Robert Fournier
Adjudant Chef Mitrailleur au 158e R.I
Germaine Fournier
Ma chère Germaine
Dans l’impatience de
ma rentrée je croyais trouver à peine ici quelques lettres aussi grande a été
ma désillusion lorsque il y a 3 jours j’ai du monter à la tranchée sans un mot
de personne. J’étais si souffrant que j’ai pu à peine tenir 2 jours là haut.
Hier dans l’après-midi voulant sortir un moment, je me suis trouvé mal, voyant
cela je me suis fait relever le soir même.
Je vous dirai d’ailleurs que bien qu’ayant dormi 15 h
de suite je ne vais guère mieux.
Enfin j’ai 8 jours devant moi pour me reposer :
une lettre de Maman et les vôtres m’ont aidé à passer presque agréablement, si
j’ose dire, cette journée de Noël. Noël, ce mot si magique autrefois n’évoque
plus pour moi que de lointains souvenirs, bien tendres et bien doux. Si les
bébés pouvaient se douter de ce qu’ils perdent lorsqu’ils deviennent
grands !
Vous êtes trop gentille ma chère Germaine de vous
déranger ainsi pour moi. Je n’oserai bientôt plus rien vous demander, si ce
n’est des lettres plus suives et plus longues que par le passé !
Avez-vous fait un bon voyage de retour et un peu moins
long que celui que nous avons fait ensemble ! Je l’espère pour vous. Je
m’arrête sur ces mots, ma chère Belle sœur.
Quelque soit le plaisir que j’aie à écrire avec vous,
si vous saviez comme je suis fatigué, je continuerai un autre jour.
Mes meilleurs
amitiés à Madame Perron et pour Vous et Simette (*) d’affectueux baisers
Robert
J’attends votre
petit Paquet et une carte.
*Simette est le surnom donné par Robert à Simon son neveu
Ma chère Germaine
Cette lettre vous
joindra je l’espère assez tôt pour vous apporter mes souhaits les plus
affectueux de bonne année et de bonne santé. J’ai reçu ce soir votre lettre du
24. Je suis navrée pour vous de l’affreux voyage que vous avez du faire.
J’espère que vous êtes maintenant remise complètement de vos fatigues. Pour ma
part, les voyages ne me réussissent pas. A peine rentré j’ai du monter aux
tranchées, mais très fatigué j’en suis redescendu 2 jours après, depuis je dors
toute la grande journée et me soigne le mieux possible.
J’ai reçu hier soir
votre boite de bonbons expédiée de Bourges ainsi que la bague qui me va maintenant
très bien , vous êtes trop gentille et je n’oserai plus désormais vous déranger
de la sorte : vos « poilus » ont-ils été aimable pendant votre
voyage.
Je me serais très
certainement passé pour vous de cette compagnie.
Enfin par ces temps
de guerre c’est presque un honneur de voyager avec des guerriers (je ne dis pas
cela pour moi, croyez le bien). Nous avons toujours un temps détestable et la
boue des tranchées monte chaque jour. Si cela continue d’ici un mois nous
aurons par-dessus la tête. On parle de nous conduire au repos dans quelques
temps, si cela pouvait être vrai ! J’attends toujours les photographies de
Bourges vous ne m’en parlez pas : Au revoir ma chère Germaine, je vous
embrasse tendrement ainsi que Simette.
Que lui donnez vous
pour le jour de l’an. Nous penserons à vous ce jour là.
Affectueux baisers
Robert
Ma chère Germaine
Je viens de rentrer
à mes cantonnements après un voyage qui nous a semblé terriblement long !
La pensée que je
laisse à la maison des êtres chéris et attristés, qu’il se pourrait que je ne
revois pas, le souvenir aussi de notre cher Papa m’a mis dans un état d’esprit
déplorable, et puis ce passage rapide au milieu d’une vie civilisée, ce retour
non moins rapide parmi nos guerriers, n’est pas fait pour me remettre.
Je compte un peu sur
vous pour dissiper cette mauvaise impression du retour. Avez-vous pu remporter
ma bague ! J’y tiens.
Et n’oubliez pas de
me l’expédier ainsi que la note de mon Bottin. Nos photos sont elles
réussies ? Il pleut à torrent ici et je dois remonter après demain aux
tranchées. Joyeux noëls, n’est-ce Pas ! Enfin on pensera peut-être à moi à
la maison. Cela me console.
J’attends bientôt de
vos nouvelles ma chère Germaine.
Je vous embrasse
tendrement ainsi que Simette ; meilleures amitiés à votre Maman.
Robert
Ma chère Germaine
De la tranchée où je
vous écris, cette carte vous apportera avec mes vœux les plus tendres, mes remerciements pour le
charmant et délicat envoi que vous m’avez fait. Il est arrivé le matin de mon
départ pour les tranchées, j’en ai emporté quelques-unes avec moi !
Et Simette, l’a-t-on
gâté ?
Affectueux baisers
Robert
Ma chère Germaine,
Ma lettre sera
courte aujourd’hui bien que je vous en doive encore plus long que de coutume,
la seule raison est que je manque de papier et je déteste écrire sur du papier
ordinaire.
J’ai reçu de vous
pendant ces 4 jours la carte de Simette la veille du jour de l’an avec votre
lettre du 28. Elle m’a tenu compagnie pendant toute cette journée du 1er
de l’an qui m’a semblé bien longue. Enfin j’ai vécu quelques heures seul à seul
avec mes souvenirs , les uns déjà bien anciens, les autres encore tout frais et ravivé encore par les lettres.
Mon indisposition de
l’autre jour n’a été que passagère et maintenant je me porte de nouveau tout à
fait bien. Je suis aidé dans mon rétablissement par la pensée que nous sommes
relevés bientôt.
Nous partons le 10
ou le 12 pour les environs d’Amiens où nous resterons 5 à 6 semaines. Quelle
joie ! Vous être trop gentille de penser ainsi à moi. Germaine, j’attends
votre gâteau. Je ne doute pas qu’il ne soit excellent ! Que me
demandez-vous. Je ne puis vous écrire plus et mieux que je le fais sans
dépasser les bornes de la sagesse.
Il n’en est pas de
même pour vous, n’est ce pas ? Je crois vous avoir dit que j’avais reçu
bonbons, et bague de Bourges, mais le bijoutier l’a très mal rangé. Elle est à
peine dégrossie et polie. J’ai bien envie de vous la renvoyer pour que vous la
donniez à finir à Dijon.
A bientôt de vos
nouvelles, chère grande sœur Je vous embrasse bien tendrement
Je vais dormir.
Bonne Robert nuit !
Robert Fournier (en haut à droite) et ses hommes du 158e
RI
Détail de la photo ci-dessus
Ma chère Germaine
Nous avons quitté hier
nos cantonnements pour gagner en auto un patelin plus en arrière. Vous ne vous
étonnerez donc pas de ne rien recevoir de moi avant quelques jours.
J’ai toute une
organisation de cantonnement à faire. J’ai reçu vos deux lettres avant-hier.
Tendres baisers.
Robert
Ma chère Germaine
J’attendais
aujourd’hui une longue lettre de vous et ce n’est qu’une très courte que je
reçois. Après 3 jours de silence c’est bien court vous en conviendrez, et vous
qui avez peur de m’ennuyer.
Comment osez-vous
écrire de telles choses ! J’ai bien reçu les photos d’Alex. Elles ne sont
pas bien fameuses mais elles n’en ont pas moins de prix pour moi.
Je n’ai pas encore
eu l’occasion de me faire photographier mais dès que je le pourrais je le
ferai. Depuis 3 jours je suis pris par notre nouvelle installation.
Et ce n’est pas
petite affaire.
J’espère que Simette
ne vous donne plus d’inquiétude et qu’il est complètement remis
maintenant : avez-vous reçu mes dernières lettres. La carte postale
d’Hubert m’a fait bien plaisir : je crois vous avoir dit que votre gâteau
m’était arrivé un petit peu aplati mais malgré cela délicieux puisque je l’ai
mangé à moi tout seul. Voyez un peu quel gourmand ! J’attends vos autres
fleurs avec impatience et vous en remercie d’avance.
Pour le moment, je
profite du beau temps et des loisirs que me laisse le service pour faire du
cheval. Demain matin je vais faire une promenade avec mon Lt. Je m’arrête pour
ce soir ma chère en vous embrassant bien tendrement. J’attends une longue
lettre demain.
Robert
Ma chère Germaine
Quelques mots
seulement, nous partons à la revue d’ici ½ heure.
Il nous faut faire
Je les ai mises dans
un vase, elles embaumeront ce soir ma petite chambre.
Simette dort-il
maintenant ? Il ne faut pas avoir peur de lui faire prendre l’air, laisser
courir, trotter, ce régime lui fera certainement beaucoup plus de bien que de
rester confiné dans une chambre à fatiguer par ses jeux sa petite Maman.
Je crois vous avoir
assez dit que j’avais eu les photos d’Alex. Elles ne sont pas merveilleuses à
part 1 ou 2, malgré tout elles me plaisent ainsi. Aujourd’hui nous avons un
temps superbe. J’ai reçu hier mes bottes. Elles sont très bien et ont fait
tiquer mon Lt. Je les étrenne aujourd’hui.
Je rentre de la
revue épatantes mais nous avons du rester sous la pluie plus de 2 h ; mon
Rgt. a reçu les félicitations de D’Urbal : vous verrez peut-être d’ici q.q temps cette revue au
Ciné, et sur l’illustration et vous pourrez peut-être m’y reconnaître
marchant à 10 pas en avant de mon
peloton en passant devant de Boissandy qui commande notre Division : il a
dit : « très bien » (au passage de notre Peloton)
Revers de la
médaille ! Mes bottes trop dur m’ont blessés et j’ai du rester à
cheval ; j’étais ravi !
Au revoir ma chère
Germaine A bientôt le plaisir de vous lire, je vous embrasse bien tendrement.
Robert
Ma chère Germaine
Déception hier.
Déception avant-hier. Pas de lettres : je me rattrape heureusement un peu
ce soir avec votre petit mot trop court de mardi, et une lettre de Maman et de
Guite ; je ne m’expliquais pas le silence de ces derniers jours, je le
comprends maintenant, vous avez du être occupée par le départ de votre Maman.
Vous voilà maintenant tout esseulée.
Votre petit
compagnon heureusement se charge à lui tout seul de vous occuper largement .Et
puis le papier et la plume sont là qui vous attendent, prometteurs de
consolation pour celui qui le lira ; je vous confirme ce que j’écrivais
l’autre jour de Guite.
J’espère venir à
Dijon fin février.
Je m’endors et me
réveille chaque Jour en y pensant, le reste du temps je me promène, lis et
écris avant-hier j’ai galopé tout l’après midi avec mon Lt, à travers champs et
bois il faisait délicieusement bon, aujourd’hui nous avons été au tir toute la
journée et nous venons à peine de rentrer il est 6 h ; j’espérais non
seulement trouver 1 lettre mais plusieurs, aussi je ne suis qu’à moitié
contenté, le courrier de demain sera meilleur !
Les dernières fleurs
reçues se conservent encore quoique un peu fanées. Seule une rose à peine
épanouie et toute rouge garde toute sa fraîcheur.
Je l’ai mise dans un
vase auprès de mon lit : Attendez-vous bientôt Alexandre ? Il m’avait
écrit il y a déjà q.q temps et je ne sais pourquoi je ne lui ai pas encore
répondu, je vais profiter de mes loisirs pour le faire. Si vous voulez vous amuser,
procurez-vous « Monsieur de Courpière Marié » de (Habel Hernant) et
« la Peur de l’amour » de H de Régnier : à bientôt le plaisir de
vous lire, avant d’avoir celui de vous embrasser ainsi que Simette.
Robert
Ma chère Germaine
Excusez moi de vous laisser ainsi sans nouvelles, malgré mon grand désir de
répondre à vos 2 lettres du 20 et 21.
Je n’ai pas eu une
minute pour le faire ces 2 derniers jours.
Depuis hier je suis
un peu souffrant. Ce soir je suis absolument éreinté, et en ce moment pendant
que je vous écris mes mains et mon front sont brûlants, toute la journée j’ai
été assisté à des exercices de cadres, c’est intéressant, mais la route est un
peu longue
Je suis heureux de
voir que mes lettres vous sont parvenues assez à temps pour vous montrerque
quoique vous en disiez je ne pourrais oublier ma si gentille correspondante.
Je vous accorde
votre pardon mais pas à genou ! Votre lettre de l’autre jour m’annonçant
l’indisposition de Guite m’avait un peu inquiété, ce n’est rien heureusement.
Je compte un peu sur
vous pour la distraire ! J’accepte tout ce qui viendra de vous.
Votre dernier gâteau
était si bon, que votre offre d’un second ne peut faire autrement que de me
réjouir.
J’accepte aussi, et
à moins (illisible) votre projet de promenade à Grignon.
Je serais si heureux
d’y retourner et de le revoir encore une fois avant de partir pour les grandes
attaques d’Avril ou de Mai. On nous exerce dès maintenant en prévision de cette
effervescence. Nos grandes manœuvres que nous commencerons d’ici peu disons 15
j. Mais avant d’arriver à pied d’(illisible)
Je vous quitte
malgré mon désir de continuer notre causette, je veux être frais pour demain. À
bientôt et bien tendres baisers de votre Robert
Ma chère Germaine
Je brûle d’envie de
causer un petit peu avec vous d’autant plus que j’ai là devant moi 2 de vos
gentilles lettres qu semblent me reprocher sinon ma paresse tout au moins ma
nonchalance.
Mais il est près de
3 h et le courrier ne va pas tarder à arriver m’apportant j’en suis certain de
plus fraîches nouvelles. J’attends donc encore quelques instants, n’est ce
pas !
Je n’ai pas été déçu
votre carte lettre et les fleurettes du Clos me font grand plaisir lorsque je
viendrai en permission je ne manquerai pas d’y aller. Je vous envoie quelques
violettes que j’ai cueillies hier pendant une manœuvre dans le parc d’un
château. Elles sentent merveilleusement, malheureusement je crois bien que
lorsqu’elles vous parviendront elles ne soient un peu fanées. Nous partons pour
Abbeville après demain à 7 h du matin.
Notre marche durera
3 jours.
Je n’aurai
certainement pas beaucoup de temps à moi pendant ces marches pour vous écrire aussi
je vous prie de patienter un peu si vous ne receviez rien de moi. Je pars
dimanche matin à 6 h à une 2ème manœuvre de cadres. Je ne compte par
rentrer avant la nuit. Alex a-t-il sa permission ?
Je ferai parti
dorénavant d’une nouvelle armée en formation dans la Somme. Nous ne sommes donc
pas prêts de revoir les tranchées. Je m’en réjouis certainement autant pour
vous.
Si votre gâteau
n’est déjà parti oserais je vous demander de joindre à votre petit paquet
quelques feuilles et enveloppes comme celles-ci ?
A bientôt et tendres
baisers pour vous et Simette
Robert
Ma chère Germaine 1
mot seulement, nous venons d’arriver dans un patelin à
Après 3 jours de
marche que j’ai fait assez aisément. J’ai reçu juste la veille de notre départ
votre gâteau qu était délicieux.
Je sais par une
carte de maman qu’Alex était auprès de vous, malheureusement pour hier peu de
temps. Je vous quitte, ma chère Germaine car je suis un peu éreinté.
Il est 8 h et je
compte dormir jusqu’à 10 h demain.
Je vous embrasse
tendrement ainsi que Simette et Alex.
Robert
Ma chère Germaine
Je vous écris tout
joyeux.
Je viens de passer
q.q heures avec Pierre qui est venu cet après-midi me surprendre en auto,
malheureusement les 2 h. qu’il a passé avec moi ont passés trop vite. Et
maintenant j’en suis encore à me demander si sa visite n’a pas été un rêve.
J’ai reçu votre gentille carte de Grignon. Merci, j’ai bien pensé à vous tout
ce jour là. Alexandre est-il reparti déjà ?
Nous n’allons pas
moisir bien longtemps où nous nous trouvons, et nous ne marcherons guère à
monter vers les lignes. Aussi soyez sans inquiétudes si vous ne recevez pas de
suite de mes nouvelles, ce qui ne vous empêchera pas d’ailleurs de me répondre
n’est ce pas ?
Si vous vouliez
m’envoyer un petit colis de cigarettes. Levant ou autres j’en serais bien
heureux car nous ne trouvons absolument rien ici, et trouverons encore moins où
nous allons. Je vais très bien, vous aussi je l’espère. Je vous embrasse bien
fort avec Simon.
Robert
Ma chère Germaine
Un petit mot pour
vous dire avant de vous embrasser que nous embarquons ce soir pour destination
inconnue. La bataille fait rage vous le savez sur Verdun.
Peut-être
allons-nous à la rescousse. Hourra !
En 3 jours nous
avons changé 2 fois de cantonnements. Hier matin nous partions nous installer
dans un autre village où nous aurions été merveilleusement bien,
malheureusement nous le quittons ce soir à 5 h.
J’attends avec
impatience de vos nouvelles ! Il neige à gros flocons ! À quand la
permission maintenant !!!!
Bien tendres baisers
Robert
Ma chère Germaine
Je reçois après
n’être resté plus de 5 jours sans nouvelles de personne votre lettre de 25.
Vous devez être bien contente de l’arrivée d’Alex ;
Quel veinard ! Pour
nous les permissions par la faute de ces rosses de Boches sont remises à
quand ? Enfin ce qui me réjouit le cœur c’est que l’échec que nous venons
de faire subir à leur offensive leur fera peut-être passer l’envie de
recommencer. En attendant nous déménageons de nouveau demain matin pour je ne
sais où, mais certainement pour nous rapprocher de la bataille.
Si nous pouvions
seulement les culbuter une bonne fois !!! Votre maman ne doit pas être
bien tranquille à Rt avec ce bruit effrayant de canonnade qui ne cesse depuis 8
jours. Je me rapproche de Pierre.
Je viens de lui
écrire pour l’avertir de ma présence dans la région.
Je m’arrête pour ce
soir ma chère Germaine en vous embrassant tendrement ainsi qu’Alex s’il est
près de vous. Sans oublier Simette.
Robert
Ma chère Germaine
Pourrais-je vous
charger d’une commission auprès de votre mari ? J’ai brûlé l’extrémité de
mes bottes en me chauffant il y a q.q jours auprès d’un poêle un peu trop ardent.
Je demanderais à Alex de passer chez le bottier à Bourges et lui dire de
m’envoyer avec un morceau de cuir de 10 cm2 pour la réparation et un pot de
colle couchou (Couchou). Nous sommes pour le moment dans un petit village dans
les environs de B. le. D et nous attendons d’un moment à l’autre à être porté
en avant.
Les Boches se sont
enfin un peu calmés devant Verdun, probablement pour frapper plus fort plus
tard mais ils trouveront à qui parler.
Et cette promenade à
Grignon. Avez-vous eu le beau temps et votre vieux donjon est-il toujours en
bon état. Combien je voudrais pouvoir le visiter : les permissions sont
supprimées pour le moment.
Je suis très occupé
par l’instruction de ma 1ère qui commence à prendre forme.
Mais ces
déplacements continuels nous font perdre un temps précieux. Nous ne serons
guère en état de marcher avant un bon mois.
Je vais très bien et
j’espère qu’il en est de même pour vous tous.
Bon baisers.
Robert
Ma chère Germaine
J’ai reçu hier deux
de vos lettres du 6 mais les miennes vous sont-elles parvenues !! Je le
souhaite : au moins j’espère que vous avez pensé que je ne suis pas le
seul fautif dans ces retards si ennuyeux.
Ces Boches sont
toujours là cause de semblables (mot illisible) une chose qui vous fera grand
plaisir j’en suis persuadé, c’est que je ne suis pas encore engagé, et que je
n’espère pas l’être avant que mon Rt ne soit sorti de la bataille qui fait
encore rage à l’heure où je vous écris ; je suis (si votre frère n’est pas
parti) tout près de lui
Je vais faire mon
possible pour le voir : nous sommes parfaitement logés dans des maisons
évacuées par leurs habitants le jour même de notre arrivée. Ces derniers
pressés de partir nous ont tout abandonnés. Malgré tout, les permissions je
l’espère reprendront d’ici peu. Pas plus que vous je ne perds patience.
D’ailleurs la guerre est une excellente école et je ne serais pas soldat si je
n’avais pas la patience d’attendre ce qui doit venir.
Je continue
l’instruction de mes hommes malgré le froid et la neige. Pendant qu’autour de
nous gronde le canon.
A bientôt de vos
nouvelles ma chère. Je vous embrasse tendrement ainsi que Simette.
Robert
Ma chère Germaine
Encore cette fois je
ne répondrai à votre lettre du 13, reçue hier soir, que bien vivement.
Mon papier se trouve
dans ma cantine à
Robert
Ma chère Germaine
2 lettres de vous et
ce soir je n’ai que juste le temps de vous griffonner un petit mot en attendant
mieux. J’ai reçu vos cigarettes. Je vous en remercie en vous embrassant bien
fort.
Robert
Ma chère Germaine
Reçu vos 2 lettres.
Je ne puis vous répondre encore aujourd’hui car nous logeons sous la tente. Dès
que nous serons mieux je vous écrirai. Je pense à vous.
Bon baisers. R.
Alex a-t-il oublié
la commission que je vous avais demandé de lui faire ?
Reçu hier soir votre
lettre du 22.
Je n’ai pas le temps
d’y répondre ce soir car nous déménageons, et par une pluie diluvienne.
Tendres baisers
Robert.
Ma chère Germaine
Quelques temps déjà
que je n’ai eu de vos nouvelles.
Que devenez-vous.
Avez vous pu voir votre frère. Nous avons un temps superbe depuis hier.
Si ce n’était ce
bruit continuel des canons la vie serait encore supportable. Cettenuit presque
impossible de dormir. Le grondement était effrayant. Tous les monts qui nous
protègent semblaient embrasés et nous pouvons être appelés à monter d’un moment
à l’autre là haut.
Ce serait peut-être
notre bonheur. Une gentille petite blessure. Puis évacués sur Nice ou Vichy,
convalescence, permission. Enfin revoir un peu cette vie que j’ai quitté depuis
17 mois ne serait pas pour me déplaire. Je vous quitte en vous embrassant bien
affectueusement ainsi que Simon. Mes amitiés à votre frère.
Robert.
Robert Fournier a été tué
quelques heures après avoir rédigé cette dernière lettre le 31 mars 1916. Il
n’a jamais connu le premier jour du mois d’avril dont il avait daté sa lettre…
Témoignage sur la mort de Robert Fournier
Témoignage donné par Joanny
Bailly qui écrivit également une lettre à la tante de Robert Fournier pour lui
donner un récit plus complet de la mort de son fils.
Madame
Je m’empresse de
faire réponse à votre demande au sujet de votre cher neveu Mr Robert Fournier
Faucher adjudant chef de la 2e Cie de Mitrailleuses du 158e
d’Inftie disparut le 31 Mars 1916 à L’attaque Allemande dans le Village de Vaux
près de Verdun.
Je connais Monsieur
Robert depuis son arrivée au 158e Infanterie (mot illisible) tous
ses grades depuis chef de (mot illisible) Jusqu’à adjudant chef. Mais soyez
forte chère Madame le malheur a voulu qu’une balle le frappe en plein cœur au
cours de l’attaque.
Il est mort en brave
le vendredi 31 Mars à 4 heures du soir tout près de moi. Je connais très bien
l’endroit.
Sa mort a causé une
vive Emotion parmi les camarades car Monsieur Robert était pour nous un chef
juste et bon. Je sais que votre douleur sera Grande chère Madame surtout qu’il
venait encore de perdre son cher Père il n’y a pas longtemps.
C’est moi qu’il lui
avait encore Porté cette triste nouvelle aux tranchées c’était une dépêche car
j’étais souvent détaché auprès de lui. J’étais agent de liaison à sa Cie. Si
vous désirez chère Madame Recevoir d’autres renseignements sur votre cher neveu
au sujet de ses affaires : cantines ou autres choses je vous donnerai
l’adresse de son ordonnance.
Je n’ai malheureusement
rien pu prendre sur lui. Je n’ai pas eu le temps. Si vous avez autres choses à
demander chère Madame je suis à votre entière disposition.
Votre tout dévoué.
Bailly Joanny
Mon cher Alexandre
Je viens de recevoir
une lettre de Germaine qui m’a fait le plus grand plaisir. Je suis heureux de
te savoir tranquille, près de Germaine et Simon, et pour Maman et Guite qui ont
un soutien sur. Tu connais sans doute le nouveau malheur qui nous a frappé,
notre pauvre petit Frère Robert est mort, j’en ai eu la certitude par un des
témoins de sa fin, qui m’en a fait le récit le plus complet, que je vous dirai
de vive voix.
Je me porte assez
bien.
Je te souhaite bonne
santé, et t’embrasse tendrement avec Germaine et Simon
Contacter
le propriétaire de ces lettres
Retour accueil Retour page
précédente