, sous le commandement provisoire du Chef d'Escadron TRIBOUT, commandant le 5e Groupe, est mis à la disposition du 3e C.A.

Le 29 janvier, les 1er, 5e, 6e et 9e Groupes font mouvement sur Villers-Bretonneux et la Motte-en-Santerre.

Le lieutenant-colonel WILMET, nommé le 2 janvier au commandement du Régiment, prend effectivement ses fonctions à la date du 2 février.

Les 1er, 5e et 6e Groupes sont engagés dans la région de Proyart.

Le 9e Groupe reçoit l'ordre de s'installer dans la région de Happy. Le mouvement est rendu particulièrement difficile par le mauvais état du terrain. Il convient de signaler la belle attitude de la 18e Batterie, dans la traversée de Cappy, violemment bombardé (nuit du 29 au 30) .

Le Canonnier DOYEN, de cette batterie, se précipite à deux reprises dans une maison en feu. Il réussit à sauver trois personnes.

Le 20 février, l'attaque ennemie était complètement enrayée. Le 9e Groupe, qui s'est particulièrement distingué au cours de l'affaire, reçoit les félicitations du Général Commandant l'Artillerie de l'Armée. Quelques citations sont accordées, dont une à l'ordre de la Division au brave canonnier DOYEN.

Le 21 février, les groupes sont retirés du front et rassemblés dans la région Amiens-Moreuil.

Les 4e, 7e et 12e Groupes rejoignent.

Le 26 février, tous les Groupes ainsi réunis, sauf le 12e Groupe qui est porté sur Montaigu (Aisne), sont dirigés sur la région de Vanault-les-Dames (Marne), en vue de leur engagement ultérieur à Verdun.

Les 2e et 3e Groupes rejoignent en mars.

 

" VERDUN"

 

 

A l'exception du 3e Groupe. resté dans la Région de Vanault, et du 6e Groupe, parti à Hœville (Meurthe-et-Moselle), pour faire de la contre-batterie au profit de l'A.L.G.P. tirant sur la pièce de 380 qui bombardait Nancy, le Régiment est dirigé sur Verdun, dans les conditions suivantes :

1er Groupe. - 1er  avril. . Région Nord de Jardin-Fontaine.

2e Groupe.       - 25 mars. . Région des Bois Bourrus.

4e Groupe.       - 22 mars. . Bois de Chattancourt.

5e Groupe.       - 25 mars. . Bois Bourrus.

7e Groupe.       - 20 mars. . En Argonne jusqu'au 1er juin, puis sous Verdun du 3 juin au 31 juillet.

9e Groupe. - 4 avril.. Forêt de Hesse.

10e Groupe. - 4 avril.. Une Batterie près les Bois Bourrus.

Une Batterie dans la Région de Bras-Charny.

12e Groupe. - . . . .  Rejoint Verdun, vers le 15 avril, et s'installe aux Bois Bourrus.

 

Le Champ de Bataille de "Verdun"

 

La Meuse coule du Sud au Nord dans une vallée étroite dominée, à l'Ouest, par les "Collines de la Meuse" et, à l'Est, par les "Côtes de Meuse", qui surplombent la Woëvre.

Le fleuve, au cours inquiet et irrégulier, développe ses méandres entre les côtes de Belleville, de Froide Terre, du Poivre, du Talou, de Samogneux, de Douaumont et du Bois d'Ormont, situées sur la rive droite, et les côtes de Regret, Choisel, Marre, Bois Bourrus, du Mort-Homme, du Bois des Corbeaux et de Forges, situées sur la rive gauche.

Les forts de Verdun s'élèvent sur ces hauteurs, barrant la vallée, certains, tels Douaumont et Vaux, ayant de plus commandement sur la plaine de Woëvre.

Sur la rive droite, une butte, aux mains de l'ennemi, domine toute la région : c'est Montfaucon, d'où la vue s'étend jusqu'à l'arrière du champ de bataille. Néanmoins, les vallons seraient assez profonds et sinueux pour offrir de bons défilements et cheminements si les lignes allemandes, formant demi-cercle autour des nôtres, ne permettaient pas à l'ennemi de fouiller, avec ses observateurs en ballon, la plupart des replis de notre position.

Ceci explique l'efficacité des tirs allemands sur nos arrières, en particulier sur nos convois, obligés de parcourir constamment de mauvaises routes, bombardées avec une redoutable précision.

La ténacité dont notre artillerie a fait preuve dans ces luttes acharnées, les pertes qu'elle a subies, sans jamais interrompre ses tirs et ses ravitaillements, lui assurent un rôle important dans l'histoire de la bataille d'une année, dont le résultat fut d'interdire aux Allemands la possession de la forteresse si convoitée.

 

Les Groupes engagés à Verdun se sont particulièrement distingués.

Ils ont tous été à la hauteur de leur tâche; ils ont subi des pertes cruelles sans faiblir ; ils ont pris une part active à la défaite allemande et contribué largement aux brillantes victoires des 24 octobre et 15 décembre 1916.

Leur Gloire a été consacrée par de nombreuses citations individuelles et par des récompenses collectives (2e, 5e et 10e  Groupes) , dont on trouvera plus loin l'énumération.

 

Mais les opérations de la Somme vont obliger à prélever un certain nombre de Groupes du 83e R.A. au détriment du front de Verdun.

Quatre groupes seulement (les 4e , 9e, 10e  et 12e) sont maintenus en Lorraine.

Le 4e Groupe prend une part importante aux affaires des 24 octobre et 15 décembre. Il quitte Verdun, le 6 janvier 1917. pour le front de Lassigny.

Le 9e Groupe qui, sur la rive gauche, a participé très activement à la reprise du réduit d'Avocourt et aux affaires de la Cote 304, s'installe en septembre sur la rive droite. Il contribue largement à nos succès des 24 octobre et 15 décembre. Retiré du front de Verdun, le 21 décembre 1916, il est envoyé dans la région de Lassigny.

Le 10e Groupe, qui a occupé de nombreuses positions de batterie, tant sur la rive droite que sur la rive gauche, quitte Verdun, fin décembre, après avoir pris une part très brillante à nos offensives d'automne. Une citation à l'ordre de l'Armée consacre sa belle réputation. II est mis en route sur la région de Lassigny.

Le 12e Groupe, qui a rejoint Verdun en novembre, est également dirigé, fin décembre, sur le front de Lassigny après avoir, lui aussi, contribué, pour sa part, à exécuter le mot d'ordre que s'étaient donné tous les défenseurs de notre héroïque cité lorraine : « Ils ne passeront pas ».

 

"SOMME"

Les 1er,  2e, 3e, 5e, 6e, 7e et 8e Groupes quittent Verdun pour la Somme, ainsi qu'il est indiqué ci-après.

 

1er Groupe. - Retiré de Verdun le 6 août, et engagé dans la région de Feuillères, Buscourt, Herbécourt, jusqu'au 14 novembre.

 

2e Groupe. - Retiré de Verdun le 2 août, pour être envoyé d'abord à Frise, ensuite à Feuillères et Buscourt, jusqu'au 30 novembre.

 

3e Groupe. - Quitte Vanault-les-Dames le 6 juillet et s'installe en Champagne à Saint-Hilaire. Il quitte cette Région le 1er août pour prendre position, d'abord à Frise, le 21 août, puis au bois de Ham, du 16 septembre au 6 novembre.

 

5e Groupe. - Quitte les Bois Bourrus le 3 août et prend position entre Flaucourt et Herbécourt (Somme), du 22 août au 10 janvier 1917.

6e Groupe. - Quitte la région de Nancy, le 8 juin, et s'installe le 12 juin entre Chuignes et Chuignolles. Le 3 juillet, il est poussé jusqu'à Fay, y subit de violents bombardements, et reste en position jusqu'au 3 octobre, date à laquelle il est dirigé sur Versailles, où il va échanger son matériel contre du 145/ 155 Saint-Chamond, Mle 1916.

 

7e Groupe. - Fait route par voie ferrée pour la région d'Amiens, du 1er au 3 août, et se met en batterie dans la région Nord-Ouest de Lihons, du 31 août au 8 janvier 1917.

 

8e Groupe. - Nouvellement formé. Est dirigé, le 26 juin, de Saint-Maur, sur la Somme ; s'installe le 12 juillet au Nord-Ouest de Foucaucourt. jusqu'en septembre; prend position entre Fay et Assevillers, jusqu'en Novembre, puis au Nord-Est d'Estrées, de novembre à janvier 1917.

 

Le 11e Groupe est dirigé, le 19 août, du Tremblay sur la Somme. II s'installe dans la région de Fontaine-les-Cappy, jusqu'au 8 août. Prend position, du 8 août au 7 janvier 1917. sur la route de Fay à Estrées.

 

 

Le Champ de Bataille de la Somme

 

 

Le terrain où les Groupes sont engagés, offre les particularités suivantes :

Au Nord de la grande route Amiens-la Motte-en-Santerre-Foucaucourt, le plateau, assez vallonné, est parsemé de petits bois et l'artillerie peut trouver des couverts.

Mais bientôt, à la suite de nos avances, la position adverse présente une forme nettement enveloppante. La plupart des ravins, en particulier ceux de la région Flaucourt, Assevillers, Fay, Barleux, sont pris d'enfilade par les observatoires du Mont- Saint-Quentin. Peu de détails échappent, par temps clair, aux drachens ennemis.

Au Sud de la grande route indiquée ci-dessus, la situation est pire encore. C'est le plateau de Santerre : à peine quelques ondulations ; seuls, les bois procurent un léger couvert ; la région est presque entièrement sous la vue des drachens. C'est dire que la plupart des mouvements de ravitaillement doivent se faire de nuit : c'est dire aussi les bombardements intenses qu'il faut subir et les fatigues du personnel, surtout lorsque les pluies d'août et de septembre viennent détremper le terrain.

On sait que ces attaques de la Somme, si elles réussirent pas à rejeter les Allemands sur Saint-Quentin, contribuèrent tout particulièrement à dégager Verdun.

 

L'E-M. du Régiment quitte Vanault-les-Dames le 6 juillet, date à laquelle il est mis à la disposition du Général Commandant la 4e Armée (missions de reconnaissance). Il s'installe à Courtisols. Le 1er août, il est dirigé sur Breteuil (Oise), et, le 23 octobre, il s'installe à Beauvais, où le colonel WILMET dirige, jusqu'au 1er Février 1917, le cours de tir de la Xe Armée.

 

 

ANNÉE 1917(83e Régiment)

 

FORMATIONS NOUVELLES

 

Le 21 août, constitution du 13e Groupe (155 G.P.F.).

Le 1er octobre 1917, les 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 12e Groupes deviennent respectivement, sous le commandement du Lieutenant-Colonel CHARBONNIER, les 1er, 2e, 3e, 4e, 5e et 6e Groupes du 283e Régiment. A cette même date, le 13e Groupe prend le n° 7 du 83e Régiment.

Le 3 janvier 1917, le Chef d'Escadron MULSANT reçoit l'ordre de grouper le Régiment dans la Région de Creil.

L'Etat-Major du Régiment s'installe d'abord à Rieux (Oise), puis à Berneuil-sur-Aisne.

Fin janvier, le Régiment est engagé comme suit : E.M. à Chevincourt, au nord de Compiègne.

1er Groupe : Montaigu (Aisne)

2e Groupe : Lassigny.

3e Groupe : Cambronne (Nord de Compiègne).

4e Groupe : Chevincourt.

5e Groupe : L'Ecouvillon (nord de Compiègne).

7e Groupe : Bois de Thiescourt.

8e Groupe : Gury.

9e Groupe : Gury.

10e Groupe : Elincourt.

11e Groupe : Lassigny.

12e  Groupe : Plémont.

Le 9 février 1917, le Lieutenant-Colonel MULSANT prend le commandement du Régiment, en remplacement du Colonel WILMET, affecté au commandement de la 2e Division ([1]) de la Réserve Générale d'Artillerie Lourde.

Tous les Groupes, sauf les 1er et 6e, vont donc pouvoir prendre part à la préparation de l'attaque, qui prélude au repli allemand, de Roye-Lassigny sur Saint-Quentin-La Fère.

Après ce repli, le 19 mars, le Régiment est dirigé sur la Champagne, par la route de Compiègne à Châlons-sur-Marne (21 au 24 mars).

Les 1er et 6e Groupes rejoignent.

Dès son arrivée, le 83e est mis à la disposition de la 4e Armée, pour participer aux attaques de la région des Monts, en avril 1917 (Hauteurs de Moronvilliers, Mont-sans-Nom, Téton, Casque, Mont-Blond, Mont-Haut, Cornillet).

Il est engagé dans les conditions suivantes :

E.M. au P.C. "La Marne" au Nord de Mourmelon, puis à Bouy. (24 juin).

1er Groupe : Dans le bois de Prosnes.

2e Groupe : Dans le bois de Thuisy.

3e Groupe : Dans le bois de Prosnes.

4e Groupe : Dans le bois de Prosnes.

5e Groupe : Au bois des Marmites, Nord de Courmelois, au bois n° 4, et à la Côte 181.

6e Groupe : A l'est du Bois de Prosnes.

7e : Dans la région de Sept-Saulx, jusqu'au 28 août, puis dans la région de Souain.

8e Groupe : Dans la région de Baconnes.

9e Groupe : Aux environs du Bois de Prosnes.

10e  Groupe : Dans la région de Baconnes jusqu'au 30 août, puis dans la région de Souain (voir plus loin, aux "Récompenses collectives", la lettre de félicitations adressée au 10e  Groupe, à l'occasion des opérations devant Souain.)

11e Groupe : Dans la région de la Cote 88. Ouest d'Auberive.

12e Groupe Au bois de Prosnes (Ferme de Moscou) .

 

Après les affaires de Moronvilliers, le Régiment reste en secteur, puis il se dissocie peu à peu.

Le 26 novembre 1917, le 1er Groupe part au C.O.A.L. de Noailles, pour y recevoir un armement de 155 G.P.F.

Le 31 août, le 2e Groupe part au C.O.A.L. de Saint-Dizier, pour y recevoir un armement de 145/155.

Le 18 juillet, le 3e Groupe part au C.O.A.L., de Noailles, pour y recevoir un armement de 155 G.P.F.

 

 

(Absence d’une page)

 

 

 

 

 Le 1er Groupe au Nord de Mourmelon-le-Grand, les 2e et 3e Groupes sur la Montagne de Reims, près de Verzy, les 4e et 5e Groupes devant la Butte-du-Mesnil, le 6e Groupe près de Baconnes, le 7e Groupe à la Maison Forestière, dans l'Est de Suippes, puis au Bois de l'École Normale de Tir du Camp de Châlons.

Le 2 avril, le 6e Groupe quitte la Champagne et, le 5 avril, il prend position dans la région de Coucy-le-Château, pour contrebattre les pièces tirant sur Paris. Ce Groupe est englobé dans notre repli du 6 avril. II parvient à passer le pont de l'Ailette, sous un tir très violent, et. le 14 avril, il se met en position près de Pinon. La 11e Batterie est spécialement chargée de contrebattre les "Berthas".

A la suite de ces tirs exécutés sous des bombardements intenses, cette batterie mérita une citation à l'ordre de la 6e Armée.

Les autres Groupes du Régiment ne devaient pas tarder, eux aussi, à quitter le front de Champagne. Ils en sont retirés, au début de mai, pour être envoyés, par voie de terre, dans la région de Crépy-en-Valois, où le 6e Groupe vient bientôt les rejoindre, en vue de préparer des positions de batterie.

Cependant, les 1er et 3e Groupes sont mis à la disposition du 18e C.A. et se déploient au Sud de Noyon. Le 28 mai, le Régiment (à l'exception des 1er et 3e Groupes, qui restent à la disposition du 18e C.A.) est envoyé en toute hâte sur l'Aisne, à la suite de la grande attaque allemande du Chemin des Dames.

Le 28 mai, à minuit, le 83e est déployé sur le front de Versefeuille, Villers-Hélon, Ferme de la Loge, Croupe à l'Est de Chouy.

 

 

" AISNE "

Le Champ de Bataille de Soissons

 

Entre l'Aisne et la Marne, au Sud de Soissons, le terrain est un grand plateau profondément entaillé par des vallées à pentes raides dans sa région Nord, douces dans sa partie Sud, vers Château-Thierry.

La forêt de Villers-Cotterets, au S.-O. de Soissons, forme un excellent obstacle à l'avance de l'ennemi.

 

Du 29 mai au 2 juin, le Régiment appuie directement notre Infanterie dans la Région de Parcy-Tigny, Grand Rozoy. Au Sud de Chaudun, il n'y a presque pas d'artillerie de campagne, et le Commandement doit se servir de ses pièces lourdes pour la remplacer. Le Régiment, grâce à de puissantes concentrations de feu exécutées en commun avec deux Groupes de 105 du 111e Régiment, et un Groupe de 19 sur voie ferrée appartenant au Groupement du Lieutenant-Colonel CHARET (E.-M. à Cœuvres et Valsery) , réussit à donner un appui précieux à notre Infanterie.

Au cours de cette période, il fut donné au Colonel Commandant l'Artillerie du 11e C.A. d'assister, de l'observatoire du bois d'Auvray, d'où l'on découvre tout le Soissonnais, à un tir du 5e Groupe : enthousiasmé par les résultats obtenus, cet officier supérieur vint serrer la main aux servants de la batterie la plus rapprochée de lui.

La puissante contribution du Régiment au ralentissement de la progression ennemie est du reste reconnue par le Général allemand VON WINCKLER, qui déclare avoir éprouvé une résistance particulièrement tenace sur le front battu par nos feux.

Après trois jours de lutte opiniâtre, les progrès des Allemands sur Longpont contraignent néanmoins à la retraite jusqu'à Villers-Cotterets.

Rompant par échelons, le Régiment n'interrompt jamais ses tirs. Pendant huit jours et huit nuits, le personnel n'a pas un instant de repos, mais grâce à son superbe dévouement, le 83e peut jouer un rôle des plus importants dans ces journées si pénibles, mais si glorieuses. Le 5 juin, en particulier, grâce à des concentrations de feux très efficaces, il permet à l'infanterie de reprendre Faverolles et le Château de Maucreux, rejetant ainsi l'ennemi de la lisière Est de la Forêt de Villers-Cotterets.

Ce fut le terme de la progression allemande.

Le Régiment participe ensuite aux diverses opérations de la Région de Villers-Cotterets (reprise de la ferme de Chavigny, des villages de Corcy, Dommiers, Cutry et Laversine, du 20 juin au 3 juillet), qui allaient fournir une base de départ à la grande attaque du 18 juillet.

Quant aux 1er et 3e Groupes laissés à Noyon, ils étaient englobés dans notre retraite sur ce front, ne rompant qu'à l'extrême limite, sous le feu des mitrailleuses ennemies.

Aucune pièce, aucune munition, aucun blessé du 83e ne sont tombés entre les mains de l'ennemi pendant les terribles journées de retraite dont il vient d'être parlé.

 

OFFENSIVE DU 18 JUILLET, DE VILLERS-COTTERETS A LA VESLE

Le 83e prend part à la grande offensive de l'Armée MANGIN (de Villers-Cotterets à la Vesle), qui devait supprimer la poche de Château-Thierry.

Le 18 juillet, ses tirs précis contribuèrent puissamment à neutraliser les batteries allemandes. Puis, poussant rapidement en avant la 11e Batterie, il participe à l'embouteillage de l'ennemi à Fère-en-Tardennois, carrefour de routes de la plus grande importance au point de vue tactique.

Le 21 juillet, le 2e Groupe détruit un convoi de nombreuses voitures, à l'Est de la Sucrerie de Cramaille, et fait sauter de nombreux dépôts de munitions ennemis ; les incendies durent trois jours.

Le 7 août, le Régiment est déployé de Chacrise à Loupeigne, et il est le premier à pouvoir battre les ponts de la Vesle et de l'Aisne.       

Le 8 août, le Régiment est mis en route pour prendre position de Vic-sur-Aisne à Berneuil. Il peut participer de la sorte à notre offensive entre Aisne et Ailette, qui aboutit au repli des Allemands sur leur ancienne position du Chemin des Dames.

Son intervention puissante sur le point de passage obligé de Chavignon permet d'interdire à l'ennemi tous ravitaillements à ses troupes en ligne.

Le 25 septembre, le Régiment atteint la ligne Lœuilly, Banc de Pierre, La Neuville-sous-Margival. Il tirait encore le 25 à midi, lorsqu'il est dirigé sur la 1ere Armée, dans la Région de Saint-Quentin.

A la suite de ces brillantes affaires, le 83e reçoit une citation à l'ordre de la 10e Armée.

Mis à la disposition du 36e C. A., le 83e ouvrait le feu, le 27 septembre, devant Saint-Quentin. Il était déployé sur la ligne Holnon-Etreillers-Grand-Séraucourt.

 

 

" SAINT-QUENTIN "

Le champ de bataille de Saint-Quentin

 

Le canal du Nord qui, près de Saint-Quentin, est orienté sensiblement Nord-Sud, sépare la région en deux parties caractéristiques. A l'Ouest, terrain plat, dénudé (les Allemands avaient coupé les arbres) , mais, aux abords de Saint-Quentin, le bois d'Holnon fournit des observatoires. A l'Est de Saint-Quentin, le pays devient plus agreste ; des fermes isolées non détruites, des bouquets d'arbres, des vallonnements boisés et des villages intacts donnent aux Allemands des points d'appui importants. A l'Est du canal de la Sambre, une nouvelle région, la Thiérache, coupée de vergers et de haies, annonce déjà les Ardennes.

Le canal du Nord constituait la position principale de la défense allemande (ligne Hindenburg), qui englobait Saint-Quentin.

Du 27 septembre au début d'octobre, les opérations eurent pour objet de rejeter complètement les Allemands sur la ligne Hindenburg.

Le Régiment passe ensuite aux ordres du 15e C. A. pour l'attaque de la ligne Hindenburg. Il est alors déployé sur le front Gricourt, Le Fay et Savy : il est employé en contre-batterie et en interdiction.

Il franchit ensuite le canal du Nord et participe au forcement du canal de la Sambre. L'armistice l'arrête à l'est de Nouvion, près d'Hirson.

 

 

FIN 1917 & 1918 (Opérations du 283e R. A.)

Le 283e est né le 1er octobre 1917, dans les conditions Indiquées ci-dessus.

A peine formé, le Régiment (sous le commandement du Lieutenant-Colonel CHARBONNIER) prend une part glorieuse à la bataille des Flandres. Malgré les difficultés sans nombre, les batteries s'installent dans un terrain marécageux et exécutent des tirs remarquables de précision et de rapidité. Les bombardements, particulièrement violents, subis sur des positions où les abris sont précaires, fournissent au personnel une occasion de plus d'affirmer son courage, son sang-froid et son habileté technique.

A la suite de ces opérations, le 4e Groupe reçoit une citation à l'ordre du corps d'Armée. Le maréchal PÉTAIN la transforma plus tard en citation à l'ordre de l'Armée.

En février 1918, le Régiment est concentré dans la région de Château-Thierry.

Le 22 mars, il est porté sur l'Oise, à la suite de la rupture du front britannique. II est alors mis à la disposition de la IIIe Armée et déployé dans la région de Lassigny pour arrêter la marche de l'ennemi.

Dès que celui-ci arrive à portée de canon, les batteries ouvrent un feu nourri qui jette le désarroi dans ses colonnes.

L'infanterie, appuyée par nos tirs, reprend quelques positions importantes, notamment le Plémont, dont la possession, qui nous reste acquise, brise l'offensive de l'ennemi. Il renonce à continuer sa marche en avant. Il essaye de fortifier sa ligne de bataille, mais les batteries du 283e R. A. sont vigilantes. Elles exécutent des tirs remarquables, et le 6e Groupe reçoit, à ce sujet, les félicitations du Général commandant le 34e Corps d'Armée.

Le 9 juin, l'ennemi attaque à nouveau entre Montdidier et Noyon. Par ses tirs, exécutés sous le feu et dans une atmosphère envahie par les gaz, le Régiment contribue grandement à arrêter la nouvelle offensive allemande. Les 3e et 4e Groupes sont assez éprouvés et doivent remplacer leur matériel.

Le 3e Groupe, qui ne se replie que sous la menace des mitrailleuses ennemies, reçoit une citation à l'ordre de la Brigade pour sa brillante conduite.

En juillet, le Régiment est engagé à nouveau sous les ordres du Lieutenant-Colonel DÉTROYAT, remplaçant le Lieutenant-Colonel CHARBONNIER, nommé au commandement de l'Artillerie lourde du 21e C. A.

Dès lors, le Régiment prend part à nos offensives successives (passage de la Vesle, de l'Aisne, de l'Ailette, opérations de Saint-Quentin, passage du canal de la Sambre, etc…) , au cours desquelles nos batteries font preuve des plus belles qualités manœuvrières, occupant souvent des positions très avancées pour pouvoir harceler l'ennemi plus longtemps.

De juillet à novembre, elles aident ainsi à bousculer l'Allemand dans sa retraite, l'empêchant de se cramponner au terrain, ne mesurant jamais leur peine, ne connaissant aucun repos jusqu'au jour glorieux où l'ennemi s'avoue définitivement vaincu.

Après l'armistice, le Régiment est d'abord concentré dans la région de Beauvais, puis, en janvier 1919, il est dirigé sur la Lorraine (E.-M. à Vis-sur-Seille) , où il participe avec un absolu dévouement au service des transports des régions libérées jusqu'au moment de son retour à Vincennes.

Le 2 mars 1919, le Colonel BELLIER prend le commandement du Régiment, assuré provisoirement par le Chef d'Escadron GIGOUT depuis le 20 décembre 1918, date de la démobilisation du Lieutenant-Colonel DETROYAT.

Le 8 mai 1919, le Colonel BELLIER est désigné pour l'Armée d'Orient. Le Chef d'Escadron GIGOUT reprend le commandement provisoire du Régiment.

 

Les 283e et 83e Régiments dont les Groupes, à l'exception de deux par Régiment, avaient été progressivement dissous après l'armistice, rejoignaient respectivement, les 26 mai et 4 juin 1919, Vincennes, siège de leur dépôt commun. (Dépôt placé, depuis le 7 mars 1919, sous le commandement du Chef d'Escadron VIEL-CAZAL.)

Ils avaient à leur tête : le Lieutenant-Colonel MUSSEL, pour le 83e (1er et 2e Groupes), et le Chef d'Escadron GIGOUT, pour le 283e (1er et 4e Groupes).

Depuis leur arrivée à Vincennes, les deux Régiments frères, forment un seul Corps, à 4 Groupes ([2]) dénommé 83e, dont le Colonel CHARET, comandant la 1e Division de la Réserve Générale de l'Artillerie (R. G. A.), a pris le commandement.

Le Lieutenant-Colonel MUSSEL, détaché à l'École Supérieure de Guerre, a été remplacé par le Lieutenant-Colonel PUJO, Sous-Directeur du Service Automobile au Ministère de la Guerre.

Le 83e R. A. forme actuellement brigade avec le 82e (à Rueil), sous les ordres du Général WILMET, son premier Chef. (E.-M. de la Brigade à Vincennes.)

 

Les 1er et 2e Groupes de l'ancien 83e R.A. sont devenus les 1er et 2e Groupes du 83e actuel.

Les 1er et 4e Groupes de l'ancien 283e sont devenus les 3e et 4e Groupes du 83e actuel.


 

LISTE  DES

OFFICIERS, SOUS-OFFICIERS BRIGADIERS, CANONNIERS

DES   83e & 283e RÉGIMENTS

TUÉS A L'ENNEMI

OU

MORTS POUR LA FRANCE

JUSQU'AU JOUR DE L'ARMISTICE

 

(liste sur demande)

 

 


RÉCOMPENSES COLLECTIVES

OBTENUES PAR LES

83e & 283e RÉGIMENTS

 

*   *   *

 

 

ORDRE DE LA 2e ARMEE n° 565, du 2 janvier 1917.

 

Le Général GUILLAUMAT, commandant la 2e Armée cite à l'ordre de l'Armée :

 

LE 10e GROUPE DU 83e REGIMENT D'ARTILLERIE LOURDE

 

« Sous le commandement du Chef d'Escadron GIGOUT, est arrivé sur le front de Verdun à la fin de mars 1916, a pris part à toutes les attaques qui ont eu lieu depuis cette époque, changeant fréquemment de position, exécutant, sous les feux les plus violents, des tirs d'une précision remarquable, et a largement contribué par les destructions qu'il a opérées aux succès du 24 octobre et 16 décembre. A toujours conservé un moral très élevé. »

 

Le Général commandant la 2e Armée.

 

Signé : GUILLAUMAT.

 


 

FELICITATIONS DU GENERAL COMMANDANT

LA IVe ARMEE AU 10e GROUPE DU 83e REGIMENT

 

Le Général NOURRISSON, commandant le 12e Corps d'Armée,

à Monsieur le Général commandant l'Armée.

 

J'ai l'honneur de vous signaler la conduite digne d'éloges des unités d'artillerie ci-après, qui étaient à la disposition du C. A., pour l'opération effectuée au début du mois de septembre.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

 

 

10e GROUPE DU 83e RÉGIMENT D'ARTILLERIE,

CHEF D'ESCADRON GIGOUT.

 

« Ces unités ont fait preuve des plus solides qualités militaires et, grâce à la valeur technique des Officiers et au bon esprit de la Troupe, ont rempli, à l'entière satisfaction du Commandement, les missions souvent difficiles et fort pénibles qui leur étaient demandées.

« J'ai l'honneur de vous demander que la présente lettre soit portée à la connaissance des unités intéressées, par l'intermédiaire des Groupements dont elles dépendent, si vous le jugez convenable. »

 

 

G. Q. G., le 28 septembre 1919.                              Approuvé 30 septembre 1917.

Signé : NOURRISSON.                                             Le Général commandant la 4e Armée.

Signé : GOURAUD.


 

 

606

Au G. Q. G., le 8 décembre 1917.

N° 7786

 

 

Le Général commandant en Chef,

 

à M. le Général commandant l'Armée,

 

J'ai décidé à la date de ce jour, que l'ordre n° 174, du 16 mars 1916, de la 2e Armée, serait modifié, ainsi qu'il suit :

 

L'ARTILLERIE DU 32e CORPS D'ARMÉE

 

« Sous l'habile direction du Général FRANIATTE, a, par des tirs bien appropriés, exécutés sans relâche, depuis le 15 mars 1916, de nuit comme de jour, sans souci de la fatigue ni des pertes, contribué tout d'abord à briser l'offensive allemande dans le secteur du Mort-Homme et de Cumières, préparé et appuyé ensuite des attaques, infligeant à l'ennemi de lourdes pertes en hommes et en matériel et en donnant à notre infanterie la plus belle confiance et la certitude du succès.

« Les Commandants des 40e, 46e et 61e Régiments d'Artillerie de Campagne et l'Artillerie lourde du Groupement, comprenant les Groupes suivants :

 

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« 2e Groupe du 83e,

« 5e Groupe du 83e,

« Se sont montrés dignes de leurs camarades de l'Infanterie. »

 

 

Signé : PÉTAIN.

 

 

 

--------o--o---O---o--o---------

 

 

Retour accueil                retour page précédente

 



[1] Comprenant tous les Régiments d'Artillerie à tracteurs