Originaire
de Vaucouleurs (55) où il est né le 01/01/1894, il décèdera le 19/06/1915, tué
à l’ennemi au bois de la Gruerie (51). Il était alors Sous-lieutenant.
Ces notes
sont partielles, seuls deux carnets sont transcrits
Merci à
François pour le carnet
Voir son
site : ICI
11h1/2
du soir, mobilisation.
Départ
pour la Woëvre à 3 heures du matin. Grande halte à Bernecourt, cantonnement à
midi à Noviant-aux-Prés
Samedi, la mobilisation générale affichée.
Nombreuses cartes; enthousiasme général.
5 h du matin départ pour travaux de campagne;
après midi même chose ; On est mouillé.
Le
soir à 8 heures arrivée de 600 réservistes
Autre
position, nouvelles tranchées; lieutenant Dupuis arrivé. Vie chère. Plus de
vin; Plus rien.
Jaurès
assassiné.
Rien
de nouveau.
Guerre déclarée officiellement. Réunion par le
capitaine.
Tranchées
vers Pont à Mousson; les allemands battus en Belgique. Concert + Houzet et Cie.
Tranchées,
aéro en vue, les Allemands ont passé la frontière; un moment nous croyons
combattre, mais nous rentrons.
Corvée de lavage à (…) On trouve vin,
sardines, etc. Grand combat à Liège.
(…)
terrible au moins 6 kilomètres de tirailleurs sous un soleil de plomb.
Marche
d'approche, renforcement du 2eme bataillon sur Noviant;
Présentation
du drapeau par le Colonel.
Matinée
des avions; ils passent sur nous; mitrailleurs tirent sur un aéro boche; on le
dit tombé mais c'est faux. Canon
Vers 5 heures départ de Noviant sur
Seicheprey. Bonne réception (jambon 1 livre 1/2 pour 10 sous) œufs. On attend
pour partir.
Un
aéro est bombardé par les forts de Toul qui le descendent.
Attendons
pour partir.
Départ
momentané à 3 h 1/2 pour (…); Marche de 30 kilomètres les hommes tombent
vannés. En arrivant à la ferme des Hauts-Journaux, je suis envoyé en petit
poste à mi-bois avec la 15eme escouade.
Bonnes
dispositions.
On
entend vers l'Est, vers Pont à Mousson, le canon. Les mitrailleuses et fusils.
Je dois passer la nuit à attendre les boches (bonne chance).
4h
du soir 7h - deux aéros français passent au dessus des troupes allemandes.
Ceux-ci
tirent 66 coups de canon contre eux sans les atteindre. La mitrailleuse. On
voit les obus éclater en l'air. 8 h - la soupe arrive; des pois qui sentent le
brûlé.
Je
change de place mon poste et mes sentinelles; la nuit arrive, cette fois on
n'entend plus rien. On est gelé, la lune se lève. Je fais 2 ou 3 rondes jusqu'à
la forêt sans rien voir; il passe beaucoup de canards.
A
3 h des postes à ma droite sont sans doute attaqués, car on entend la
fusillade.
A
4 h on apporte le jus, il en manque, on rouspète. Je dois être relevé, je ne
sais pas encore à quelle heure, et si c'est aujourd'hui que l'on va se battre
Samedi ;
C’est fête : a 6h une importante fusillade à ma droite, puis plus
rien : on attend, c’est très près, on entend les commandements
« cessez le feu ; cette fois je crois que ça y est ; nous nous
préparons ; Nous sommes relevés par la 2eme Cie St Souai, nous repartons
sur Woël, repos jusqu’à 3 heures.
On
apprend que les Prussiens ont bombardé Chambley. Les habitants évacuent.
Repas
de midi : Vin ordinaire bouché. Sauterne fin 3 f. la bouteille, jambon
frit, soupe - rata
Dimanche :
A 4 heures ; on reste a (..), corvée de lavage et repos toute la journée.
Visite de personnes de …. Une amie ne trouve pas son frère ; il pleut très
fort
Lundi :
Départ 5 h. pour les avant-postes ; il pleut toute la journée ; nous
sommes à 9 km de Mars-la-Tour à Labeuville.
Les
Allemands ont bombardé Mars-la-Tour. Nous construisons des tranchées sous la
grande pluie.
Ah !
C’est bath !
Fusillade
toute la journée. Mines sautent vers Conflans. On construit abris, on se couche
sous les abris ; la 5eme section rouspète, elle n’a pas de place ; un
cochon nous fout les abris en l’air, on gèle.
Une
sentinelle de la 10eme tire ; nous sommes relevés à 6h.
Il
va faire beau.
Mardi :
Nous allons à Harville. Nous sommes mal logés. Je vois Colin qui me donne une
carabine, je la démonte avec bien du mal, je la cache ; le lendemain matin
je la remonte et la donne au lieutenant Dupuis qui donne 5 f. pour Colin.
Mercredi :
Rien de nouveau.
Jeudi :
Nous restons sur place.
Je
vois Léon Derminger.
Vendredi :
Départ de Moulotte à 7h. Grand halte à 12h. ; Départ à 14h. pour
Bouligny ; arrivée à 9h1/2 ; on touche ordinaire ; achats de
conserves.
On
ne peut pas manger.
Samedi :
Départ de Bouligny à 3h. nous dirigeant vers la Woëvre.
Arrivés
à Joppécourt vers 10h.
Emplacements
de combat ; la lutte s’engage. Retraite vers 7h sur Joppécourt sous pluie
d’obus.
Débandade.
Nombreux
blessés ; On se rassemble a Xivry-Circourt. On trouve de tous les
régiments, quand nous sommes attaqués à
coups de fusil. On sort du pays
baïonnette au canon avec blessés.
On
se dirige sur Spincourt.
Arrivons
à 11h. couchons où on peut.
Lendemain
départ pour Etain, montons en voitures. On fait la pause dans un pré à 12 km
d’Etain.
Retour
le soir même sur Azonnes.
Le
lendemain on se retrouve tous à Billy où on prend position ; le même soir
on couche à Pillon.
Lundi :
Prend position à Pillon. Bat en retraite sous les côtes ; Combat
d’artillerie ; on bivouaque.
Mardi :
Derrières les côtes, à Romagne, près de la ferme de Montaudé, on attend.
L’adjudant établi en petit poste tue un uhlan ; ses renseignements, il est
du 52eme. ;
Le
soir, on couche à Marc. Arrivé au cantonnement à 11h très fatigué. Là on reçoit
le complément, contents on retrouve copains.
Lendemain
Départ pour Malancourt. On y est bien ; on trouve vin, confitures ;
on, couche bien. Je passe à la 1ère demi section, cela va mieux.
On
va à l’exercice, mais on part à 10 h. ; on est en position
d’attente ; on rentre le même soir sans rien voir.
On
part, nous allons soutenir l’artillerie au dessus de … Les grosses pièces
allemandes tirent et nous entourent ; on se replie sans blessés ; le soir
contre-attaque ferme de la bruyère ; o, couche sur emplacements ; le
lendemain on se replie sur Cierges.
On
prend position ; bivouac au dessus de …..
On
se place entre Cierges et Montfaucon ; on attend toute la journée entre
deux lignes d’artillerie ; le soir contre-attaque sérieuse. On refoule
l’ennemi. Nous sommes en rage ; la nuit on est obligé de cesser, on couche
sur place.
Je
couche avec Jojot dans un trou d’obus.
A
24h. on se replie et allons coucher plus loin vers Montfaucon où on fait le
café.
On
se replie sous les obus vers Dombasle Arocourt.
Le
lendemain on reforme le Régiment ; on prend les avant-postes à Oches en
haut d’une route ; rien de particulier.
Les
allemands bombardent Varennes, ils sont à 4Km de Bar.
On
quitte le pays et on va à Courcelles s/Aire, nous y logeons, nous sommes très
fatigués, nous trouvons …. ;
On
part le lendemain à 3h.
Au
matin on prend position dans un bois, le soir on va près de la ferme des Angles
Le
lendemain même position ; Je suis de garde au poste de police
7 7bre.
Même
position
Convoi
de munitions allemand pris par cavalerie de Verdun
On
a bivouaqué dans les jardins, on mange lapins, soupe à 8 heures du matin ;
même position qu’hier.
Le
40eme d’artillerie sur notre droite est repéré par les obusiers. Il perd un
capitaine et un brigadier ; la soirée se passe sans autre incident ;
On
bivouaque, il fait très chaud.
Dans
la nuit les allemands bombardent Courcelles qui prend feu.
Distribution
de vin de réserve à 3H.
On
part à 4h. pour aller un peu plus loin sur une crête.
Nous
recevons un bombardement terrible qui nous fait des blessés ; obus
percutants derrière nous à très peu de distance. Je suis malade ; j’ai mal
à l’estomac.
La
nuit vient.
Je
crois que nous restons encore sur les positions.
Réveil
dans la nuit à je ne sais quelle heure ; on distribue les vivres de
réserve à la hâte, car nous sommes attaqués sur notre droite.
Nous
avons 500 mètres à faire et nous nous trouvons face à face avec l’ennemi. La
nuit est terrible, on ne sait pas ce que l’on fait, on hésite pour tirer.
Fusillade
à 30 mètres de distance.
La
11eme qui est à notre droite se replie, des allemands nous tournent à
droite ; nous battons en retraite, on nous canarde de tous côtés.
Nous
mettons baïonnette au canon, nous sortons du village, nous faisons 5
prisonniers.
Le
jour vient ; pendant tout ce temps c’est la pluie à torrents, on est
mouillé jusqu’aux os.
Nous
prenons position sur une crête, nous tirons à 1100 mètres sur des troupes qui
se replient ; vive riposte de leur part.
Tout
le reste du jour nous restons en position d’attente, tout mouillés ; voila
4 jours qu’on ne dort pas et que l’on mange des vivres de réserve.
Le
soir nous prenons avant postes.
Je
couche sans paille dans un fossé, malgré cela on dort quand même.
Le
matin nous faisons des tranchées.
Les
obus sifflent à notre gauche ; il continue de pleuvoir ; vers midi il
fait un vent froid qui nous sèche en partie. Les cuisiniers vont faire la
cuisine à Lonchamp, ils reviennent à la nuit.
Il
commence à pleuvoir à seau ; bon souper, mais on ne peut pas en profiter à
cause de la pluie.
On
se couche. C'est-à-dire, on s’assoit dans un coin de tranchée, un peu de paille
sur les genoux ; on attrape des crampes.
Vers
24h. on entend fusillade. Alerte ?, la pluie continue à tomber à
verse ; c’est quelques sentinelles qui tirent sur des buissons ;
l’artillerie tire toujours.
Le
matin je viens à … avec une corvée pour faire la cuisine ; on tue un porc,
nous mangeons bien ;
On
touche beaucoup trop de viande, moutons attrapés dans les champs, etc..
La
pluie continue.
On
apprend que les Boches reculent partout ; nous, nous tenons toujours.
Notre tranchée a été élargie et bien couverte ; on se prépare à passer une
bonne nuit. On se couche, alors la pluie commence.
Vers
minuit tout le monde se réveille. Il y avait 15 centimètres d’eau dans la
tranchée ; quelques uns dorment malgré cela. Alors on se met dehors sous
la grande pluie, on fait du feu.
Dimanche.
On
se sèche entre deux ondées ; malgré cela on ne nous relève pas.
A
9H. les 10 et 11eme Cies. vont en reconnaissance ; nous attendons. (Les
Russes sont à Berlin. On n’entend plus rien en ce moment).
Le
soir nous quittons nos emplacements pour aller cantonner à Irsoncourt.
Je
suis malade, j’ai des coliques formidables ; malgré cela je dors bien, car
nous sommes dans une grange.
Nous
avons deux prisonniers qui ont été pris à Courcelles, ils soignaient des
blessés.
Départ
le lendemain à 4 heures.
Mes
coliques sont à peu près passées.
Le
café me fait beaucoup de bien.
Les
2 prisonniers sont de nouveau avec nous, je cause beaucoup avec eux.
A
Dugny, un habitant donne un coup de poing à l’un d’eux. Le lieutenant lui donne
2 formidables coups de poing.
Nous
arrivons à Belleny.
Après
une bonne nuit, nous contournons Verdun pour aller à Vaux-devant-Damloup. Rien
de particulier, toujours nos deux prisonniers
Départ
4 heures ; il pleut. Nous allons jusqu’à Bezonvaux où nous attendons en
réserve jusqu’à 3 h. de l’après midi.
Les
batteries des forts tirent.
Nous
allons dans le bois, les obus nous entourent ; nous ne pouvons plus
avancer étant trop sous le feu de l’artillerie. Nous nous couchons dans un
fossé dans le bois et nous préparons à passer la nuit là, sans paille, sans
rien sur le sol humide.
Pas
de distribution, la voiture ne pouvant pas venir.
On
a dormi comme on a pu, en s’étirant de temps en temps pour se réchauffer et
faire passer les crampes, car on est tout recroquevillé.
Dans
la nuit on entend fusillade très proche, de même que vers 6 h. du matin voilà
les obus qui recommencent à passer au dessus de nous.
Nous
changeons de position ; nous allons dans le bois vis-à-vis ; les obus
passent à notre droite. Là nous rejoignons le complément venant de St Brieuc.
Quelques volontaires s’y trouvent ; ils nous donnent des biscuits et un
peu de pain.
Ne
nouvelle fusillade nous passe au dessus de la tête ; nous retournons dans
le bois vis-à-vis ; nous sommes repérés par les allemands qui nous
criblent d’obus : quelques tués et blessés.
La
pluie fait rage, les obus cessent de tomber ; nous restons sous la grande
pluie jusqu’à 8 h. du soir, nous sommes mouillés jusqu’aux os.
Vers
9 h on nous permet de faire du feu. Alors nous sommes gaillards ; bientôt
ce n’est plus que feux énormes entourés de tous qui se sèchent. Les hommes vont
chercher l’eau dans les trous d’obus et nous faisons un potage salé et du café.
On
continue à se chauffer jusque vers 5 heures. Nous touchons l’ordinaire, on fait
vivement cuire la viande.
La
pluie tombe, mais pas bien fort.
Nous
sommes un peu en arrière de nos positions d’hier et attendons derrière les
piles de fagots qui nous protègent tant bien que mal du vent.
Presque
tout le monde sommeille, car voila 2 nuits que l’on oublie de dormir ;
enfin cela n’est qu’une habitude à prendre ; gare aux douleurs ! il y
en a déjà beaucoup qui s’en sentent.
Il
est en ce moment 9 h. du matin, je vais essayer de dormir un peu, impossible,
le canon tonne, l’eau tombe.
A
12 h. nous mangeons un peu : potage salé, biscuits.
Nous
allons reconnaître emplacements de combat à la lisière du bois si nous sommes
attaqués ; nous achèverons nos abris de manière à être mieux à l’abri.
Le
soir nous plaçons sentinelles et on se couche comme l’on peut. Alerte vers 24
h. Fusillade nourrie devant nous ; on se tient prêt à marcher ; l’eau
tombe par rafales, on est transpercé, on gèle.
Le
jour vient ; on voit tout le monde avec des têtes de décarés sortir de
l’abri tout grelottant, frappant le sol plein d’eau pour se réchauffer.
A
5 h. du matin, le 1er Bon. Vient relever le 2ème qui va
aller se reposer dans une ferme à 3 Km.
Je
vois André Grégoire – Nous, nous restons là. J’oublie de dire que pendant la
nuit à 2 h. on va toucher l’ordinaire je ne sais où.
Es
hommes trouvent dans un fossé du pain, de la viande, haricots, le tout jeté à
même le sol et par conséquent tout mouillé ; on ne trouve pas les
distributeurs ; les hommes rapportent ce qu’ils peuvent ; on a un
quart de boule de pain pour la journée.
Le
mauvais temps continue ; on entend fusillade un peu partout ; nous
avons la permission de faire du feu, Oh ! alors on est heureux comme des
rois ; on sèche un coté pendant que l’autre mouille, enfin on est mieux
quand même.
A
12 h. nous mangeons notre viande cuite à l’eau de pluie ramassée dans les trous
d’obus, nous mangeons quelques haricots qui nous semblent exquis ; dans un
quart de café on trouve environ une petite cuillerée de terre, mais cela ne
fait rie, on trouve le moka épatant, car c’est le temps des biscuits et autres
bontés comme cela.
Nous
attendons toujours. La 10ème doit venir nous relever, mais cela est
la même chose, car nous irons 200 mètres plus à droite dans le bois et le
changement de domicile sera fait.
Sur
la situation, nous ne savons rien de nouveau ; on ne sait pas si les
Boches reculent, mais en tout cas la côte de Romagne tenue par les Boches est
dure à avoir, car voilà 4 jours que les 120 et les 75 s’y acharnent sans grand
résultat.
A
la nuit, la 10ème Cie vient nous remplacer, les abris nous semblent
meilleurs ; on se prépare à passer une bonne nuit, après avoir bien mangé.
Nous
devons toucher rhum et autres vivres de réserve en surplus.
De
grands feux sont allumés ; les distributions se font, quand viennent deux gros
obus au milieu de la compagnie qui nous tuent quatre hommes.
Nous
nous rassemblons et allons à 200 mètres plus loin.
On
achève les distributions et on se couche à même le sol. Je couche sur une toile
de tente avec (…), vers (…) je me relève gelé, tout mouillé par le
brouillard ; malgré le danger on refait quelques feux et on passe le reste
de la nuit près du feu : cette fois on a complètement perdu l’habitude de
dormir.
Nous
faisons le café à 5 heures, toujours la fameuse eau d e pluie prise dans les
trous d’obus.
On
rassemble la compagnie ; on attend que l’on vienne nous relever, car voilà
quatre nuits que l’on passe sous la pluie, en plein forêt.
On
apprend que nous serons relevés à dix heures
par la 65ème division.
En
attendant son arrivée nous faisons cuire notre viande de manière à pouvoir
dormir en arrivant au cantonnement. Il ne pleut plus, mais il fait froid ;
nous attendons jusqu’à la nuit, cela nous semble très long.
Nous
sommes comme des automates, sans pensée, autour d’un feu.
A
7 h. nous partons.
Oh !
alors ce trajet à travers des chemins complètement détrempés, la boue passe
au-dessus des jambières ; on a les pieds complètement mouillés et les
chaussures pleines de boue ; mais malgré cela, on pense que l’on couchera
dans la paille.
Nous
allons à Damloup où nous arrivons vers 9 h. du soir. Là, nous avons une belle
petite place que nous a trouvée le caporal d’ordinaire ; bien vite, nous
faisons un excellent potage salé, car les cuisiniers, partis avec le
campement, ont déjà de l’eau chaude, et
un peu de singe rôti.
Là-dessus
on se couche et on tombe en léthargie jusqu’au lendemain matin à 6 heures
On
se lève encore tout fourbu, mais un peu mieux quand même. Les hommes se
nettoient car on en a besoin ; on fait des compotes, lave mon linge.
A
12 heures on reçoit l’ordre de se tenir prêt à partir dans une demi-heure.
Oh !
Alors cette bourrade ! On avale un peu de bouillon à la hâte, on distribue
la viande et on part regrettant ce pays.
Nous
allons jusqu’à Ambly, de l’autre côté de Verdun.
Une
marche lente, tuante ; on s’arrête chaque 50 mètres ; les hommes
tombent de sommeil entre chaque halte, on s’endort sur le bord de la route.
Nous arrivons à (…)
Nous
avons un cantonnement où on ne peut pas se loger.
J’ai
un homme qui passe à moitié au travers du plancher ; pas d’échelle pour
monter ; on escalade comme on le peut : pas de paille, rien à manger.
D’ailleurs les hommes ne pourraient pas manger, étant trop fatigués. Malgré
tout, on dort jusqu’à 4 h.20.
Nous
partons à la hâte à 56 heures ; on boit le jus comme si on le volait et en
route pour Lacroix.
Nous
sommes en réserve et attendons. Les obus sifflent de tous côtés ; nous
sommes obligés de changer de place plusieurs fois, car nous sommes pris dans la
fourchette.
Le
soir, à la nuit, nous allons à la lisière d’un bois, nous prenons la formation
bivouaque. Au bout d’une demi-heure nous allons cantonner dans le village. On
fait du feu ; nous avons le temps de faire un potage et on se couche. Dans
la nuit les obus éclatent au dessus de la maison.
Le
matin on ne peut pas faire de jus, et en route pour le même emplacement.
Nous
sommes en réserve de la Division, toujours les obus de tous côtés.
On
change maintes fois de place ; on fait un peu de feu et un peu de jus en
arrière des emplacements.
Rien
de nouveau jusqu’au soir.
Le
soir, vers 5 h1/2 nous allons faire des tranchées sur le haut d’une crête,
vis-à-vis de nous. Au bout d’une heure, les obus nous entourent, nous ne savons
plus de quel côté tourner ; Les Allemands bombardent tant qu’ils peuvent
les forts autour de nous.
Le
soir nous bivouaquons sur le terrain. Toujours nourriture froide (singe,
etc.) ; la nuit se passe sans rien d’anormal.
Le
bataillon est en réserve à la même place ; Alors dès le matin fusillade
nourrie par les premières lignes à 1500 mètres de nous. Les obus éclatent
partout, c’est miracle que nous n’ayons personne de touché. Une grande partie
de la journée se passe ainsi.
Vers
4 h. les Allemands se trouvent sur une crête, juste sur notre flanc droit, à
900 m. de nous. Ils ouvrent un feu nourri ; nous tirons pendant au moins
une heure, nous ne les voyons pas bien ; nous avons beaucoup de blessés,
vingt-cinq à la section ; nous tirons toutes nos cartouches, et nous
sommes obligés de nous retirer faute de munitions.
La
nuit vient, nous restons derrière un fossé pendant au moins 3 heures ; on
commençait à dormir quand il faut s’en aller.
Nous
traversons (…), c’est triste ; tout brûle, tout est pillé ; nous
allons plus loin dans les champs et bivouaquons ; On peu faire cuir un peu
de viande et un potage salé. Les hommes qui vont au village rapportent tout ce
qu’ils peuvent trouver dans les maisons détruites (linge, bois, etc.) ;
ils en abusent même un peu, on voit quelques hommes ivres.
Le
lendemain, réveil au jour, vers 5 h.
Nous
sommes en deuxième ligne et prenons position sur une crête en arrière du
village de manière à en battre la sortie. On voit du haut de la crête occupée
par l’ennemi ; 2 batteries se trouvent devant nous ; nous avons sans
doute été vus car les obus nous entourent depuis une heure environ. Nous sommes
entrés à une cinquantaine de mètres dans le bois.
Quelques
obus arrivent à quelques mètres de nous et nous obligent à nous déplacer vers
la gauche. Jusqu’à la nuit nous avons été canardés sans discontinuer ;
c’est énervant, car à chaque instant, on tend le dos.
Vers
cinq heures du soir, nous avons deux blessés, mais blessures heureusement très
légères.
A
la nuit, nous sortons du bois et nous installons à la lisière, en lignes de
section par quatre face au village de (…) qui brûle. On va chercher de la
paille et on se prépare à passer une fois de plus la nuit à la belle étoile.
La
nuit à été froide ; je me relève vers une heure, car j’ai mal au
ventre ; il gèle même ; au jour, nous reprenons la position de la
veille, à 50 m. dans le bois.
On
distribue les vivres qui sont touchées en arrière dans un ravin au pied du fort
de Troyon.
Dans
le milieu de la matinée, nous sommes remplacés par un autre bataillon ;
nous allons dans le ravin au pied du fort ; les obus tombent toujours sur
le fort et sur le bois qui se trouve devant nous. Il vient de passer un aéro
allemand ; nous avons cru un moment que l’artillerie venait de le toucher,
car il baissait fortement ; mais c’était une illusion, il baissait
simplement pour atterrir.
La
situation reste la même jusqu’au soir. Nous allons chercher de la paille,
préparons nos lits et nous préparons à nous coucher.
Une
heure plus tard on nous fait changer de place et nous transportons notre paille
à 800 m. plus loin.
Nous
passons la nuit dans ce nouvel emplacement, la nuit est fraîche, malgré cela,
j’ai bien dormi.
Réveil
à 4h ½. On prend le café et restons sur place ; Nous montons plus avant
dans le bois en élaguant toutes les branches qui nous gênent, de manière à nous
mettre à l’abri des shrapnells qui éclatent dans le ravin, juste dans notre
direction.
Pas
de nouvelles (Georges Denninger dit avoir un tuyau, que nous prenons
l’offensive dans une heure ; que les Allemands sont à Saint-Mihiel).
On
se prépare à faire le café ; nous buvons le café et vers deux heures nous
avançons dans un ravin tout proche.
La
marche d’approche commence par section par deux à 200 m. de distance ;
nous traversons une petite vallée quand nous sommes aperçus. Alors les
shrapnells nous couvrent ; nous avons juste le temps de nous coucher contre
un petit talus. Les obus ne passent peut-être pas à un mètre au-dessus de nos
têtes. L’un d’eux éclate même à quelques mètres en avant, et je reçois un éclat
à la tête, sur la jugulaire. Je dis : je suis touché ; quand au même
instant il y en a un qui passe entre un camarade et moi, suivant la pente du
talus.
La
situation devient plutôt dangereuse, alors nous allons plus à gauche en suivant
le talus ; nous sommes encore salués par quelques obus, mais nous arrivons
tous quand même jusqu’au pied d’un mur où nous sommes un peu à l’abri.
La
11ème Cie. Qui nous suit n’a pas de chance. Un obus éclate juste au dessus de
sa 1èere section, lui tue un homme et un blesse 2 autres, tout cela à trois
mètres de nous.
Le
154eme passe à coté de nous pour aller prendre position ; il est en
désordre et nous fait repérer de nouveau.
Sur
la crête, ils subissent d’énormes pertes : un centaine de blessés dans
l’espace d’une demi-heure et quelques tués.
A
cet instant, nous étions à peu près tranquilles ; nous ouvrons quelques boites
de bœuf ; moi je prends un peu de sucre pour manger un biscuit et fais la
réflexion ( Je vais me dépêcher de mettre mon sac, car par ce temps là , ce
n’est pas salubre) ; à peine avais-je dit cela que voila un obus qui
éclate juste sur la crête du mur, à l’endroit exact où je me trouvais ; Ce
que j’ai éprouvé est indéfinissable ; j’ai crié, car j’ai reçu deux ou
trois moellons sur le derrière de la tête, au milieu d’un nuage de poussière et
fumée ; cela sentait le soufre.
J’ai
été presque assommé ; enfin je m’en tire avec deux grosses bosses derrière
la nuque.
Un
camarade est légèrement blessé. La nuit vient ; nous couchons à 20m. à
gauche de la ferme. Nous faisons une corvée de foin et de paille et passons une
bonne nuit ; nous couchons à quatre côtes à côte et avons bien chaud.
J’écris
et reçois une lettre du 22 7bre.
Le
jour vient, j’ai une douleur dans l’épaule droite. On fait le café ; cela
est notre principale nourriture, car toujours manger des biftecks à moitié
cuits, cela ne va plus.
Je
suis complètement dégoûté de la viande ; on mange des tartines de
saindoux ;
Vivement
que l’on puisse manger une bonne soupe aux légumes et faire la pause pendant
quelques jours. Les fins tuyaux de G.D. étaient heureusement faux. Il y à trois
corps qui attaquent les boches de flanc et, nous sommes là pour les empêcher de
reculer et de passer par la trouée de Spada.
Pour
ce matin nous sommes encore à la ferme en position d’attente, à la ferme du
grand moulin.
Es
obus éclatent devant nous, je croix, assez loin ; en ce moment, les
cuisiniers font la soupe.
La
journée se passe sans accident, toujours les obus à droite, à gauche, et
partout.
A
la nuit, nous allons reconnaître les emplacements pour faire faire des
tranchées pendant la nuit.
Il
faut être prêt pour 7 heures.
Nous
ne partons que vers 9 heures. Nous touchons de gros outils et partons au
travail. Nous fortifions la ferme face à la vallée ; le travail dure
jusqu’à 11 heures. Nous rentrons nous coucher dans le foin ; il fait
bon ; on ne souffre pas du froid.
Vers
3 h. du matin, alerte.
(J’écris)
Nous recevons une vive fusillade à droite ; nous nous portons vivement aux
tranchées et attendons. Les balles passent au dessus de nos têtes, les obus
éclatent sans blesser personne heureusement.
Je
suis fatigué et mal partout ; j’ai l’estomac en déroute.
Je
dors dans la tranchée ; nous y restons environ une heure, jusqu’au moment
où la fusillade a cessé, ensuite nous sommes rentrés nous coucher.
A
5 h. réveil, on prend le café ; on se recouche malgré une pluie fine qui
commence à tomber.
E
me mets à l’abri comme je peux avec un cuir de capote de voiture que j’ai
découpé hier soir ; Les obus éclatent devant nous.
Ce
matin, cette fusillade était une escarmouche entre les Chasseurs et les
Allemands.
Hier
j’ai reçu une carte du 22, cela est long à venir. Le temps semble long,
interminable ; nous sommes là à attendre, couchés sur la paille, tendant
le dos à chaque instant, se cachant à chaque aéro qui passe ; malgré cela,
nous dormons pendant une bonne partie de la journée.
L’estomac
se remet un peu, car on a pu faire cuire quelques pommes de terre et se mettre
au régime végétarien ; Les cuisines se font dans toutes les chambres de la
maison ; je ne sais pas comment ils peuvent rester dans la fumée, comme ils
le font.
Dans
la soirée nous faisons une grande tranchée pour nous mettre à l’abri des obus.
Le travail était presque fait, quand un grand panneau recouvert de terre s
‘écroule, alors tout est à refaire.
A
la tombée de la nuit une vive fusillade devant accompagnée de canon ; nous
allons vivement aux tranchées ; au bout d’une heure cela se passe, nous
allons chercher des outils et creusons encore d’avantage nos tranchées ;
nous rentrons à 9 h1/2.
On
se couche ; on touche l’ordinaire.
10
h1/2, le canon tonne toute la nuit ; celle-ci se passe quand même sans
incident.
(J’écris
– Je reçois une carte du 25 et du 2 7bre.)
Réveil
au jour, il a gelé, même assez fort ; nous sommes tous à la glace ; en
attendant le lever du soleil nous nous promenons de long en large, nus prenons
le café qui nous fait un grand bien. Le matin le soleil est bon ; nous
nous réchauffons bien.
On
entend quelques coups de fusil en avant de nous, quelques coups de canon aussi.
Il
passe beaucoup d’’aéros ; à chaque instant nous sommes forcés de nous
coucher rapport à eux.
A
la nuit nous sommes alertés, comme tous les soirs une vive fusillade, c’est (…)
qui sont attaqués. Au bout d’une heure c’est fini et nous rentrons.
Comme
depuis quelques jours nous couchons jusqu’au matin, je dors à peu près, je n’ai
pas eu froid.
(J’écris
une carte et reçois carte du 20 7bre.)
Toujours
la même chose, nous restons en position d’attente derrière notre maison qui
n’est pas un moulin, mais une ancienne fabrique de chicorée. (Chicorée de
Domrémy, écart de Lacroix s/Meuse) ; Le temps est toujours au beau, il
gèle un peu la nuit. C’est abominable, on ne peut pas se laver ; voilà
bientôt huit jours qu’on ne l’a pas fait.
Je
commence à trouver le temps bien long et ennuyeux ; toujours là à attendre
et tendre le dos, cela n’a rien de bien amusant. En ce moment, c’est la vie de
brute : rien à lire, rien à faire.
En
ce moment il éclate des obus très près de la ferme, où nous sommes. Je crains fort
que nous n’ayons été repérés par un aéro qui en passant au-dessus de nous à
justement arrêté son moteur. Ce n’est heureusement qu’une fausse alerte. La
nuit, vive fusillade qui dure très peu ; nous ne nous dérangeons pas
quoique les balles passent au-dessus de nos têtes.
Nuit
ordinaire, rien de nouveau.
Le
matin je suis désigné pour aller chercher de l’huile pour la Compagnie dans une
fabrique de galoches qui se trouve en avant de nous. Les obus l’entourent juste
comme nous y allons ; mais cela se passe et, nous avançons quand même. Là
se trouve une importante usine qui a été bombardée. Cela devait être une belle
installation d’après ce qu’il en reste (Usine Letscher).
Je
rapporte de l’huile, outils et légumes, ce qui va nous servir à faire de bons
repas. J’y retourne deux fois encore de manière à rapporter tout le nécessaire
pour faire des abris. Le soir nous mangeons une excellente soupe aux choux et
de bons légumes.
On
nous dit que nous allons remplacer le 214, mais cela est faux, car nous passons
encore la nuit à cet endroit.
Vers
7 heures nous allons aux tranchées pour les renforcer encore ; nous
rentrons deux heures après.
Alerte !
Nous courons à nos emplacements ; comme toujours fusillade nourrie, canon.
Au bout d’une demi-heure nous rentrons.
2
heures plus tard, deuxième alerte ; cela devient énervant.
(Je
ne reçois rien). Je dors profondément, on est forcé de me réveiller tellement
je suis bien au chaud dans mon foin. Il fait un épais brouillard ; les
cuisiniers se sont laissés voler le sucre et le café ; enfin je peux en
avoir un quart à la 15ème et à la 16ème.
La
matinée se passe monotone, sans rien de nouveau ; quelques coups de canon
tirés dans notre direction, mais beaucoup trop longs. On fait presser les
cuisiniers car nous devons relever le 154ème. Vers 12 heures nous nous mettons
en route ; nous allons occuper des abris faits sur la crête au dessus de
la saboterie ; là, nous sommes très bien dans de beaux abris. Nous passons
l’après-midi à dormir dans nos nouvelles habitations. Le soir nous mangeons du
singe, car nous n’avons pas pu faire du feu étant trop près de l’ennemi. A la
nuit, nous allons dans nos tranchées qui se trouvent à vingt mètres plus haut,
dans le bois. J’ai trouvé une toile de paillasse qui serte à nous envelopper
Picard et moi, avec un peu de foin dans le fond, nous dormons on ne peut mieux,
nous avons bien chaud.
Incident :
Comme nous allons prendre position, on nous tire dessus (Allemands ou Français,
je ne sais pas qui). La section est de garde ; nous devons faire des
rondes, c'est-à-dire aller tout le long des tranchées, et faire un tour aux
cuisines qui se trouvent dans l’usine et qui fonctionnent seulement la nuit. Je
fais ma ronde vers trois heures du matin, rien d’anormal, je rencontre un homme
qui se ballade, mais à la cuisine on fait le thé avec du pain grillé. J’y reste
environ une heure et retourne dans ma tranchée où je redors jusqu’au matin.
(J’écris
2 cartes)
Nous
rentrons dans nos abris ; là, la soupe au bœuf nous attend avec du riz au
gras ; nous mangeons et arrangeons nos abris, car le brouillard est très
épais et la pluie menace.
Je
me fais un bon petit coin, monte une étagère de manière à mettre mes bibelots,
et maintenant nous n’avons plus qu’à lire ou dormir, c’est au choix.
Cette
nuit, aucune alerte, cela nous change, car, d’habitude c’était une ou deux
alertes par jour. Ce matin tout est calme, la journée se passe sans rien de
nouveau. Ce qui m’embête, c’est qu’on à rien à manger de chaud, n’ayant pas pu
faire de cuisine pendant la journée.
Une
patrouille ayant été à la cartonnerie en avant de la saboterie est vue et
immédiatement arrosée par les obus, pas d’accident.
La
nuit vient, nous pourrons coucher dans nos abris ; à la moindre alerte
nous devons aller dans nos tranchées.
(J’écris
le matin ;) Réveil. Cuisiniers apportent la soupe ; rien de nouveau.
On
dort, on lit, on fume, vie d’inutile et abrutissante.
Le
canon tonne fort vers St Mihiel.
J’attends
le vaguemestre. La journée se passe la même que les autres, sans rien de
nouveau.
J’améliore
mon abri de manière à ne pas mouiller, car voilà la pluie qui commence à
tomber.
J’attends
en vain le vaguemestre, car, rien ne vient et j’attends toujours mon colis.
(J’écris).
Nuit sans alerte.
Toujours
(…) par les cuisiniers ; on peut se laver, cela fait beaucoup de bien.
Je
me fais raser et couper les cheveux.
L’adjudant
Mathis revient ; le temps est brumeux ; il pleut, même un peu, la
pluie ne dure pas ; on lit ; le soir je suis désigné pour aller
garder le miel des officiers dans une cartonnerie qui se trouve en avant de
nous.
J’y
vais avec quatre hommes ; nous sommes salués par une salve de shrapnells,
qui ma foi, nous serrent de près ; nous arrivons malgré cela à la
ferme ; les obus tombent jusque sur le toit.
Au
bout de cinq minutes, accalmie.
Alors
nous cherchons les mouches, une ruche pleine est renversée ; on essaye de
tirer des cadres, mais sans résultat, car, aussitôt, on est entouré. Malgré
cela, après maints efforts, nous pouvons en avoir deux cadres, juste au moment
où les hommes des officiers viennent pour les chercher. Eux, s’en retournent
bredouilles ne pouvant plus approcher les mouches en furie.
Nous
restons dans les baraques.
Pour
la nuit, la section fournit des sentinelles et est de ronde. Alors vers 11 h.
on va faire le thé ; la nuit est fraîche, il gèle.
Réveil
en fanfare par la soupe. (Déconvenue des hommes chargés d’aller chercher le
miel pour les officiers : un sergent du 154ème a emporté la
ruche, le miel et tout le truc.)
Le
soir on joue au 31, on lit, dessine ; enfin je constate qu’à la guerre on
prend bien des défauts : on joue, fume, boit, etc.…
Pendant
la nuit, je suis malade, j’ai des coliques qui me font souffrir. Je me relève
plusieurs fois dans la nuit.
(J’écris
une carte)
Réveil
à 3 h. du matin pour aller relever la 11ème Cie. Qui se trouve en avant dans le
bois.
Nous
arrivons aux emplacements au lever du jour ; nous changeons d’abri.
Nous
prenons des tranchées pour tirer à genou qui sont recouvertes, mais il fait
froid, on y est gelé ; pourvu que nous n’y restions pas longtemps. Nous
sommes tout à fait en première ligne ; nous voyons la crête où sont les
tranchées Allemandes.
Pendant
la journée nous lisons et jouons aux cartes.
Dans
l’après-midi, nous allons faire des feux de salve sur une lisière de bois qui
se trouve à 1600 m. d’où nous sommes.
Nous
avons des petits postes en avant de nos sections qui se trouvent juste à la
lisière du bois. Nous n’avons rien à manger, nous ne pouvons plus faire qu’un
repas par jour, le matin au (…) alors total, on ne mange presque plus rien.
Nous nous couchons : vers 24 h. alerte ! les balles sifflent, les
petits postes rentrent ; cela dure au moins une heure.
Nous
sommes derrière nos créneaux avec un tas de cartouches, prêts à tirer. On recommence
à dormir jusqu’au matin.
(Je
reçois mon tricot)
(J’écris
une carte).
Baronick
(1) donne une de mes cartes à sa femme. Rien de nouveau. Toujours à la même
place, même emploi du temps. Dans la soirée nous sommes entourés d’obus ;
en ce moment même les éclats arrivent jusqu’aux tranchées. Rien de changé à la
situation.
BARONICK Paul Arthur,
sergent au 155eme régiment d’infanterie (né le 17/12/1891 Vaucouleurs) + 12/08/1918 au bois de Loges – Conchy les
Pots (60)
10 8bre.
(J’écris
une carte)
On
a passé une bonne nuit, bien chaude, sans alerte. Mais au matin il pleut et
cette pluie dure presque toute la journée. L’eau traverse nos abris et nous
commençons à mouiller. On se préserve tant bien que mal ; pour la nuit on
se couche dans les petits coins qui n’ont pas été mouillés, tous
recroquevillés ; enfin on arrive à dormir.
Une
vive fusillade nous réveille vers onze heures ; mais alors ce n’était pas
pour rire.
Au
bout d’une heure cela cesse et nous recommençons à dormir.
Je
suis réveillé à 3 heures pour faire une patrouille. Je fais ma patrouille sur
la gauche de (…) et m’approche très près des Boches, à peu près à 100 mètres de
leurs tranchées.
J’en
vois une cinquantaine qui se défile, alors nous nous en retournons.
Des
camarades de la 12ème sont moins heureux, ils sont attaqués et
perdent un homme.
Le
beau temps est revenu et est le bien venu, il va un peu sécher nos couvertures.
Les obus passent au-dessus de nous ; à part cela, rien de nouveau. Combat
d’artillerie toute la journée.
Je
donne renseignements su patrouille. Rien d’autre pour la journée. Je reçois une
carte du 5 8bre. 1914
(J’écris
une carte ;)
Il
a gelé, même assez fort. La nuit a été tranquille, sans alerte. On construit
une tranchée de plus à droite. Rien de nouveau.
(J’écris
une carte)
Nuit
tranquille, sans alerte, très chaude avec une couverture touchée à l’ordinaire.
On pose fils de fer devant la tranchée. On tire sur un aéro passant à bonne
portée ; rien d’autre.
Nuit
tranquille. Bombardement terrible dans les environs ; rien d’autre.
Nuit
tranquille. On refait nos abris pour y séjourner. Chef de chantier ; le
soir je reçois un bienvenu colis et deux lettres (enfin, j’ai des nouvelles).
Demain
nous changeons d’emplacement.
Nuit
terrible, engagement sur toute la ligne, fusillade nourrie.
(J’écris
une lettre)
Nous
changeons avec le 12ème Cie.
Oh !
Alors ce travail ; on pioche toute la journée dans la côte. J’attrape des
ampoules.
Je
pellette, pioche toute la journée, enfin vers 4 h. notre trou est fait, nous
couvrons provisoirement pour la nuit.
A
la nuit, nous allons sur nos emplacements de combat. Nous y trouvons des
tranchées sans créneau, inutilisables, sales, ignobles. Nous faisons des
créneaux et rejoignons nos abris.
Nous
couchons à même le sol ; c’est dur et pas très chaud. Le réveil sonne à
deux heures, les cuisiniers s’en vont : à 5 h. départ ; relève du
petit poste.
(J’écris
une carte.)
Nous
sommes en petit poste à gauche des tranchées ; nous avons un petit abri.
J’envoie
chercher un seau d’eau ; nous pourrons peut-être enlever le plus gros de
la crasse qui nous couvre.
Le
temps est sombre.
Voilà
le mauvais temps qui vient à grand pas ; gare au quartier d’hiver !
Heureusement, il ne pleut pas très fort, et tous nous pouvons loger sous le
petit abri. Toute la nuit nous sommes dérangés par les sentinelles qui se
relèvent. Aucun bruit.
Quelques
coups de fusil en fin rien. Nuit tranquille ; la température est douce.
(J’écris)
On
vient nous relever à 5 h. Nous prenons le café et repartons aux abris.
J’améliore un peu ma place et lis un beau livre. L’après-midi, nous jouons aux
cartes jusqu’au soir ; La nuit vient. Rien de nouveau sur notre front.
Vive
canonnade du côté de St Mihiel.
(J’écris
une carte.)
Je
reçois une carte du 12 8bre. Nous faisons une théorie sur le montage des
tentes. Le chef qui est allé à Dieue nous vend (chocolat, gâteaux, conserves,
enfin c’est la noce !).
Les
parties de cartes recommencent jusqu’à 4h. Alors nous essuyons une vive
canonnade sans aucun mal.
Demain
nous délogeons (Un tuyau : nous devons remplacer les troupes de
Paris ; si cela pouvait être vrai !).
Le
soir, je reçois un paquet qui m’est apporté par Mr. Poirson.
J’y
trouve du chocolat, flanelle, conserves) et des nouvelles du 16 8bre. La nuit
vient ; à peine couchés, voilà la fusillade ; nous allons aux
tranchées et tirons sur je ne sais quoi ; sur quelques patrouilles qui
sont dans la vallée. Les balles sifflent au-dessus de la tête ; cela dure
jusqu’à 24 h.
A
24 h. nous retournons dans nos tranchées et dormons jusqu’à 4 h. du matin sans
autre incident.
(J’écris
une lettre.)
A
5 h. du matin, la 10ème Cie nous relève et nous allons dans les tranchées
de la 12ème.
Je
touche une chemise neuve, j’en profite pour me changer ; on se rase ;
enfin on peut un peu s’approprier, ce n’est pas sans mal. J’oubliais :
Dans la nuit les Boches nous envoient des fusées éclairantes
La toilette faite, on s’occupe de couture. Je
fais des poches à ma capote. Je suis longtemps à faire cet ouvrage, mais enfin,
j’y réussis à peu près. La nuit se passe sans rien d’anormal; aucun bruit,
rien.
(J’écris
une carte.)
Nous
mangeons un exquis rôti avec du riz. J’achève mes poches de capote ; on se
lave à grande eau. Je vais faire le thé et m’occupe de la cuisine pour le soir.
Je fais le thé, ensuite on épluche les choux et les pommes de terre et le chef
cuisinier Chilly met le tout en route.
Nous
avons alors un excellent plat de choux auquel nous ajoutons une petite boite de
saucisses conservées.
A
la nuit Finot va à la chasse et rapporte un superbe lapin pour le lendemain. Un
peu avant la nuit, nous recevons des obus qui ne nous font aucun mal.
(J’écris
une carte.)
Nuit
pareille. Aujourd’hui nous changeons d’emplacement ; nous allons en
première ligne. Nous retrouvons les tranchées que nous avons faites la première
fois ; Il faut encore y travailler, les autres compagnies n’y ayant rien
fait. Nous mangeons un lapin préparé par Chilly.
Le
soir nous organisons une popote ; l’autorisation nous est donnée. Le
sergent-major va aux provisions à Dieue.
Je
reçois un colis donné par Mme Baronick ; nuit tranquille sans aucun
incident mais le matin il fait froid.
(J’écris
deux cartes.)
Je
passe la journée à lire « Triboulet » ; rien à signaler ;
Vers
4 h. vive canonnade. Je reçois un colis apporté par Madame Baronick ; la
nuit se passe sans incident.
(J’écris
une carte.)
La
popote est en route, et cela marche pas mal. Si cela continue, on ne sera pas
mal. La journée passe vite au travail. Je reçois une carte du 16 8bre ; la
nuit se passe sans rien ; canonnade assez loin de nous.
J’écris
et envoie du linge sale ; il arrivera s’il peut. Je reçois les deux
paquets annoncés du 13 8bre. ; il y manque bien des choses. Ce matin, les
obus (des gros) ne tombent pas loin ; nous construisons toujours des
abris ; si cela continue, nous serons bientôt terrassiers.
(J’écris
trois cartes.) Cette nuit il a plu ; voilà le mauvais temps qui revient.
Nous changeons de tranchées, nous allons dans le ravin près de la saboterie. Je
demande des cartes de l’Etat-major. Rien d’anormal. On voit les obus tomber sur
le camp des Romains. Il fait froid, on sent l’hiver qui approche à grands pas.
J’écris.
Nuit passée tranquillement, sans incident ; Rien de particulier dans la
journée.
J’écris.
Nuit tranquille ; on lit ; on creuse de nouvelles tranchées abris
contre la grosse artillerie.
Dans
la soirée, il brouillasse à la nuit il pleut fort. Malgré cela, nous ne
mouillons pas sous nos abris ; à part quelques gouttières, c’est
absolument étanche ; il ne fait pas froid.
Dans
la matinée nous avons été entourés par les obus de 155mm qui éclatent à très
peu de distance.
La
nuit se passe tranquillement. Il ne fait pas froid et on la trouve mauvaise
quand le matin à 5 h il faut aller relever la section qui se trouve dans les
tranchées vis-à-vis de la saboterie.
(J’écris
sur carte.) En ce moment nous sommes dans les tranchées et attendons la soupe,
qui paraît-il, doit être épatante : Petits pois, museau de bœuf, frites,
etc., tout cela arrosé d’eau stérilisée avec de l’eau de Javel.
Les
obus passent et vont probablement se perdre sur ce pauvre fort de Trayon.
(J’écris
une carte.) La nuit s’est passée sans incident.
Vers
7 heures du soir, violente fusillade à notre gauche qui finit rapidement.
Pendant la nuit, le canon tonne sans discontinuer (gros calibre et shrapnells,
tout cela dans la direction de Saint-Mihiel, à notre droite.)
A
part cela nous sommes bien dans notre baraque.
A
4 h. du matin, nous nous levons et changeons d’emplacement pour aller sur les
tranchées de première ligne. Aussitôt arrivés, nous travaillons à la
construction de fours de campagne et de nouveaux abris.
Cela
demande beaucoup de travail et est long à faire. Il fait très froid et le sol
est complètement détrempé. Je vais travailler pendant une heure, matin et
soir ; je trouve que cela me fait du bien. La nuit se passe sans
incident ;
Toujours
à notre droite c’est un roulement continuel produit par l’éclatement des
grosses pièces ; le sol en tremble et pourtant l’éclatement est loin.
J’écris
une carte et une longue lettre ; Continuation des tranchées abris. Je vais
travailler.
Toujours
le même grondement à notre droite.
Les
Allemands ont reculé dans le Nord ; ils ont perdu 20000 hommes.
Nous
avançons entre St. Mihiel et Apremont.
Dans
l’après-midi, nous faisons des croix et des couronnes pour aller rendre hommage
demain à nos camarades qui se trouvent enterrés près de nos tranchées.
Le
temps, après une pluie fine tombée ce matin, s’est remis au beau. Je crois
qu’il va geler cette nuit. A tout instant un coup de feu part, et comme aux jours
précédents, c’est une grande lutte d’artillerie.
Le
temps se débarrasse des nuages et je crois qu’il va geler cette nuit.
Fête
de la Toussaint.
J’écris
une carte et reçois une carte du 23 octobre.
La
nuit a été froide.
Vers
7 heures du soir, il se produit une violente canonnade de notre front :
cela forme un demi-cercle autour de nous ; les Allemands y répondent
naturellement aussitôt, sans ménager leurs munitions ;
Le
154ème doit poser des fils de fer dans le ravin face à Seuzey ; cela se passe
vers 3 h. du matin. Aussitôt le premier piquet en terre une vive fusillade se
déclenche et dure presque jusqu’au jour.
Vers
5 heures une délégation de la Compagnie va porter les couronnes et croix sur
les tombes des malheureux camarades ensevelis dans la vallée ; toutes les
tombes sont fleuries et arrangées avec beaucoup de goût : C’est leur fête
et on ne le oublie pas ! La matinée est superbe, le temps est sans nuage,
le soleil est haut ; malgré tout cela, c’est toujours le sinistre
ronronnement des obus, même ils éclatent tout près de chez nous, en faisant
tout trembler.
Je
vais écrire et essayer de faire parvenir ma lettre par un cycliste, après cela,
j’irai piocher pour me remuer un peu.
J’écris
une carte. Je reçois une carte du 23 8bre. Et un colis du 30 8bre apporté par
le Camille.
Toute
la nuit, canonnade vive ; le village de Rouvrois brûle au loin.
Vers
24 heures la pluie commence à tomber sans nous inquiéter jusqu’à 3 heures. Mais
à cette heure la toiture est percée et alors c’est la misère.
Nous
tendons nos toiles de tentes à l’intérieur de la tranchée ; nous pouvons
alors dormir jusqu’e vers 5 heures.
On
vient demander les hommes qui veulent aller à la messe qui est dite par un prêtre
de la deuxième qui le célébrait dans le (…).
Au
matin le temps s’élève et nous pouvons faire sécher nos tentes et couvertures.
Je reçois un colis contenant une lettre m’apprenant la mort de mon oncle. Le
reste de la journée se passe sans incident.
Si,
à un moment donné les shrapnells nous arrosent ; nous croyons être
repérés, mais je ne le crois pas.
Demain
nous changeons de tranchées. Je suis de garde. Le soir nous faisons le thé et
attendons le Chef qui rapporte des provisions.
La
nuit se passe sans incident.
J’écris
une carte.
Je
prends le petit poste à 5 h. du matin ; rien d’anormal. Dans la matinée,
il pleut un peu. Nous tendons des toiles de tentes à l’extérieur pour agrandir
notre abri.
La
journée se passe sans aucun incident. La nuit vient. Il fait un beau clair de
lune, on y voit presque comme en plein jour.
Une
patrouille se dirige vers Seuzey ; elle rencontre du fil de fer mais peut
tout de même pénétrer dans une maison.
Nouvelles.
Les
Allemands reculent dans le Nord. Je ne crois pas que nous restions encore
longtemps au même endroit.
Pour
moi, nous reprendrons bientôt la marche en avant et cette fois pour la
bocherie.
J’écris
une carte. Je suis relevé à 6 heures. La nuit a été très calme ; seulement
quelques coups de fusil qui ont salué la patrouille qui est allée à Seuzey. Je
vais aux tranchées.
Pendant
la journée, rien de nouveau ; toujours la même vie. La pluie semble
revenir à la charge ; mais voilà les Boches qui bombardent, alors pas de
pluie ce soir. La journée se passe sans encombre.
Je
reçois un paquet du 31 8bre. Donné à Mme Lefranc ; il ma parvient par le
ravitaillement.
J’écris
une carte. J’en reçois une du 28 8bre.
Nuit
tranquille ; quelques coups de fusil isolés, rien à signaler. Nous
changeons de tranchées à 5 heures.
La
journée se passe bien. Il passe quelques aéroplanes qui se font saluer par des
obus dont les éclats tombent à nos pieds. Vers 7h. vive fusillade à notre
gauche.
J’écris
une carte. Nuit tranquille.
Je
prends presque un bain ; je me lave des pieds à la tête. Dieu ! Que
c’est froid ! Matinée sans bruit ; quelques coups de fusil. On
continue toujours à creuser des tranchées.
Le
nouveau Colonel est arrivé hier soir. On touche du jambon, du saucisson
d’Arles. Je reçois une carte du 23 et une du 30 8bre.
Toute
la journée nous cuisions : pommes frites, etc.
Affaire
Tribout.
7 9bre.
J’écris
une carte. Départ à 5 h. pour la première ligne ; nous avons reçu les
conducteurs. Fort brouillard, on n’entend rien ; nous travaillons à l’achèvement
des tranchées abris.
On
fabrique du chocolat à l’eau.
La
nuit vient ; il brouillasse.
Vers
11 heures une vive fusillade éclate à notre gauche, cela dure environ une heure
et tout rentre dans le plus grand calme.
J’écris
Je
suis de jour, rien de nouveau dans la matinée.
Je
creuse des tranchées pendant un moment. Les Boches se sont réveillés, ils
tirent un peu le canon. Résultat de l’attaque de cette nuit, une compagnie
boche dans les fils de fer et douze tués de chez nous. La nuit vient, rien de
particulier, quelques coups de fusil
9 9bre.
J’écris
et le matin application du nouveau programme ; Réveil à 5 heures.
De
5 h. à 7 h. soins individuels ; de 7 à 9 h. terrassements ; 9 h. à 11
h.1/2 repos ; 11 h.1/2 à 4 h. terrasse.
A
7 h. nous allons apprendre le lancement des grenades à main.
Il
fait froid, on croit à la neige. En ce moment, les (…) surnommés marmites
tombent à notre gauche. Nuit très froide. Vinot change de place, disant que je
ronfle trop fort.
J’écris
et je reçois une carte du 2 9bre.. Brouillard épais, on est gelé. Gymnastique
suédoise avec (…) Demain nous changeons. Je suis de garde ; la nuit se
passe sans accroc.
Je
prends la garde dans le ravin.
Nous
travaillons à la réfection des tranchées que l’on doit rehausser et couvrir
comme il faut. A la nuit, il vient une section de renfort.
Je
vais avec m demi-section dans une tranchée qui coupe la prairie ; le
brouillard commence à tomber. Pendant la nuit quelques coups de feu et de canon
tirés de part et d’autre.
Vers
24 h. la pluie commence et tombe à torrents jusqu’à 3 h. Je tends ma bâche et
me couvre tant bien que mal.
La
tempête fait rage ; après la pluie les étoiles et il fait un froid de
loup.
J’écris
une lettre. Je suis relevé à 6 heures et nous allons un peu nous chauffer et
nous sécher….
….. Pages manquantes….
Pas
mal de provisions. La journée se passe entre la pluie et le soleil ; les
shrapnells et les marmites nous entourent.
Nous
prenons possession d’une nouvelle tranchée très solide.
Ce
soir, il y a concert, jusqu’à 9h., chants, etc. Pendant la nuit il gèle.
J’écris
– Le sol est couvert de givre ; nous allons faire un tour à la
cartonnerie.
Vers
12 h. la pluie commence à tomber fine d’abord puis de plus en plus fort.
Toute
la nuit la pluie tombe par rafales, néanmoins nous dormons très bien, car ayant
tendu nos tentes la pluie ne passe pas, mais au matin cela passe et nous sommes
noyés pour toute la journée.
La
pluie tombe à certains moments et cesse de même. Mais sous la tranchée, c’est
la pluie continuelle, la terre s’égoutte ; A 12 heures, nous recevons
l’ordre de nous tenir prêts car la 10ème attaque.
C’est
alors une canonnade terrible, tout tremble ; les boches répondent bientôt,
mais sans succès.
Pour
la nuit, nous nous couchons comme nous pouvons, et je vous assure, on n’est pas
trop bien. Je reçois un colis par Mme. Baronick.
J’écris
et envoie mon linge. La pluie a cessé et en ce moment il gèle.
Nous
allons en première ligne, là aussi les tranchées sont inondées ; nous
devons rester équipés, car l’attaque continue ayant réussi sur (…)
A
11 heures une violente fusillade éclate à notre droite : nous nous
installons aux créneaux.
J’écris
mon journal en attendant ; cela dure à peu près une heure. Jusqu’à la
nuit, cela pétarade toujours un peu ; Le soir nous ramassons des feuilles
pour nous coucher.
J’ai
trouvé un store que je mets dessous, on s’enroule dans sa couverture et dort
pas mal cependant jusqu’au matin. Nuit calme.
J’écris
et reçois une carte du 9. La nuit a été très froide : tout est gelé et le
matin il faut se remuer pour avoir chaud. Je prends la garde ; pendant la
journée le canon tonne et quelques coups de fusil déchirent l’air de temps à
autre. Le soleil est bon, mais gare cette nuit, cela va piquer et
malheureusement notre abri n’est pas bon.
Vers
St. Mihiel, c’est plus calme, on n’entend plus rien.
En
ce moment on entend un moteur : c’est encore un Taube. Mais très vite, il
file poussé par les obus dont les éclats tombent à nos pieds en susurrant comme
une abeille.
Je
n’ai pas encore eu la veine d’en voir tomber un ; pour avoir ce plaisir.
La
nuit promet d’être froide. J’envoie 2 hommes à la cartonnerie pour aller
chercher du papier, sans quoi il faudra coucher sur des ramures, ce qui n’a rie
d e doux ni de chaud.
Nous
buvons le café le soir et la dessus on se couche, mais, hélas ! Pas pour
longtemps.
Chaque
heure je suis obligé de me lever pour me réchauffer ; il gèle.
J’écris
chez nous et à Marie, et, reçois une carte du 10.
La
nuit a été très froide. Il y a de la glace le matin ; il gèle au point de
transformer les gouttières de la toiture en morceaux de glace. Toute la nuit il
passe de gros obus qui viennent et vont je ne sais où, car on n’entend ni le
départ ni l’arrivée.
Ce
matin nous avons repos.
Quelques
aéros passent dans la matinée. Nous devons avoir la visite du général Cdt. le 6ème
Corps d’Armée. La nuit vient.
J’écris.
La nuit a été très froide ; tout est gelé. Le Général de Division vient dans
les tranchées.
Dans
la journée le soleil se lève ; il fait moins froid.
Toute
la nuit la fusillade a roulé du coté de St. Mihiel.
En
ce moment c’est un concert d’artillerie.
Ce
matin j’ai reçu une carte du (…)
Le
soir le temps se couvre, on croit à la neige. Dans la soirée, je pioche ferme
pour me réchauffer. La nuit est froide, il a pourtant gelé moins fort que la
nuit précédente.
La
partie Ouest de (…) saute.
J’écris.
La matinée est froide.
Je
travaille aux tranchées. Toute la nuit le canon a tonné vers St. Mihiel.
Nous
touchons des bandes ; rien à signaler ; on travaille dans la journée.
J’écris
et reçois une lettre du 15 et du 15 de Mme Seilignmann et mon colis du 4.
La
nuit a été très froide ; On entendait le vent souffler ; il faisait
bon se remuer dans sa couverture.
Malgré
cela, quelques petits courants d’air nous faisaient penser que l’on n’était pas
au lit, et si on avait voulu l’oublier, le canon qui a roulé toute l nuit se
chargeait de faire savoir que l’on était autre part.
Visite
à Biesle.
Le
283 vient voir les tranchées ; il court des tuyaux (changement). Je prends
la garde demain.
J’écris
chez nous et à Madame Seiligmann.
Il
ne fait pas si froid que les autres jours.
Je
prends la garde à 6 h. au petit poste ; le travail continue jusqu’à 12 h.
Les
Boches nous envoient des shrapnells sans effet. A 4 heures revue en tenue de
campagne (compléments pour les fusils). La nuit vient, le temps n’est pas bien
sombre.
Les
Boches envoient des fusées éclairantes toute la nuit ; ils tirent sur un
poste de 10ème ; les balles passent au-dessus de nous
Je
reçois deux cartes du 16 et du 17 9bre.
Je
reçois un colis (flanelle, chocolat).
A
5 h. vient le 288 qui doit nous relever ; Nous donnons les consignes et en
route vers un nouveau pays.
Nous
n’allons pas bien loin, car on nous autorise à prendre notre literie.
Nous
occupons les refuges des chasseurs. C’est merveilleux : ils ont creusé la
côte entièrement et l’on ensuite reconstruite.
A
part quelques portes, on ne se doute nullement qu’il y a des tranchées.
Les
abris sont épatants, mais c’est infect. Il nous faire un déblayage complet et
ensuite aérer. Pour cela, c’est assez facile ; nous levons les châssis et
bientôt cela devient de nouveau très bien.
A
ce moment les obus viennent nous trouver, mais voilà que la rafale se calme
Je
reçois une carte du 19 9bre et un colis.
J’écris
La
nuit a été épatante. Dans nos tranchées nous sommes comme à la caserne.
Je
lis toute la soirée. Nous dormons très bien ; le matin, la neige a fait
son apparition ; nous sommes tous étonnés : malgré cela il ne fait
pas bien froid.
Le
matin nous allons nous laver par peloton.
Nous
sommes présentés au Colonel à 10 h. Il nous fait poiroter sous la neige pendant
une heure.
Pendant
la journée, il neige. Nous sommes très bien dans nos abris. La journée se passe
en lectures, bien au chaud dans nos baraques. A 24 heures nous allons faire des
tranchées dans la vallée entre le bois de la Selouze et les Chevalliers.
J’en
profite pour aller voir J.S. qui est en poste avancé à 200 mètres des boches.
On nous tire trois coups de fusil sans nous atteindre ; une balle vient
s’écraser sur le mur.
Nous
rentrons à 3 h. sans encombre.
J’écris.
Nous achevons notre nuit. J’ai mal aux pieds, je peux à peine marcher. Je crois
à un abcès sous l’ongle. Nous passons notre journée à lire des journaux qu’a
rapportés un évacué.
A
3 h. ½ nous avons revue d’arme. Il dégèle, sur le soir, il gèle
J’écris.
Cette nuit alerte à 2 h.
La
maison brûle ; nous sommes bientôt tous debout et à force de seaux d’eau
nous éteignons le feu. Après l’alerte nous redormons jusqu’au matin 6 h.
A
6 h.1/2, corvée de lavage et repos toute la matinée. Dans la journée, repos.
Lecture
toute la soirée jusqu’à 9 h.
J’écris.
Rien de nouveau. J’envoie du linge.
Nous
allons travailler cette nuit près de Seuzey (pose de fils de fer).
Nous
partons à 5 h., arrivons à 6 h.
Nous
faisons des tranchées, beaucoup de bruit sans toutefois être inquiétés.
Nous
rentrons à 11 h. ; je souffre beaucoup de mon pied : je ne sais pas
ce que c’est.
Dans
la nuit je suis réveillé par la pluie qui me tombe sur la tête : on tend
les bâches.
J’écris
et reçois 2 cartes et un colis.
Je
suis obligé d’être déchaussé toute la matinée car mon pied me fait mal. La
pluie traverse toujours le plafond. Jeu de cartes pendant toute la journée.
La
1ère section prend la garde dans la ferme près de Seuzey. Dans la nuit les
Boches bombardent, envoient les ‘noirs’ dans le ravin ; la section tire
toute la journée dans Seuzey. L anuit vient.
J’écris
et reçois cartes du 20 et 23 9bre.
40
hommes vont faire des tranchées pour les pièces de 120 qui sont derrière la
crête, près de nous.
Demain
revue du Colonel. C’est exactement la vie de caserne (revue et bêtises de la
caserne).
Quand
vient un aéro ennemi, c’est une retraite générale dans les tranchées. Le temps
se remet au beau. Je crois que cette nuit il va geler.
Décembre
Au
lieu de la gelée, c’est la pluie et ce n’est pas plus agréable.
Nous
changeons de logement ; nous allons à cent mètres plus à gauche dans de
grandes baraques. Le déménagement se fait rapidement, nous emportons tout l
matériel (poêles, complet de la maison (c’es à dire tout ce qui est utile,
parti on ne sait où), …..
Pages manquantes
…..
Les papiers à terre foulés aux pieds, les photos traînant dans tous les coins.
Cette maison appartenait à Mr. Hutin, médecin.
On
y trouve des tas de bouteilles pharmaceutiques, et même un squelette. Au moment
où j’écris cela, je suis sur un sommier dans une pièce donnant juste au dessus
de la roue du moulin.
Les
carreaux sont cassés : dans la chambre sont un berceau, deux lits
d’enfants et un poêle en faïence. Les portes sont arrachées et le mur est percé
d’un trou d’obus ; le sol est jonché de paille, de verres, de plâtres.
Dans la chambre à coté de moi est une sentinelle qui surveille Seuzey.
En
ce moment, c’est un vrai concert ; nous avons l’ordre de tirer huit
cartouches par homme sur des points nous paraissant suspects.
Alors
à chaque instant, la maison se transforme en stand. De plus à tout moment un
mauvais Boche nous répond et sa balle vient frapper les murs avec un clac
caractéristique. N’étant pas loin des batteries allemandes, les obus rasent le
toit en produisant un susurrement qui n’a rien de rassurant.
Ou
bien, ce sont nos 75 ou 125 qui passent pour aller éclater chez ces messieurs.
Malgré
tout cela, nous ne sommes guères émus et nous faisons une petite partie de
dames qui est assez intéressante. Tout à l’heure j’ai tiré dans une voiture de
déménagement d’où un homme disait avoir vu partir un coup de fusil.
Mais
je n’ai pas vu le résultat, même à la jumelle. Je me place devant un trou
d’obus et tire sur des (..)
Je
me disposais à partir, quand une balle vient s’écraser contre une pierre à 10
centimètres au dessus de ma tête.
Il
était temps. Je n’ai pas pu voir d’où venait le coup, car j’aurais essayé
d’être plus adroit que le Boche.
A
6 h. nous sommes relevés par la 12ème. Il faut prendre bien des précautions
pour s’en aller, car il fait un beau clair de lune. Malgré cela, nous ne sommes
pas salués par des balles.
Le
nouveau poste a pour consigne d’établir un poste dans Seuzey.
Nous
rentrons dans nos abris ; les bleus nous y attendent. Toute la paille est
mouillée, malgré cela, on s’équipe comme l’on peut et la fatigue l’emportant on
s’endort jusqu’au matin.
J’écris
et reçois 2 colis.
Toute
le nuit on reçoit les gouttières, suivant l’expression, on est (repéré).
On
lit le rapport ; la pluie tombe toute la matinée. Dans l’après-midi,
exercice pour les anciens et jeunes soldats. En lecture jusqu’au soir, vers 9
h.
Demain
revue par le …….
J’écris
Réveil
à 5 h. Les hommes se nettoient jusqu’à 8 h. Revue par le Lieutenant et par le
Colonel à 9 h.
La
séance est interrompue par un aéro boche qui vient se promener ; nous
sommes obligés de nous cacher.
L’après
midi, exercice pour les bleus.
On
présente les armes aux obus qui passent. A un certain moment, je croyais que
c’était le vent qui sifflait dans les baïonnettes ; mais l’éclatement nous fit voir que c’étaient
les copains de là bas qui causaient.
Ma
demeure est en construction, et, de ce pas, je vais voir où en sont les
travaux. Cela n’avance pas vite, car le terrain est mauvais.
J’écris.
Pendant
la journée exercice et travail. Matinées : exercice d’attaque de
tranchées. A 4 heures nous partons pour aller faire un boyau de communication
reliant les fermes en avant de Seuzey.
Nous
travaillons toute la nuit par la pluie battante ; nous sommes transpercés
de part en part. Malgré cela, il nous faut travailler jusqu’à 4 h. du matin.
Les
officiers trouvant sans doute qu’il faisait trop noir nous laissent en plan, on
enrage ; nous rentrons. Alors pour se coucher, c’est une autre affaire.
L’eau passe partout, enfin l’on n’est pas à la noce. C’est une belle nuit de
St. Nicolas.
Nous
passons la journée entière à nous nettoyer et y parvenons avec peine, car les
effets ne sèchent pas.
Ce
soir, bous recevons d’autres bleus.
Nous
logeons les recrues avec du mal ; ils ne sont pas enchantés du logement
car il pleut autant dedans que dehors.
J’écris.
Il
pleut ; c’est le déluge !
Malgré
cela, il y a un exercice et mon équipe travaille à mon abri. Je ne sais pas si
cela sera bien utile, car le Commandant veut que nous couchions dans nos
sections (Il nous trouve probablement trop bien).
Malgré
cela nous passons encore la nuit dans la maison.
Pour
ne pas changer il pleut encore. Pour nous consoler, nous préparons un déjeuner
de fête (chocolat au lait), ensuite on recommence à travailler. En ce moment
les boches envoient des noirs en direction des batteries qui se trouvent près
de Lacroix. Mais ils se trompent, car ils envoient tout sur le crête en face,
ils la labourent. A ce qu’il paraît, ils
ont atteint une pièce : quelques blessés, aucun dégât matériel.
Le
temps s’est remis au variable. Dans la matinée, je suis obligé de
déménager ; nous rentrons dans nos sections. Toute la matinée je travaille
à m’arranger un petit coin ; je taille dans le roc pour y ajuster quelques
planches.
Les
Boches nous envoient des shrapnells qui éclatent juste au dessus du toit des
abris.
Dans
l’après-midi, les bleus font l’exercice et reçoivent des obus ; il y a de
nombreux blessés.
Dans
la soirée, nous allons travailler à Seuzey. Je vais avec mon équipe faire une
tranchée à 250 m de Seuzey. Tout d’abord, je ne la trouve pas.
Alors
je prends deux hommes et vais éclairer en avant. (Pour faire une patrouille, il
faut une volonté, un courage que l’on ne soupçonne pas. Ce n’est pas comme au
combat, dans l’ardeur de la lutte où l’on ne pense plus à rien, qu’à tuer et à
en démolir le plus possible. Non, là on avance pas à pas, la baïonnette haute,
le doigt sur la détente. On reste à plat ventre 10 minutes devant un buisson,
ensuite on rampe jusque là et on s’aperçoit qu’il n’y a rien.
Si
l’on mène a bien sa tâche, on sent un soulagement bien compréhensible quand on
rentre dans les lignes parmi ses camarades, et cela, de l’avis de tous ceux qui
on fait des patrouilles).
Enfin
je trouve ma tranchée ; il faut creuser pour tirer debout.
Au
bout de cette tranchée se trouvait un petit poste du 283. Nous nous
approchons ; les hommes se cachaient retenant leur souffle. Nous demandons
qui est là ? Alors ceux-ci de répondre avec leur accent méridional.
Nous
avions préparé nos fusils et allions tirer ; nous leur faisons la leçon et
les prévenons qu’un des nôtres va faire une patrouille dans les lignes
allemandes, qu’ils ne tirent pas dessus.
Je
quitte le travail à 24 h.
Le
copain Michel fait sa patrouille dans le village ; il rentre sans
difficulté ; par précaution, il dit à ses hommes en allemand : ne
faite spas de bruit, je crois qu’il y a des Français là bas.
Il
donne un coup de baïonnette dans un buisson et sent que sa baïonnette est
prise. Au même moment retentit un formidable « Halte-là » dit en
français et deux coups de fusil le suivent.
Fin de ce carnet
Contacter
le dépositaire de ce carnet
Retour accueil Retour
page précédente