JMO (journal de marches des opérations) 

DU

11e  REGIMENT D’INFANTERIE

de ligne

5 Août 1914 – 26 Septembre 1914

 

Départ de Montauban le 05 août 1914.

 

Effectifs :

54 officiers

186 sous-officiers

3108 caporaux et soldats (3 bataillons, 12 Compagnies)

Commandant du  11emeR I   :  Colonel APPERT

 

q       07 août : Débarquement à SUIPPES

 

q       11 août : JONCHERY SUR SUIPPES

 

q       12 août : Le Régiment marche vers l’Est en une colonne isolée sur une ligne CERNAY EN DORMOIS – BOUCONVILE- AUTIVY

 

q       13 août : La Division se porte en avant      Itinéraire à GRANDPRE-BEFFU-JERBEL-TENORGUES

 

q       15 août : Repos

 

q       16 août : Le Régime se dirige vers le Nord

            BUZANCY – BAR- ST PIERREMOND-OCHES-GRANDES ARMOISES

 

q       17 août : Pas de mouvement. Coopère à l’organisation défensive des hauteurs de la rive droite de la Meuse.Secteur au SE cote 345- ruisseau du four.Un centre de résistance sur les cotes 227. 260, BRIVILLY

 

q       20 août :Vont occuper pendant la nuit les cantonnements de SACHY et de MESSINCOURT. Doit franchir la " Chiers " à 21h.

 

q       22 août : Armée en mouvement offensif vers le Nord. Ordre est donné d’attaquer l’ennemi partout où on le trouvera. Pendant la marche un biplan allemand survolant BERTRIX est abattu par la fusillade et échoue détruit à 200m au NE du carrefour 463, 2kms500 au Nord de BERTRIX.

            Le régiment s’engage dans la forêt de LUCHY.

           A 14h00 l’avant garde atteint la lisière de la forêt face à OCHAMPS.

          Elle reçoit des feux nourris d’infanterie et d’artillerie partant d’OCHAMPS.

 

q       23 août :

      A 2h00 arrivée du 11eme RI à CUGNON ; au sud de la route OCHAMPS-BERTRIX. Presque aussitôt le bataillon se trouve sous un feu nourri et violent  d’infanterie, venant de l’EST, sans qu’on put discerner la situation de l’ennemi, le bois était assez touffu et en taillis. La 10 Cie subit immédiatement de grandes pertes..

     Dans le courant de la lutte confuse qui se poursuit, la 12e CIE, et une fraction de la 10e CIE réunies furent à un moment donné débordées sur leurs flancs    par l’infanterie allemande qui progressait par essaims et en bonds. Replis vers le village de BERTRIX-HERBEUMONT.

          Ordre est donné aux diverses troupes de se tenir prêtes à quitter le cantonnement à partir de 4h00.

         A 3h50 rassemblement des débris du 11e RI sur la place de l’église d’HERBEUMONT, effectif total du régiment 524 hommes.

 

q       24 août : Le régiment bivouaque à l’Est d’AMBLIMONT

 

q       25 août : Position d’attente à l’Est de MOUZON.   A minuit ordre de retraite.

 

q       26 août : Bivouac FLABA, rive gauche de la Meuse.

 

q       27 août : Déploiement à l’Est de FLABA dans le bois de GERFAUT. Bombardement , construction de tranchées en arrière du bois. Ordre de marche sur RAUCOURT. Bivouac.

 

q       28 août : Rassemblement à JILLERS devant RAUCOURT vers 9h00 Ordre d’attaquer RAUCOURT.

RAUCOURT occupé par la 2eme CIE.   Vers 15h00 ordre de battre en retraite est donné. Mouvement rendu difficile à cause des feux très violents de mitrailleuses, d’artillerie, et d’infanterie qui balayent le plateau. Le Colonel APPERT est blessé à la main. Evacuation.

 

q       29 août :Arche en retraite sur LES ALLEUX.

 

q       30 août : Bivouac près de CHAMPILLY

 

q       31 août : Construction de tranchées à COEGNY, retraite sur GIVRY.

 

q       01 septembre : La brigade prend position sur le plateau de MAZAGRAM.   16h00 ordre de retraite sur STE MARIE A PY.Pendant la marche, l’arrière garde est attaquée par la cavalerie allemande.

 

q       02 septembre : Cantonnement à CUPERLY

 

q       03 septembre : Cantonnement à HESIGNEUL sur MARNE

 

q       04 septembre : Bivouac à SOMPUIS.

 

q       05 septembre : Cantonnement à Dampierre et Brétan.

 

q       06 septembre : Marche vers le Nord. A son arrivée vers 16h00 à la ferme des Naudres, le régiment reçoit l’ordre de défendre la cote 130.174

 

q       07 septembre : Même position. Bombardement violent.

 

q       08 septembre : De 5h00 à 7h00, une attaque dirigée sur notre front et notre gauche par le 107e Saxons est repoussée.

 

q       09 septembre :Le bombardement continue. Une attaque de nuit est décommandée .

 

q       10 septembre : Attaque par le 11eRI, 100e RI, 272eRI, 328eRI et 98e RI.  Aucune attaque ne débouche.

 

q       11 septembre : On constate que les Allemands sont partis dans la nuit. La poursuite est ordonnée. Direction la CENSE AU BOIS, MAISON CHAMPAGNE.Le régiment fait des prisonniers, ramasse du matériel, des blessés ennemis. Après avoir fouillé MAISON EN CHAMPAGNE, il reçoit l’ordre de s ‘emparer du pont sur la Marne à SOULANGE. Il y réussit sans grandes difficultés, mais obligé de se déployer sous les feux de l’artillerie.

 

q       12 septembre : La poursuite continue par AULNAY LE FRESNE. Bivouac.Les renforts ont rejoint le régiment à SOULANGE.

 

q       13 septembre : Marche sur SOMME / Tourbe et LAVAL / Tourbe.

 

q       14 septembre : Ordre de marche sur FONTAINE EN DOMOIS.

 

q       15 septembre : Ordre d’attaquer MAISON EN CHAMPAGNE.

 

q       16 septembre : Le contact avec l’ennemi est conservé.

 

q       17 septembre : Sur la ligne par la cote 180, au ruisseau de l’étang à 1km de MASSIGES. Lutte d’artillerie violente pendant toute la journée.

            15h10 : La 33e Division d’infanterie reçoit l’ordre d’attaquer.  Objectif du 11e RI, la cote 143 et le ruisseau de l’étang.Les 1er et 2eme Bataillons se portent à l’attaque sous une pluie diluvienne et à la nuit tombante. Ils réussissent à progresser jusqu’à un peu au-delà d’un talweg 143 et s’emparent de tranchées allemandes, qu’ils occupent.

 

q       18 septembre : Le 11e RI est soumis à un feu violent d’artillerie pendant toute la journée. Le 11e RI ne peut plus progresser. A la tombée de la nuit, de nouvelles mitrailleuses allemandes les prennent en enfilades. Le 11e RI reçoit l’ordre de se rendre à WARGEMOULIN. Il sera remplacé par un régiment du corps colonial.

 

q       19 septembre : Les1er et 2eme Bataillons se rendent à WARGEMOULIN puis LAVAL / Tourbe où ils cantonnent. Ils y sont rejoints par le 3eme bataillon dans la journée.

 

q       20 septembre : La matinée est employée à commencer la réorganisation du régiment.  A 14h00, le régiment va se former en position d’attente au Nord Ouest et près de LAVAL / Tourbe. Une attaque est exécutée sur le front.

 

q       21 septembre : Rassemblement à 1km au sud de la cote 147, à la tombée de la nuit relève du 20e RI au MESNIL LES HURLUS. 

 

q       22 au 24 septembre : La bataille prend de plus en plus le caractère d’une guerre de siège

 

q       25 septembre : Après une préparation d’artillerie, le régiment colonial attaquera sur MAISON EN CHAMPAGNE.Le 11e RI doit soutenir par ses feux, l’action du 9e Colonial et se tenir prêt à prendre part à une offensive générale.Dans la matinée un ordre prescrit de différer l’attaque.Elle est fixée à 18h15 et transformée en " coup de main de nuit ".A l’heure fixée, violente canonnade et fusillade.Les 2eme et 3eme bataillons exécutent des feus de salves sur la zone pour soutenir le 9e Colonial qui gagne peu de terrain.

 

q       26 septembre : Pendant la nuit du 25 au 26, les positions du 11e RI furent soumises à un feu violent et continu de l’artillerie allemande entre 3h30 et 4h 00 la canonnade cesse. Les hommes qui étaient dans les tranchées étaient transis et engourdis par la fraîcheur du matin, fatigués par une nuit de veille sous un bombardement qui avait causé quelques pertes. Beaucoup d’entres eux étaient des réservistes d’anciennes classes, incorporés depuis quelques jours. Le temps avait manqué aux unités fraîchement organisées, la cohésion nécessaire. Beaucoup de vide existait parmi les cadres.

4h30 une fusillade violente éclate sur le front

4h50 un agent de liaison rendait compte au commandant du 11eRI que l’ennemi attaquait en force, que la section de mitrailleuse de droite s’était repliée sans pouvoir amener ses pièces.

      Un deuxième compte rendu suivait presque immédiatement annonçant que le 2e bataillon avait cédé, les tranchées étaient dépassées par l’ennemi.

L’ennemi s’était avancé en nombre jusqu’à courte distance des tranchées puis s’était élancé en criant en Français " En avant, France, ne tirez pas ". Les hommes en 1ere ligne avaient eu à peine le temps de tirer deux ou trois cartouches, que l’ennemi était sur les tranchées, qu’ils dépassaient rapidement, jetant le désordre dans cette ligne. Peu de temps après un groupe d’une vingtaine d’Allemands apparaissait devant la 1ere CIE. Derrière ce groupe éclatait des shrapnells et les Allemands faisaient des signes désespérés pour se rendre. On constatait qu’une troupe de 5 à 6 Allemands dans une formation dense s’avançait et débordait complètement, la droite de la 2eme CIE. Grâce à l’énergie et au sang froid du sergent BETEILLE qui fit exécuter des feux nourris sur l’ennemi, la marche de celui-ci fut retardée suffisamment pour permettre aux autres éléments de poursuivre le repli.

 

Par suite de la continuation du mouvement débordant des Allemands ainsi que du manque de cohésion de la troupe, il fut nécessaire de faire ensuite un deuxième bond en arrière jusqu’à la voie romaine. Pendant ce deuxième bond le régiment subit des pertes très sensibles.

 

Reconstitué en sections légères, vers 17h00 le 11e RI exécuta une offensive. Il récupérait la position dominante du sud de LE MESNIL.

Quant à la 8e CIE qui occupait la cote 189, elle avait été assaillie dès le point du jour par des forces considérables et menacée d’être tournée sur ses deux flancs.

 

Sous le commandement énergique du sous lieutenant BONARDI, elle tint pendant plusieurs heures, enrayant l’attaque.

Par ses feux et contribuant ainsi largement à permettre la reprise générale de l’offensive.

 

D’ailleurs, si la fatigue, le manque de sommeil, le manque d’instructions et de cohésion n’ont pas permis à certaines fractions de surmonter l’impression de surprise et d’enrayer l’attaque allemande dès le début comme elle aurait dû l’être, il y a bien toutefois d’ajouter que le 11eRI a fourni dans cette journée quelques beaux exemples de courage, d’accomplissement du devoir qu’il n’a malheureusement pas été possible de relever en totalité.

 

 

pour François MEYZIE , soldat du 11eRI, originaire de St Yrieix la Perche (Haute-Vienne)

mort à Laval sur Tourbe le 26 septembre 1914

 

(auteur: Brigitte Perigault)

 

 

 

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