Carnet de
Route du Soldat Antoine GRILLOT
conducteur
de la roulante (puis cuistot)
du
troisième bataillon du 69e
Régiment d’infanterie
Retranscrit et présenté par Hugues LEBLANC, son arrière
petit-fils.
On oubliera. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. L’image du soldat disparu s’effacera lentement dans le cœur consolé de ceux qui l'aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois.
Roland
Dorgelès. Les Croix de bois
Quelques passages du carnet :
23/09/1915 Ce même jour, je peux visiter les pièces de
marine qui se trouvent à trois cents mètres de nous. Une de 380 dont l’obus à
1,74 m de haut et du poids de 540 kg
20/12/1915 Nous quittons donc Beauséjour où tant de victimes sont tombées et tombent encore. Ce ravin de Marson, qui n’est que cimetière et où pour la fin de la guerre cent mille hommes reposeront
16/08/1916. Avec Conrad, nous allons voir la mer environ
à 3 km. Le port, les falaises et tous ces bateaux à voiles et à vapeur. C’est
grandiose
10/02/1917 Partout dans les plaines et dans les bois, ce
n’est que tombes et trous d’obus. A Mattexey, près du cimetière, une fosse
contient 180 à 190 victimes qui appartenaient au 8ème corps :
86ème et 95ème RI
Mon arrière grand père maternel Antoine Grillot
appartenait au 69ème régiment d’infanterie (Nancy). Ce régiment
faisait partie de la 11ème division, dite division de fer, commandée
en 1914 par Foch. Il fit toute sa guerre comme conducteur de la roulante du
troisième bataillon. « Vous êtes l’âme du bataillon » lui avait dit
la commandant Vétillard, en lui en confiant les clés.
Après la guerre, il reprit ses activités agricole à St
Firmin (Meurthe et Moselle), mais resta très diminué durant toute sa vie car il
avait été gazé pendant la bataille de la Somme.
Décédé en 1964, il laisse le souvenir d’un homme bon et
pieu (il était sacristain). On lit souvent sa peine devant les églises
dévastées qu’il décrit.
Hugues. (2004)
Antoine Grillot
1914 : batailles en Lorraine, en Artois et dans les Flandres
Parti le 1er août de St Firmin. Jusqu ‘au 12, nous occupons les tranchées à Laneuvelotte, Champenoux et Brin. Nous entrons en Lorraine [1] et occupons le village d’Attiloncourt que l’on quitte pour la direction de Morhange.
Les 15 et 16 l’on rencontre les premiers morts. Nous traversons Bézange, Vic et Moyenvic, et le 20 c’est l’attaque. Le 3ème bataillon est en réserve. Le jour suivant, retraite dans le bois, où nous devons soutenir. Départ du bois vers deux heures du matin. Nous battons en retraite sur Arracourt, Haraucourt. Après 24 heures de marche, nous arrivons à St Nicolas. Nous occupons au-dessus de St Nicolas.
Les 25 et 26, attaque de Frescaty et pendant les jours suivants, attaque de la ferme Ste Evre.
Le 3ème bataillon quitte Frescaty en direction de Rosières et Lononcourt où nous couchons quatre nuits. Soutient d’artillerie.
Le 6 septembre, dimanche. Attaque de Deuxville. Terrible journée sous les obus.
Les 10 et 11, attaque dans dans la forêt St Paul où l’on passe les nuits sur le terrain.
Le 12 au matin, nous quittons le bois, traversons Cerceuil et couchons à Dombasle.
Le dimanche 13, nous embarquons pour St Mihiel. De suite, nous retournons à pieds jusque Sanzey. Au repos jusqu’au 19.
Le 20 nous embarquons pour la Somme.
Oise, Pas de Calais, Belgique.
Première bataille de Picardie.
Nous passons par Troyes, Nogent/Seine, Melun, Corbeil, Juvisy, Versailles, le tunnel de Bonnières, Vernon, St Pierre, Rouen.
Débarquement à Poix vers deux heures du matin. Premier cantonnement Moreuil. Nous couchons aux avant-postes Bray/Somme le 24.
Le 25, garde des ponts pour nous et attaque.
Le 26, nous couchons à Suzanne. La 3ème section patrouille dans la nuit.
Le 27, Montauban, attaque de la briqueterie. Nous couchons un peu en arrière du village.
Le 28, attaque de nouveau. Nous quittons la Somme pour le Pas de Calais, avec des autos.
Le 7 octobre, journée terrible sous les obus devant Pronville et 1ère journée des 15 jours de tranchées.
Le 20, cantonnement à St Amand.
Le 21, changement de cantonnement à Humbertcamps jusqu’au 24.
Le 25 nous sommes à Pommiers.
Le 26 nous y couchons.
Le 27, reprise des tranchées devant Berles au bois.
Le 28, à 9 h du matin, attaque de Monchy-au-bois. Relève des tranchées de Monchy le jour de la Toussaint, à 1 h du matin. Cantonnement La Herlière.
Le 3 novembre, marche de nuit, cantonnement à Aubigny.
Le 4, même marche de nuit à Briars.
Le 5 même, cantonnement et embarquement pour la Belgique où nous resterons jusqu’au 16 avril. Nous débarquons à Elverdinge le 6.
Le 7, Ypres, Berles au Bois, Vermozel (tranchées), St Eloi.
Le 1er décembre, infirmerie à Boezinge. Dans les tranchées de Langemark, de Coutekert et de Bikschote jusqu’au mois de février.
Le 17 janvier, attaque au petit jour de Coudekerque. (?)
Le 1er février, repos et vaccination du côté de Proven où l’on reste jusqu’au 18 février. Dans la nuit, départ pour les tranchées du secteur St Julien. Mêmes tranchées de 4 en 4 jours [2] jusqu’au 16 avril, où l’on quitte la Belgique à 4 heures du matin.
Nous traversons Poperingue vers 10 heures. Grande halte à
midi.
Le 17 avril, embarquement à 8 heures du soir à Cassel. Départ du train vers 11 h. nous passons par Calais, Boulogne. Vue de la mer à Etaples, ensuite Brimeux et Anvin où nous débarquons le 18 vers 7 heures du soir. Nous passons ensuite avec les voitures le même jour par Monchy, Wavrans, St Martin et cantonnement à Huclier.
Le 20, départ d’Huclier vers midi, nous passons par Brias. La Thieuloge, Monchy-Breton, Tincques où l’on prend la grande route St Pol-Arras. Cantonnement près du bois.
Le 21, départ pour Mareuil, en tranchées.
Le 28, relève à 8 heures du soir par le 26ème. Cantonnement à Izel les Hameaux.
Le 1er mai à Izel, service pour les défunts.
Le 2, dimanche, visite de Monseigneur.
Le 3, nous quittons Izel pour Hermaville.
Le dimanche 9 mai, départ d’Hermaville vers minuit pour l’attaque. Absolution générale au milieu de la rue. Au matin, attaque vers 7 heures commencée par une terrible canonnade jusque vers 11 heures. Aussitôt, l’infanterie attaque. Nous sommes placés derrière une butte devant Etrun.
Le mardi 11, vers 2 heures de l’après midi, terrible canonnade et fusillade.
Le 21 mai, vers 9 heures du soir, attaque des Allemands.
Le 22, même attaque de leur part. Le même jour, attaque de notre côté.
Le 23, Pentecôte, messe à Etrun.
Le 26, relève, nous attendons attelés jusqu’au matin, dans la sucrerie. Départ et cantonnement pour Frévin-Capelle, près d’Aubigny. Le dimanche de la Trinité, 30, vers 11 heures, départ pour Pénin, en passant par Capelle, Fermont, Aubigny.
Le 9 juin départ de Pénin pour les tranchées. Vers 8 heures du soir, nous arrivons à Mareuil où nous resterons sans relève jusqu’au 2 juillet.
Le 2 juillet, nous quittons Mareuil vers 11 heures du soir sous les obus et nous cantonnons, près d’Avesne le Compte.
Le 3 juillet, repos. Le 4, dès le matin lundi, départ en passant par Luc St Léger, Le Souich, et nous entrons dans la Somme dans Bouquemaison et cantonnement à Neuvillette, où l’on reste 2 jours pour rentrer de nouveau dans le Pas de Calais. Cantonnement à Bonnière.
Le 8 et jours suivants : repos.
Le 13 juillet, nous quittons Bonnière vers 6 heures du matin pour arriver au cantonnement à Conteville dans la Somme, vers midi, après être passé par Villers l’Hôpital, Wavrans, Mazincourt et Conteville.
Le 14 juillet, réveil à 3 heures et départ vers 5 heures. Nous arrivons vers 10 heures à St Riquier, petite ville à quelques kilomètres d’Abbeville. A 3 heures de l’après midi, office et sermon impressionnant. Pluie.
Le 15, départ vers 6 heures du matin pour Erondelle, en passant par Epagne. Nous cantonnons à Erondelle qui se trouve entre la ligne et la rivière. Nous avons laissé Abbeville sur notre droite, à environ 2 km On en aperçoit les plus hauts monuments.
Le 16, réveil à 1 heure du matin, attelé à 2 heures et embarquement à la gare de Pont Rémy près d’Abbeville. Départ du train 8 heures. Nous prenons la ligne de Fontaine, Longpré, St Roch, Amiens. Beauté : la cathédrale d’Amiens avec sa flèche très mince et l’église en dôme du sacré cœur. Après Amiens, Longueau, St Just, St Rémy en l’Eau, Clermont, Laigneville, Creil avec ses usines et son château magnifique au nord de l’Oise, ses carrières. Chantilly, avec sa belle forêt, ses jardins, et le château du duc d’Aumale. Après c’est Gourainville et la banlieue de Paris. Pierrefitte: nous apercevons le Sacré Cœur, la Tour Eiffel et le dôme des Invalides. Puis c’est Neuilly, Nogent le Perreux, Villiers, Gretz, Armanvilliers, Mormant, Grand Puits, Nangis, Maison Rouge, Longueville et c’est la nuit et l’on s’endort. On passe Troyes et d’autres gares pendant le sommeil.
Au matin, le 17, c’est Bologne, Chantreine, Manois, St Blins, Lifol le Grand et Neufchâteau, Châtenois, Rouvres et nous arrivons à Mirecourt à 10 heures du matin. Hymont, Mattaincourt, Racécourt, Dompaire, Darnieulles, Châtel, Nomexy, Vincey et Charmes. Ensuite Bayon où l’on débarque vers 9 heures pour aller cantonner à Tonnoy après avoir passé Neuviller / Moselle et Crèvechamp. Départ de René.
Le 20, repos même endroit.
Le 21 repos, id.
Le 22, douce et émotionnante, la joie de revoir sa famille, ses chers enfants. Jour trop court.
Le 23, toujours repos, le 24 de même.
Le 25, douce journée passée avec Louise et Joseph.
Le 26, coup de pied [3]Les 27, 28, 29 30 : id.
Parti le 2 août en permission, jusqu’au 10.
Le 24 août, grande revue du Président, de Joffre, Millerand,, des généraux étrangers, et le Roi Albert de Belgique [4].
Le samedi 28 août : alerte, se tenir prêt.
Le dimanche 29, réveil 2 heures et demie et départ de Tonnoy pour Bayon à 6 heures du matin. Douce visite de Louise, papa, maman.
Le lundi, réveil à minuit et embarquement à Bayon même. Départ du train à 6 heures du matin pour débarquer vers 7 heures du soir à Vitry la Ville, près de Châlons et de suite partir cantonner à Moivre à environ 20 km. Arrivée vers 1 heure du matin.
Le mardi 31, départ à 8 heures du soir de Moivre pour prendre le bivouac dans les bois. Arrivée à 5 heures du matin. Journée de repos.
Le 1er septembre, nous sommes donc au bivouac près de Beauséjour. Repos la journée, et vers 7 heures départ aux tranchées : de nouveau triste spectacle au milieu de champs entiers de morts. Il y a un homme de la ligne dans des ravins énormes.
Après 7 jours de tranchées, nous sommes relevés le 9 au soir. Nous arrivons le 10 vers les 5 heures du matin entre ...et St Jean. Visites à plusieurs reprise d’Albert [5]. Le dimanche 12, messe en plein air par le père Coeucace.
Noms des villages environnants notre secteur de Beauséjour : le plus rapproché de la ligne de feu est Minaucourt, ensuite Wargemoulins, Laval/Tourbes, St Jean, Hans. Cantonnement d’Albert : Sommebionne, Valmy. Ville la plus proche : Ste Menehould.
Donc du 9 septembre au 18 au soir, après un repos de 9 jours, nous reprenons le chemin des tranchées. Cette fois nous restons à Laval.
Dimanche 19 passé sans office. Un moment libre, et je vais à l’église restée intacte prier et jouer de l’harmonium.
Le lundi 20, nous quittons Laval vers midi pour aller bivouaquer à gauche de Wargemoulins, sous les sapins.
Mardi 21, vers le soir : très vive canonnade.
Le mercredi 22, attaque de droite à gauche, dès le matin et toute la journée.
Le jeudi
23, la canonnade continue toujours avec plus de violence. Ce même jour, je
peux visiter les pièces de marine qui se trouvent à trois cents mètres de nous.
Une de 380 dont l’obus à 1,74 m de haut et du poids de 540 kg. Il y a une autre
pièce moins grosse : calibre 155 avec une longueur de 7 m. Ces pièces sont
monstres, une par sa grosseur, l’autre par sa taille. Toutes deux sont posées
sur une plate forme en ciment et pivot.
Le
vendredi 24, la
canonnade se poursuit avec acharnement. Ces grosses pièces commencent leurs
tirs. Quatre de ces pièces de marine sont à longue portée, calibre 160, dont
l’obus pèse 52 kg.
Elles
tirent sur une gare d’approvisionnement des boches Deux pièces de 380 servent à
démolir les fortins.
Elles ne portent
qu’à 10 km maximum, et l’obus pénètre de 8 à 10 m de profondeur.
La détonation de ces pièces est terrible et l’on voit très
bien l’obus. On peut le suivre pendant une dizaine de secondes.
Même jour vers 11 heures du matin, attaque violente de l’artillerie que je peux voir d’une crête; et fausse attaque de l’infanterie.
Le samedi 25, fête de St Firmin. Grand jour. Attaque générale. Dès le matin, l’artillerie redonne avec violence.
Vers 11 heures, attaque de l’infanterie, dont je ne sais les résultats. Vers midi, je peux voir Albert près de Wargemoulins. Nous allons de suite voir tirer la grosse pièce. De toute la journée, une pluie douce ne cesse de tomber. Malgré le mauvais temps, nos troupes parviennent aux lignes de tranchées et font beaucoup de prisonniers. Malheureusement, le 3ème bataillon perd ses officiers. Seuls, trois sous-lieutenants restent de la 1ère journée.
Le dimanche
26, l’attaque se poursuit nuit et jour. Je vois de nouveau Albert qui se
trouve à un km de moi sur une butte près du pays de Wargemoulins. Le temps
semble se lever pour la journée. Vers la nuit, de nouveau la pluie. Malgré le
mauvais temps, les attaques se poursuivent nuit et jour.
Le lundi 27, dès le matin, violente canonnade C’est terrible ce qui se passe depuis quelques jours. Que de victimes ! A chaque instant, l’on voit des prisonniers, les uns portant leur mitrailleuse. La journée se poursuit avec acharnement, c’est un bruit terrible, que de victimes !
Sont avec nous les 11ème et 16ème corps, les 2ème et 4ème chasseurs, et une division de Marocains.[6]
Mardi 28, nous quittons les sapins pour Laval. Attente de la relève qui aura peut être lieu demain.
Mercredi 29, St Michel. Qu’il nous donne la victoire !
Jeudi 30 septembre, l’attaque continue nuit et jour avec violence. Sans arrêt des troupes passent renforcées ainsi que de nombreux blessés et des prisonniers. Nous sommes toujours à Laval. Je vais aux champs avec les chevaux. Journées mémorables du 29 au 30 septembre.
Le 1er octobre, aucun changement après une nuit froide mêlée de pluie. La journée se passe sous un soleil bienfaisant. Visite d’Albert.
Le samedi 2, duel d’artillerie. Température : gelée blanche suivie d’une chaude journée. Visite d’Albert. Pendant ces jours, l’artillerie reprend de nouvelles positions.
Le dimanche 3, j’ai pu assister à la sainte messe dans la pauvre église de Laval, sans vitraux, remplie de paille, et où sont couchés une trentaine de blessés.
Les marmites [7] tombent sur Minaucourt, Albert s’en dérobe en venant me voir. Depuis le premier, gelée le matin, et beau soleil, même chaud.
Le lundi 4, toujours attaque d’artillerie, suivie de fusillades.
Le mardi 5, tirs d’artillerie. A 23 heures, l’artillerie ouvre un feu terrible sur les tranchées et c’est l’attaque.
Le mercredi 6, toute la nuit, c’est une canonnade effrayante, à laquelle succède l’infanterie au matin. Des positions sont prises, et un bon nombre de prisonniers que je peux voir à Laval même. Le reste de la journée est assez tranquille. Cette deuxième attaque qui a causé bien des victimes, reste sans succès, car dans la journée même, nous perdons ce que nous avions conquis le matin.
Le vendredi 8, la situation semble progresser car une compagnie de 220 boches est faite prisonnière. Je puis les voir à Laval.
Le samedi 9, journée assez calme.
Le dimanche 10, relève des tranchées vers 2 heures du matin, attelé vers les 6 heures pour Wargemoulins, au devant du commandant Vétillard; et de là, direction Hans à 6 km, petit village que les obus semblent encore frôler, et dont l’église est transformée en hôpital.
Le lundi 11, nous cantonnons à Hans. Rencontre d’Albert, de René et de M. Vautrin.
Le mardi 12, la journée se passe au même cantonnement de Hans.
Mercredi 13, même cantonnement.
Jeudi 14, à 9 heures, service pour les victimes tombées au champ d’honneur.
Description de l’église : monument
historique très ancien. Un vitrail représente l’église en réparation en l’an 1206.
Témoignage de faits historiques et marques sur les vitraux et les ex-voto. La
voûte n’existe plus depuis 1792. Durant la bataille de Valmy, qui se trouve à 3
km de là, elle s’est écroulée, et aujourd’hui, un plancher en forme le haut.
Les fonts baptismaux sont en forme de vaisseaux, en marbre, montés sur des
socles. Un est dédié aux Maréchaux de St Amand, Carobert et Le Bœuf. De chaque
côté se trouvent des tombeaux dont les noms suivent : Henri de Val, comte
de Dampierre, baron de Hans décédé en 1856, général de division ; comtesse
de Dampierre Sophie Gabrielle Ambroisine de Barbançois décédée de 2 juillet
1840 quelques jours après la mort de sa fille aînée Gabrielle Caroline du Val
de Dampierre.
Vendredi 15, réveil à 3 heures, départ à 4 de Hans et reprise des tranchées. Les voitures restent à Wargemoulins.
Samedi 16, réveil sonné par les obus vers les 5 heures. Le plus près tombe à 25 m de ma voiture. A cent mètres, deux hommes et deux chevaux sont tués. On les conduit à l’église où une messe est dite à ces chères âmes, dont l’une laisse 5 orphelins.
Dimanche 17, petite messe à 9 heures à Wargemoulins même. Dans cette chère petite église où il ne reste plus que des débris de vitraux, on remarque comme à St Firmin, la Sainte Cène d’une seule pierre.
Le lundi 18, vive canonnade tout le jour et sur nous toute la nuit.
Le mardi 19, journée ordinaire.
Le mercredi 20, canonnade de la nuit sur nous : 7 morts, 2 blessés et 6 chevaux tués.
Le jeudi 21, canonnade. Vendredi 22, visite d’Albert.
Samedi 23, même situation.
Dimanche 24, attaque partielle du 69ème, dont nous n’avons qu’à déplorer les pertes.
Lundi 25 : sans résultat.
Mardi 26, relève des tranchées pour Hans où nous arrivons vers 3 heures. Nuit blanche.
Mercredi 27, anniversaire du cher Paul. Jeudi 28, vendredi 29 : repos. Samedi 30, visite d’Albert.
Dimanche 31, à 6 heures, confession et communion avec René. 10 heures grande messe à laquelle assiste Balfourier [8]. Reprise des tranchées pour Albert. A 6 heures, office du soir.
Suite de la description de l’église : c’est
également au quartier général de Hans que Brunswick signa son ordre de retraite
du territoire français, après la bataille de Valmy en 1792. Aux mêmes vitraux,
cette inscription : Station des Huns d’Attila après leur défaite de
Mavriac en 451. Devant l’autel de la Ste Vierge, se trouve le tombeau de la
haute et puissante Demoiselle Marie Charlotte de Valk de Dampierre, morte le 30
septembre 1742, âgée de 42 ans. Tous ces faits reproduits tels que dans
l’église.
Lundi 1er, Toussaint. A 6 heures, messe de communion, à laquelle René et moi avons le bonheur de communier. A 10 heures, messe solennelle où se trouve un grand nombre d’officier, Balfourier en tête.
2 heures : départ de Hans pour la reprise des tranchées. Arrivés pour la nuit à Wargemoulins où nous restons.
Le 2, je peux assister à la messe pour nos chers défunts.
Mercredi 3, visite d’Albert vers la nuit. Attaque contre les boches, soutenue par un violent bombardement de la part de notre artillerie ; et qui se continue presque toute la nuit.
Le jeudi 4 au jour, bombardement sur nous, Wargemoulins et Laval. Environ 25 obus tombent près de nous, dont l’un tue 8 chevaux et en blesse 6.
Vendredi 5, attaque des boches arrêtée par notre artillerie.
Samedi 6, assez calme.
Dimanche 7, messe à 9 heures, par des artistes. Ce même jour, relève. Nous quittons Wargemoulins à minuit. Arrivé à Hans vers les deux heures.
Lundi, repos, qui est le 8, et visite d’Albert.
Mardi 9, mercredi 10 : décoration pour René.
Jeudi 11 : fonction d’enfant de chœur.
Vendredi : St René.
Le 12, pluie.
Samedi 13, à 13 heures, départ pour les tranchées.
Dimanche 14 : pluie et premières neiges. A 9 heures, messe et visite d’Albert.
Le lundi 15, neige toute la journée. Mardi 16 : gelée. Mercredi 17, jeudi 18 : calme.
Vendredi 19, relève, nous quittons Wargemoulins vers les 8 heures pour Hans.Samedi 20, visite d’Albert.
Dimanche 21, grande messe à 10 heures à laquelle assistait Balfourier.
25, repos. Ce même jour vers 4 heures, départ pour les tranchées. Pour nous Wargemoulins. Depuis la dernière reprise, le secteur est plus tranquille, donc moins dangereux.
26, 27, 28, 29, 30 et mercredi 1er décembre, journée assez calmes.
Ce même jour relève, relève vers minuit. Nous quittons Wargemoulins. Nous passons par Laval, St Jean, Somme-Tourbe, Somme-Bionne et nous arrivons à Hans à 4 heures du matin, couché 5 heures pour une nuit très mauvaise. Tempête, vent et pluie.
Le 2 repos, 3 : id., 4 : id.
Le dimanche 5, grande messe à 10 heures à laquelle assiste Balfourier. Sermon du chanoine Hocquart.
Lundi : repos, qui est le 6.
Mardi 7, vers 10 heures, reprise des tranchées en passant par le détour de Somme-Bionne.
Du 6 au 8, violente canonnade jour et nuit, vers la butte du Ménil.
Mercredi 8, fête de l’Immaculée Conception.
Le 9, vers 6 heures du soir, violente canonnade. 10, 11, 12 dans les tranchées ; 13 qui est la relève. Arrivée à Hans vers minuit. Jusqu’au 18, repos à Hans.
Le dimanche 19, réveil à 4 heures, départ du secteur à 8 heures du matin pour l’arrière. Nous passons par Valmy, près de la statue de Kellermann. Gisaucourt, cantonnement d’Albert, Voilemont. Nous laissons Ste Ménéhoult à une dizaine de km pour prendre la direction de Vitry le François. Après Voilemont, Dampierre-le-Château, Dommartin/Yèvre où l’on fait grande halte. Ensuite, Noirlieu, Bussy-le-Repos et nous arrivons à 7 heures du soir pour coucher à Vanneau–le-Châtel, après avoir fait 35 km.
Le lundi 20, réveil 6 heures, départ 9 heures. L’on passe par Bassu, Bassuet, Changy, Outrepont, Ponthion, Brusson, et nous arrivons pour cantonner à Reims-la-Brûlée, à 7 km de Vitry–le-François et à 200 m de la grande ligne Paris-Nancy.
Nous quittons donc Beauséjour où tant de victimes sont tombées et tombent encore. Ce ravin de Marson, qui n’est que cimetière et où pour la fin de la guerre cent mille hommes reposeront [9].
Mardi 21, repos. Même cantonnement à Reims la Brûlée. Neige.
Mercredi 22, id.
Mercredi 23, l’on entend très fort le canon pourtant à 50 km de la ligne de feu.
Vendredi 24, veillée de Noël, souper et messe de minuit.
Samedi de Noël, 10 heures : grande messe, 3 heures, sermon et bénédiction.
Dimanche 26, embarquement à Blesme à 18 heures. De Reims
la Brûlée, départ du cantonnement 11 heures du soir. Départ du train, lundi 6
heures du matin, arrivé Vézelise 7 heures du soir. Cantonnement à Xirocourt.
Permission de 6 jours. Du 3 au 9...repos. Tout le mois se passe au repos. Xirocourt jusqu’au 26, et après Lorey jusqu’au 10 février.
Quitté Lorey le 10 février dès le matin pour se rendre à Art sur Meurthe. Le 11, direction et cantonnement à Courbesseaux.
Le 12, même cantonnement.
Le 13, direction les tranchées, cantonnement à Hoéville. Le secteur est tranquille, bien que n’étant qu’à 5 km des premières lignes, et reste presque intact sauf l’église brûlée complètement. Les cloches, dont l’une est à moitié fondue, sont tombées au-dessus du portail.
Le 26, relève, arrivé au cantonnement vers 11 heures du soir à Serres, où nous avions cantonné le 14 août 1914. L’église est complètement en ruine. Une cloche est restée presque intacte suspendue à 0,30 m du sol au milieu des ruines (1).
C’est à Serres dans la mairie, que Joffre et De Castelnau écrivaient à l’offensive de Morhange. C’est à Serres que les boches sont restés pendant 22 jours au cours de cette retraite.
A propos de l’attaque de Verdun
[10]:
C’est le 21 février, après un bombardement de 110 (cent-dix) heures, c’est l’attaque allemande par vagues. 5 sont fauchées par nos 75, et la sixième traverse nos lignes et arrive devant Douaumont qui est pris est repris à plusieurs reprises. C’est le 22 ou 23 que le colonel Driant [11] disparaîtra dans les bois. Alors qu’il allait être contourné, il commanda la retraite. Les attaques se poursuivent sur le fort de Douaumont.
Deux divisions du XXème corps se portent comme renfort : la 39ème de Toul et la division étrangère de zouaves, les chasseurs à pied, le 418ème. La 11ème , nous restons en position devant Bézange.
Le 8 mars, la bataille se déplace, se portant sur la côte de l’oie et le bois des Corbeaux. [Ecrit le 8 Mars].
Louis Legras décédé le 28 février 1916.
Le 12 mars, nous quittons Hoéville à 4 heures du matin. Il faut rechercher la voiture au poste du commandant, près de l’étang. Même jour, nous quittons le chalet à 8 heures du soir et départ d’Hoéville à 1 heure du matin. Direction et cantonnement à Laneuveville devant Nancy où nous arrivons à 7 heures du matin, le même jour c’est à dire le 14.
Embarquement à Jarville, train de 8 heures du soir. Débarquement en gare de Revigny (Meuse) à 7 heures du matin, qui est le 15. Cantonnement à 2 km de Revigny, à Contrisson. Donc 2 nuits blanches. Villages environnants brûlés, tel que Sermaize.
16, même cantonnement à Contrisson, assez beau village. L’église a un orgue et en dessous du maître-autel, le St Sépulcre.
17, 18, 19 et 20, repos à Contrisson.
Le 21, nous quittons Contrisson pour nous rendre à Louppy le Château, en passant par Revigny et Laimont. De tous ces villages, il ne reste que des ruines.
Le 22, nous quittons Louppy, dernier pays de cantonnement vers 7 heures. Nous traversons les villages de Vilotte/Aire, Vaubécourt, Evres et nous arrivons à Fleury/Aire par une averse de pluie et de gresillades à 13 heures.
Le 23, nous quittons Fleury à 7 heures : direction la ligne de feu. Terrain accidenté, il faut doubler les chevaux, et en passant par Brocourt, nous arrivons au bois St Pierre à l’est du pays, où nous restons jusqu’au lundi 27. Ce même jour, vers 15 heures, nous quittons le bois pour 24 heures pour nous rendre à Dombasle en Argonne au repos du bataillon. La nuit et la journée du 28, bombardement sur le pays. Ce même jour, nous quittons le pays sous les obus. Retour dans notre bois.
Mercredi 29, toute la nuit surtout, terrible bombardement qui se continue. Il est 19 heures à l’instant où j’écris ces lignes sur le devant de la voiture où je couche. Le bombardement se poursuit. Ce soir le bataillon de réserve passe aux tranchées. Pluie et froid.
Jeudi 30, belle journée. A 13 heures, alerte pour quitter le bois. Une fois attelé, contre-ordre. Vive action d’artillerie. C’est dans la nuit du 30 au 31 que René [12] est fait prisonnier.
Vendredi 31, la nuit nous perdons une compagnie (prisonnière). Plusieurs officiers sont tués.
Lundi 1er, très forte
canonnade vers Verdun et des avions viennent nous jeter des bombes à plusieurs
reprises.
Dimanche 2, canonnade très violente à
notre droite, c’est à dire vers Verdun. Nous sommes devant Malancourt. Comme
pertes : 16 officiers sont hors de combat, dont plusieurs tués. Capitaine
Casin, lieutenant Muler, lieutenant Curuel. Le capitaine Lesne est blessé.
Nous occupons toujours notre bois St Pierre.
Lundi 3, belle et chaude journée,
toujours la canonnade.
Mardi 4, dans la nuit et tout le jour,
très forte canonnade, pluie.
Mercredi 5, brouillard, journée assez
calme.
Jeudi 6, relève vers 7 heures. Nous
quittons le bois St Pierre pour camper à Jubécourt. Nous attendons les
bataillons. Hélas, étant cernés, la relève n’a pu se faire. Resteront-ils
prisonniers ?
Vendredi vers 8 heures, nous quittons Jubécourt, et
nous passons par Ippécourt, St André en Barrois, Amblaincourt, Séraucourt où
nous passons la nuit au bivouac.
Samedi 8. L’on se remet en marche pour
Robert-Espagne, près de Bar-le-Duc, notre cantonnement ; après être passé
par Rambercourt, Condé, Louppy-le-Petit, Mussey. Tous ces pays sont anéantis et
brûlés.
Le dimanche 9. Cantonnement à
Robert-Espagne, qui est un beau pays (orgue). A 10 heures, grande messe à
laquelle je puis assister. (Dimanche de la Passion).
Lundi 10. Au repos. L’on entend un
roulement de canon.
Mardi 11. Service solennel pour les
morts. Allocutions. Jeudi 13. Même journée.
Vendredi 14. Douce visite de Louise qui
m’arrive vers 18 heures.
Samedi 15. Dimanche 16 : Rameaux.
Lundi 17. heureuse journée passée
ensemble chez M. Dazier, à Robert-Espagne (Meuse).
Mardi 18. A 7 heures, départ du train.
L’on se sépare une fois de plus.
Mercredi saint 19. Repos. Revue du
Général divisionnaire.
Jeudi saint 20. Grand messe à 8 heures.
Vendredi saint 21. Départ de
Robert-Espagne à 10 heures pour embarquer vers 13 heures à Mussey. Départ du
train 17 heures. Ligne de Paris par Revigny, Sermaize, Blesme, Reims-la-Brûlée
notre ancien cantonnement, Vitry-le-François, Vitry-la-Ville, Epernay,
Château-Thierry que nous passons le samedi à la première heure du matin. Au
petit jour, nous sommes à Noisy le Sec, Pantin et Paris St Denis. Ensuite, l’on
prend la ligne du Nord par Espinay, Villeneuve, Montigny Epluches, Chambley,
Méru, Beauvais avec sa cathédrale et ses fossés, Milly, St Omer,
Crèvecoeur-le-Grand, et nous débarquons à Conty (Somme) vers 15 heures. Après
avoir fait 15 km, nous arrivons pour la nuit à Estrées, à 12 km d’Amiens.
Pluie et neige tout le mois jusqu’au jour de Pâques.
Le 23, jour de Pâques. grand messe à 9
heures, seul office de toute la journée.
Lundi 24. Repos. Arrivée du renfort de
800 hommes.
Mardi 25. Repos. Beau temps.
Mercredi 26. Id. L’on reçoit encore 400
hommes de renfort.
Jeudi 27. Id. Id. Pays
environnants : Estrées où se fait la promenade des chevaux. Jumel, séparé
par la rivière Somme de Ailly/Noye, Sains.
Vendredi 28. Repos.
Samedi 29. Repos. Visite du général
Balfourier.
Dimanche 30. Chaleur et orage. Communion.
Lundi 1er. Repos.
Mardi 2. Id. Pluie douce.
Mercredi 3. Repos. Beau temps.
Jeudi 4. Id.
Vendredi 5. Très forte canonnade sur
notre droite.
Samedi 6 et dimanche 7. Repos et pluie.
Lundi 8. Alerte : les voitures
prêtent à partir.
Mardi 9. Départ d’Estrées vers 6 heures
pour Ferrières, à 8 km d’Amiens.
Mercredi 10 repos.
Jeudi 11. Permission de 6 jours. Gare de départ
Saleux. Arrivé le vendredi 12 à St Firmin à 9 heures du soir.
Jusqu’au vendredi 19, la permission s’écoule rapidement
et le même jour il faut reprendre le chemin du retour par la ligne de Paris, et
la ligne du Nord par Argenteuil, Creil, Beauvais, et nous arrivons le dimanche
21 à 8 heures du soir à Saleux et à la voiture vers les 11 heures du soir.
Lundi 22. Toujours même cantonnement à
Ferrières.
Mardi 23. Repos à Ferrières.
Mercredi 24. Id
Jeudi 25. Id
Vendredi 26. Id
Samedi
27. J’ai
le bonheur de visiter la cathédrale d’Amiens. Sa beauté, son architecture, ses
tombeaux, le maître-autel, la chaire, ses grottes autour du chœur et ses
stalles avec la stalle principale.
Dimanche 28. Repos même cantonnement.
Lundi 29.Id
Mardi 30. Id
Mercredi 31. Id
1er . Fête de l’Ascension.
Réveil à 3 heures et demie et départ de Ferrières vers les 6 heures, arrivés au
cantonnement vers 11 heures à Blangy. Pour nous y rendre, nous filons devant
nos généraux de division et de brigade.
Ainsi se passe ce jour de l’Ascension. Au pays ont été ramenés les
débris de 3 aéros. 1ère étape.
Le 2. Sortie de Blangy vers 7 heures pour
nous rendre à Hamelet vers les 11 heures. Nous approchons de la ligne de feu. 2ème
étape.
Le 3. Départ de Blangy 7 heures pour
arriver à 11 heures à Morcourt. Rencontre d’Albert revenant de permission. 3ème
étape.
Dimanche 4. Fête de Jeanne d’Arc. Messe à
6 heures. Départ pour la 4ème étape à 7 heures. Arrivée pour 10
heures devant Laneuveville et Bray. Bivouac jusqu’au soir. A 18 heures,
direction les tranchées par Bray et Cappy. Nous bivouaquons sur le canal, près
de Suzanne, à 1800 mètres des premières lignes. Avec le 1er corps
colonial, nous formons pivot avec les Anglais. Nous couchons près de la
voiture, l’intérieur étant occupé par le Commandant et le Capitaine Desnoyelle.
Le lundi 5. Journée calme, ainsi que le
secteur.
Dans la Nuit du 5 au 6, terrible bombardement de la
part des Anglais sur notre gauche. La journée du mardi 6 est assez calme.
Mercredi 7. Assez calme. Grand vent et
pluie depuis 3 jours.
Jeudi 8. Journée calme. Vers le soir
alerte. Sans départ. Pluie.
Vendredi 9 : même chose.
Samedi 10. vers midi, orage. Pluie le
reste du jour.
Dimanche 11. Pentecôte. Messe basse par le père Carreaux dans un
abri de bombardement. Nous restons au bord du canal toute la journée. Averses.
Lundi 12. Jour calme. Vent et pluie
douce.
Mardi 13. A 9 heures du soir, nous
quittons la passerelle du canal pour nous rendre au repos à Méricourt, où se
trouve Albert. Arrivé à Méricourt minuit par la pluie.
Mercredi 14. Entrevue avec Albert. Pluie.
Jeudi 15. Avec Albert, nous recevons l’heureuse
nouvelle de René.
Vendredi 16. Repos. Le beau temps
revient.
Samedi 17. Id. Violente canonnade.
Trinité 18. Messe, beau temps.
Lundi 19. Temps couvert, même repos.
Mardi 20. Visite des trois canonnières
sur le canal. Canons de 140.
Mercredi 21. De même. Depuis quelques
jours, quantité de pièces lourdes ne cessent de passer jour et nuit.
Jeudi 22. Accident. Coucy, de la liaison,
se noie au canal.
Vendredi 23. Vers 16 heures : orage.
Passage de troupes Noires. Des tracteurs amènent des grosses pièces. des obus
de 320 au poids de 402 kg.
Dimanche 25. Grande messe à 2 heures.
Vêpres solennelles. Ont communié nos généraux. Le Général Wilmot de la 11ème,
remplaçant de Ferry qui nous commandait à Verdun. Général de corps d’armée
Balfourier, et général d’armée Fayolle.
Pour l’attaque qui se prépare, il y a des fusils
mitrailleurs, des canons de 37, des 75 traînés par 6 hommes.
Lundi 26. Temps orageux. Terrible
bombardement. Vers 16 heures, c’est l’attaque. C’est l’enfer déchaîné. Que Dieu
nous protège !
Mardi 27 à 16 heures, nous quittons
Méricourt. Conduire la cuisine jusque Cappy. Ensuite revenir à
Laneuville-lès-Bray et Bray / Somme pour minuit.
Mercredi 28. Pluie. Le bombardement
continue nuit et jour.
Jeudi 29. Toujours canonnade très vive.
Vendredi 30. Veille de l’attaque.
Canonnade terrible. 18 saucisses [13]
s’aperçoivent.
Samedi 1er. Grand
jour d’attaque après 5 jours de bombardement. La canonnade devient
épouvantable. Les Anglais attaquent les 1ers. Pour nous, ordre
d’être en première vague. 2 compagnies de 3ème bataillon du
Commandant Vétillard (69ème RI) et 2 compagnies du Commandant Wilé (
26ème RI) sont avec nous,
ainsi que les 2ème et 4ème chasseurs, le 418ème
RI, le 9ème zouave, l’infanterie de marine et les Noirs. Toute la
journée la canonnade se poursuit avec violence. L’infanterie est engagée. Vers
le soir, l’avance est de 2 km pour nous. Carnoy et Montauban sont repris par
les Anglais.
Dimanche 2. Dès le matin,
c’est la calme. Visite d’Albert un peu rétabli. Vers midi, la canonnade reprend
avec violence toute la journée et toute la nuit.
Lundi 3. Le bombardement
continue avec violence. A la nuit, c’est le calme le plus complet sur Curlu,
Frize et Vaux / Somme.
Le mardi 4, les saucisses sont
avancées de 5 heures à 6 heures. Nous sommes devant Péronne. Rien ne résiste au
tir terrible et puissant de l’artillerie. L’infanterie avance sans difficulté
et surtout sans perte.
Emplacement du XXème corps : près des Anglais se
trouve la 39ème division, puis la 11ème, ensuite
l’infanterie de marine
Mercredi 5. Visite d’Albert.
La canonnade se poursuit avec des attaques. Malheureusement, les Anglais
restent embourbés.
Jeudi 6. L’attaque se
poursuit.
Vendredi 7. Des canons de gros
calibres sont reconduits brisés.
Samedi 8. Violente canonnade
et attaque. Visite d’Albert.
Dimanche 9. Bombardements et
attaques se continuent. Vers le soir, je vais visiter l’église de Bray.
L’intérieur est du même genre que celle de St Firmin, avec le chœur plus grand.
La base du maître autel est la même que celle de l’église de Wargemoulins. La
Cène. Pour la musique : un orgue.
Un avion boche met le feu à une saucisse avec sa
mitrailleuse; près de nous.
Lundi 10. Terrible
bombardement toute la journée.
Mardi 11. De même.
Mercredi 12. Relève vers les
premières heures par le bataillon qui arrive près de nous. Bataillon de
chasseurs alpins.
Jeudi 13. Repos pris devant
Laneuville-lès-Bray.
Vendredi 14. Au petit jour,
terrible bombardement et attaque des alpins et des Anglais.
Samedi 15. la canonnade se
poursuit.
Dimanche 16. Visite au camp
anglais près de Bray, avec Albert. Pluie.
Lundi 17. canonnades. Temps
sombre.
Mardi 18. Visite à Bray de
Poincaré accompagné de Joffre et Castelnau.
Mercredi 19. Temps sombre,
sans soleil. Bombardement. Préparation d’attaque.
Jeudi 20. Attaque. Prise de
prisonniers, environ un millier, dont plusieurs officiers, passent près de nous.
Soleil. Vers 11 heures, une dizaine d’obus arrivent sur Bray et Laneuville-lès-
Bray dont un sur la mairie qui sert de poste de secours. Plusieurs soldats sont
tués ou blessés. L’attaque et le bombardement se poursuivent. Visite d’Albert.
Vendredi 21. Bombardement sur
notre camp entre Froissy et Laneuville-lès-Bray. Dix morts. Quinze chevaux sont
aussi victimes.
Samedi 22. relève par le 7ème
corps vers les 3 heures. Arrivé du bataillon à Laneuville lès Bray vers les 6
heures. Casse-croûte et départ vers 11 heures par Bray dans le camp au bois des
Célestins, près de Cerisy.
Dimanche 23. Repos dans ce
camp, près de l’aviation anglaise.
Lundi 24. Repos même endroit.
Visite d’Albert.
Mardi 25, alerte et départ
vers 16 heures. Nous conduisons la voiture entre Curlu et Vaux et nous revenons
dans les marais près de Suzanne.
Mercredi 26. Nous restons dans
les marais. Des obus tombent tout autour de nous.
Nous quittons Suzanne pour venir à Bray au train de
combat.
Le 28, nous quittons Bray pour
le camp des Célestins. Voiture en réparation pour la flèche.
Le samedi 29. la journée se
passe en réparation de la voiture.
Dimanche 30. Id. Bombardement
vers 4 heures du matin. Attaque de notre part sur Maurepas. A droite, notre
bataillon est arrivé à son but, mais est obligé de battre en retraite laissant
beaucoup de victimes parmi lesquelles le Major Weis, tué d’une balle et le
Capitaine Huin.. Sont blessés : sous-lieutenant Louis, sous-lieutenant
Vézillard, sous-lieutenant Dubleuil et tant d’autres. C’est fou.
Avant l’attaque, 2 heures du matin, messe par le père
Carreaux, blessé lui-même au cours de l’attaque en ramenant le sous-lieutenant
Louis. Notre commandant pleure ses victimes.
A signaler, 2 jours avant l’attaque, le Général de
brigade Mary est relevé pour avoir refusé d’attaquer.
Lundi 31. Nous sommes toujours
en réparation de la voiture. Depuis 2 jours, il fait très chaud.
Le 1er Nous
quittons le train régimentaire pour Suzanne où le bataillon est au repos.
Le 2. Nous restons près de
Suzanne. Dans le cours de la nuit, un énorme dépôt de munitions (80 000 obus et
des fusées) saute. Une énorme gerbe illumine le ciel.
Le 3, vers 10 heures du soir,
des marais de Suzanne, nous montons la cuisine au bois à côté de l’endroit où
se trouve le bataillon en réserve. Visite du Général Balfourier.
Le 4, deux dépôts de munitions
sautent de nouveau pendant le jour. Vers la nuit, violent bombardement sur
notre gauche, c’est à dire vers les Anglais.
Samedi 5. Journée assez calme.
Vers le soir, bombardement. Les obus nous arrivent au pied du bois.
Dimanche 6. Messe au 262, à la
lisière du bois. Visite d’Albert.
Lundi 7. Violente canonnade à
15 heures. Attaque par le 37ème RI. Les obus suivent jusqu’à nous.
Mardi 8. même chose.
Mercredi 9. nous quittons à 7
heures les ravins de Suzanne pour nous rendre au repos dans les baraquements
entre Aubigny et Fouilloy. Forte chaleur. Arrivée vers 13 heures.
Le jeudi 10. Pluie douce et
repos.
Le vendredi 11. Temps couvert
et repos.
Samedi 12. id.
Dimanche 13. Messe dessous les
arbres. Dans le diocèse d’Amiens, les chantres sont revêtus d’une chappe.
Repos.
Lundi 14. préparations veille
de départ.
Mardi 15. Assomption. Réveil 3
heures, départ 5 heures. Direction et embarquement à Boves, à environ 12 km
d’Aubigny. Départ du train 13 heures pour débarquer à 20 heures à Arc la
bataille, près de Dieppe, après être passés par Amiens, Abbeville et Arques.
Cantonnement aux portes de Dieppe, à Etran.
Mercredi 16. Avec Conrad, nous
allons voir la mer environ à 3 km. Le port, les falaises et tous ces bateaux à
voiles et à vapeur. C’est grandiose. C’est l’immensité d’eau. Sur le rocher
dominant la mer, une chapelle : Notre Dame de Bonsecours. Vers 18 heures,
nous retournons voir le flux. La marée a 7 à 8 mètres de haut. Sur une longueur
de 100 mètres, le fond est à sec. Ce n’est que gros rochers auxquels sont
attachées des moules. Il y a des crabes.
Jeudi 17 et vendredi 18.
Repos.
Samedi 19. Visite de Dieppe et
bain. Aux environs de Dieppe : terrains accidentés. Pays
environnants : Etran qui est notre cantonnement, Ancourt.
Dimanche 20. Garde à la
voiture.
Lundi 21. Baignade. Mer
agitée. Visite de la cathédrale. Le St Sépulcre a des personnages grandeur
nature.
Mardi 22. Repos.
Mercredi 23. Rentrage de
gerbes.
Mercredi 24. Revue du Général
de division, sur la plage.
Vendredi 25. Repos.
Samedi 26. Repos.
Dimanche 27. Sortie au bord de
la mer, qui est agitée. Visite de la ville. A 3 heures, visite à St Jacques.
Lundi 28. Repos.
Mardi 29. Départ pour une
permission de 10 jours. Gare de Dieppe, 7.30 heures du matin. Le train passe
par Pontoise, Paris, Meaux, Epernay, Châlon, Bar le Duc, Toul et Nancy.
Rentrée de permission, le 9 septembre à 7 deux heures
du matin. Le 7 et 8, visite de Paris : Montmartre, Champs de mars,
Concorde, Madeleine.
Le 10, dimanche. Messe à Notre
Dame du Pollet.
Lundi 11 et mardi 12. Repos.
Mercredi 13. promenade avec
Colin à la plage.
Jeudi 14. Grande revue. 15 et
16 repos.
Dimanche 17. Service des morts
à St Jacques à Dieppe.
Jusqu’au 22, repos.
Samedi 23. Visite d’Albert.
Excursion à Dieppe et à la plage.
Dimanche 24. Messe au Pollet.
Lundi 25. Repos.
Mardi 26. Manœuvres de
division. Conduite des caissons à Carpuches, au haut de Libermont.
26, 27, 28, 29 et 30 : repos.
Dimanche 1er. Messe
à Notre Dame du Pollet.
2, 3, 4 et 5 : repos.
Vendredi 6. Départ d’Etran
pour Douvrend environ à 18 km.
Samedi 7. Repos.
Dimanche 8. Messe à 6 heures
et demie où j’ai le bonheur de communier. A midi, nous quittons Douvrend pour
nous rendre à Lucie à environ 18 heures.
Lundi 9. Départ midi de Lucie
pour Mortemer.
Mardi 10. Nous quittons Lucie
vers 8 heures du matin pour nous rendre à Conteville où nous arrivons vers
midi.
Mercredi 11. Nous quittons
Conteville pour nous rendre à Ste Claire, à la frontière de la Somme et de
l’Oise.
Jeudi 12. Nous quittons Ste
Claire à 7 heures du matin pour arriver vers la nuit à Dargies, Oise.
Vendredi 13. 6ème
jour de marche. Nous quittons Dargies pour aller à St Aubin (Somme).
Samedi 14. Repos à St Aubin.
Dimanche 15. Id.
Lundi 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22. Id.
Lundi 23. Départ pour
permission en gare de Poix, par Beauvais, Creil, St Just.
Retour de permission le dimanche 5 novembre. Jusqu’au
20, nous restons à St Aubin.
Le 21 : départ. Première étape, environ 20 km. Nous arrivons et cantonnons à Rumilly, puis c’est d’Estrées, notre premier cantonnement quand nous étions arrivés de la Meuse dans la Somme.
Le 22 : deuxième étape.
nous arrivons à Cachy, près de Boves.
Le 23 : troisième étape.
Nous arrivons prêt du camp des Célestins.
Le 24 : départ pour les
voitures près de Bray. Pour les hommes à Maurepas, en réserve.
Le 4, après dix jours, relève
au camp des Célestins.
Le mardi 5, nous quittons le
camp des Célestins à 5 heures du matin, pour arriver à 7 heures du soir à
Grattepanches, à 2 km d’Estrées, en passant par Gailly, Hamelet, Aubigny, Boves
et Sains. Distance 35 km.
Le mercredi 6. Relève 5
heures. Départ de Grattepanches pour Wailly à 10 heures pour embarquer à Conty.
Départ du train10 heures du soir.
Débarqué le samedi 9 à 7 heures du matin à Jarville.
Cantonnement Burthecourt.
Les 10, 11 et 12 : idem.
Le 13, départ à huit heures
pour Dommartemont.
Le 14 : Je suis malade et
évacué à la Chartreuse de Bosserville, que je quitte le 31.
Le premier janvier. Caserne
Landremont, par le devant la commission [14].
Le 2. Caserne Landremont.
Le 3 direction St Firmin. 25
jours de convalescence.
Le 28. Départ de St Firmin
pour Chalindrey. Couché à langres.
Le 29. Neufchâteau, ainsi que
le 30.
Le 31, départ de Neufchâteau
pour Bayon en passant à St Firmin.
Le premier, je rejoins de
Bayon à Brémoncourt, à 6 km de Bayon.
Les 2, 3, 4 et 5 :
malade.
Le 6, je remplace Calot à la
voiture. Ce même jour, corvée de bois dans les bois entre Méhoncourt et Lamath,
à 12 km de Lunéville.
Le 7, conduite de grenades.
Le 8, préparation de départ.
Aux extrémités de Méhoncourt, trous d’obus et premières tombes françaises, qui
se continuent le long de la route.
Le 9. Départ remis au 10.
Le 10, réveil 4 heures, départ
6 heures par Froville, Clayeures, Gerbéviller que nous parcourons au milieu des
ruines. Du fait du combat du 28 août 1914, la presque totalité des maisons sont
détruites et l’église aussi. Ensuite nous passons par Moyen-Magnières pour
arriver à Mattexey à 4 heures du soir. Pays environnants : Vallois,
Clézentaine, Magnières, St Pierremont. Tous ces pays sont à moitié ou au trois
quart brûlés.
A Magnières, l’église est complètement brûlée. les
cloches sont au dessous du portail. Partout dans les plaines et dans les bois,
ce n’est que tombes et trous d’obus. A Mattexey, près du cimetière, une fosse
contient 180 à 190 victimes qui appartenaient au 8ème corps :
86ème et 95ème RI.
Le colonel de ce dernier régiment a été tué, de même
que son commandant, qui avait repris le commandement du régiment. Combattaient
à gauche du 8ème corps, le 20ème sur Lunéville, et à
droite le 13ème.
Le 11, dimanche. Repos.
Le 12 et les jours suivants.
Corvée de bois et de ravitaillement.
Du 13 au 20. Bûcheron
dans les bois du Vallois.
Le 23, je me rends à Clézentaine
pour remplacer le conducteur de la voiture de l’infirmerie.
Le 28, je quitte la voiture.
Départ pour le renfort. Nous couchons à Lunéville, caserne Stanislas.
Le 1er mars, départ
de Lunéville à 6 heures. Direction Bénaménil pour rejoindre le bataillon. Se
trouve à gauche et en face de Bénaménil, le fort de Manonviller qui a sauté et
est démoli. A droite au loin, la chaîne des Vosges et le mont Donon, occupé par
les boches.
Le 7. Départ pour permission
de 7 jours. Arrivé le 8, fin de permission le 16. Je rejoint à Haussonville le
17 au matin.
Le 21, bénédiction du fanion,
acte de consécration par le commandant lui-même.
Jusqu’au 23, cantonnement à Haussonville.
Le 24 à minuit, départ de
Haussonville pour embarquement à la gare de Bayon.
Départ du train, huit heures, par Nancy, Toul,
Neufchateau, Gondrecourt, Châlon, Epernay et débarquement le 25 vers 10 heures
à Château -Thierry. Cantonnement à Gland, à 4 km.
Le 26, naissance du
poulain !
Le 27, nous quittons Gland à 7
heures du matin pour arriver à Veuilly-la-Poterie, à une distance d’une
vingtaine de km, après avoir traversé Château-Thierry.
Dimanche des Rameaux, passé à Veuilly la Poterie.
Grande messe.
Le 2. Départ pour cantonner à
Sommelans.
Le 3. Départ de Sommelans pour
Neuilly St Front qui est notre cantonnement.
Le 4, nous quittons Neuilly St
Front, passons par Hartennes pour arriver à Muret, petit pays avec son château
féodal. Muret est à 12 km à vol d’oiseau des premières lignes, sur la droite de
Soissons.
Le 7, c’est à dire samedi
saint, commence le terrible bombardement.
Le 8, jour de Pâques, j’ai la
joie de communier.
Le lundi 9 et jusqu’au 14, nous restons jusqu’à Muret.
Le 14, à 8.30 heures, départ
pour cantonner à Courcelles où nous arrivons à 4 heures du matin. Au parc, à 10 km des lignes.
Le 15, bombardement terrible
qui prépare l’attaque.
Le 16. Même bombardement.
Première vague d’attaque par la 39ème division, deuxième vague par
la 11ème commandée par le général Vilms. A notre gauche se trouve le
6ème corps qui est en liaison avec les Anglais. A notre droite, le
corps colonial. Ce même jour 16, des groupes de prisonniers – environ 1000 –
passent près de nous et sont dirigés au camp près de Courcelles.
Le 17. Sans cesse la canonnade
qui reprend avec force. Le général x est blessé, le colonel du 69ème
RI reprend le commandement de la brigade, et son commandant adjoint, le
commandement du régiment.
Le 18, par suite de la pluie,
journée assez calme.
Le 19, l’attaque se poursuit.
Nouveaux bombardements.
Le 20, de même. Courcelles où
nous sommes, se trouve sur la grande route Reims-Soissons, à 1800 m de Braine.
Nous attaquons en avant de Verneuil et du chemin des Dames, entre le fort Condé
et Craonne.
21 au 24. L’attaque se
poursuit.
Le 25, en gare de Bazoches,
nous sommes bombardés. Un wagon est brisé.
Le 27, à l’église de
Courcelles, service par M. l’aumônier du 146ème, et présidé par
Monseigneur Ruch.
Du 28 au 30. L’attaque se
poursuit.
L’Aisne. Pays pittoresque avec ses carrières
immenses [15]
,ses roches et ses rochers. Pays bâti en pierres de taille et à la
plaine fertile et au sous-sol sableux. Vignes, asperges, pêches.
1er Mai. Id.
Dimanche 2 [16]
Visite des tombes boches. Ce même jour devant nous, une saucisse ne flammes.
3 et 4. Nouveaux bombardements
Le 5 mai. Attaque de
l’infanterie commandée paraît-il par le général Mary, Mangin étant général
d’Armée.
Le 6, même attaque au chemin
des Dames par la 11ème division, qui est pris et repris...
Toute la nuit,
nous sommes bombardés.
Du Lundi 7 jusqu’au 15.
Attaques.
Le 16, relève. Nous quittons
le parc du château de Courcelles pour rejoindre le bataillon à Braine, et de là
nous allons cantonner à Launoy, près de Muret.
Le 17, Ascension, messe à 9
heures.
Le 19, nous quittons Launoy
pour cantonner à Grisolles, distant d’une vingtaine de km.
20, 21 et 22. Repos jusqu’au
12 juin.
Le 12, à 5 heures du matin,
nous quittons Grisolles pour cantonner à Oigny–en-Vallois distant d’une
vingtaine de km.
Le 13. Repos.
Le 14. Embarquement à Villers
Cotterêts. Départ de Oigny, 2.30 du matin. Départ du train 7 heures, arrivée
gare de Toul 3 heures du matin. Direction et cantonnement à Manoncourt, près de
Royaumeix.
Le 23, nous quittons
Manoncourt pour Noviant.
Le dimanche 24, nous montons
en ligne et notre voiture retourne à Domèvre en Haye. Je suis cuistot.
Le 29, départ pour la
permission de 7 jours. Arrivé le 30.
Départ de permission le dimanche 8 juillet, arrivé le
9.
Je rejoins le 9 à Domèvre –en- Haye.
Le 20, relève et repos pour 14
jours à Manonville.
Le 4 août, nous reprenons les
tranchées.
Nous reprenons notre voiture et le train [17].
Cantonnement à Domèvre.
Le 10. Coup de main des boches
sur notre bataillon. Sans résultat et laissant des morts dans les fils de fer.
Nous quittons le secteur de Flirey pour devant Nancy.
Travaux de défense à Laneuvelotte.
Le 11, départ pour permission
de 10 jours. Rentré le 23.
Le 24, même nuit de l’arrivée
de permission, départ de Laneuvelotte à 5 heures du matin pour se rendre à
Crèvechamp.
Veille de la Toussaint. Visite de Louise.
Les jours suivants, visite aux officiers du Général
Pétain.
Le dimanche 18, nous quittons
Crèvechamp pour nous rendre à Houdemont pour travaux de terrassement.
Le 25, de retour à Crevechamp.
Le 27, visite de Louise.
Le 3, départ de Crèvechamp
pour Amance. Première étape Maxéville, puis re-Amance pour travaux de défense.
Le 24, à 13 heures, d’Amance
pour embarquement à Ludres.
Le 25, jour de Noël. A 3
heures du matin, embarquement départ du train 7 heures, débarquement ce même
jour à 7 heures du soir à la gare de Revigny. Cantonnement Cheminon, près de
Sermaize.
Le 4 janvier, à 8 heures du
matin, nous quittons Cheminon, nous rendant en 4 jours à la forêt de Hesse, aux
environs de Dombasle en Argonne. Neige et forte pluie. Cantonnement au fer à
cheval.
Le 10, déménagement un km à
gauche au camp des Pommiers, sur la route de Récicourt.
Tiennent les lignes les 120ème et 140ème RI , deuxième corps, deuxième armée;
les 9ème et 18ème chasseurs, donc les 4ème
division.
Le 23, nous sommes bombardés.
Le 25, un avion nous abat 2
saucisses.
Le 26, à 8 heures du matin,
nous quittons le camp des Pommiers pour nous rendre à Verdun, caserne Méribel.
Les jours suivants visite en commission, de Verdun et
des souterrains de la citadelle où fonctionne manutention et coopérative.
Le 30. Visite de Verdun
complètement ruinée. Je visite la cathédrale où une quantité d’obus s’est
heurtée. Par une brèche, l’on aperçoit le maître-autel surmonté de ses 4
colonnes en spirale. A côté, le monastère de Ste Marguerite, brisé de même. Il
y a de quoi pleurer sur ces pauvres ruines.
De Verdun aux lignes, il y a une distance de 15 km., et
en face de nous le fort de Douaumont, la côte du Poivre.
Le terrain de l’attaque de 1916 reste stérile, retourné
sur une profondeur de 2 mètres et plus. Aucun arbre, aucun signe de végétation
sur une distance de 10 km. Pays broyés : Bras/Meuse et Louvemont. Sont
encore sur le terrain des pièces boches et françaises. Canons, aéros. Sur le
moteur de l’un d’entre eux se trouve un crâne. Il y a quantité de cadavres sur
le terrain. C’est par millions (1) [20]que
les obus sont tombés : la plus terrible attaque qui ait jamais existé.
Visite de Verdun :
description
Du faubourg pavé, on entre par la porte chaussée avec
ses tours crélenées, dont le centre a été écroulé par un obus. De là, on se
dirige vers la citadelle par la rue Mazel, base de la ville. On passe devant
l’hôtel de ville, à côté du marché couvert et de la maison d’arrêt. Cette rue
est encore la plus épargnée malgré ses maisons toute éventrées et écroulées. La
grande porte de la ville n’est plus qu’un tas de ruines de pierres. Dans la
ville haute, on rencontre la place d’Armes, où aboutit la rue de la bonne
vierge conduisant à la cathédrale, à l’évêché et au cloître Ste
Marguerite ; tout ayant subi des obus de tous calibres. Au moins une
dizaine d’obus sont tombés et ont éventré la cathédrale, laissant les tours
intactes. Le maître autel est colossal avec son baldaquin qui est surmonté de
ses 4 colonnes en spirale et en marbre gris.
A une centaine de mètres de là, on se trouve à la
citadelle, sorte de métro dont les souterrains comptent 50 km éclairés à
l’électricité. Là se trouve la coopérative de l’armée, la manutention et toutes
sortes de services.
Pas âme qui vive. Les rues sont désertes et l’herbe
pousse.
Première quinzaine. Coup de main des boches sur nous.
Le 18. Départ pour la
permission de 10 jours.
Le samedi 2 mars, retour.
Arrivé le 3 au faubourg, caserne Radet.
Dans la nuit du 8 au 9,
j’échappe à un bombardement.
Du 12 à la relève du 20,
bombardement à l’arrière. Attaque au gaz.
Dans la nuit du 18 au 19, j’ai un cheval tué et l’autre
blessé au milieu de la côte du Poivre. Nuit terrible.
Le 20, à 10 heures du matin,
nous quittons la caserne Radet pour embarquer à Landrecourt, débarquement 1
heure du matin à Blesme. Cantonnement Bassu, à une quinzaine de km de Vitry le
François.
Le jeudi saint 28. A 7 heures
du matin, nous quittons Bassu pour nous rendre à Cheppes, près de Vitry la
Ville.
Le vendredi saint 29. Alerte.
A 7 heures, nous quittons Cheppes et nous rendons à 7 km de Châlons. Là, les
hommes prennent les autres, et nous faisons demi-tour pour nous rendre
à ...
Le samedi saint 30. Même heure de
départ, 7 heures, direction vers Epernay, à Aulnay les Planches (Marne).
Jour de Pâques. Départ d’Aulnay
même heure, direction vers l’Aisne. Nous suivons sur une longueur d’une
trentaine de km les étangs de St Gond. Cantonnement : Lebeuil.
Dimanche 31 : id.
Le lundi, même heure, nous
quittons Lebeuil, direction vers Château-Thierry (Aisne). Nous passons à Mezy
et cantonnons à Coincy, près de Grisolles.
Le mardi même heure, nous
quittons Coincy et cantonnons à Fergneux.
Le mercredi, même heure, nous
quittons Feigneux pour rejoindre le bataillon à Beaurepaire (Oise), à 8 km de
Creil.
Jeudi 4 avril. Repos.
Cantonnement d’alerte.
Vendredi : repos.
Samedi : repos.
Dimanche : id. et jours
suivants, jusqu’au dimanche 14.
Le dimanche 14, à 2 heures du
matin, alerte de départ qui a lieu pour 7 heures. Nous longeons la rivière Oise
et la traversons à Creil même. Arrivé au cantonnement vers la nuit à Bury.
Le 15, départ de Bury à 6
heures, direction vers Beauvais. Cantonnement à 4 km de cette ville. Nous
défilons devant Clémenceau et les généraux Fayolle et Vilm.
Le 16, marche encore. nous
traversons Beauvais pour aller vers le front. Auchy-la-Montagne.
Le 17, alerte dès le matin,
mais contre ordre.
Jusqu’au 19, repos.
Le dimanche 20, alerte. Départ
vers Amiens dès le matin. Cantonnement Auchy-la-Montagne.
Le 21, marche. Grand halte à
Fouilloy où le deuxième bataillon a débarqué en 1914, pendant que nous, 3ème
bataillon débarquions à Poix. Cantonnement à 4 km, département de la Somme,
Fouilloy étant le dernier pays de l’Oise.
Le 22, nous arrivons à St
Maulvis, près de St Aubin.
23, 24, 25, 26 : repos.
Ce même jour 26, départ à 8 heures du soir pour arriver
au cantonnement à x, près de St Aubin, à 4 heures du matin. Couché 6 heures, 2
heures après.
8 heures réveil, pour repartir à 11 heures.
Cantonnement Ailly/Somme.
Dimanche 29 : repos.
30 : repos.
Le
4 mai, nous faisons maintenant mouvement vers Albert. Réveil à
minuit, départ 2 heures, cantonnement Rubempré.
Le 5, à 5 heures du matin, départ
de Rubempré, direction vers Doullens, à Thièvres, en arrière des lignes de 15
km.
Le 6, repos.
Jusqu’au 18, nous restons à
Thièvres.
Le 19 au matin : départ.
Nous arrivons et cantonnons à Ivergny, à une douzaine de km en remontant sur
Arras.
Jour de Pentecôte. Grande messe.
Le 30 mai, à 8 heures, départ
de Ivergny, en passant par Doullens, Beaurepaire, et cantonnement à La Vicogne,
arrivé à 3 heures du matin. Distance 23 km.
Le 31, nous quittons La
Vicogne à 6 heures du soir, pour arriver et cantonner à St Vaast en Chaussée,
juste au nord d’Amiens.
Le 1er juin :
repos.
Le dimanche 2, départ de St
Vaast vers 3 heures du matin, pour embarquement près d’Amiens, en gare de
Saleux. Ce même jour, débarquement vers 11 heures du soir, arrivée à notre
ancien cantonnement de Beaurepaire vers 2 heures.
Le 4 : repos.
Le 5, à 10 heures du soir,
nous quittons Beaurepaire, pour arriver et cantonner à St Martin aux Bois, en
face de Montdidier. Heure d’arrivée : 5 heures du matin.
Le 6, départ à 7 heures du
soir de St Martin–aux-Bois, à 7 km des lignes environ. Travaux de défense.
Le 9 à minuit, veille du
bombardement, c’est l’attaque attendue des boches. Tout le monde debout, les
bataillons aux lignes, les chevaux attelés. A Montiers, les gaz ! Pendant
4 heures, nous restons là avec nos masques sous les obus. Au jour, nous nous
dirigeons avec les voitures à l’arrière de Cernoy, dans un petit bois à l’abris
des avions.
Lundi 10, à 6 heures du soir,
l’ordre arrive aux tanks qui sont avec nous au nombre de 17 de partir, et pour
nous de charger les voitures. Les boches avancent et sont devant Méniviller que
nous quittions hier. L’ordre est en même temps pour nous de partir. Nous
reculons d’une quinzaine de km vers Noroy, dans un bois sur la grande route de
St Just.
Le 11, plus que jamais la
canonnade est terrible. 300 tanks doivent attaquer pour arrêter l’avance boche.
Le 12, de même. A 7 heures du
soir, mouvement nous dirigeant vers Compiègne, distant d’une trentaine de km.
Nous arrivons le 13 vers 7 heures du matin à Compiègne. L’on aperçoit la ville.
En cours de route, nous recevons des bombes à Estrées St Denis. L’on se met
sous les voitures. Cantonnement à Jaux.
Le 14, après avoir conduit les
cantines à Clairvoye dans la nuit, retour au cantonnement.
Ce même jour, nous quittons Jaux à 7 heures du matin,
en passant dans la forêt de Compiègne, pour arriver de l’autre côté à St
Pierrefonds, toujours dans le bois.
Le 15, à 9 heures du matin.
Attelé, nous quittons et repassons à St Pierrefonds, St Jean aux Bois, et
cantonnons dans la forêt près de Lacroix St Ouen, au carrefour de Ma....
Les 16, 17 id.
Le 18, je vais à l’eau au
cloître Ste Perrine, près des étangs. Pendant que nous sommes à cet endroit, le
régiment se trouve à Attichy en réserve à une vingtaine de km de nous.
Le 19, de même.
Le 20, à 6 heures du matin,
nous quittons le bois pour aller cantonner à Croutoy, près de la rivière Aisne
et à droite de la grande route de Compiègne à Soisson.
Le 25, à 3 heures du matin,
nous quittons Croutoy pour nous placer dans un petit bois à cent mètres du
village de St Etienne. Devant nous à une distance d’environ 4 km s’étend la
grande forêt de Villers-Cotterêts où est Albert.
Le régiment est en ligne ;
Le 27, je vois Albert en
pleine forêt. A 7 heures du soir, une de nos saucisses est en flammes.
Ainsi se suivent les évènements jusqu’au 17.
Les 15 et 16. Attaque des
boches de Reims à Château-Thierry.
Ces jours, il y a de grands mouvements : tanks,
grosse artillerie et troupes arrivent. Des Américains, des Ecossais et des
Français. Section d’automitrailleuses et le 4ème dragons pour nous.
Le 18, à 3 heures du matin,
attaque par bombardement, suivie de l’infanterie. L’attaque est commandée par
le Général Mangin.
Le 19, l’attaque se poursuit.
Les réserves reprennent le devant.
Le 20, nous quittons notre
bois de St Etienne pour cantonner près du bois de Courcieux où se trouvaient
les batteries pour l’attaque.
le 22, nous quittons le ravin
et le bois de Courcieux pour avancer dans les grottes de St Bandry où se
trouvent les premières lignes. Ces grottes sont immenses, chacune peut contenir
des centaines de chevaux et des milliers d’hommes.
Le 2, nous quittons ces
grottes de St Bandry pour nous rendre à la ferme de Rouy, à quelques km.
Toujours les obus.
Le 5, après une nuit de
bombardement, nous quittons la ferme pour nous rendre à distance de 5 km au
village massacré de Courcieux. Tous ces lieux se trouvent à gauche de
Villers-Cotterêts.
Le 12, bombardement d’avions
et de pièces sur le pays. Ce même jour, nous quittons pour rejoindre le
bataillon aux grottes de St Bandry.
Le 13, nous revenons à
Coeuvres. Le régiment est en réserve pour l’attaque de demain. Le 7ème
et le 1er corps font l’attaque. Coeuvres, beau pays de 600 âmes, est
broyé, de même que les pays qui suivent : Lavernin, Cutry, St Bandry,
Ambleny et tant d’autres.
Le 19 au soir, nous quittons
Coeuvres, pour nous rendre près de Vic/Aisne, dans des petits bois. Les 18, 19
et 20, terribles bombardements et attaques. 8 des nos chevaux sont tués et
autant de blessés, par un seul obus.
Le 20, notre régiment est
engagé. Il avance de plusieurs km dans la journée. Activité de l’aviation.
Le 21, nous quittons le petit
bois pour nous rendre dans les grottes au-dessus de Horse. Ce même jour,
l’avion de la division s’écrase, coupé par un de nos obus.
Le 22, la saucisse de la
division est brûlée.
Les 22, 23 et 24 :
attaque. Le 25, relève. Nous quittons les grottes à 9 heures du soir, pour nous
rendre à Mortefontaine, près de la ferme de Rouy.
Le 29, je pars en permission
de Mortefontaine, arrivée le 31.
Retour de permission le 13 septembre. Je rejoins le
bataillon à Breuil la Motte, descendant de l’attaque de Coucy le Château.
Le 13, repos à la lisière de
la forêt de Compiègne, à Troly.
Le 14. Repos.
Le 15, départ des hommes en
autos, les équipages par voie de terre. Après 3 jours, nous rejoignons le
cantonnement à Cantrevaux, à 10 km de Meaux et à 41 km de Paris.
Trajet suivi : le 15, Ormoy, le Davier ; le
16 à Varrèdes, près de Chambry au bord de la Marne, le 17, nous arrivons en passant
par Meaux., place de la république, hôtel de ville, les vieux moulins et place
du marché.
Deuxième quinzaine de septembre introuvable dans les carnets (page enlevée ?)
La 11 ème division était au repos vers Crécy-en-Brie.
(...)
Séjour à Coutrevoult et culture de la ferme de
Montomer, à un km du pays. Ensuite je remplace l’ordonnance du capitaine
Fourmert au château du pays.
Le 5, l’Allemagne demande à
Wilson [21]
l’armistice et des négociations de paix.
Le lundi 7, nous quittons
Coutrevoult pour cantonner à Fresnes.
Mercredi 9, départ de Fresnes
et embarquement ligne du nord à Mitry, à 10 km de Fresnes. Départ du train à 4
heures du soir. débarquement à Loon plage près de Dunkerque, en passant par
Etaple où la mer nous apparaît; Boulogne, Calais et Loon plage.
A Boulogne, on voit la mer, le port et la gare entre
ses deux tunnels très longs.
Le 10, voyage dans le
train ; arrivée et cantonnement à Bourbourg, petite ville à une dizaine de
km de Dunkerque.
Le 11, repos.
Le 12, à 5 heures du soir,
départ de Bourbourg par une pluie battante toute la nuit. Après 30 km, nous
arrivons à 2 heures du matin à Quaedypre.
Dimanche 13, départ de
Quaedypre à 11 heures du soir. Nous passons cette nuit la frontière belge, nous
rendant près de Krombeke, ancien cantonnement de 1914. Nous y arrivons le 14 au
matin. Ce même jour à 8 heures du matin : alerte, prêts à partir. Le même
matin, attaque le long des Flandres. Roulers et après.
Le 1er. Toussaint. Au matin, l’attaque par le bombardement se poursuit. Nous sommes bombardés la nuit par des avions.
Le 2, nous restons à Aerselle.
Le 3, mouvement. Départ à 11 heures du matin et nous arrivons vers la nuit à St Hubert, dans les fermes, près de la ligne de chemin de fer. En cours de route, à une heure de l’après midi, nous traversons la Lys. Les routes sont sautées, ce qui rend l’avance difficile. Deux pièces boches de 88, des cadavres de chevaux et d’hommes. Des tanks sont renversés.
Le 4, armistice de l’Autriche et paix le 5. Canonnade.
Nous tentons de passer l’Escaut, mais sommes obligés de nous replier. Le colonel d’Alauzier est blessé.
Le 6 et le 7, nous restons sur nos positions. Ce même jour deux généraux, un amiral et 10 parlementaires boches sont à Verdun.
Le 9, le 153ème [22]
passe l’Escaut, suivi de nos chasseurs. Ils ne trouvent que peu de boches, et
quelques mitrailleuses.
Dans la nuit du 9 au 10, relève par les Américains. Nous quittons la ferme St Hubert pour passer à Deinze, et cantonnons à 25 km à Meulebeke, près de Tielt.
Le 11, à 11 heures du matin, l’Armistice est signé avec l’Allemagne. Les troupes doivent rester sur leurs positions.
C’est donc le 1561ème jours de guerre que le
canon cesse sa voix.
Le 12, service pour les morts. Les 13, 14, 15 et 16 : repos.
Dimanche 17. Messe solennelle et Te Deum en l’honneur du roi Albert [23] . Seul, l’orgue accompagne ce Te Deum, l’orgue ayant été enlevé par les Allemands.
18. Entrée triomphale des troupes françaises à Metz.
Du 19 au 25, repos à Meulebeke.
Le 26, à 6 heures du matin, départ de Meulebeke, en passant par Izegem, Roulers. Cantonnement dans un camp près de Staden.
Le 27, départ de Staden même heure, en passant par Houthulst, laissant la forêt sur notre gauche. Ensuite, nous traversons le champ de bataille, l’Yser et les marais. Cantonnement au camp de Roesbrugge.
Le 29, nous quittons le camp de Roesbrugge au petit jour en passant par Roesbrugge et Oost Cappel, pour moitié belge et français. Cantonnement dans un camp près de Cassel Nord.
Le 30, même heure, nous quittons Cassel pour cantonner près de l’Aire (Pas de Calais).
Le dimanche 1er décembre, départ 6 heures, cantonnement Dennebroucke.
Le 2, repos.
Le 3, départ 6 heures. Nous gagnons la route nationale d’Albeville à Fruges, que nous suivons jusqu’à la Loge. Cantonnement Rambercourt.
Le 4, départ même heure. Cantonnement Ouville, à 6 km D’Albeville.
Le 5, repos à Ouville.
Le 6, départ d’Albeville pour
permission. Arrivé le 9 au soir. Le 31 expiration de la permission et départ de
St Firmin.
Le 4 au matin, je rejoins le régiment à Pontoise. Jusqu’au 12, séjour dans cette ville.
Le dimanche 12. Embarquement. Départ du train midi. Arrivé à Landernau, près de Brest, le Lundi 13 à 6 heures du soir. Cantonnement Landernau.
Landernau : petite ville avec son port, pays très accidenté. Pluie fréquente, quotidienne à cette époque.
Le 22, définitivement je quitte le régiment pour la libération. Départ du train, 4 heures du soir, arrivé Paris le 23, 5 heures du matin, gare Montparnasse. De là vers Torcy où nous restons 2 jours.
Enfin, nous arrivons le 27 au matin à Nancy, où après être passé par quantité de bureaux, liberté est rendue.
Ce même jour au dernier train, j’arrive au pays.
Ainsi fini le terme de cette grande guerre.
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[1]
il s’agit de la Lorraine annexée en 1870 par les Allemands.
[2]
4 jours en ligne, 4 jours en réserve et 4 jours au repos.
[3] A t il pris une ruade ?
[4]
Henri Poincaré est Président de la République, Joffre commandant en chef des
Armées, Millerand ministre de la guerre.
[5] Albert Nicolas était son beau frère. Il était aumonier militaire. Je l'ai connu, car il est mort très âgé. Il était chanoine à Nancy
[6]
probablement le 9ème Zouves et le 1er mixte.
[7]
gros obus
[8]
Le Général Balfourier commandait alors le XXème corps de Nancy.
[9]
Il existe au pont de Marson (commune de Minaucourt), 6 ossuaires et plus de
9000 tombes de soldats français, dont ceux du 69ème RI.
[10]
Antoine Grillot se trouvait dans le secteur Nancy-Lunéville au moment du
déclenchement de la bataille de Verdun. Il rejoindra le secteur ouest de Verdun
le 23 mars 1916.
[11]
Le lieutenant -colonel Driant était le député de Nancy. Il tomba le 22 février
1916 dans le bois des Caures, au nord de Verdun.
[12]
Il était prisonnier au camp de Vahn en Rhénanie.
[13]
ballons dirigeables allongés qui servaient à observer l’ennemi.
[14]
Commission médicale de réforme qui se trouvait au quartier Blandan à Nancy.
Antoine.GRILLOT a été gazé.
[15]
Les Allemands s’étaient retranchés dans ces carrières et dans les cavernes
naturelles de la région. De nombreuses mitrailleuses bien dissimulées causèrent
d’innombrables pertes dans les rangs français.
[16]
Le 2 mai et les jours suivants, il y eut des refus de monter en lignes à la
division de fer de Nancy (69ème et 26ème RI). En mai et juin 1917, beaucoup d’éléments de
l’armée française se révoltèrent contre les sacrifices inutiles et les
insuffisances du haut commandement.
[17]
train régimentaire : service d’intendance du régiment
[18]
pas d’indication sur le carnet . Travaux devant Nancy ?
[19]
Pas d’indication. Probablement encore le secteur de Crèvechamp.
[20]
Lors des premières heures du 21 février 1916, 1250 canons allemands tirèrent
environ 2 millions d’obus sur un secteur réduit. Au soir même, 36 bataillons
français s’étaient déjà fait hacher.
[21]
Woodrow Wilson était alors le président des Etats Unis.
[22]
Ce régiment était de Toul. Georges Leblanc, mon arrière-grand-père paternel
était de cette attaque sur l’Escaut.
[23] Roi des Belges.