Mise à jour : novembre
2019
René MORIN du 39e régiment
d’infanterie en 1910.
Sophie nous dit
en juin 2008 :
« J'aime
beaucoup votre site et l'œuvre de mémoire que vous avez entrepris. C'est
pourquoi je me propose de vous envoyer, si vous le souhaitez, le carnet de
guerre de mon grand-père, René MORIN, né le 13 mai 1888 à Évreux, faisant
partie du 39e RI, qui a participé à la guerre, et a été fait prisonnier en juin
1916 à Verdun.
Dans ce carnet
retapé sous Word, j'ai essayé d'inclure les scans de tous les documents restés
en possession de ma famille : photo et courriers de l'époque, car mon idée était
de faire partager ces souvenirs à mes frères et sœurs et leurs enfants, et
maintenant à tous les passionnés de témoignages de cette sale guerre.
Le carnet en
lui-même comporte visiblement deux parties : les deux ont été écrites après
juin 1916, ce qui revient à dire que la première partie est une liste de dates
et de lieux, très factuelle. La deuxième, écrite "à chaud" est le
récit détaillé de ces deux années de captivité en Prusse Orientale (il y
travailla dans les fermes, ce qui, pour un jeune homme élevé en ville, a été
une nouveauté).
Mais encore plus
émouvants sont les courriers, dont le plus vieux traitant de cette période est
de sa grand-mère, qui écrit le 23 janvier 1909 à René, alors employé à Paris :
" (...) et toi, d'écrire un peu cela te maintiendra
à l'habitude d'écrire et tu ne perdras pas la main ni l'habitude d'écrire des
mots (lui qui pendant 2 ans noircira les pages de son carnet)" et "
Hier le journal nous donnait la liste des conscrits d'Évreux, on ne t'a pas
oublié, sois tranquille. Mon René, pense donc que maintenant te voilà un homme,
quand on arrive à être conscrit c'est là qu'on doit s'appliquer à être un homme
dans la force du mot."
Si ce carnet vous intéresse, je vous l'envoie. Vous serez bien sûr libre d'en retrancher tout ce qui ne vous semble pas utile, et de le mettre sur votre site. Avec encore toutes mes félicitations pour votre site, vraiment remarquable. »
Prélude
René Louis MORIN est né à Évreux le 13 mai 1888. À ses 20 ans, il est tapissier (ce métier lui servira en Allemagne) et réside à Paris, rue Salomon, à hôtel Vauban. Service militaire effectué en 1909-1911 au sein du 39e régiment d’infanterie, matricule 24, classe 1908.
Il nous a laissé 2 témoignages : son carnet (sur cette page web) et sa correspondance de guerre (à lire ici).
Les noms de villages ont été corrigés dans le texte. J’ai ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit.
Merci à Philippe S. pour les corrections.
Il a commencé à écrire son « livre » au camp de Giessen, où il restera seulement 10 jours.
Déclaration de guerre officielle à 4 heures du soir samedi 2 août.
Mobilisation générale le 3 août (cafard).
Départ 6h30 pour Dieppe (*) : Papa me mène au train (Rouen).
(*) : Seul le 1e bataillon du 39e régiment d’infanterie est
cantonné à Dieppe. Les 2 autres sont à Rouen
Resté à Dieppe.
Départ de Dieppe le 9 à 8 heures pour le dépôt de Rouen.
Resté à Rouen du 9 août au 28 (S.S.). 28ème compagnie de dépôt, capitaine DUBOIS.
Départ pour le front
Départ du bataillon de marche à 17 heures de la caserne Hatry, arrivée à la gare d’Orléans (rive gauche) à 17 heures.
Conduit au train par la môme S…
Départ de Rouen vers 18 heures.
Arrivée du bataillon de marche à Dercy.
Mortiers. (Laon)
Retraite de la Marne jusqu’au 5 septembre (sans pain ni repos).
Je retrouve QUEVAL à Landifay.
Marcel QUÉVAL au centre (collection MORIN)
Bataille d’Escardes, Esternay (Marne).
Marche en avant.
Bataille de Montmirail.
Marche en avant.
Bataille du Tillois près Gueux. Marcel QUEVAL blessé au bras d’une balle.
Marche en avant.
Arrivée à Saint-Thierry. Tranchées
Tranchées devant Saint-Thierry.
Repos Saint-Thierry. Merfy. (Gare) Chenay
Rentré à la liaison du 1er bataillon, commandant DICHARRY le 18 septembre.
Liaison (formée le 1er janvier 15) LETORT André, QUEVAL Marcel, BAUDOUIN Émile, DELHAL Henri, René MORIN, Adjudant OTTENWALTER Charles, PAPOIN René.
Groupe de la liaison photographié en 1915
Repos à Gueux et Courlandon, déplacement du régiment.
Départ pour les tranchées devant Hermonville.
Prise des tranchées à la ferme du Luxembourg (route 44) à côté du cimetière militaire (cafard).
Photos prises par René MORIN : La ferme du Luxembourg et la route 44.
Les annotations ont été inscrites en 1915, car il marque « guerre 1914-1915 », alors que les photos datent de novembre 1914.
Repos à Hermonville. Cantonnement chez M. BOUCCIN, place de la mairie.
Tranchées ferme du Luxembourg.
Repos.
Tranchées devant Villers-Franqueux, etc …
(Arrivée de PAPOIN en décembre)
La Noël faite dans le Redan. LUDGER (*) chante sur la tranchée le « Minuit Chrétien ».
Noce.
(*) : L’adjudant LUDGER Fernand a été nommé sous-lieutenant le
20 septembre 1914.
René MORIN a vu le sous-lieutenant LUDGER chanter
« sur » la tranchée (donc « sorti » de la tranchée et
chantant au-dessus).
Le sous-lieutenant répondait-il aux Allemands ? Qui, eux,
chantaient (confirmé par les JMO de plusieurs unités). René ne parle pas des
fraternisations qui se sont produites dans ce secteur dans plusieurs unités de
la 5e division d’infanterie. Le 39e régiment d’infanterie faisait partie de
cette division. Les
lire >>> ici <<<
Scène de fraternisation de noël – Les Allemands sortent des tranchées.
Cliché très certainement pris le 25 décembre 1914 (collection MORIN)
Repos à Hermonville. Départ pour les tranchées devant Villers-Franqueux jusqu’au 9.
Repos à Hermonville.
Tranchées devant le Redan.
Repos à Hermonville.
Tranchées devant Villers.
Repos à Hermonville.
Tranchées devant le Redan.
Repos à Hermonville.
Attaque des bois du Luxembourg.
Le Lieutenant LUDGER fait prisonnier, CAREL Léon, lieutenant à la 2ème compagnie tué. Le capitaine FRUCHANT prisonnier, l’adjudant BURGUN tué.
Rentré à Hermonville vers 20 heures.
CAREL Léon Adolphe Hilaire, sous-lieutenant au 39e régiment
d’infanterie. Voir sa fiche.
BURGUN Achille, sous-lieutenant au 39e régiment d’infanterie, né
à Saint-Pétersbourg (Russie) en 1884. Voir sa fiche.
Les pertes de son bataillon (le 1er, qui attaquait) se montent à
658 hommes sur 989 (JMO) dont près de 200 tués : il faisait donc partie des 331
« rescapés »…Le régiment se reforme à Hermonville.
LUDGER Fernand a été blessé, puis fait prisonnier dans plusieurs
camps en Allemagne comme l’indique sa fiche :
Repos à Hermonville.
Départ pour Prouilly : reformation des bataillons (je fais la connaissance du fiancé de Germaine).
Proully
le 20 février 1915 : (g à d) PAPOUIN - LEFORT - CATELIN - OTHENWALTER - DE
PALM... - MORIN - DUHAIS - GAUVIN - DELHAL
Au 7ème chasseur.
Départ pour les tranchées devant Villers.
Tranchées.
Repos à Hermonville.
Tranchées Redan.
Repos à Hermonville.
Tranchées devant Villers.
Repos à Hermonville.
Tranchées devant le Redan.
Avril
Repos Hermonville.
Tranchées devant Villers-Franqueux.
Départ pour Prouilly.
Départ pour les tranchées du Mont Doyen.
Tranchées du Mont Doyen.
Repos à Roucy.
Repos à Romain.
Tranchées au Choléra.
Repos à Prouilly.
Repos à Coulomme (château). Exécution du soldat déserteur. (*)
(*) : Il s’agit d’André Albert LECROQ, 35 ans, soldat au 39e régiment
d’infanterie, né à St Léonard (76), fusillé à Vigny (Marne) le 18 mai 1915,
pour « abandon de poste devant l’ennemi, le 11 mai ». Voir son
dossier de conseil de guerre.
Embarquement à Muizon.
Voyage.
Débarquement le 23 au soir à Ivergny.
Repos à Ivergny.
Le soir, départ pour les tranchées devant la Targette jusqu’au 31 (cote 123).
Bombardement.
Repos à Givenchy-le-Noble jusqu’au 4 juin. PAPOIN évacué.
Marœuil. Réserve
La Targette. Réserve. Le soir, départ pour Neuville-Saint-Vaast.
Prise des premières lignes à Neuville.
Attaque et prise de Neuville-Saint-Vaast (mort du camarade Émile BAUDOUIN).
(*) : BAUDOUIN Émile, soldat au 39e régiment d’infanterie, mort
pour la France le 9 juin 1915 à Neuville-Saint-Vaast (62) ; Voir sa fiche.
Émile BAUDOUIN (collection MORIN)
Tranchées de Neuville.
Le soir, relève et départ pour Sus-Saint-Léger (remis nouvelle à la famille par la dame d’un chasseur habitant Évreux)
Fête du régiment.
Repos à Sucé-Saint-Léger.
Le soir vers 4 heures départ pour le Mont-Saint-Éloi. Le soir, nous couchons dans la plaine en attendant l’attaque.
Plaine devant Acq.
Le soir, cantonnement à Acq.
Acq.
Départ pour les tranchées devant Neuville.
Tranchées Neuville, le soir, relève pour aller au repos à Flers.
Flers.
Départ pour Savy-Berlette.
Au matin : Départ pour Guinecourt.
Repos jusqu’au 7 juillet (départ des premières permissions). Le corbeau de Guignicourt. M. De Palmart (choco).
Départ pour Gouy-en-Ternois.
Repos à Gouy-en-Ternois.
Au soir : Départ pour les tranchées à gauche de Neuville, aux Ouvrages Blancs, en première ligne.
2ème ligne le soir du 20 relève pour les 1ères lignes au 5 Chemins, côte 109 à gauche de Neuville.
Le 25 au soir : Relève pour Capel-Fermont. Repos.
Repos à Capel-Fermont.
Parti en permission pour la 1ère fois (6 jours).
Départ pour Acq
Acq. Le soir du 9 : Départ pour Bray (retour de permission).
Bray. Travaux de sapes. Arrivée du lieutenant de marine TESSIER.
Mort du sergent FORGET.
15 au soir : Relève pour Hermonville.
(*) : FORGET Gustave, sergent au 39e régiment d’infanterie, mort
pour la France le 15 août 1915 à la Targette (62). Voir sa fiche.
Repos à Hermonville
Départ pour tranchées de Neuville.
Tranchées de Neuville (parallèle 9).
Départ pour Maizières (DELHAL brise la lampe).
Fait la connaissance du capitaine d’état-major, ami de Monsieur VINCENT.
Départ pour les tranchées de Neuville.
Tranchées de Neuville.
Relève pour Maizières (arrivée de PAPOUIN).
Maizières (visite du Lieutenant Marcel BOBÉE).
Départ pour Izel-le-Hameau.
Départ pour Bray (station).
Départ de Bray vers midi pour l’attaque.
Couché dans la parallèle n° 1.
25 dans la nuit : Départ pour la Targette (mort du caporal LALIS). (*)
Offensive jusqu’au 7 octobre. Barricade. Tranchées du Vert-a-Halo. Boyau des Communs.
(*) : André Auguste LALIS, caporal au 39e régiment d’infanterie,
mort pour la France à Neuville-Saint-Vaast le 26 septembre 1915. Voir sa fiche.
Relève. Départ pour Hauteville.
Repos à Hauteville, le soir, départ pour les tranchées devant Roclincourt.
Tranchées devant Roclincourt.
Relève, départ pour Wanquetin.
Arrivée du docteur FEIT (MUTEL décoré de la médaille militaire).
Départ pour Avesnes-le-Comte (retrouve le frère de M. HEE).
Repos à Avesnes-le-Comte. Départ pour les tranchées devant Roclincourt.
Tranchées Roclincourt et réserve dans Roclincourt.
Novembre et décembre
Relève, départ pour Barly.
Repos Barly (LETORT parti en permission, je prends sa place de cycliste).
André LETORT – (Collection MORIN)
Départ pour Beauvais.
Repos à Beauvais (logé dans le pays chez Madame HEDOUIN).
Repos Gouy-Servins.
Départ pour les tranchées devant Souchez (poste de commandement R.18).
Souchez
Relève départ pour Gouy-Servins
Messe de minuit dans le château de Gouy. Réveillon dans la ferme.
L’adjudant, froissé, ne veut pas réveillonner avec nous (demande du bucher pour faire le réveillon. GAUVIN, PAPOIN et moi faisons les achats).
Repos à Gouy-Servins.
A 16 heures, départ pour les tranchées (chemin creux, devant Souchez).
Chemin Creux.
Relève.
Repos à Gouy.
Départ aux tranchées (Chemin Creux devant Souchez).
Tranchées.
Relève pour aller au repos à Hermin.
Repos Hermin
Parti en permission.
Départ pour les tranchées.
Tranchées. P.C. Cobourg (Évreux) Change de ferme : on couche et mange chez le père Nicolas (Germaine).
Relève.
Repos à Gouy-Servin.
Départ pour les tranchées. P.C. Cobourg (retour de permission).
Tranchées PC de Cobourg devant Souchez. Le 9 au soir, relève pour aller au repos à Hermin.
Repos à Hermin. Départ pour Ablain (réserve). Notre-Dame-de-Lorette.
PC Ablain Saint-Nazaire.
Ablain.
Le 19 au soir : Changement de PC à 20 heures pour l’éperon de Notre Dame-de-Lorette (photos dans la neige). (*)
(*) : Voir les photos : N° 1 et N° 2
PC Notre Dame.
Attaque allemande (Fortin). 2ème bataillon attaqué.
PC de Notre Dame-de-Lorette
Relève pour aller en 1ère ligne par le Cabaret Rouge (PC Boisselet).
Relève pour Grand-Servin (fait la route en voiture de ravitaillement avec LETORT) (mal au pied).
Départ de Grand Servin pour aller à Herlin-le-Vert au repos (ferme).
Gauvin supprime sa barbe. Bon vin blanc.
Repos à Herlin le Vert.
Départ d’Herlin-le-Vert dans la nuit, pour embarquement à Brias (auto anglaise). Départ 4 heures du matin.
Voyage en chemin de fer.
Le 5 à 5 heures du matin, débarquement à Einvaux, cantonnement à Blainville (Lorraine).
Repos à Blainville (capitaine DALGER logé en charmante compagnie).
Départ pour Haraucourt, arrivée à 12 heures. Repos. (De PALMAERT évacué). Fameuse Prunelle. Photos du vieux château.
Repos à Haraucourt.
Départ pour Seichamps, arrivée à 10 heures 30. Repos.
Déplacement du régiment. Départ pour Champenoux.
Arrivée à 12 heures à Champenoux (à 15 kms de Nancy). M. LION et MILLE.
(Mimi ??) Champenoux. Arnoult. (Nombreux apéritifs dans la maison).
La maison café ARNOULT à Champenoux (collection MORIN)
Départ pour Mazerulles (adjudant part en permission).
Mazerulles.
A 19 heures, départ pour Buissoncourt. (BAILLART devait partir en permission, mais elles sont arrêtées).
Repos Buissoncourt.
Le 5 à 3 heures du matin, départ pour Vigneulle (retour de permission de l’adjudant) Cafard.
Départ pour Blainville. Embarquement vers 1 heure à Einvaux.
Voyage en chemin de fer.
Débarquement à Revigny. Cantonnement à Allaincelles.
Alliancelles. Promenade au Moulin.
Le 10 à 2 heures du matin, départ en auto. 8 heures, débarquement près de Dugny.
Cantonnement Casernes Béveaux.
Casernes Bévaux.
Le 12 à 18 heures : Départ pour premières lignes devant Thiaumont (Redoute 320).
À une heure du matin, attaque par le bataillon. Avance de 200 mètres (sans perte). Redoute 320 Thiaumont à 19 heures. Relève pour aller en réserve dans le petit Bois Fleury.
Réserve petit Bois Fleury (mort de Paul BAILLARD) vers 4 heures par un obus qui tombe en face de son gourbi).
Départ pour Verdun. Arrivée à 12 heures. Soir, cantonnement Hospice Sainte-Catherine.
Repos Hospice Sainte-Catherine.
A 20 heures le 18 juin. Départ pour la 2ème ligne devant Fleury.
Fleury.
À 2 heures du matin, relève pour aller en 1ème ligne (préparation d’attaque le soir du 22 par les gaz et fort bombardement).
À 6 heures, attaque.
Prisonnier vers 7 heures du matin dans la Redoute 320, Thiaumont.
A 14 heures, arrivée parc des prisonniers de Ville-devant-Chaumont.
(*) : La journée du 23 juin, le 23e régiment d’infanterie a
perdu près de 1500 hommes, dont 1261 disparus, « écrasés ou asphyxiés
par le feu allemand ». (JMO)
Parc de Ville-devant-Chaumont (couché dehors).
À 14 heures, départ pour Jametz, escortés par des hulans.
Courrier écrit le 27 juin …
… arrivé à Évreux le 11 août
Le cachet dit que la carte est envoyée du camp de Wahn, alors
qu’à cette date (27/07/1916), il est encore en France à Jametz (55).
L’erreur sera reportée sur sa fiche matriculaire. Une fiche du camp de Wahn le liste en
septembre 1916. Peut-être qu’il y était rattaché administrativement au début de
sa captivité. Pourtant, il n’y séjournera jamais. Il ira au camp de Giessen (10
jours), puis il part au camp d’Arys jusqu’à la
libération, fin 1918.
Jametz. Travaux agricoles et aviation. (14 juillet, départ pour l’Allemagne).
Dans la nuit, bombardement par avions français (un Allemand chauffeur tué).
Anniversaire de la fête des Fliger (cuisine).
Le 11 septembre à 5 heures
Départ de Jametz pour la ferme Solférino près de Sivry. Montage de hangars.
Ferme Solférino. Bombardement de Sivry le 23 et démontage des tentes d’avions.
Ferme de Solférino.
A 18 heures, départ en auto pour Vilonnes. Embarquement en chemin de fer.
Débarquement gare Baroncourt (camp d’aviation ferme Belle Vue près Senon).
Ferme Belle Vue (adjoints avec des prisonniers musiciens)
Changement de camp. Départ en auto pour la ferme de la Folie près Spincourt (vacciné).
Rentrée à la cuisine.
Ferme de la Folie
Départ chemin de fer pour Louppy. Arrivée à Montmédy.
Prendre le chemin de fer départemental et arrivée à Jametz 18 heures.
Départ de Jametz pour Brandeville (Saint René).
Brandeville. Travail dans les bois, abattage d’arbres
Départ de Brandeville pour Damvillers, arrivée 11 heures 30
Damvillers (travaux installation d’une ligne téléphonique)
Départ en chemin de fer pour Montmédy. Arrivée Montmédy à 11 heures 30.
Traversée de Montmédy. Mangé la soupe à la sortie du château fort. Rassemblement des prisonniers, plus de 3000.
Embarquement pour l’Allemagne le 3 décembre à 17 heures, gare de Montmédy.
Voyage à 13 heures, débarquement à Giessen (Saxe).
Arrivée dans un camp de concentration à 2 kilomètres de la ville. Défilé des prisonniers dans la ville (environ 3 mille).
Arrivée au camp à 3 heures.
Départ de Giessen.
Quitté LETORT (André), HAHY et LAGNY (2ème compagnie, baraque C). Vaccination, désinfection.
Rassemblement des 44 prisonniers dans la cour du camp à midi trente. Départ du camp 13 heures 40 (rencontré convoi).
Fiches du prisonnier André LETORT
On y lit qu’il habite à
Paris, 21 rue des Étrangers et qu’il est né le 18 septembre 1891.
Noms des principales gares de Geissen à Arys Prusse Orientale : Giessen, Lollar, Marburg, Cölle, Kirchhain, Treijsa, Zimmerote, Wabern (18h05), Cassel (19h04-20-20), Kagenhof, Ausgang, Bleicherode Ost (23h35), Wolkranshausen, Nordhausen.
Arrivée minuit.
Nordhausen (de minuit à 3 heures, arrêté sur une voie de garage), Eisleben (5h45), Erdeborn (6h05), Halle Saale (7h10, jour), Priessen, Reussen, Gollma (8h30), Klitzschmar, Gross Kyhma (8h25), Delizsch (8h50), Hohenroda (9h), Grensitz, Elinburg, Doberschütz, Mockrehna, Klitzschen, Zschckau, Rehafeld (10h25), Falkenberg (10h40), Schörnborg, Finsserssalde (11h45), Cottbus (13h15), Forst, Tzschechelm, Linderote (14h30), Schonssalde, oreau (15h), Sagan, Waltersdorf, Quaritz (16h20), Lissa (pas d’arrêt, arrivé à 17h10).
Mangé la soupe et le café à 20 heures.
Départ 23 heures. Passe plusieurs gares, Kosten (24h40), Posen (3 heures).
Départ Posen 5 heures, Widan (7h), Gnessen (7h25), Talsée, Tremessen (7h40), Hiderau (7h55), Raiffaisen (8h10), Altraden (8h20) (montée des prisonniers français pour partir au camp, environ une vingtaine). Amsee, Hohensalza (9h), Argenau (10h), Waldoss, Thorn (Verchsel, traversée du Grand Pont) 10h45, ville fortifiée, Thorn Mocker, Thauer (11h15), Richnau, Schonsee (11h35), Zielen, Brisen, Hohenkirch, Granlerhaussen (12h30), Ostrossiff, Lippken (12h45), Bischofswerder (13h), Jamielnik, Ot, Eylau, Raudnitz (13h35).
Bergfrude, Osterode, Ostpr, Alf-Jablonken, Biessellen, Hemrsdorf, Allenstein (15h10).
Wieps, Roth, Suroburg, arrivée à Arys minuit 15 le 17 décembre 1916. (*)
Arrivée au camp minuit 40 (restés à attendre devant le poste).
57 heures de chemin de fer avec les arrêts, tout compris 72 heures. Comme nourriture : 500 grammes de pain et une soupe.
15 centimètres de neige.
(*) : Ces dernières villes se situent en Prusse-Orientale
(aujourd'hui en Pologne). Voir la
carte d’époque.
Repos. Mauvaise impression du camp, baraques ignobles.
Fait connaissance d’un Romain, tapissier. (*)
(*) : René MORIN est aussi tapissier de profession.
Remplissage des feuilles personnelles pour aller dans un Komando.
Demandé la soupe aux Anglais mais un belge me la soulève.
Matinée ramassage de la neige, on la charge sur des traîneaux, une heure de travail (je suis littéralement gelé).
De soupe le soir.
Fait un tour dans le camp, rentré dans la baraque des coiffeurs russes, je me suis fait raser, un russe joue de la guitare, un autre me montre un album de photos de Russie.
Réveil 8 heures.
Le felvebel nous fait lever, de corvée pour balayer la neige de dessus la baraque.
Rien de nouveau sauf de corvée de soupe à 11 heures.
L’après-midi, l’interprète et le felwebel demandent les menuisiers, ébénistes, etc… au nombre de 32. Et 12 maçons belges.
Réveillon passé dans le plumard à 7 heures avec une soupe et un morceau de pain. Réveil 8 heures. Fait connaissance de l’ancien domestique à THUREAU.
Noël. Réveil 9 heures.
Dégustation du cacao. Rien de nouveau à part un gros cafard !...
Couché à 6h30 après avoir dévoré un malheureux morceau de pain.
Réveil 8 heures. Mangé une soupe claire. Corvée pour aller porter manger aux cochons.
A 11 heures, soupe de poisson immangeable.
A 10 heures, les 44 de Geissen (*) passe à la vaccination contre le typhus (au bras gauche).
(*) : On doit lire « les 44 prisonniers qui viennent de Geissen… »
Corvée pour le balayage de la neige sur la baraque. Un camarade paye le 1/5 de la boule de pain d’un Roumain 1 mark.
Vendredi : Repos
Vacciné côté gauche. Le soir de soupe.
A 5h30 apprend le départ des ouvriers menuisiers et maçons au nombre de 42.
A 9 heures réveil. Départ de 11 maçons belges. Les autres menuisiers de Giessen restent.
A midi soupe aux marrons-dindes épaisses.
Le soir à 17 heures, soupe au boudin. Couché 8 heures.
Réveil à 8 heures.
Cacao.
Première pensée pour Évreux, souvenir des anciens jours de l’an. Cafard.
Vacciné à 14 heures (côté gauche). 4ème piqûre, encore deux avant de partir. Couché à 18h30. Le camarade MEUNIER m’offre un quart de vin et propose de me donner 10 mark. Très heureux, j’accepte avec empressement. Je n’oublierai jamais ce charmant garçon.
Réveil 8h. Soupe de maïs. Arrivée de 24 prisonniers français et départ des deux sergents.
Dans les 24 nouveaux arrivés, un camarade du 39ème. Il m’invite à manger à midi avec lui. Superbe déjeuner avec une grande gamelle de soupe, un morceau de bœuf de conserve superbe, un quart de café et un cigare.
L’après-midi douches, distribution de linge, touché une chemise et un caleçon rouge.
Soir 5h, soupe mangée avec le camarade du 39ème terminée par un morceau de pain et de singe.
Couché 7h30 (première journée où il est arrivé 2 colis de Giessen)
Réveil 7h. Thé.
A 7h40 rassemblement pour aller toucher les mandats. Reçu premier mandat daté du 13 décembre de Berne de la somme de 12 Marks 05.
A 11 heures soupe (carottes). Le camarade du 39 me fait cadeau d’effets chauds.
A 17 heures (orge). Apprend le départ des 24 anciens. On parle des colis et des biscuits ? Il y a de l’espoir ? Couché 19 heures.
Réveil 7 heures (cacao). Rien de nouveau. Soupe de poisson.
A 17 heures, soupe de farine maïs. Départ pour le Cinémato. Rentré 18h30.
Réveil 7h. Thé.
A 10h vaccination (côté droit).
A 11 h (navets)
Après-midi. Colis signalés. Les Anglais en reçoivent un sac. 2 paquets pour Giessen.
Matinée, rien de nouveau (soupe farine).
Soir : J’achète un morceau de lard et du pain pour 2 marks (soupe pommes de terre et eau de boudin).
Matinée, rien de nouveau
A 5 heures, départ des maçons.
A 6h, réveil (soupe). Départ pour la chasse à 30 prisonniers, comme rabatteurs.
A midi, une soupe au poisson servi dans la ferme, impossible de manger tellement j’ai les mains gelées.
A 12h30 départ pour l’après-midi. Chasse finie à 15h15. Tableau de chasse : 22 lièvres et un renard. Rentré au camp 16h. On touche une soupe et du thé supplémentaire.
A 17h, soupe aux pommes de terre, pas mauvaise, mais à peine une gamelle. Couché 19h très fatigué.
Réveil 8h. (Soupe claire). Rien de nouveau.
Réveil 8h (thé). Soupe (touché le restant du mandat).
Après-midi on annonce des colis. 32 sont distribués le soir. Encore rien pour moi.
Cacao.
Réveil 8h. Rien de nouveau.
Thé. Réveil 8h.
A 15h, on annonce des colis, je fais partie de la corvée pour aller les chercher. Rien pour moi, mais CALINAUD (*) en a un, nous sommes sauvés.
Le soir, bon repas, on ouvre une boite de pâté et l’on fait un potage aux pois.
Couchés à 20h contents tous les deux, en fumant deux cigarettes de tabac à 0,50 francs français.
(*) : CALINAUD René Fernand, aussi du 39e régiment d’infanterie,
est du recrutement de Rouen, indiqué sur
sa fiche de prisonnier.
On retrouve donc sa fiche matriculaire (2 pages) qui nous précise qu’il est né
à Rouen, le 7 octobre 1883, et….aussi interné à Wahn !
Réveil 7 heures. Cacao avec du lait condensé, un morceau de pain et une demi-tablette de chocolat.
A 10h, une corvée pour aller à la gare décharger des madriers, retour 11h, on obtient une marmite de soupe aux pois. On fait une soupe aux nouilles et du potage aux pois, pour finir on ouvre une boite aux abricots le soir. On termine les confitures.
Couchés 8h15.
Réveil 7h, corvée de soupe (café). On mange une demi-part de pain avec du chocolat.
A 9h, on fait une tasse de cacao.
A 10h (Rübe) on fait des nouilles et un potage. Soir : je fabrique deux calots un pour moi et l’autre pour CALINAUD (René Fernand). (Soupe d’orge). On ouvre la boite de sardines au pain, on fait un cacao et on finit la boite de confiture. Couché à 8h.
Réveil 7h. (Soupe de maïs épaisse).
A 9h on fait du cacao. Rien de nouveau (soupe de poisson) soir (soupe d’orge) on achète un morceau de pain à 0,60 pfennigs pour finir les sardines et on fait un quart de cacao.
(Soupe farine). Réveil 7h. Matinée consacrée au nettoyage de la baraque en l’honneur d’un consul américain.
A 11h on soupe (Rüte au boudin).
Après-midi, travail de couture, je fais des numéros pour capote et veste et termine mon calot bleu foncé.
Rien de nouveau dans la matinée. Soir : départ des 29 menuisiers (ROUSSEL parti).
Augmentation de ration. Deux grandes gamelles pour 15. C’est une affaire !
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
(Cacao). On parle des biscuits, mais on ne voit rien venir.
Réveil 7h (café)
Rien de nouveau (soupe Rûbes)
Après-midi : on parle du départ. A 16h, on touche du linge.
A 18h on apprend le départ définitif pour Lyck demain 5h. (*)
(*) : Lyck est une ville de Prusse orientale (maintenant en
Pologne). Voir ici.
Réveil 4h (soupe maïs) 2 assiettées. Départ du camp à 6h. Arrivée à la gare, 6h20.
Départ 6h40. Arrivée à Lyck 8h moins 10. Resté dans la cour du camp.
!! Marché aux hommes !!
Soupe à 11h. Après-midi, rien de nouveau.
Soir, couché dans une baraque avec les Roumains, quelle nuit... Gelé de l’eau qui tombe sur les paillasses.
Le matin à 8h les fermiers reviennent et le marché reprend. Les Roumains et les Russes s’en vont, il ne reste plus que du français. (De 10h à 11h, embauche pour une corvée dans la cour).
A 11h15 arrivée de … civils belges.
A 11h30, soupe épaisse (j’obtiens avec des camarades un seau de rabiot, comme ça j’ai un plat de plus).
A 12h reprise du marché. Les Français sont enfin vendus !
Je quitte CALINAUD (René Fernand), il faut qu’un homme. Il n’y a que les Anglais qui partent ensemble. Je suis enfin acheté ?
Départ de Lyck à 13h15 en traîneau. Arrivée à la ferme.
Je suis le seul français (personne ne me comprend), je travaille avec deux Russes. On se met à table, grand plat de pommes de terre cuites à l’eau et poissons. Travail jusqu’à 17h à casser du bois.
De 17h à 17h30, nettoyage de l’écurie aux chevaux.
A 17h30, soupe au petit lait, une tartine de pain. Couché à côté de la ferme avec les Russes (gros cafard).
Réveil 5h
Donné à manger aux chevaux. Après ce travail fait, pommes de terre revenues dans un roux très bon. Continuation du cassage du bois.
A 9h15 (une tranche de pain et du café au lait) travail dans la ferme (on tue un porc).
A midi : pommes de terre cuites à l’eau et quelques morceaux de lard dans de l’eau grasse. Je suis pris de diarrhée, cela ne va plus. Après déjeuner, je pars avec le grand russe couper 5 sapins dans un petit bois à côté de la ferme.
Rentré gelé à 16h.
A 16h30 tout le monde y compris les femmes au hachage de la paille d’avoine à la machine, terminé à 17h (cassage de bois et nettoyage des chevaux).
A 17h30, soupe au petit lait et tartine. Je ne mange pas, je suis malade. (Je recouds ma veste déchirée par un cheval qui mordait et m’avait chipé dans le dos).
Ne me voyant pas manger, la patronne me donne deux morceaux de sucre avec du genièvre.
Couché à 17h40.
Réveil pour les Russes à 5h, mais moi je reste couché, à 6h40, le russe me réveille pour me prévenir que je retourne à Lyck. Je me lève, prépare mes malles, me rends à la cuisine. Mange des pommes de terre au roux, la patronne me paye 12 pfennings et me donne une tranche de pain.
Départ de la ferme en, traîneau jusqu’à la gare : le patron retourne et je pars avec la patronne en chemin de fer jusqu’à Lyck.
Descente de la gare au camp.
Ticket du chemin de fer de Lyck à Arys
Drapeau Fêté du Kaiser.
Rentre au camp 9h40, retourne dans la baraque (achète un paquet de tabac). Soupe. Visite par un docteur russe (remis qq pilules, resté tout l’après-midi dans la baraque avec les amis, retrouvé ROUSSEL et GÉRARD (cela me semble bon de pouvoir en causer).
Soir : soupe farine et thé, je mange ma tartine de pain que m’avait donné la vieille patronne.
Appel à 19h. On écoute les Russes faire leur prière !
Réveil 5h30. Cacao et distribution de pain (belle portion) à 6h.
Appel dans la cour à 7h30. Resté dans la baraque.
A 11h35, soupe. Après-midi rien de nouveau.
Réveil 5h15. Café et portion de pain.
A 9h on se fait inscrire pour la visite à 10h au docteur civil en ville. Dr R. PFEFFER reconnu pour un jour.
A 11h40 soupe.
Après-midi je confectionne trois bonnets de police, je gage 16 sous et un demi paquet de tabac fin.
Soir 18h soupe. Couché 20h.
Réveil 5h15 (café, portion moins belle). Matinée, je reste à faire la corvée de la baraque (vidage du tonneau d’urine)
Réveil 5h15 (cacao).
Matinée resté à faire la pause dans la baraque. Revue des paquets et des couvertures des civils belges. Soupe.
Après-midi, jour du marché aux hommes !... Je vais à la cantine pour tacher de trouver un patron pour rentrer en ferme avec un belge mais on ne donne pas de belges.
Je repère un petit bossu qui m’a l’air sympathique et rigolo. Je l’aborde mais naturellement pas un mot de français mais enfin à force de faire des sourires et des gestes je suis enfin accepté.
Je dois partir à 2h, l’allemand alsacien me dit que je serai bien seul avec lui et sa sœur.
Enfin, je pars, traversée de Lyck pour aller à la voiture, départ tard vers 5h, arrivée à la ferme vers 6h15.
Bonne impression, autrement tenu que la dernière, bon accueil, enfin, je vois que je serai bien. On attend dans la cuisine (assis sur le banc près du fourneau le dos bien au chaud).
A 7h, 2 tasses de café et deux grosses tartines de pain. Couché à côté de la cuisinière (très bien et très chaudement).
Réveil à 6h30. Commencement du travail. Remplir les réservoirs d’eau de la cuisine, donner à manger au bétail. Rentrer la paille qui se trouve dans la cour pour l’entasser au grenier, etc.…
Repas : à 7h 2 ou 3 assiettées de soupe (lait et farine)
À 9h30, 2 ou 3 tasses de café au lait avec deux tartines de pain à la graisse ou miel…
A midi, pommes de terre cuites à l’eau avec une sauce. Soir 19h : café au lait et tartines.
Même travail pour la matinée. On finit par rentrer le restant de paille, le soir on commence le travail à la machine pour l’avoine.
Soir avant de se coucher je vais dans la chambre du garçon, il me présente un accordéon, mais je n’y connais rien.
Il m’apporte un violon, je l’essaye, bonnes, mais mauvaises cordes.
Continuation du travail à la machine, terminé le soir, à 17h30.
Le soir, après le café épluchage des pommes de terre avec un vieux. La demoiselle fait frire sur le fourneau des boulettes de viande pour le lendemain midi. Elle m’en donne deux (très bon).
Réveil 7h. Donné à manger aux animaux. Repos jusqu’à l’heure du déjeuner.
Attente du déjeuner avec impatience.
Rien de nouveau.
Réveil 7h. A 10h, on parle d’aller au village.
Le jeune homme et la jeune demoiselle se mettent en grande toilette. On attelle le traîneau et je suis désigné pour conduire avec les 2 chevaux.
Départ, démarrage tout va pour le mieux, mais cela ne dure pas, à 500m, après avoir fait des bonds dans la neige, un obstacle se présente, les chevaux filent, on franchit bien l’obstacle, mais le traîneau bascule, et tout le monde roule, heureusement, personne de blessé. C’était très drôle, chapeau melon, manchon, livre de messe etc… tout cela se promenait avec les trois voyageurs.
Enfin, le restant de la promenade se passe bien. Achat de tabac en attendant la fin de la messe. Retour, on prend des dames.
Le retour s’effectue bien. Rien de nouveau dans la journée, sauf le départ du vieux bonhomme (MASCAUD)
Jour de bonheur !! Le facteur apporte à 11 heures un immense courrier pour moi, au nombre de 18 cartes et 5 lettres.
Grande joie de savoir tout le monde en bonne santé.
Lecture du gros courrier. J’écris une longue lettre à Évreux pour les prévenir de mon bonheur.
Rien de nouveau, pas encore de colis.
J’ai enfin reçu des colis au nombre de 10.
Rien de nouveau jusqu’au…
Le vendredi pas travaillé (férié), par contre, le mercredi la journée à été dure, temps affreux, froide et de plus, mauvais travail, fait avec Armand (Hermann) des rigoles dans la neige dans les champs, rentré à midi trempé.
Le vendredi saint jour de repos, sauf l’après-midi où on a cassé la glace sur la mare.
Réveil tard. Gros cafard. (Pensée pour Évreux). Temps sombre et froid. (Pas de colis ni de lettres).
Dormi tout l’après-midi.
Lundi de Pâques. Matinée se passe avec un peu de soleil, et je reçois 6 lettres, une de Tante Rose, trois de Maman, une de Marie et une de Madeleine (cafard se dissipe)
Il y a du nouveau ! Départ de Louda. Heureux de le voir déménager (part soldat à Königsberg). Le dimanche se passe assez bien.
Lyck, livrer des pommes de terre et un cochon (le vieux et moi). Rentré à la ferme à 5h. De 5h à 7h, jardiner avec Augusta.
« La bûche » retour de Ludovic.
Rien de nouveau, sauf un mal d’estomac. Le travail devient trop dur.
Labourage. Je ne peux me faire à ce genre de travail.
Machine à hacher la paille. Travaillé très tard « gros cafard ». Donne mes 8 jours et demande à partir à Lyck.
La matinée pas travaillé. Le vieux et Luda sont à la charrue, Hermann à bêcher, moi, je reste à la cuisine avec Augusta à parler l’après-midi (temps affreux, du vent et de la neige fondue)
Rien de nouveau jusqu’au 10 mai.
Arrivée d’un français dans la ferme pour travailler avec moi. A la réception, bonne impression, il se nomme Achille Séverac.
Nous travaillons ensemble à ramasser les cailloux dans les champs avec une petite voiture. Ce travail dure jusqu’à son départ.
Rien de nouveau jusqu’au 17 où l’on annonce que nous devons quitter la ferme pour rentrer à Lyck, mais c’est une fausse alerte. Nous rentrons à trois heures à la ferme. Continuation du ramassage des cailloux.
Nous travaillons avec le gosse Armand, impossible de le faire tenir tranquille, il ne fait que chahuter, nous rentrons tous les trois avec la charrette attelée avec Hanz, le gosse nous fait traverser la mare avec la voiture, nous sommes inondés, la colère m’empoigne, je le prends par les fesses et le balance à la flotte… son premier cri « chacré françouses » en me menaçant de son sabot.
Je vais à lui, croyant qu’il me l’aurait lancé mais sa colère s’est calmée.
Nous rentrons à la ferme, je retrouve Achille qui se tordait de rire.
Rien de nouveau.
Arrivée du frère à Louda. Nommé Franz. Bonne impression. Il a 13 jours de permission.
Départ du camarade Achille pour Lyck. (Gros cafard)
Arrivée du frère à Luda, nommé Gustave, moi je ramasse les cailloux avec le vieux.
On pavoise la maison avec des bouleaux, on prépare le repas (goutt Essen).
A 4h, je suis invité par Franz à prendre deux verres de cognac.
Rien de nouveau
(Séance du Torf) Extraire le torf. Machine. (Engueulade entre le vieux et le propriétaire de la machine), la fabrication, sale travail. Cela se passait vers le 15 juin.
Arrivée de la Frau et ses 4 gosses (Karl, Willy, Alma fraulein, Konig)
Départ de Gustave vers le 20 (toute la famille pleure, lui aussi)
Le Frau reste une dizaine de jours et repart avec la petite Alma et le gosse. Reste Karl et Willy pour s’occuper de la garde des bestiaux. Le torf fini, on procède à l’étalage pour le séchage et on fait des petits tas.
Cela se termine vers le 25 juin.
Vidage des écuries et étaler le fumier.
On commence à couper les trèfles. Les deux champs sont coupés en un jour avec la machine.
Rentrée des fourrages.
Je suis souffrant et j’en ai surtout assez de la maison : il y a trop de travail.
Je ne veux pas travailler. Je reste couché et demande à rentrer au camp.
Je rentre au camp, reconnu malade trois jours.
Le lundi, Augusta revient au camp me redemander pour retravailler dans la ferme. Accepté par les sous-off. Je retourne en chemin de fer au travail, mais il y a deux Russes et ça me fait plaisir, j’ai moins de travail.
Moisson. Très dure. Travail à lier les bottes et ramasser les seigles et les blés et les avoines, mais elles ne sont pas liées. Tout le mois en est. Rien de nouveau sauf le départ d’un Russe.
Je reste seul avec Ivanne le Russe mais moins de travail.
Je suis souffrant, je reste couché et demande à rentrer au camp, mais on s’y oppose. Je reste sept jours comme cela et rien de nouveau (travail : seconde coupe des trèfles et fauchage des foins)
(Note entre juin et septembre : Deux camarades viennent le dimanche soir me voir, Louis CORDIER et René BOURGUIGNON.)
Je vais à Lyck toucher mes biscuits, et j’apprends une bonne nouvelle : je vais aller travailler dans mon métier. Je retourne à la ferme jusqu’au mercredi (on arrache des pommes de terre avec la machine).
J’apprends par la poste que je retourne à Lyck, je fais mes paquets et pars à 1h et demi en voiture avec Gustave et le poste. Arrivée à Lyck, je vais au bureau et on me mène chez le capitaine du camp, pour travailler. Je pose des rideaux (installation complète pendant 7 jours)
Rien de nouveau, je fais des corvées et je vais nettoyer des briques chez le sous-off jusqu’au mercredi 29 novembre.
Là le matin, j’apprends que je vais travailler à Lyck dans mon métier chez M. MULLER (rue Hedindbourg 14). Je m’y rends à deux heures, je me présente au patron, je suis très bien reçu, je lui fais voir mes photos et il accepte de me faire monter à la tapisserie.
Là, je trouve deux tapissiers et un apprenti.
On me donne du travail, c’est un divan méridienne couvert en velours rouge à fleurs. On parle de me faire coucher à la maison et d’y être nourri. On doit rentrer à trois, un Belge et un autre Français menuisier, la date est fixée pour le 11 décembre.
Rentrée définitive à la Maison MULLER (petite chambre à 6, trois Russes et nous, deux Français et un Belge François LEBLICQ. Français : Henri JOIGNAN. (*)
(*) : Voir sa fiche de prisonnier : page 1 – page
2.
Photo adressée du camp de
prisonnier d’Arys à ses parents, le 20 janvier 1918
Première fois que je joue sur un violon (de 16h30 à 18h, concert avec deux Russes, David et Abraham.
Le patron rentre et je lui joue un morceau de flûte (Les femmes et les fleurs).
Au dos : « En souvenir de ma captivité à Lyck, le 23
juin 1918 »
La paix avec la Bulgarie.
Le …………….. La paix avec la Turquie et l’Autriche.
Premier baiser à Lény.
Le 9 novembre à 7h, j’apprends chez le coiffeur la démission du Kaiser.
L’armistice avec l’Allemagne.
Je finis de travailler et remets mes outils sachant que l’on doit partir dans deux jours.
Resté le dimanche et le lundi 18. Parti de Lyck le 20 mercredi. Adieux à la gare de Lény et sa sœur. (Gros cafard).
Le train part à 1h30.
Arrivée à Arys à 2h30. Rentrée dans les baraques. Resté jusqu’au départ pour la France.
Enterrement du camarade KELFORD.
Décembre
Départ pour la France.
Chemin de fer pour Dantzig.
Demande de colis. Giessen.
Envoyé une lettre demandant : 4 paquets de 1kg et 1 de 5kg par semaine.
De l’argent, de 10 à 15 francs.
Demande d’effets, pantalons rouge, calot, veste bleue et chaussures fines.
Comme conserve : Lait, farines Heudeberd, beurre salé, pâtes, chocolat, du tabac, 1 ou 2 paquets dans ceux de 1 kg, et plus dans ceux de 5.
Extrait du répertoire en fin de
carnet
Je désire
contacter le propriétaire du carnet de René MORIN
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