Voir les photos du 8ème Zouaves
LA RETRAITE
DE LA MARNE
sept. – oct. 1914
Bataille
d’Artois 9 mai- 16 juin 1915
SOMME
9 juillet---11 juillet 1916
LE MONT-SANS-NOM
17 avril 1917
SOISSONS---LA CRISE
29-30 et 31 mai 1918
LE CHEMIN-DES-DAMES Août—septembre 1918
CITATIONS
A L’ORDRE DE L’ARMEE
par
décret du
le PRESIDENT DE
confère la Croix de chevalier de la Légion d’honneur
au Drapeau
du 8e Régiment de Marche de Zouaves
qui a obtenu la fourragère rouge
pour avoir été cité sept fois à l’ordre de l’Armée
au cours de la guerre (1914-1918)
Régiment superbe
d’héroïsme et vaillance qui, pendant quatre ans de guerre, sans jamais faiblir,
a dressé devant l’envahisseur la foi sacrée d’une troupe que sait mourir pour
la défense de son sol.
Entré
le 28 août en contact de l’ennemi, il manœuvre en retraite sans faiblir
jusqu’au 8 septembre où les zouaves s’arrêtent et font face. Au Château de Mondement et dans les marais de Saint-Gond, ils battent
Beaux de dévouement, de courage et de
sacrifice, ils dressent dans la boue de Belgique, à Boesinghe et à Nieuport, le
mur inébranlable de leurs poitrines. Le 9 mai, le 16 juin et le
Puis,
sous les ordres du Lieutenant-Colonel LAGARDE, ils
s’emparent, le
L’année
1918 les trouve prêts à toutes les audaces et à tous les sacrifices ; le 26
avril, ils attaquent à VILLERS-BRETONNEUX
et barrent la route d’Amiens.
Les 29 et 30 mai,
alors que menaçant et terrible, monte le flot ennemi, ils accourent, se
sacrifient héroïquement pour défendre la route de SOISSINS à PARIS. Ils sont
encore debout le 18juillet, pour pousser de l’avant et chasser l’ennemi de
CHAUDUN et de CHARANTIGNY. Et c’est en vain que du 28 août au 16 septembre,
l’ennemi essaiera de s’accrocher aux falaises de l’AISNE, de tenir NEUVILLE-SUR-MARGIVAL,
et le ravin de VAUXAILLON, la fougue impétueuse de ceux qui, par sept fois déjà
les ont vaincus, commencera leur défaite.
« Plaine d’Artois semblait s’ouvrer
devant Pétain, ce
fils de l’Artois. »
Louis Madelin
(Le Drame des Tranchées).
Les zouaves sont une des troupes les plus
représentatives de l’armée française. Il flotte autour de leur chéchia un
esprit de cocarde qui plait au tempérament français. Ils ont une tradition et
un esprit de corps très profonds, le recrutement en est choisi et vient de
toutes les provinces de France et d’Algérie. Il y a quelque dix ans, leur
réputation sembla pâlir pour des raisons bien connues. Au Maroc, et surtout
dans la guerre actuelle, les zouaves ont reporté cette réputation à des
hauteurs inconnues jusqu’alors. « ils ont décoré leurs drapeaux d’une gloire immortelle. »
Le
Parmi les régiments de zouaves, le 8e est au
premier rang avec le 4e.
A la mobilisation,
les quatre bataillons, dont il fut composé, étaient au Maroc. Le 1er
bataillon (1er bataillon du 1er zouaves) assurait dans ses postes la
tranquillité de
Le 3e (3e bataillon
du 2e zouaves) veillait au Maroc
oriental, dans la région d’Oudjda.
Le 4e (4e bataillon
du 3e zouaves) tenait les postes de la vallée du Sebou, face au Maroc espagnol.
La vie de colonnes et de postes, sous la
tente, toute d’imprévu et d’alertes, avait aguerri les coups et trempa les
âmes. Ces quatre bataillons, fondus au creuset des mêmes souffrances et des
mêmes foies, des mêmes espoirs indomptables et des mêmes sacrifices, « bronzés
au feu de cent batailles », vont former la plus belle organisation parmi les
organisations humaines, « un beau régiment ».
Au Maroc, au
contact des allemands, chacun sentait venir la guerre.
A la mobilisation,
chacun comprit que la partie décisive se jouerait sur notre frontière du
Nord-Est et que c’était là qu’il fallait défendre et conquérir le Maroc. C’est
là que furent envoyés les zouaves. Parmi eux, personne ne doutait de la
victoire.
Débarqués à Bordeaux et à Cette (Sète), du 7 au 15 août, 3 bataillons (1er, 2e et 4e) forment le régiment de marche du lieutenant-colonel Lévêque, le 3e bataillon faisant partie d’un régiment de marche de tirailleurs.
Le 20 août, ils sont dans la région de Mézières-Charleville.
Les jours suivants, ils entendent le canon de Charleroi.
Le 25,
ils franchissent la frontière de Belgique, et, de Sugny,
petit village belge, ils voient flamber les villages de la Meuse et de
Et la retraite de la Marne commence. Comme les derniers zouaves du 2e bataillon sortaient de Sugny, une religieuse dit au commandant Burkardt qui commandait le 2e bataillon : « vous partez, commandant ? » Il répondit ; « Nous reviendrons ». Aujourd’hui les zouaves sont revenus.
Les zouaves qui la firent ne se crurent jamais
battus. Certes, ils eurent l’angoisse du sol envahi. A grandes journées ils
marchaient vers le Sud. Ils se disaient : « Nous manoeuvrerons, nous manoeuvrerons, s’il le faut, jusqu’à la
Seine ou la Loire ». Ils gardèrent intacte leur foi.
Des noms et des dates jalonnent la route de la
retraite.
Les vrais combats
commencèrent le 28 août, au matin. L’arrière-garde retarda les têtes de
colonnes ennemies à Signy-l’Abbaye. L’après-midi, toute la division marocaine
se lança à la contre-attaque dans les plaines de la Fosse-à-l’Eau.
Les zouaves
attaquèrent Dommery et les bois au Nord.
Les combats furent
acharnés. Les pertes furent lourdes.
Mais les allemands
reculèrent ou furent cloués au sol, et les zouaves restèrent maîtres du champ de
bataille. Le carnet d’un officier allemand, trouvé quelque temps plus tard,
disait : » Nous nous sommes battus dans les plaines de la Fosse-à-l’Eau
avec les fameuses troupes africaines, zouaves et tirailleurs. Quel sens de la
manœuvre ! Comme ils se glissent dans le terrain ! et quel mordant dans
l’attaque !… »
Pourtant, l’ordre de retraite vient. Il faut
couvrir l’écoulement des colonnes . Le 29 août, un bataillon de zouaves tient
Lannoy aussi-longtemps qu’il est nécessaire. Et la
retraite continue.
Le 30, nouveau coup de
boutoir. Les zouaves n’attendent pas l’ennemi, ils l’attaquent, et ce sont les combats acharnés de Novi-Bertincourt. Devant les zouaves, les allemands
reculent. Sur la droite, la ligne a cédé, et la retraite continue.
Le 1er septembre, nouvel
arrêt. Les zouaves, déployés sur les hauteurs qui dominent Alincourt,
attendent les avant-garde ennemies, au débouché des bois, et les arrêtent net.
Alors, ces missions de contre-attaque et
d’arrière-garde rempLies, à grandes marches, jusqu’au
6 septembre, la retraite continue par Reims et sa Montagne. Jours sombres,
jours d’angoisse pour ceux qui ne savaient pas.
Le 6 septembre, arrive
l’ordre fameux : « le moment n’est plus de regarder en arrière… » Les zouaves
sont au Nord des marais de Saint-Gond et occupent les hauteurs de Joches et de Coizard. La mission
est simple : tenir jusqu’au dernier. Dans l’après
Leur centre est sur
la route qui va de Broussy-le-Petit à Coizard. Une mince ligne encore, sans réserve derrière, pas
beaucoup d’artillerie. La garde prussienne hésite sans les marais.
Le 7, ce sont des combats
d’arrière-garde et de reconnaissances.
Le 8, les
Prussiens attaquent en masses profondes ; ils sont fauchés, et nulle part ils
ne peuvent atteindre les tranchées creusées par les zouaves. Mais nos bataillons
sont décimés. Des mille combattants que comptait chaque bataillon au départ de
Bordeaux, il en reste à peine 200, fatigués, amaigris, mais toujours aussi
résolus.
Il faut
prendre un peu de champ.
Dans la nuit du 8 au 9, les
zouaves sont ramenés à la lisière nord des bois d’Allemant.
Malgré la fatigue extrême, ils creusent des tranchées. La garde prussienne
s’est emparée du château de Mondement. Il ne faut
plus qu’elle avance d’un pas. Non seulement il faut tenir, mais contre-attaquer
? en liaison avec le 77e d’infanterie, les zouaves attaquent le château de Mondemont.
Les premières
attaques échouent ; ils recommencent. Les bonnes nouvelles arrivent. Sur la
gauche, Franchet d’Espérey
est vers Montmirail.
A droite, Foch,
prenant les Allemands de flanc, les a bousculés. Deux 75, amenés à bras tapent
à toute volée sans le château qui est enlevé dans un dernier assaut.
Le 10,de Mondement aux des bois d’Allemant
les zouaves voient fuir la garde prussienne. C’est la victoire de la Marne !
Aujourd’hui, les Allemands des pays occupés
disent ; « depuis la Marne, nous savions que nous serions battus. Mais nous
avons tenté la chance comme un joueur malheureux sans une partie de poker. »
Toute la division fut citée à l’ordre des
armées. Comme un mince fil d’acier, elle avait tenu, jusqu’à tension extrême,
sans rompre, et Foch a pu dire : « La fortune à voulu que
Puis, ce fut la poursuite.
Dès le 13 septembre, les zouaves
vinrent se heurter contre les positions savamment choisies par l’ennemi en
Champagne, au nord des marais de
Les
zouaves la mèneront dans les secteurs les plus variés. Partout où apparaît
Elle ne passe
jamais plusieurs semaines sans faire de prisonniers : secteurs de Sillery, de la
Pompelle, de Boesinghe, de Saint-Eloi près d’Ypres,
de Nieuport ; les secteurs d’Attiche, devant Noyon,
route de Paris, qu’il faut garder pendant la grande offensive allemande 1916
sur Verdun secteur boueux de la Somme devant Villers-Carbonnel,
secteur de Lassigny, secteur de Dancourt-Popincourt,
devant Roye, dur secteur de Berry-au –Bac, entre la
Miette et l’Aisne, secteur de Beaumont et
de Seicheprey, en Lorraine au nord de Toul,
partout les zouaves ont montré leur mordant, faisant coups de main et reconnaissances, remuant la terre, creusant et fortifiant.
Travail obscur, ingrat pour lequel il faut une volonté d’airain.
Un jour, en
Lorraine, le régiment fut relevé par les Américains, qui témoignèrent hautement
leur admiration pour le 8e zouaves. Pendant tous ces séjours en secteur, les
zouaves du 8e ne perdirent jamais un bout de tranchée.
En octobre 1914, le 8e
zouaves prend nettement sa personnalité, avec ses quatre bataillons, son numéro
8, et déjà son esprit de corps. En août 1915, il recevra son drapeau. Il aura
trois colonels pendant la guerre : les lieutenants-colonels Modelon,
Auroux et Lagarde. Le lieutenant-colonel Modelon lui
fera cueillir deux palmes et la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre.
Sous le commandement du colonel Lagarde, il conquérera
cinq palmes, la fourragère aux couleurs de la Médaille militaire, puis la
fourragère rouge, et demain sans doute, la Légion d’honneur viendra couronner
son drapeau.
Bien qu’ayant participé, comme on l’a vu plus
haut, à la vie de secteur, le 8e zouaves fut de presque toutes les grandes
actions offensives de la guerre, et il pourra inscrire sur la soie de son
drapeau : la Marne, Yves, Artois, Champagne, Somme, Moronvilliers, Verdun,
Soissons, 18 juillet Chemin-des-Dames, tous ces noms
qui, dans l’histoire de l’avenir, sonneront bien haut.
Au nord de Boesinghe, sur la rive droite de
l’Yser, il est un petit bois appelé Bois Triangulaire. Depuis dix jours, la
division de fer de Nancy menait une lutte sans merci.
C’est sans cesse
attaques et contre-attaques.
Le
Le bois fut pris. C’était le temps de la course à
Voir la bataille dans son ensemble
Le 8e zouaves,
débarqué le 26 avril à Bries, dans le Pas-de-Calais, est, dès le 29, placé en
secteur à l’est de Mont-Saint-Eloi.
De grands travaux
sont immédiatement commencés en vue d’une attaque que l’on sent prochaine.
L’Etat-Major vient en effet de décider de prendre l’offensive
entre Arras et Lens, de s’emparer de la cote 140, point culminant de la crête
de Vimy, dernier obstacle naturel protégeant vers l’ouest l’immense plaine de
Douai.
C’est la Xe armée qui est chargée de l’attaque ; le 33e
corps, commandé par le général Pétain,
dont fait partie
Le dispositif de la division est le suivant :
2 régiments en ligne, 2 régiments en
réserve dont le 8e zouaves, à la disposition du général Pétain.
Le 9 mai à l’aube,
une aube radieuse de printemps, le régiment est rassemblé en formation
articulée dans les boqueteaux au sud-ouest de Mont-Saint-Eloi. Le roulement du
canon durant toute la nuit s’est fait entendre sur tout le front d’attaque.
A
Trois dates
célèbres pour le 8e zouaves !
Le 9 mai la
victoire le toucha de son aile.
Pétain commandait.
Les canons
sonnaient dans l’air clair du matin. Les zouaves sont en réserve.
A
A
Ils sont très en
pointe sur le reste de la ligne, au petit chemin creux, depuis fameux, sous le
nom de Chemin des zouaves, qui va de Souchez à Neuville-Saint-Vaast.
Le 11 mai, la bataille
reprend. Il faut prendre la cote 140.
L’attaque partira
du chemin creux à
L’attaque de grande percée est reprise le 16
juin.
Le 8e zouaves
attaque devant Souchez. Les vagues successives s’avancent comme à la manœuvre,
balayant tout. Encore une fois les zouaves sont très en pointe sur la cote 119.
ce n’est pas encore l’heure de la grande ruée. L’ennemi dispose de moyens
puissants, et les pertes sont lourdes.
Les zouaves sont relevés, les allemands
contre-attaquent et reprennent leurs tranchées. Un bataillon est en danger
d’être fait prisonnier.
Alerte pour les
zouaves !
Et le 22 juin, deux
compagnies, les 5e et 7e, capitaine Arrestat et
capitaine Mugnier, s’élancent, sans préparation
d’artillerie, sans un coup de feu.
Les tranchées sont
reprises et les allemands faits prisonniers.
Voir la bataille dans son ensemble
Sera-ce pour cette
fois ? Les troupes sont nombreuses dans les bois de sapins de la Champagne
pouilleuse.
La préparation
d’artillerie dure trois jours.
L’artillerie de
tranchée travaille déjà fort. Le 8e Zouaves est près du bois Sabot, en face de
la butte de Souain.
Les longs boyaux
s’allongent dans la craie blanche. Le 25 septembre, à
Une heure après, le
bois était à nous avec des prisonniers, des canons, du matériel ! Mais à la butte
de Souain, les allemands ont une seconde position intacte que l’artillerie n’a
pas détruite. Toutes les attaques viennent se briser sur les réseaux de fils de
fer.
L’ennemi
contre-attaque en vain ; les morceaux de France que les zouaves du 8e ont reconquis,
ils les gardent.
Barleux.---- Triste
souvenir pour les zouaves du 8e ! Belles occasions perdues ! Souvenirs émus des
amis tombés avec une vaillance inégalable !
Depuis le 1er
juillet, une série de succès permettait les plus belles espérances.
Le 9, il
s’agissait de prendre Barleux. Ce fut la tâche du 4e
bataillon du 8e Zouaves. Ce que l’on peut dire, c’est que la préparation fut
insuffisante.
Les allemands
avaient eu le temps d’amener de gros renforts, de se fortifier et de semer
traîtreusement des réseaux de barbelé
dans les avoines et les blés.
Les zouaves
s’élancent avec une bravoure intrépide. Ils sont fauchés dans les fils de fer.
Une vraie victoire pour les zouaves ! Depuis
des mois, le 8e zouaves a travaillé silencieusement avec la volonté acharnée de
forcer le succès.
En décembre 1916, une
attaque était prête devant Villers-Carbonnel. Elle
est remise. En mars 1917, une autre attaque était prête devant Roye. Les
allemands s’en vont.
Alors est décidée
l’attaque des monts de Moronvilliers.
Le 8e Zouaves doit
enlever le Mont Sans Nom.
La préparation,
quoique hâtive, est minutieuse. Le mon se dresse sur la plaine de Champagne,
formidablement fortifié. Avant l’opération, les zouaves disaient : « Il faut du
culot pour attaquer cela ! » Ils aimaient ce « culot ». Et pourtant, en ce
temps-là, ce n’étaient pas encore les grandes orgues de l’artillerie lourde !
L’attaque part à
On pouvait marcher,
mais à droite, à gauche, c’était l’accrochage. Encore une fois les zouaves
étaient en pointe. Naturellement, les contre-attaques vinrent.
Le 19 et le 20, elles furent
formidables.
Trois régiments
s’acharnèrent sur les zouaves. Mais les zouaves se souvinrent que le drapeau de
leurs anciens n’a jamais reculé. Il est un bois bizarrement nommé N° 50, dont
les 100e et 101e saxons se souviendrons longtemps.
Là pourrit, parmi
les ramées de pins, la fleur de la jeunesse saxonne.
Le 8e Zouaves avait retrouvé sa voie.
Désormais ses
succès ne s’arrêteront plus.
Battre les
allemands sur le terrain choisi par eux-mêmes et conquérir les observatoires
nécessaires aux opérations futures, tel est le but. Le 8e Zouaves doit enlever
le ravin des Caurettes, la crête de l’Oie et le bois
des Corbeaux. La préparation est faite de longue main, minutieuse, formidable.
L’artillerie lourde donne toute sa puissance.
Le 19, au soir, par
un beau jour d’été, sous un ciel teinté de rose et de rouge ; parmi la poussière
des éclatements et les brumes légères qui montent des prairies de la Meuse,
c’est un tel ouragan que, dans la tranchée, les zouaves disent : « Avec cela on
peut y aller ».
L’attaque part à
Ils ne s’arrêtent
pas.
Leurs
reconnaissances audacieuses franchissent le ruisseau de Forges, abordent le
bois de Forges, détruisent les batteries. Pendant dix jours, ils tiennent le
bois des Corbeaux et l’organisent.
Ils ne pouvaient
donner un coup de pioche sans rencontrer un obus ou un crâne
.
L’année la plus formidable de la guerre ! Un
instant la balance du destin semble pencher en faveur de l’Allemagne.
Mais, dans la
tempête, un pilote prit le gouvernail et, d’un coup de barre terrible, il
redressa le navire.
Désormais, la
victoire est sûre et prochaine.
Les zouaves seront aux endroits les plus durs
des derrières batailles ; cela s’appelle : Villers-Bretonneux,
Soissons, 18 juillet, le Chemin-des-Dames et, le
matin de l’armistice, ils étaient prêts à se lancer dans la bataille qui devait
se livrer en Lorraine.
Après leur terrible
coup de boutoir du 21 mars,
les allemands veulent s’emparer d’Amiens et couper l’armée britannique de
l’armée française. Pour prendre Amiens, il faut être maître du fameux plateau
de Villers-Bretonneux. Les allemands montent une
attaque avec des troupes fraîches. Les zouaves ne l’attendent pas, ils
attaquent les premiers.
L’action va
s’engager dans des conditions difficiles. le régiment est prévenu le 25 avril à
Les
reconnaissances, faites sous des feux violents, sont pénibles. Toute la nuit se
passe à disposer les troupes, une longue nuit de fatigue sans sommeil.
Les bataillons sont l’un derrière l’autre.
Il s’agit d’enlever
le monument de Villers-Bretonneux.
A l’aube, à
Les sections de tête
perdent 50 % de leur effectif. Prises de face et d’enfilade par des feux de
mitrailleuses, elles s’accrochent au terrain sans reculer d’une semelle, malgré
la violence des feux d’artillerie.
L’après-midi, une nouvelle tentative est
faite. Les reconnaissances gagnent une centaine de mètres. Si le Monument n’a
pu être atteint, l’opération n’en est pas moins un succès. Elle a prévenu une
attaque et désorganisé deux divisions allemandes mélangées au cours d’une relève.
Le chef d’état-major du corps australien, dont
les zouaves avaient, les jours précédents, admiré la froide bravoure et
l’indomptable énergie, exprima au
colonel, en terme émus, l’admiration de ses troupes pour la magnifique
tenue et l’habilité manœuvrière du régiment sous le feu.
Pendant
quatre jours, le 8e Zouaves organisa le terrain, sous un marmitage en quelque
sorte fantastique, puis s’en fut vers, un nouveau destin.
Cette fois, il ne s’agit plus d’attaquer, il
s’agit d’arrêter la ruée ennemie, de tenir coûte que coûte.
Depuis la Marne,
nul combat ne fut plus acharné que cette
défense du ravin de la Crise, petite rivière au sud-ouest de Soissons. Ayant
enlevé le Chemin des Dames et franchi l’Aisne, les allemands descendaient à
grands pas vers le Sud.
Alertés,
transportés en autos, débarqués au contact de l’ennemi, les zouaves ne
l’attendent pas.
Ils marchent
audacieusement à sa rencontre, décidés à lui interdire le passage de
Les allemands
employèrent là, d’une façon savante, leur tactique d’infiltration, de manœuvre
sur les flancs et de feux intenses de mitrailleuses. Les renseignements
arrivent d’heure en heure.
Les pertes sont
lourdes, mais, dit le capitaine Servais, « ne vous inquiétez pas, on tiendra ».
L’artillerie n’a pas de munitions : 30 coups par pièce. Peu importe : avec les
mitrailleuses et les fusils, on tiendra.
Malgré tous les
efforts, l’infiltration ennemie se poursuit, les Boches fourmillent, il y en a
partout. La 10e compagnie est encerclée. Depuis
Et quand vint le
soir, les allemands, qui croyaient avancer à grandes marches vers le Sud et
l’Ouest, n’avaient, malgré leur énorme supériorité numérique, gagné que
quelques centaines de mètres de terrain, et cela au prix des pertes les plus
sanglantes. Les zouaves étaient là.
Quand les unités
qui n’étaient pas engagées le 18 juillet apprirent, le 20, que dans une contre-attaque
superbe, l’armée Mangin avait pris 20.000 prisonniers et 400 canons, ils
comprirent que la bataille décisive qui devait nous conduire à la victoire
était engagée.
Le 8e Zouaves était de cette journée.
Descendant des
pénibles tranchées de Cutry, dans la nuit du 16 au
17, il ne recevait que dans l’après-midi du 17 l’ordre d’attaque, qui était
pour le lendemain matin. A 4 h35, les colonnes s’ébranlent. L’infanterie agit
en liaison avec les chars d’assaut. Le régiment est en deuxième ligne, derrière
la Légion étrangère. Les colonnes marchent
d’un train d’enfer.
A
Ils enlèvent
En trois heures, le
8e Zouaves avait atteint son objectif normal, situé à 3 km 500, puis aux prix
de durs combats, progressé plus d’un kilomètre au delà. Le succès était
complet.
Les combats continuent le 19 et le 20. attaques,
contre-attaques, luttes d’artillerie. Les zouaves progressent encore au cours
des plus durs efforts. En trois jours de combat, ils ont avancé de plus de 11
kilomètres dans les lignes ennemies
Les derniers combats, les plus durs peut-être qu’aient jamais menés les zouaves du 8e. Il s’agissait
d’enlever les formidables positions du Chemin-des-Dames (Laffaux-Vauxaillon)
et de déboucher dans la plaine de Laon.
Les meilleures
troupes d’Allemagne tiennent les
positions, régiments de Kronprinz et d’Elisabeth. Les zouaves avancent.
L’artillerie ennemie est nombreuse, vigilante, active. Elle empoisonne le sol
et l’air par ses gaz asphyxiants.
Les zouaves
tiennent et avancent. L’ennemi lance des contre-attaques, les zouaves les
brisent, et s’ils perdent un bout de tranchée, ils contre-attaquent et le reprennent,
et continuent à avancer.
Les mitrailleurs
ennemis se défendent jusqu’au dernier et sont tués sur leurs pièces. Les
tranchées sont enlevées à
« Les
zouaves sont magnifiques, ils se battent avec une énergie farouche. »
Dans une
contre-attaque acharnée, les sections Fabre et Adroguer reconduisent sur leurs positions les survivants
d’un bataillon Strosstrupp, qui vient d’attaquer.
Le 7, au matin, le
commandant Servais écrit au colonel :
« Je suis à bout. Voilà quatre jours que je n’ai
rien pu manger. Je suis incapable de me tenir debout. Je me suis raidi jusqu’à
présent, mais la fièvre m’a abattu, avec des brûlures à la poitrine qui me font
vomir à chaque instant. Je suis en rage. Que faut-il faire ? J’aurais voulu
tenir encore ce jour, mais je crains, s’il y a une marche quelconque à faire,
de tomber aux premiers 100 mètres. Je suis prêt à me faire porter sur un
brancard pendant
Evacué par ordre,
le commandant Servais meurt le 10 septembre.
« Héros de légende,
tombé au matin de la victoire ! » Avec de tels hommes, que ne peut-on pas ?
Pendant dix-huit jours, les zouaves se sont
battus de
Quand ils sont relevés, c’est pour aller préparer une nouvelle
opération, et le 11 novembre à
Jadis, au temps du royaume de France ou de
l’Empire, le roi ou l’empereur, pour récompenser les hauts faits d’armes ou les
services signalés rendus à l’Etat, donnaient à leurs sujets des lettres de
noblesse. Dans cette guerre la France a pu donner à pleines mains aux plus
humbles de sis enfants « les plus lettres de noblesse qui soient au monde ».
Souvent, les titres anciens pâliraient près les « citations » de la grande
guerre. Les zouaves du 8e ont cueilli la plus belle moisson. De même que les vétérans de l’armée d’Italie,
ayant fait leur devoir sans peur et sans reproche, ils peuvent, selon la belle
parole de l’hymne américain, rentrer pleins de fierté « dans la terre des
hommes libres et la demeure des braves » :
In the land of the free and the home of the
brave.
Commandant POULAIN,
Du 8e zouaves
le 16 juin, sous les
ordres du lieutenant-colonel MODELON, a brillamment enlevé à la baïonnette
quatre lignes de tranchées allemandes, et s’y est maintenu, malgré les
violentes contre-attaques de l’ennemi, sous un feu intense d’artillerie et de
mitrailleuses. Alerté dans son cantonnement de repos, pour reprendre ces mêmes
tranchées perdues , s’en est de nouveau emparé le12
juin, par une charge à la baïonnette menée avec un élan remarquable.
Le
Sous les ordres du lieutenant-colonel LAGARDE,
a enlevé, le
Le
Le 20 avril, malgré un bombardement d’une
extrême violence, a brisé une nouvelle attaque ennemie menée par deux
régiments, a progressé à la suite de cette attaque, faisant des prisonniers et
s’emparant de 3 canons de 105.
Pendant
cinq jours, les zouaves du 8e , et en particulier le
2e bataillon, sous l’énergique impulsion du commandant DURAND, n’ont cessé de faire
preuve d’une initiative individuelle et d’un moral qui ont fait l’admiration de
tous .
Véritable régiment
d’attaque, aussi remarquable par son superbe moral que par son parfait
entraînement. Vient encore, le
Marchant de l’avant, les reconnaissances du 8e
Zouaves, vigoureusement commandées et faisant preuve de l’ardeur traditionnelle
de leur régiment, est pénétré dans des batteries ennemies où un matériel
considérable a été détruit, puis, constatant au delà de leur objectif la
présence de batteries en action, ont poussé jusqu’à elles à travers notre
propre barrage et en ont détruit les défenseurs et le matériel, malgré une
énergique résistance de l’adversaire. A capturé 360 prisonniers, 10
mitrailleuses, 76 minenwerfer et fait sauter 7 canons.
Après avoir, dans
la Somme, en avril1918, mené avec abnégation une lutte très dure, à peine
reconstitué, enlevé de ses cantonnements de repos et jeté dans la mêlée en
quelques heures, a, sous les ordres du lieutenant-colonel LAGARDE
, pendant les journées des 29 et
Magnifique
régiment, confiant dans sa force, fier de son passé et sur de
Arrivé à l’objectif normal qui lui était
assigné, a essayé deux fois, dans la même journée, de le dépasser. A réussi, le 19, dans un élan irrésistible, à
progresser encore, portant ainsi son avance totale à 11 kilomètres.
Le 20 juillet, a opposé aux très violentes
contre-attaques de l’ennemi l’énergie farouche d’une troupe décidée à la
victoire et au sacrifice et a conservé
intégralement les positions conquises. A capturé
20 canons, plusieurs centaines de prisonniers, un nombre considérable de
mitrailleuses lourdes et légères et de minenwerfer.
Fidèle à son passé d’héroïsme et de
gloire, vient encore, pendant dix jours de bataille acharnée, de prouver sa
valeur. Sous les ordres du lieutenant-colonel LAGARDE ; il entre, le
Le 5 ; il voit la récompense de sa ténacité,
et, talonnant dans une ardente poursuite les arrière-gardes en retraite,
s’empare du village de Neuville-sur-Margival et
progresse de plus de 5 kilomètres.
Heurté le 6 aux retranchements de
Le 13, violemment contre-attaqué, il oppose
à la ruée ennemie le mur inébranlable de sa bravoure.
Le 14 et le 15,
attaque à nouveau sous les ordres du
lieutenant-colonel CADIOT, et progresse encore.
A réalisé une avance totale de plus de 7
kilomètres, capturé des prisonniers et un matériel considérable.
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Quelques
semaines à peine se sont écoulées depuis le jour où, devant vos drapeaux
inclinés et vos regards émus, ont défilé pour la dernière fois les vétérans
glorieux de la Légion étrangère.
Aujourd’hui à leur tour les zouaves nous quittent.
Drapeaux ! Inclinez-vous encore, et vous,
soldats de la Marocaine, saluez très bas le régiment qui s’en va, qu’il lise
dans vos yeux attristés l’expression de notre peine et de nos regrets unanimes.
Ils étaient venus de toutes nos provinces,
de la Bretagne de du Béarn, de la Provence et de l’Artois, de la Bourgogne et
de la Picardie, de l’Afrique aussi. Au milieu des légionnaires étrangers, des
tirailleurs algériens ou malgaches, ils représentaient le petit soldat de
France. Ayant senti le poids de cet honneur, ils s’étaient crus tenus
d’incarner toutes les vertus de l’infanterie française, la vaillance avec la
bonne humeur, l’amour du devoir avec la discipline et l’esprit de sacrifice, et
comme à ces vertus ils joignaient celles des guerriers de l’Afrique, ils furent
d’inégalables soldats .
Vous connaissez leur merveilleuse
histoire. La Fosse à l’Eau, Berthoncourt, Mondement sont leurs premières victoires. L’Artois, la
Champagne et la Somme plus tard virent leurs exploits. En 1917, ils ont conquis
le Mont-sans-Nom
et rejeté jusqu’au ruisseau