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« En vacances 2008,
j'ai rencontré sur l'Ile d'Oléron un descendant d'un soldat du 5° Cuirassiers
de Tours.
Henry Wouilthryde Videau s'est engagé
en 1912 et est mort en 1915.
La famille vient de
découvrir dans le grenier de sa sœur (après le décès de cette dernière) tous
les courriers hebdomadaires écrits pendant la période précitée,
lesquels font ressortir tous les traits de caractère de l'homme.
Le plus émouvant est
dans la fin de cette courte vie et concerne sa dernière lettre avec les
parents (qu'il ne peut pas terminer) et une du pasteur ayant visité le blessé.
Ce courrier aux parents
fait état d'un enfant âgé de 2 ans, inconnu de la famille. »
Le souhait du descendant
est de donner gratuitement les documents pour qu'une édition de cette histoire
voie le jour.
Serge Laethier
J’ai ajouté
volontairement les dates, des paragraphes pour la compréhension du texte ;
quelques commentaires en bleu pour des détails d’explications
Entre chaque page du carnet j’ai ajouté : « Fin page »
Il semblerait qu’il y ait un mois de
« trop » entre nov. et déc. 14…et même un 31
novembre !
Si quelqu’un a le temps de se pencher sur cet
imbroglio, je suis prêt à lui envoyer les pages concernées du carnet.
Pensez à lire ses lettres, car
certaines sont très poignantes, d’autres plus précises que le carnets, une est
codée…
Merci pour la recopie du
carnet et des lettres à : Sabine, Hélène, Jean-Yves, Alain
Didier, oct. 2009
Sommaire
(volontairement créé pour une lecture plus facile)
Ø
1 : La Mobilisation
Ø
2 : La Belgique, combat de Neufchâteau,
la retraite, fin août 1914
Ø
3 : Secteur
de Reims, sept. 1914
Ø
4 : Flandres françaises et Belges,
secteur d’Ypres
Ø
5 : L’Artois, les combats de Carency,
la fraternisation, déc. 1914
Ø Le
24 décembre 1914, la fraternisation
Ø "Tu me parles de poilus c’est un mot qui
restera éternel dans l’Histoire de France", 23 janvier 1915
Ø Son
dernier courrier, hôpital de Belfort, 13-07-1915
Ø Courrier de
ses camarades BOUTEILLER et POULARD après le décès
La blessure et la mort
d’ Wouithryde
Ordre de mobilisation
générale est donnée en toute
L’on mobilise et le 4 août au matin, l’on part du quartier pour se rendre à la gare.
La ville est assez tranquille à part les militaires que l’on rencontre de tous cotés.
Départ du quartier à 3h ½. Départ de Tours à 6H30.
L’on passe à Orléans, Pithiviers, Malesherbes, Corbeil, Melun, Héricy, la Champagne, Montereau, Flamboin, Nogent sur Seine, Romilly, Mesgrigny-Marry (?), Senlis (?), Troyes, Camp de Mailly, Vitry-le-François.
Fin
page
Blénie, Révigny.
Arrivée du train, Mercredi à 7h1/2.
L’on débarque, l’on attelle et l’on monte à cheval. L’on remarque dans les patelins que toutes les femmes sont sans corsets, l’on passe à Leumony, Louppy-le-Château, Louppy-le-Petit .
Cantonnement, l’on
cantonne 3 jours pour le rassemblement de
Départ de Louppy-le-Petit à 7h1/2 pour Vaubécourt, Evres, Faucaucourt, Vally, Auville, Brabant-en-Argonne, Cantonnement.
Il pleut à verse.
Départ le lendemain pour
Mancourt, Julécourt, Monteville, Chattancourt, Forges, Sivry-sur-Meuse,
Champlon,
Notre Dame de Gazeau, Auvilliers (Cantonnement)
Fin
page
, Domvilliers
Rencontre d’un corps d’armée allemand ; il fuit à notre approche, c’est un piège.
Vittarville, l’on cantonne dans les prés, il chauffe beaucoup, l’on voit passer des cavaliers Boches faits prisonniers dans des patrouilles, faites par nos Dragons et Cuirs.
L’on entend bien le canon et 2 jours après être rendus à Vittarville, l’on apprend qu’une division de Cavalerie Boche avance sur nous.
L’on va à sa rencontre, Marville,
Saint
Jean à
Bataille, c’est notre baptême de feu, une charge de Dragons règle le compte.
Quelques tués et plusieurs blessés, beaucoup de chevaux hors de combat.
Le soir l’on retourne Fin page à Vittarville, l’on reste encore une journée.
Le soir, il est 11h (13 août) :
Jametz, Romainville, Baâlons, Stenay, Cervisy,
Tous les jours, on va se baigner dans le canal. 14 et 15 août.
Le 16 août, départ de Cervisy à 11h par une alerte, Martincourt, Olizy, La ferté, on longe la frontière, Margut. Rencontre de l’ennemi à 4 h de temps.
On laisse le champ de bataille à 3h1/2, l’on retourne à Cervisy.
Départ le 17 pour Stenay, Chauvancy, Montmédy. Ennemi à
Cantonnement.
Le 18 août, l’on part au devant de l’ennemi, il pleut, l’on retourne cantonner à Vigneul-sous-Montmédy. En passant l’on remarque que Montmédy est une petite place fortifiée, Fin page entourée de fils de fer.
En bas un grand viaduc
sur
Le 19, départ de Vigneul /s Montmédy pour Sapogne, l’on rencontre quelques patrouilles de uhlans.
Pendant ce temps d’arrêt, les habitants de Sapogne nous apportent du tabac belge à volonté, du lait, du chocolat, des oeufs, toutes sortes de victuailles.
En un mot, nous sommes bien vus.
Le 20 août, à 11h 1/2, l’on traverse le bas du Luxembourg et l’on rentre en Belgique et l’on cantonne à Debulle, très bien vu. L’on remarque beaucoup de chiens attelés à des petites voitures.
L’on reste 1 journée.
Le 21 août, départ à 9h,
l’on entend parler que la 4ème Division de Cavalerie, commandée par le Général Abonneau est à notre gauche à
Journée normale, puis le départ est donné pour la rencontre avec la cavalerie ennemie.
On rencontre l’ennemi aux environs de Neufchâteau (ville que le 3ème Escadron du 5ème Cuir. à délogé à l’ennemi la veille)
Nous passons la ville, notre section est envoyée en avant-garde avec un escadron, et pour protéger une batterie volante.
Pendant 2 heures
d’observation, l’on est accroupi, puis notre 75 crache dans un bois et fait
sortir l’ennemi qui poussent en avant, nous tirons pour la 1ère
fois, 1er tir à
Seulement, leur infanterie avance rapidement en mettant le feu à l’avoine, et, arrive sur nous sans l’avoir vue.
Enfin on est débloqué et c’est le déclenchement de la retraite stratégique Fin page
Les balles et les obus, tombent sur nous à provisions.
L’on soutint le choc pendant 24 heures, et l’on à appris par la suite que l’on avait l’avant-garde de l’armée allemande devant nous et qui était évaluée à 3 corps d’Armée.
Le soir l’on va
cantonner à Florenville, assez
grande ville. On fait l’appel,
Les Dragons sont plus nombreux.
Une balle dans la
journée avait effleuré ma tunique. Dans cette pénible journée de chaleur, nous
avions fait plus de
Les
Départ de Floranville pour Cugnon, Lacuisine, Naomé. Cantonné à 5 k. de Naomé. Arrivé après 80 k. a minuit. Il fait grand noir, l’on ne voit rien.
Assez bien vu, l’on aperçoit les feux de bivouac des troupes allemandes Fin page
Depuis quinze jours, dans notre zone, plus de 15 aéroplanes ennemis furent descendus par nos avions, nos balles et 75.
L’on croise la 4e Division (de cavalerie)
Pendant 2 au moins jours l’on parcours par patrouille les voisinages.
Départ du Ct à 5 h du matin, par Oizy, Bovie, d’Alle,
frontière de France, l’on fait
Halte, l’on nous donne du pain, à boire et l’on se repose environ 2 h dans un pré.
L’on repart par Mezières a 8 h du soir l’on va cantonner à Neuville-les-Thys (This).
L’on arrête un espion Boche. Fusillé.
Repos de la division. (Il s’agit de la 9ème division de cavalerie)
L’on rencontre pour la 1er fois les troupes africaines (Turcos, zouaves, spahis) etc.. L’on à assez beau temp.
Je couche avec une gentille jeune fille de 17 ans. Jolie Fin page
Départ à 1 h ½ route pour Lindron (C..) tout va bien le 26 pour Hermanselle, Départ le matin à 3 h, retraite en bonne ordre.
Le bruit court que Sedan vient de battre les Boches, en réalité c’est nous, qui ont été battus.
Faute d’artillerie lourde.
A part les chevaux pas de blessés. L’on repasse à Neuville, et l’on se bat à Rethel
Traverse Rethel pour Acy (Acy-Romance), Nanteuil (Nanteuil-sur-Aisne). C..
L’on est battu à Château Porcien. (A Nanteuil, 1ère ferme abandonnée, il reste encore 40 chevaux, du vin bouché, de tout).
Le lendemain a Château Porcien, avec un
camarade,
Félicitations. Ardennes.
L’on se dirige sur Reims, toujours en se battant, rencontre du 6ème Corps Fin page
L’armée du Général Pa… (Passaga) est en vue, (l’on nous dit ça pour nous remonter le moral).
Les obus tombent sur la section dans la journée, l’on en reçoit plus de 200 (marmites). Un cheval coupé en deux, le cavalier pas de mal, étourdi seulement, 3 autres blessés mortellement, on les abandonne.
Une journée d’enfer.
Dans le régiment 200
chevaux hors d’usage, (blessés et tués) que 23 homme seuls. Le soir, l’on va
cantonner au Châtelet à
La plupart des hommes sont saouls.
L’on boit du Champagne, (Les poules, les lapins, font notre repas. Tout va bien. Quand même le matin à 4 h. à cheval Fin page
L’on remonte sur Rethel, l’on rencontre l’ennemi, dans un village, l’on rentre avec mes deux copains, l’on trouve du sucre, du cacao, et l’on veut faire du chocolat.
Pendant que l’un de nous fait des frites, l’autre veille et le 3e fait du chocolat. L’on mange bien les frites, mais le chocolat a peine fait sur la cuisinière l’ennemi arrive à l’entrée du patelin.
Pas le temps de le boire il est trop chaud.
On le laisse, mais pas sans le regretter, du si bon chocolat et bien sucré. Un peloton du 5ème à l’entrée sabre des Boches.
Il en reste 5 sur le pavé, et 7 autres blessés. 16 chevaux restent aussi, presque tous les autres du peloton sont blessés.
L’on se retire en bon ordre. L’on se dirige et traverse (Châlons s/Marne).
Un escadron Fin page garde le pont et la gare, nous traversons le camp d’aviation de Mourmelon.
Camp de Châlons.
Cantonnement.
Le lendemain au-devant de l’ennemi, 5 avions français atterrissent, les uhlans sont à 2 h dans le camp. On les voit très bien. 3 aéros se sauvent, les deux autres sont pris, mais le 75 en donne pas le temps d’examiner leurs trophées, à 4 ou 5 coups de canon les démolit entièrement.
En retraite sur Mailly. L’on traverse Somme-Suippes (Somme-Sous).
Cantonnement au (Chêne).
Départ le lendemain à 3 h pour Mailly. Cantonnement à Mailly le Camp.
Nous recevons l’ordre d’offensive coûte que coûte. Attaque à 2 h du matin.
L’on se bat toute la journée, la nuit suivante, le lendemain, l’autre nuit et la 3e journée, les Boches reculent. Fin page
Mailly n’existe plus, Sommesous non plus.
On les poursuit pendant 2 jours en faisant un peu en oblique de Mailly à Reims. L’on fait plus de 600 prisonniers, la division seule
Nos chasseurs cyclistes en tuent 50 à la baïonnette dans une grange. Nous voyons les fantassins pour la 1re fois depuis (Neufchâteau). De toute la retraite, le plus triste que nous avons vu c’est d’avoir vu les habitants, femmes, vieillards et enfants, fuir devant l’ennemi.
Le reste, ça nous regarde.
L’on traverse beaucoup de villages dont les noms je n’ai pas fait attention, quelques-uns dont Somme-Suippe. L’on se bat partout aux villages que je nomme (Aisne, Louvois, Billy (?), Cormontreuil ???, Ecury).
Reims, que les Boches bombardent depuis 8 jours entiers. Nous avons Fin page des pièces de 120 qui répondent, les 155 et 220.
L’on a trouvé pendant les deux jours d’offensive plus de 3 000 morts qu’ils n’avaient pas emportés, et plusieurs Français aussi malheureusement. Les pertes de la division sont environ de 840 poilus et 2 000 chevaux (blessés, morts, évacués)
La section intacte.
Reims est bombardé tous les jours.
Le 18 septembre, nous voyons la cathédrale flamber.
Nous cantonnons à (Lesmesneux) (?). Nous arrivons le lendemain aux (Grandes-Loges). Les Prussiens sont dans les puits morts, les mares empoisonnées par eux.
Il faut faire bouillir l’eau pour la boire.
L’on enterre plus de 400 morts (Bôches et Français) ; c’est triste de laisser ses frères d’armes morts pour la Patrie.
Le 21, départ pour Sermiers au repos (que l’on a bien mérité d’ailleurs).
L’on est tranquille 4 jours, le 5e l’on part à 5 h du soir pour soutenir notre infanterie dans les tranchées au-dessus de Reims.
Ça se bat toujours. Tous les jours repos, mais prêts à partir pendant 10 jours.
L’on va dans les vignes manger du raisin, des prunes aussi.
Le 20 octobre, départ pour Champfleury, à 3 h de Reims.
Restons 3 jours tranquilles et repos avec des émigrés. Je fais la connaissance d’une belle fille qui me plaît beaucoup et que moi aussi je lui plais.
Enfin l’on ébauche un commencement d’amour.
Extrait de sa
lettre du 15 octobre
« …..Nous avons été pendant la poursuite d’Arcis-sur-Aube
jusqu’à Reims, sans pouvoir boire un coup d’eau, car tout était empoisonné ils
avaient jeté leurs morts dans les puits les rivières et les mares les chevaux
morts, c’était une infection
Le vin, il y en avait plus.
Nous avons vu
les Indous de Indes Anglaises, et les Indiens du Canada. De ce moment nous
avons l’Artillerie anglaise avec nous et la cavalerie Anglaise leur armement et
leur équipement, l’entraînement, la gaieté n’est pas comme la nôtre, leur
équipement est loin de valoir le nôtre… »
Départ de Champfleury le 5 octobre pour (Fère-en-Tardenois).
Cantonnement à Latilly.
Rencontre des Anglais.
Le 7 à Bethancourt.
Le 8 à Billancourt
Le 9 à Crépy-en-Valois.
Très bien logé, plumard.
Le propriétaire nous donne à becqueter du fromage, de tout. L’on est (?) chez un député. L’on arrête des espionnes. Elles sont fusillées le lendemain.
Le 10, Compiègne. Je reçois des nouvelles (Ulysse blessé). L’on est cantonnés dans le quartier du 5e Dragons avec les artilleurs anglais. Les ponts sont sautés. Il y a des ponts de péniches sur l’Oise. Tout va bien.
Repos 8 jours. La ville est très bien. L’on rigole dans la ville avec les poules.
Le 18, départ de Compiègne pour Rémy, à 12 km de Compiègne.
Restons 4 jours, le 21 départ de Rémy pour Montdidier (à Rémy, je couche avec une petite fille de 19 ans, qui est très gentille ; elle me fait partager son lit, je suis très content).
Mesnil-Saint-Georges. Cantonnement.
L’on tue deux poules et on les mange
Le 22, passe à Amiens et va cantonner à Ailly-sur-Noye
Le 23 passé à Frévent, le 24 à St Pol.
Direction Dunkerque Tout va bien, bonne santé. Un peu froid. Arrivée à Hazebrouck.
Le 25 octobre à 3 h du soir.
L’on se dirige dans le
nord de
Extrait de sa
lettre du 21 octobre
« …C’est beau de voir la guerre mais
c’est triste aussi, quand l’on peut croire qu’il faut s’entretuer les uns aux
autres, le plus terrible c’est encore la lutte à l’arme blanche avec le sabre
s’enfiler, c’est terrible et pourtant en ce moment là l’on y pense pas plus que
de tuer un lapin, je ne te souhaite pas d’y aller, car il y a assez de moi dans
ce travail là, car une guerre comme ça, c’est effroyable, jamais on l’a vu,
jamais on le verra.
Quant on pense que nous sommes plus de 3
millions et demi en présence sur l’est, c’est grandiose, l’on se bat sous terre
par souterrain, se couvrir de branchages pour avancer dans l’air et jusqu’à 15
et
Le 26 Direction Azehoult (Hazebrouck ?).
Rencontre des Hindous et de l’infanterie anglaise.
Le 27. à Winhwoorde (Steenvoorde ?) et rentré en Belgique par Watou à 11 h du matin. Cantm.
Le 28 direction Poperinge
Arrêté et séjourné toute la journée dans la ville et aux alentours.
La canonnade était vive et la fusillade aussi.
Retourné à Watou Fin page
Avoir resté jusqu’au 30 octobre.
Le 30 départ de Watou pour Ypres.
Remplacé
Une fusillade d’enfer, canonnade terrible de tous cotés.
Anglais tués (2) à coté de moi au moment où j’essayais de me faire comprendre avec eux.
Tout va bien.
Cantonnent au Château des Trois Tours sur une hauteur. Dehors.
Toute la division dans le même parc.
Dans les tranchées, nous avons des dragons de tués.
Retourner cantonner à Watou.
Le 4 retourné à Poperinge. Tout va bien.
Le 5 dans les tranchées.
Le 6 dans les tranchées.
Le 7 à St Eloi au nord d’Ypres (sans doute St Eloi, au sud d’Ypres) nous avons fait 4 k. à pied avec tout notre matériel sur le dos, de tranchée en tranchée au Fin page milieu des obus et des balles.
Personne de toucher par miracle.
Nous sommes la section seule avec les Zouaves.
C’est angoissant, partout des morts, çà et là.
En Belgique, Il y en à de toutes les armes. (Français encadrant les troupes anglaises et belges)
Nous retournons cantonner à Watou.
Départ le matin à 3 h pour Elverdinge dans les prés, les obus tombent pas loin de nous à foison.
Tout le monde est joyeux quand même.
Nous restons 8 jours cantonner dans le près. C’est sale.
Nous enfonçons jusqu’au genou dans certains endroits.
Mais partout dépasser la cheville.
Il plut tous les jours et il fait froid à 20 ou 25 kil. au nord-est d’Ypres.
Très bien reçu par les Belges Fin page
Tous les soirs nous allons coucher à Elverdinge à Harinques à 6 k de la mer
Pendant 8 jours durant c’était terrible.
Nos souliers prenaient l’eau et nos pieds gelés.
Pour leur langage, c’est la langue flamande, et l’on n’en comprend pas un mot.
Extrait Lettre du 27
nov.
Nous voilà prêts, arrivé à
Le Lieutenant dit feu tir rapide, et je te jure que les premiers descendaient, les seconds passaient par-dessus pour retomber foudroyés un peu plus loin, c’était des Boches, c’était effroyable, mais comme c’était des Boches, c’était beau. <<< Lire ses lettres >>>
Le 29 même travail que la journée précédente.
30. Reste au cantonnement
31 id.
L’on parle d’aller dans les tranchées.
Toute la section est
volontaire pour y aller, l’on demandait seulement des officiers et des s/off
pour encadrer l’infanterie décimée. Personne ne part dans les tranchées et l’on
retourne Fin page
En France par un 1er cantonnement à Bouvaigne.
Puis le lendemain l’on repart pour Rubrouck à coté d’Hazebrouck.
L’on arrive le 1er au soir. Il fait très froid.
Le 2 repos et l’on installe nos cantonnement.
Le 3 l’on monte à cheval et nettoie nos armes.
Le 4 même travail
Le 5 de la neige, beaucoup, un pied au-dessus de la terre.
L’on ne monte pas à cheval, l’on nettoie les cuirs, d’autres s’amusent à la neige et font du sport.
Le 6. Tout va à
merveille, et l’on met nos crampons aux chevaux et l’on fait de bonnes
promenades, à cheval près de 40 k tous les jours. Fin
page
7 même travail, 8 id, 9 l’on apprend que l’on est soutien d’armée, et que comme division indépendante, l’on doit partir pour l’Egypte. Fausse alerte.
L’on reste 4 jours, puis le 15, l’on part changer de secteur le 16 l’on prend un pont le soir en surveillance puis l’on installe nos pièces de chaque coté du pont de manière à y passer la nuit.
Personne ne dort car les Boches veulent passer l’Yser à tout prix par des ponts de bois qu’ils installent et qui jettent sur le canal. Toute la nuit l’on Fin page est bombardé pas de succès, ni de revers le jour arrive
Les Boches nous découvrent, nous envoie beaucoup d’obus de 77 et de grosses marmites. Enfin la journée passe sans incidents graves.
Pas de ravitaillements, le soir arrive Notre officier s’attend à une attaque de nuit Tout le monde reste à son poste de combat.
Vers le 11 heures du soir, les fusées éclairantes commencent à se faire voir.
Le matin à l’aube, spectacle écoeurant car des centaines de tués et blessés, les uns couchés sur et les autres râlant sous la douleur qui les tient.
L’on est remplacés après 15 heures sans repos et sans manger par les Zouaves.
Nous retournons à Olverdinge.
Nous restons encore 8 jours dans les prés et restons dehors dans la flotte jusqu’aux chevilles.
Il fait un froid de chien.
Les obus viennent encore temps fin, après ces 8 jours, nous revenons cantonner à Watou, une journée puis nous repartons le lendemain pour Rubrouck et nous y restons une quinzaine de jours.
Neige et mauvais temps à volonté.
Rien de nouveau dans ces 5 jours. L’ennemi essaye de percer à Ypres.
Le ??? Décembre, nous repartons de Rubrouck avec une pluie froide et gelée pour St Omer.
Bon souvenir de Rubrouck, de Marthe qui était très gentille, Estrée–Blanche.
Le 6 décembre cantonné à Conchy-sur-Canche. Triste pays, presque rien et tout le régiment est cantonné là. La division est à Frévent.
Repos le 7.
8 travail à cheval.
9 id.
Jusqu’au 14 Décembre.
15 au matin parti de Conchy pour Camblain-l’Abbé avoir passé à Boubers, Frévent et arrivé à Aubigny à l’Etat major Fin page
Avoir cantonné à Aubigny
Le 16 Départ par la plaine de Aubigny pour Camblain-l’Abbé, dans le Pas de Calais
Le 17 Décembre dans les
tranchées, à
Pour y arriver il faut passer par des boyaux dans la terre, et les balles y sifflent jour et nuit et les fusées éclairantes toutes les 2 ou 3 minutes qui éclairaient comme en plein jour.
Enfin l’on s’installent
et à ciel découvert l’on nous fait défendre une route à un embranchement en
haut et à droite de Carency mais l’on nous dis que les Boches sont à 40 et
Le matin avec des sacs de terre empilés les uns sur les autres, nous garantissent heureusement car les Boches ayant déjoué notre ruse, nous ont braqué une mitrailleuse et les balles y arrivent à foison Fin page
Le 18 nous consolidons nos positions.
A l’aube nous apercevons les morts du combat 7 et 8 septembre ils sont là depuis 2 mois et pas moyen de les enterrer ou d’aller chercher leurs plaques d’identité.
Il y a des nôtres et des leurs.
Nous travaillons toute la journée à creuser dans le milieu d’une route pavée, dans la boue et la flotte jusqu’au genoux, et même en des endroits, il nous faut évacuer, rapport que l’eau augmente toujours avec des seaux et boites tout ce que l’on a sous la main, nous enlevons eau et boue, sous les balles et obus personne ne murmure.
Nous sommes affectés au 269e de ligne. (En réalité « détachés »)
Le 19 même travail et les balles et canonnade semblent plus terribles.
On dirait qu’il y a quelque chose Fin page dans l’air.
Nos officiers, craignent une attaque des Boches.
Rien de nouveau pour aujourd’hui.
Le 20 au matin l’on reçoit l’ordre d’attaquer à 2 h de l’après-midi, par un bataillon du 226e et un du 269e.
Nous, nous devons les protéger, et surveiller la route par où les Boches doivent passer.
A midi
Pendant deux heures de temps plus de 120 pièces de canons tirent sans interruption, plus de 20000 obus sont tirés sur les tranchées boches et sur Carency, tout est bouleversé.
On voit par les créneaux sauter des bras, des corps, des jambes en l’air, c’est affreux ils viennent tomber dans nos tranchées, puis tout à coup le canon fait silence le clairon sonne la charge et nos fantassins d’un seul bond, sont dans la 1ère ligne boche Fin page
Ils se battent à coups de baïonnette et de grenades, l’autre bataillon s’élancent sur la 2ème ligne et arrivent même jusqu’au cimetière, mais malheureusement, le fil téléphonique qui servait de commandement à l’artillerie, et qui était installé dans notre première ligne est coupé, et notre 75 tire toujours mais trop court et tue de nos hommes.
Nous restons maître des 2 lignes de tranchées.
Les Boches étaient délogés, veulent passer par le talus devant nous, mais nous veillons, et la mitrailleuse (Charlotte) les fauchent sans pardon.
Puis tout se retombe dans le silence à part les cris des blessés et mourants qui sont toujours sur le terrain entre les 2 lignes.
Nuit passée, vive fusillade. Fin page
Le 21, échange sur le terrain de blessés.
Journée tranquille, nous mangeons quelques biscuits et singe, car pas de cuisine.
Le 22, les Boches ne tirent plus, que quelques coups de fusils.
Le 23, journée qui ressemble à la précédente.
Le 23 décembre, un brouillard très intense couvrait le secteur (JMO du 269e RI)
Le 24, l’on apprend que c’est les Bavarois qui sont devant nous et que les Prussiens sont sur notre gauche en face les chasseurs à pied, sur la côte (125) et qui nous prennent d’enfilade.
Le 25, jour de Noël, les Boches et les nôtres vont boire le café ensemble, et vont dans les tranchées de chacun, sans armes, s’échangent des journaux, des cigares, cigarettes, tout le monde fraternisent et nous disent de se méfier des Prussiens sur notre gauche et disent que si, ils se rendaient, que leurs camarades seraient fusillés. Fin page
Dans le Journal des Marches et Opérations
(JMO) du 5e Cuirassiers, il est indiqué à la date du 25
décembre : « Dans chaque escadron, il a été organisé un arbre de
Noël »
Le JMO du 226e RI qui était dans
le même secteur, ne signale aucunes fraternisations.
Curieusement, dans le JMO du 269e
RI, également à Carency, il manque les
pages concernant les journées des 24 et 25 décembre. Ont-elles
« disparues » ?
Il en parle plus
précisément dans une lettre
<<< Lire ses
lettres >>>
La journée se passe sans incident sauf que chaque côté, l’on a profité de cette accalmie pour fortifier le devant de nos tranchées par des fils de fer.
Le 26, les Prussiens sont devant nous, les Bavarois nous ayant avertis, en ayant mis des guenilles blanches aux fils de fer devant leurs tranchées.
La fusillade recommence, 2 fantassins sont traversés par des balles à côté de moi, je causais avec eux.
Je les traîne jusque dans le fond de la tranchée.
Le 27, nous sommes relevés et retournons à Camblain-l’Abbé, passer la journée du 28.
Repos.
Le 29, nous retournons à Carency pour soutenir une autre attaque faite par les Chasseurs alpins, 10 bataillons de Chasseurs alpins doivent faire l’attaque. Fin page
Le carnet est déchiré
en partie
Le 30, à 9 heures du matin, attaque, sur le chemin creux et la Targette à notre droite, elle réussit très bien, mais le terrain ne nous permet pas d’en suivre les détails.
Le 31, journée assez tranquille et nous sommes remplacés par une section du 269ème, et allons en repos à Camblain.
Le matin du 1er de l’an, nous offrons un coup à notre officier qui nous coûte 50 centimes chacun, il nous répond avec amitié, les larmes aux yeux, nous avons repos.
Le 2, repos aussi.
Le 3, nous formons des équipes commandées chacune par un Brigadier et l’autre par un sous-officier. Nous avons le Brigadier Moreau qui a eu les pieds gelés et qui est évacué, je le remplace pour commander l’équipe.
Tout va bien, je suis en parfaite Fin page
Le carnet est déchiré en partie
Le régiment est toujours cantonné à Conchy-sur-Canche. ----sont affectés au 269e, nous touchons notre prêt.
Fait froid, tombe de l’eau.
Envoie beaucoup de lettres chez ----et autres.
Lundi 4 journée tranquille au repos.
?gier est relevé dans les tranchées.
Tout va bien. Luis --- toujours en bonne santé.
Il pleut toujours. L’on est couvert de terre, sale de la tête aux pieds.
Le soir, je pars avec mon équipe aux tranchées.
Dans le parcours tout va bien à part les balles qui nous sifflent aux oreilles. Dans la nuit de lundi à mardi, nous passons la nuit dans l’eau, il fait froid, les morts sentent mauvais.
La journée sous les balles et les bombes, mais il y a personne de toucher chez nous.
Le soir l’on est Fin page remplacé par Martin, et la nuit est tellement noire que l’on y voit rien du tout, moi devant, l’on se dirige en se tenant tous par la corde de musette.
L’on tombe dans l’eau jusqu’au cuisses, les balles ne cessent pas de nous canarder, ils sont à 150m de nous.
Les fusées éclairantes tonnent, il faut se coucher dans la boue où l’on est et dans l’eau.
Les balles nous suivent sur toute la voie pendant 3km.
En bonne santé tout va bien.
Le soir avec 2 verres de vin, l’on est saoul.
Il tombe toujours de l’eau.
Dans la faille, nous couchons, sous un toit dont l’eau passe à travers.
Le 6. La journée est assez tranquille.
L’on monte à cheval.
L’on voit passer 83 prisonniers de la Garde Impériale qui se sont rendus Fin page
Fin du carnet
La blessure et la mort
d’ Wouithryde
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