Carnet de tranchée de Toussaint PICARD

Caporal au 269e régiment d’infanterie, puis aviateur

 

 Mise à jour : juillet 2013

 

Les Mémoires de Toussaint PICARD, présentées par son petit-fils Dominique.

Merci à lui.

Mai 2006

 

 

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 Le 269e régiment d’infanterie fait partie, début 1917 de la 139e brigade d’infanterie (avec le 226e RI), qui elle-même est partie de la 70e division d’infanterie.

 

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A.M.Dilly

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Tours, le 26 juillet 1916

Me voici bientôt sur le point de partir à mon tour au front, depuis si longtemps que je le désire, voici enfin.

Depuis le 9 janvier 1916

Depuis quelques jours j’attendais avec une certaine impatience ma feuille de route.

 

Elle vint enfin un après-midi :

« Ma condamnation à mort »

dit le brave facteur qui me l’apporta.

 

Je devais me mettre en route le 9 janvier pour me rendre le même jour au dépôt du 66 à Tours. Je fis mes adieux pendant les quelques jours qui me restaient à passer chez moi. J’étais content de partir, mais cependant avec un peu d’amertume au fond du cœur ; ce qui faisait ma joie c’était l’amour propre que j’avais d’aller, moi aussi porter l’habit militaire et défendre la Patrie.

 

Le 9 était un dimanche, j’avais fait mettre le matin mes ballots chez mon oncle Émile BERTHELOT, et passé midi, je vins chez lui pour le départ, il m’accompagna à la gare où une foule de conscrits bruyants attendaient la départ de train.

Après les adieux je me mêlais à cette foule tapageuse cherchait en vain quelqu’un que je connus ou qui me parus plus réservé que les autres. Peine perdue.

Je montai dans un compartiment au hasard, où je trouvais quelques recrues pour le 66e mais insignifiants.

Pendant le voyage ce fut un tumulte que j’ai peine à imaginer. Je m’ennuyai un peu.

 

 

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 Autoportrait

 

 

Quand nous arrivâmes à Tours il était nuit close.

Nous débarquions au milieu d’un brouhaha fantastique, 46e par ici, 29e chasseurs par-là etc. enfin un cuirassier nous guidait, nous faisait faire des tours et détours au milieu de la ville, il menait derrière lui une foule tumultueuse qui criait et chahutait d’une façon que je n’avais pas l’habitude d’entendre.

 

A la caserne on nous ? d’ici ? à l’autre mais enfin ce fut assez vite fait.

On nous conduisit dans nos chambres où un ?

Je n’étais pas trop mal partagé. Les voisins qui étaient gentils mais quelques types déguigandés le milieu par ? ?de grossièreté et de…

 

 Le lendemain, nous nous installons, puis vint l’exercice sans armes où on nous apprit le garde à vous, Etc.

 Les premiers jours nous ne sortions pas, je commençai à m’ennuyer de cette monotonie où je ne trouvai pas un ami, personne à qui je pus parler, dire ce mot.

 

Le dimanche suivant enfin, nous sortions ; mes premiers pas, je les dirigeais vers la basilique St Martin.

Je servais une messe militaire douze heures trente minutes je m’aperçus que je n’étais pas seul et alors quelque connaissances se firent, puis ce fut tous les jours sortie et à cette heure tous les jours me dirigeait toujours au cercle où je me fis des amis et où je pus connaître, apprécier et aimer l’excellent aumônier militaire Mr l’abbé RUSSARD.

 

 Les jours se passaient, notre instruction suivaient son cours, se compliquait et je n’avais toujours pour amis que le cercle de la rue Baleschoux et l’excellent abbé qui la dirigeait.

Puis, un jour on demanda ceux qui décidaient se présenter au concours d’élèves aspirants, je risquais ma demande qui fut enfin agrée après une série interminable de revues devant le général et combien d’autres autorités.

 

Après un certain temps on nous fit suivre une instruction spéciale, et enfin on nous assembla pour le peloton et le concours. Dans l’ancienne caserne Guise, là je rencontrais nombres d’amis et la vie plus active et plus sérieuse que la caserne.

Je la trouvais également changée quant à la moralité nous pouvions aller à la messe le dimanche entre 6 et 8h ce qui permettait de communier plus facilement.

 

Pendant 8 jours, on travaillait pour le concours c’était une vie de collège en caserne ou les heures d’études à amélioré aussi formes d’exercices et de gymnastique.

Le concours passé on délaissa les livres sauf la théorie que nous devions apprendre tous les jours pendant une heure.

Les heures d’exercices étaient (…) et bien remplies.

De bons (…) nous commandaient et une bonne camaraderie régnait entre nous. C’était la vie de caserne idéalisée, en fait et plus que la camaraderie, une amitié unissait beaucoup d’entre nous.

Malheureusement le bonheur ne dure pas et la dislocation du peloton fut vite arrivée.

 

Après une permission de 4 jours à Pâques, quand nous eûmes les résultats de l’examen, beaucoup nous faisaient tristes mines (…)

Quand je sus que j’avais échoué, je me consolais tant bien que mal mais un vilain cafard me prenait tout de même et que songer (…) retour dans une caserne dont je détestais la vie et les habitudes, alors que je laissai un doux passé de deux mois bien remplis et bien agréables.

Mais la fin de ce peloton fut assombris par une petite histoire qui eu put devenir plus grave encore par la maladresse d’un sous-officier qui se croyait échoué.

Description : image006De retour à la caserne (…une bonne partie du texte est ici illisible)

 

 

 (… le début de la page est illisible)

Le cafard me prend donc et ne me quitte que lorsque (…) d’aller en cantonnement à Restigné (*) fut (…) (?) avant.

Le départ fut remis plusieurs fois.

Pendant tout ce temps je ne (…) qu’une chose tout le jour c’était de voir vite arriver cinq heures et aller passer quelques heures (…) au (…) au pied de la Ste-Vierge. D’ailleurs nous étions dans le noir.

Là il faisait vraiment bon, et quels moments agréables j’y vivais !

 

 (*) : Restigné se trouve à l’ouest de Tours

 

 

Séjour à Restigné.

Après deux jours de va et vient à l’intérieur de la caserne.

Deux jours passés à faire et défaire les ballots, ranger chaque chose en un tas puis …en un autre.

Deux jours de flemme et de fatigue à la fois (…) ni quoi faire, ni comment faire, un (…) midi nous chargeons des voitures de ballots et de caisses on les emmène à la gare.

 

Le soir, revue du commandant qui nous adresse des recommandations bien sages certes mais qui pour beaucoup devaient entrer par une oreille et sortir par l’autre.

 

Le lendemain, tous (…) sous la pluie, (…) à 7h.

Le train est en marche vers la liberté pensais-je.

 

Nous arrivions vers 9h ½ à la gare de La Chapelle s/Loire.

Là, mon nouveau commandant nous attendait : il me fait une impression indécise, je ne savais trop comment le qualifier grand et bien taillé, la barbe grisonnant à l’impériale, de petits yeux enfoncés au fond de cavités couvertes par d’épais sourcils lançait des regards vifs et durs de chaque côté.

Il allait et venait sur son cheval et parlait haut et ferme. Après une heure de marche nous arrivons enfin à Restigné gentil petit village bien allongé sur un petit coteau émergeant quelques mètres au-dessus de la vallée basse et plate de la Loire. Nous faisions la grand’halte sur les places bien ombragées et nous déjeunions. Ensuite on nous désigne nos cantonnements.

 On m’avait donné une lettre pour une personne que certes je ne connaissais pas mais je désirais bien faire sa connaissance

 

(Changement d’encre, pour du crayon de papier et de sujet).

 Guerre de tranchées (269eme RI. 70 DI Général Fayolle, 33eme C.A. Général Leconte)

Journal

25 février 1917

Ravin des Peupliers

(Entre parenthèse Libertuis ou Libertaud est barré)

 

Depuis mercredi soir (21) je suis aux tranchées.

La compagnie est de réserve et s’occupe des travaux.

Le dégel est cause d’éboulements qu’il faut nous mêmes relever. Toutefois c’est peu de choses, on ne nous harcèle pas trop de torpilles ou d’obus.

 

Le jour, on travaille dans les boyaux, tous les soirs nous faisons des corvées pour la 17e (*)  et la nuit chacun prend une heure de garde. Voilà notre occupation journalière.

Nous avons des bottes, ce qui nous tient les pieds un peu plus secs, car on n’y résisterait pas avec nos brodequins.

Ce n’est plus la vie du dépôt. On vit dans une saleté repoussante n’ayant pas d’eau propre pour nous laver. Aujourd’hui je me passe de messe et de communion, j’offre alors mon travail.

 

J’ai reçu une lettre de cette excellente Mme Chantoireau, quel bonheur d’avoir de bons amis !!

Elle me dit que l’abbé Rutaud ne reçoit rien de moi, et en effet  (...) (…) où j’ai été aussi fainéant pour ne pas lui écrire, lui qui m’aimait tant, je m’en veux beaucoup, je pense qu’il me pardonnera bien.

Quels beaux vœux il a exprimés pour les poilus à l’occasion. (...)

Je les ais gardés (…) maintenant que je suis un poilu

 

(*) : J’imagine qu’il s’agit de la 17eme compagnie du 269 RI.

27 février 1917

Hier soir, nous (…) avons été obligés de travailler de nuit à cause des bombardements.

Nos ennemis nous avaient fait subir dans la journée les torpilles et les bombes furent les seuls engins qu’ils nous lancèrent, quelques-unes sont tombées dans les boyaux et deux sur le poste du capitaine de la 17e, l’une près de l’entrée a complètement comblé le boyau, l’autre tombant sur l’abri même ne l’a pas (…)

 

Repos ce matin, et je m’en trouve bien, je suis déjà un peu fatigué, cependant je ne fais qu’arriver ; combien il est dur de faire la guerre !

  Quand plaira-t-il à Dieu de nous (…) la paix, il est vrai que nous ne la méritons guère !

Bien peu savent reconnaître les droits de Dieu. Aussi quelles conversations !

Même là où l’on devrait se tenir bien prêt à mourir : l’habitude du danger le fait disparaître, il n’y a qu’à l’heure où l’on voit les obus ou les torpilles de trop près qu’on réfléchit un peu ; pauvres (…) !

S’ils savaient combien il est plus doux de vivre en l’amour de Dieu, combien on est plus tranquille et plus heureux, avec lui peut-on craindre la mort !

28 février

Première nuit au créneau.

Hier soir, nous sommes montés en toute première ligne pour relever la 17e, les Boches n’ont cessé de nous tirer dessus et pourtant sans motif.

Écrits du 1e mars

Nos voisins se sont calmés un peu cette dernière nuit, mais ils tiraient plus juste.

Je pense qu’ils visaient nos (…) pour empêcher les travaux de nuit, mais eux-mêmes doivent avoir besoin de notre indulgence pour relever leur boyaux, parfois ils passent à découvert.

 

C’est tout de même une chose horrible que la guerre, vivre ainsi retranchés comme des rats, ne sortant que la nuit ; dans une saleté repoussante, n’ayant pas d’eau pour se laver, on est obligé de garder le boue et la crasse sur soi, les puces habitent sous les abris et nous empêchent de dormir.

L’air des abris est infect et humide.

Écrits du 8 mars (à Bitry)

Au repos depuis mardi soir (le 6 mars), nous avons été remplacés par la 226. Sur notre droite dans le secteur de la 18e

Nous avons fait un coup de main dans la soirée du 3.

Pas mort ni blessés mais on n’a rien rapporté…Il neige maintenant et ceux qui nous ont remplacé ne vont pas y être heureux par ce temps.

 

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Extrait du journal des Marches et Opérations (JMO) du 269e RI

 

Écrits du 12 mars 1917

Nous allons travailler en ligne ces jours-ci, nous nettoyons les boyaux et les tranchées qui s’éboulent beaucoup.

Ce matin je suis parti avec la 18e pour une corvée pour les crapouillots ; nous avons monté 400 torpilles de 18 Kg-emplacement du boyau de Vienne-

Nous avons été obligé de les porter à découvert le boyau de Vienne n’étant pas du tout praticable il est très éboulés et il y en a qui le relèvent mais il s’éboule à mesure.

 

 Le 8 au soir, en faisant ma visite à l’église j’ai assisté au premier Salut du St Sici.

 

 Le 9 au soir, j’ai pu faire connaissance avec notre aumônier, très aimable et à portée de sa tâche étant déjà aumônier militaire à Niort avant la guerre. Qu’il fait bon de vivre un peu religieux quelques jours, les Salut sont beaux tous les soirs ; mais si je pouvais donc communier tous les jours combien se serait plus beau.

Pourquoi ne communierions-nous pas en viatique (?) le soir au Salut puisque le matin nous ne sommes jamais libres ?

Il faudra donc que j’essaye d’en parler. Si on me comprend, quelle joie, quel bonheur !

Jésus aidez-moi !

19 mars 1917

2h matin Libertuis (*), boyau central

 

(*) : Sur la carte au nord de Bitry on localise une carrière Libertreux, pas loin de Moulin-sous-Touvent

 

Nous sommes partis hier de Bitry sous le coup d’une alerte.

Où allons-nous ?

Le 226 nous précède, les boches reculent, il faut les chercher mais où ?

Moulin-sous-Touvent est évacué. Résultat des prises de Lassigny et de Noyon.

 

D’ici, cette nuit nous voyons nos fusées qui paraissent éloignées.

Notre 1ère ligne ne doit pas être assez près encore. Aucun bruit de canon se fait, les fusils ne servent plus. Hier trois avions boches sont venus survolés Bitry. Ils ont jetés des bombes sur nos batteries, sans doute pour protéger la retraite.

 

Midi

Nous avons avancé depuis ce matin à 3h à travers les lignes boches, trajet qui s’est effectué sans aucune difficulté même à travers les réseaux de fils de fer.

Leurs tranchées étaient beaucoup plus négligées que les nôtres et je ne m’étonne plus qu’ils pouvaient passer à découvert. Nos obus avaient fait beaucoup plus de travail que les leurs dans nos lignes.

Nous avons pris aussitôt passés la route de Vic à Noyon.

 

Elle est en bon état dès la sortie des lignes.

Un (…) longeait cette route mais il est détruit en grande partie.

Description : image010Nous sommes arrivés à une ferme dont j’ignore le nom (En marge difficilement lisible « ferme le Tiolet », qui existe sur la carte) un peu à l’est de la route que nous suivions d’abord.

Cette ferme est complètement détruite par nos obus à 3 km après les lignes.

 

Là se fait la relève, nous prenons les places du 226e dans les tranchées derrière la ferme. Nous faisions une patrouille dans le ravin qui se trouve devant nous, des emplacements d’artillerie non épargnés par nos pièces, les abris ont été évacués.

Il reste encore des caisses vides, des cartouches, des paillasses, etc…le feu a été mis à plusieurs et à notre gauche il en brûle encore un.

Je trouve des casques, des capotes, des outils, des pétards sont encore là sous des feuilles.

Nous voyons une patrouille de spahis sur la crête en face.

 

Les chasseurs sont partis à Belloy à 10 h, en suivant le ravin, nous les voyons déjà escalader la crête où nous avons vu les spahis, nous irons sans doute les rejoindre.

 

20 mars 1917

Trosly-Loire

Nous sommes avancés hier soir.

De la ferme Tiolet par un ravin Belloy-Le-Mesnil, 2ème position boche où étaient les batteries pour qui (?) tous ces villages ont été affreusement bombardés.

Les boches ont coupés tous les pommiers dans les vergers et nous voyons les villages brûler. Nous avons passé la nuit sur la crête entre Le Mesnil et Saint Aubin.

 

Ce matin à cinq heures, nous avons repris la marche, nous sommes entrés dans St Aubin où les habitants tout heureux de nous voir ne trouvaient plus la parole pour dire leur joie.

Le pillage boche y était.

Nous avons fait la pause sur la place publique et tout près les gens nous avaient préparés du jus pour remplacer celui que nous n’avons pas bu ce matin, mais sans sucre, ils n’en ont plus ; leur pain est noir et immangeable et la ration insuffisante.

Ils disent que les boches ne traînent plus, la faim les presse et eux-mêmes commençaient à mourir de faim et de jeûne.

Incendie de Trosly brûlée, nous y attendons la soupe.

La voie ferrée de Laon détruite. La route coupée en maints endroits.

22 mars 1917

Le Vallon

(Il y a un lieu-dit Wallon tout prêt de Trosly)

 

Les boches semblent arrêtés ici derrière le canal de l’Oise à L’Aisne et la vivicresse la Lesse (?), à notre gauche.

Ils sont derrière nous.

Depuis hier matin ils ont cessé de tirer sur Trosly, ils visaient surtout la route.

Par bonheur, nous avons passé l’autre nuit dans le ravin sud de Trosly où nous nous sommes fait des abris sommaires avec des débris du village et nos toiles de tentes.

 

Hier matin, j’allais avec plusieurs au village chercher des matériaux pour consolider nos abris quand une rafale d’artillerie nous prend : un petit éclat au bras et la lèvre écorché et j’en suis quitte.

 

Un incident plus grave se produisit hier soir.

A peine revenu d’une corvée au village, qu’une rafale de 105 balaye la côte, puis tombe dans le ravin. Aussitôt ceux qui s’y trouvaient de monter à mi-côte aux abris qu’ils croyaient meilleurs.

Un éboulement se produit deux énormes blocs de pierre se détachent et beaucoup de petit, quatre tués le caporal-fourrier Bateriaut (?) le crâne entr’ouvert était debout contre un bloc, les trois autres ensevelis dans leur abri sont trois caporaux ; plusieurs blessés dont un infirmier à la tête et un sergent qui était pris sous un bloc.

Triste journée-Dieu ait pitié de leurs âmes. (*)

 

Nous sommes partis hier soir après la soupe de ces sinistres positions pour remplacer le 6e bataillon (**) en avant.

Nous avons contourné le village et sommes arrivés ici prudemment à découvert, dans un petit bois où le 6e avait pris position, de légères tranchées étaient déjà établies sur la lisière, nous les continuons…

 

(*) : Dans le JMO il est indiqué pour la journée du 21 mars : 4 tués, 9 blessés ; sans aucune autre indication sur ce drame.

(**) : Le 6e bataillon est relevé par le 5e.

23 mars

Devant nous le canal de l’Aisne à l’Oise.

Nous envoyons sans cesse des patrouilles.

Avant-hier, une tentative de passage de pont a échoué. (*)

 

Cette nuit, nous avons tenté la même opération après un violent bombardement de 75 puis des patrouilles ont reconnu le terrain, une mitrailleuse a pris position pour protéger le passage, mais l’endroit est déjà bien repéré par les deux artilleries.

Nous attendons à ce soir pour tenter le passage de concert avec le 6e bataillon et le 4e chasseur à pied qui vont nous relever.

 

En avant sur notre droite, le village de Guny dont nous apercevons les toits, il serait miné parait-il et non encore sauté.

Je doute que nous soyons repérés malgré les avions qui nous survolent de temps en temps.

 

Jules m’envoie de Limoges de quoi passer agréablement mon temps et de quoi en attirer quelques uns au bon Dieu -par les trois Ave Maria

Et Mme Chantoireau, cette amie inoubliable, m’envoie un premier numéro de « Frères d’Armes » ; tout cela consolations spirituelles qui me feront beaucoup de bien en même temps que je pourrai faire lire aux autres.

 

(*) : Cette tentative de passage du canal Oise à l’Aisne a été effectuée en radeau, de nuit. Sans succès.

1er avril

Description : image012Relevé immédiatement après le passage du canal nous sommes allés au repos à Selens, village non détruit et habité immédiatement après le passage de la route une rafale de 105.

Il était temps.

Le 2

Messe à l’église de Selens, salut solennel où notre aumônier divisionnaire nous présente le drapeau du sacré cœur de la division.

 

Trosly-Loire (ravin)

2jours

 

Pierremande et Barisis-aux-Bois

6 jours.

 

Dernier soir installation d’un petit poste à 500m de la sucrerie, d’où 2 postes-lendemain matin, coup de main boche par la sucrerie sur le 360.

Le bombardement assez violent obligea les petits postes à se replier.

 

Repos à Quierzy-sur-Oise (3 avril) 5 jours puis en réserve à Pierremande

5 jours où travail de retranchement en avant du village.

Nous avons trouvé un cerf pris au collet en faisant les piquets pour barbelés dans la forêt. J’ai pu assister 2 fois à la messe dans la petite chambre de l’abbé Goudaud.

14 avril

Nous partons ce soir en avant-poste en réserve

25 avril

Le 19 nous sommes descendus à Pierremande puis le 20 nous sommes remontés plus au Nord sur les mamelons d’Amigny-Rouy, mon secteur (?) rince(??) le (?) mamelon sud de la route, bons abris ou le (…)

Nous sommes fréquemment inondé.

Pose de réseau de fil de fer.

Fabrication de prison.

Les mamelons boisés ont tous les arbres abattus sur leurs flancs. Observatoire d’Artillerie. Pour passer le temps, je fais un peu de sculpture sur bois.

Descendu le 25 au soir à Marizelle (*)

De Marizelle à Saint Aubin

 

(*) : Hameau de Bichancourt, situé le long de l’Oise

Mai 1917

2 mai

Prise d’armes ce matin à 9h

 

Permission

25 mai

Retour de permission, trouve la Cie en ligne en avant de Rouy. La 2è section sur la pointe d’un éperon- secteur calme.

Juin 1917

2 juin

Relève à Selens, le 3 Mai (?) vers Estrée-Saint-Denis

2 jours

 

Le 5 à Lachelle.

Repos-Exercices-Musiques concours-Offices religieux messe pour la 19e fête du sacré cœur-Photos.

 

Le 11 juin des actes d’indisciplines collectives apparaissent au 269e RI et au 44e Chasseurs. Ils font part de leur volonté d’aller aux tranchées, mais refusent d’attaquer (source : Guy Pedroncini).

Toussaint n’en parle pas.

22

Départ en autos passe Compiègne-Soissons-Braisne.

De Braisne nous montons à pied le soir à Chavonne où sont les sacs.

La nuit aux carrières au dessus.

23

Montons ce soir.

6 jours de premières lignes.

Le 29 dans la nuit

Nous perdons Rudet.

Tué net par un obus qui blesse Aupy et Bilard- Bilard meurt à l’ambulance.

 

RUDET Léon Jules, 2e classe, mort pour la France à Ostel (Aisne), tué à l’ennemi le 28 juin 1917. Il était né à Paris le 6 (9 ?) mars 1880.

Sur sa fiche SGA il est indiqué être du 69e RI, c’est donc une erreur.

 

BILARD Raymond Edouard, 2e classe, mort pour la France à l’ambulance 1/70, secteur postal 128, à Vauxin (Aisne) le 26 juin 1917, blessure de guerre.

Il était né à La Ferté Bernard (Sarthe), le 10 juin 1883

 

Descendons à Soupir

6 jours

Juillet 1917

Montons pour 6 jours en réserve pour Ostel

Attaque boche le 8 juillet, violent bombardement

Caporal Audouin blessé très grièvement meurt avant le poste de secours.

Montons le soir relever la 17e. L’artillerie est toujours active des deux côtés.

Le caporal Ognon est tué en faisant la relève.

Chastel (**) est tué le lendemain au barrage en larguant des grenades.

Descendons après 5 jours relevés par le 360e, aux arrières de la Cour Soupir.

 

(*) : AUDOUIN (AUDOIN) Eugène, caporal, né à Marsac (Creuse) le 15 novembre 1889, mort pour la France le 8 juillet 1917, à Ostel (Aisne), tué à l’ennemi.

 

(**) : CHASTEL Roland, 2e classe, né à Montreuil (Seine), le 24 octobre 1893, mort pour la France le 9 juillet 1917, à Ostel (Aisne), tué à l’ennemi.

Le 16

Nous remontons 4 jours.

Le 21

Relève sur Braine.

23

Départ permission.

Régiment dirigé pour repos par étapes vers Villers-Cotterêts

Août 1917

6 août 1917

Retour de permission par GrayVesoulLure.

Nuit à Lure.

Dirigé à pied sur Aillevans puis Villersexel

Bon repos- prise d’armes

le 19

Reçois la croix de guerre – manœuvres – concours divisionnaire de spécialités

23

Départ soir Secenans.

1 nuit

24

Echenans

25

Bavilliers puis Belfort à 8h le matin

Promenade à Belfort.

26

Vers Buethwiller à 13h½ - travaux

28

Légers bombardements d’une position anti-aérienne.

12

Prend le secteur G réserve à Falkwiller

18 soir

Montons en réserve de bataillon secteur de Gildwiller dans le bois au nord-travaux génie barbelés

19 matin

Coup de main boche sur la Criette (?)

 

(Changement d’encre)

 

Régiment dissous le 20 janvier 18.

Le 6e bataillon passe au 226 qui (…) 5 Bons

Le 9e relevé par le 114e Bon C.P. qui désormais comptera pour nous à la division.

 

Nous quittons le secteur de Balschwiller et venons directement à Montreux-Château, 2 jours repas de la section au restaurant de la Gare- Brebotte

 

Apprenons la dislocation du bataillon.

P.Gaudot part pour 32e.

Je suis affecté au 67e

 

Le 24, j’apprends que je pars pour l’aviation.

 

Adieux.

Je pars pour Dijon.

Point Terminal

 

 

 Fin du carnet

 

 

 

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Description : feather

 

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Vers d’autres témoignages de guerre 14/18

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